La présidentielle approche. Bernard Carayon avance baïonnette au canon. Le député du Tarn travaille au corps ses militants. Dans un courrier interne, il lance – selon ses termes – un « appel au combat ». Les armes utilisées sont du « napalm ». Les mots sont gluants, incendiaires.
« Voulez-vous que les Algériens, les Turcs et les Américains « fassent la loi » chez nous ? ». Une victoire des socialistes conduira à la « légalisation des drogues ». La « guerre » de Bernard Carayon est sans dentelle.
François Hollande et une éventuelle alternance sont criblés de plomb. Les munitions de l’élu UMP sont « conventionnelles ». Elles sortent de l’arsenal de son parti. Hostilité farouche au vote des immigrés. Caricature rageuse, hargneuse, d’une Gauche irresponsable et dépensière. Bernard Carayon applique le manuel.
Il le fait sans complexe. Ni mauvaise conscience. Les positions musclées ne le choquent pas. Dans sa jeunesse, sur les bancs de la faculté, il a fréquenté un syndicat d’extrême droite. Un syndicat familier des coups de poing. Le GUD. Plus tard, au ministère de l’Intérieur, il a été le « bras armé » d’un proche de Charles Pasqua. Robert Pandraud.
En parlant d’invasion nationale ou en stigmatisant la Gauche, Bernard Carayon est sur ses « terres ». Ses terres idéologiques. Mais aussi électorales. Grand gagnant du nouveau découpage des circonscriptions, Bernard Carayon conserve, dans son giron, des fiefs de droite. Notamment de gros cantons Castres.
S’agissant des législatives, la maison Carayon ne brûle pas. La Place Beauvau a bien servi un de ses anciens serviteurs. Certains parlementaires ont reçu un mauvais coup de ciseau. Ils se retrouvent avec des terrains de chasse improbables. Mélangeant des territoires hétérogènes.
Bernard Carayon échappe à ces tourments. Mais il en a un autre : mai 2012.
Sa « vraie » bataille ce sont les présidentielles.
En 1997, il a perdu son mandat de député. Une socialiste – Monique Collange – lui a ravi son siège. Bernard Carayon a expérimenté une évidence : le climat national impacte les législatives. L’inversion du calendrier électoral renforce ce jeu de domino. Plus que jamais, la présidentielle « fait » les législatives.
Un échec de Nicolas Sarkozy peut renvoyer Bernard Carayon à ses chères études sur l’Intelligence Économique.
Il le sait. Il cogne.