29 Oct

PRIMAIRES : FANTOME ET DEMONS

Pari gagné. Des isoloirs pleins. Un vainqueur confortablement élu. Les primaires sont un succès. En Midi-Pyrénées, les électeurs ont été nombreux. 182 500. Et le score de François Hollande est imposant. 5 à 10 points au-dessus du niveau national.

La campagne a été dure. Martine Aubry rude. « Gauche molle ». « Le loup est dans le flou ». La maire de Lille a sorti les crocs. Les coups de dents, les coups de sang ont ponctué le second tour. Dans ce contexte, les plaies peuvent suppurer. Les battus – aubrystes et fabusiens – vont-ils succomber à un vieux démon : les petits meurtres entre « camarades ».

Le fantôme de 2007 hante le PS. Les socialistes vivent avec un spectre : la guérilla entre la candidate Royal et le Parti. Ce précédent éveille, réveille les craintes d’une division fratricide.
A l’heure actuelle, le front est calme. Après son échec, Martine Aubry a rendu les armes rapidement, proprement. La convention d’investiture : pacifique, réussie. La situation peut se dégrader. Mais François Hollande est sur de bons rails.

Des « molosses » veillent sur le troupeau. La députée de Haute-Garonne – Catherine Lemorton – « grogne ». Elle a soutenu Martine Aubry. Désormais elle menace : les « brebis galeuses » seront ramenées dans le rang.

La menace du bâton est inutile. Une « carotte » est plus efficace. Une carotte au goût de portefeuilles ministériels, de sièges à l’Assemblée. La possibilité d’une victoire est le meilleur des « gendarmes ». La dernière victoire aux présidentielles remonte au siècle dernier, en 1988. Et les derniers ministres socialistes doivent leurs maroquins à Lionel Jospin.
Cette cure d’opposition aiguise les appétits. Achète la paix des esprits. Si on ajoute à cela, le tempérament fédérateur de François Hollande et la netteté de sa victoire, la guerre des roses est improbable.
Improbable. Mais pas impossible.

La Rancœur a ses raisons que la Raison ne connait pas.

14 Sep

Sirène alarmante.

Sirène alarmante.

François Hollande joue les sirènes. Il flatte l’oreille des enseignants et – pour les charmer – promet des milliers d’emplois. Cette sérénade tire vers le fond. Elle est alarmante.

L’Education Nationale est un radeau de la Méduse. Quelques rescapés restent à flot. Mais de très nombreux postes ont bu la tasse. Dans le Tarn ou les Hautes-Pyrénées, le professeur des écoles est un naufragé.

François Hollande propose une bouée géante : 70 000 recrutements.

Il s’agit d’une baudruche. Elle va exploser sur les grilles de l’Elysée.

En cas de victoire, le président Hollande devra dégonfler sa belle promesse. Le PS souhaite recruter des policiers, créer des emplois aidés. Le candidat aux primaires alourdit la facture et puise encore plus dans les caisses – vides – de l’Etat.

Cette attitude est irréaliste. Et les circonstances atténuantes n’existent pas.

En 1983 la Rigueur surprend les socialistes.

En septembre 2011, elle est assise à table. Elle attend – de pied ferme – le futur locataire du Faubourg Saint Honoré. Augmentation des impôts et réduction des dépenses publiques sont à l’horizon.

Les présidentielles de 2012 sont redoutables. Elles posent un double défi. Affronter la dure réalité budgétaire et assumer des décisions « abrasives ». Eviter de sombrer dans une Rigueur mortifère et inventer des remèdes limitant les effets secondaires.

Bref, courage et imagination s’imposent.

La proposition de François Hollande contredit ces deux qualités.

Le candidat aux primaires est doublement classique. Il cajole une clientèle traditionnelle : les enseignants. Et il le fait en utilisant le bon vieux levier de l’emploi public.

Ce n’est pas de bon augure.

Ses soutiens ont bien perçu le malaise.

Un de ses relais haut-garonnais – le sénateur Jean-Jacques Mirassou – était l’invité de La Voix Est Libre, samedi 10 septembre.

Au maquillage, après l’émission, il a été interrogé sur l’affaire des recrutements.

Réponse : un silence éloquent.