Journée d’automne classique sur Rome, le tout dans une douceur toutefois record.
Ce ne sont pas les « indignés » installés devant l’église Santa Croce qui vont s’en plaindre. Je traverse leur camp qui occupe une bonne partie du parvis. Et alors qu’une messe est célébrée à l’intérieur de l’édifice sacré, eux scandent des discours revendicatifs dans un porte-voix rouillé. Double visage d’une Italie à la fois dévote et rebelle.
Plus loin, dans la ville, Silvio Berlusconi vit ses dernières heures dans le Palacio Grazioli : les touristes dont je suis qui marchent dans son cloitre guettent les fenêtres mais le premier ministre n’y fera aucune apparition.
Même calme apparent devant le Quirinal où le président de la république enchaîne les consultations d’une vingtaine de représentants de parti. A l’extérieur, les rues que je parcours sont presque désertes, à l’intérieur du bâtiment, c’est l’effervescence. Georgio Napolitano doit désigner un nouveau chef de gouvernement, d’union nationale. C’est dimanche et il n’a pas de temps à perdre, le lendemain, les bourses rouvrent et son pays n’a pas besoin d’une nouvelle chute des cours. Pour rassurer c’est Mario Monti, technocrate européen, plutôt neutre politiquement, qui est, comme prévu, adoubé.
Changement brutal de rythme et d’époque politique auquel j’assiste devant les résidences d’état et sur la RAI. Berlusconi quitte son palais, acclamé par ses derniers supporters, qui seront vite remplacés par ce peuple, soulagé même s’il a peut-être un jour voté pour lui. Cortège de manifestants également devant la demeure présidentielle, le Pari démocrate, lui, a déjà monté une tente devant le parlement et complète ainsi son opération d’affichage (voir la photo).
Le lendemain, tous les journaux titrent sur le départ de Berlusconi, les bourses continuent de chuter, les indignés sont toujours devant Santa Croce et les finances de l’Etat sont exsangues (savez-vous que c’est Todd’s qui va financer la restauration du Colisée ?).
Bref rien n’a changé sauf le premier ministre.
17 Nov