Valérie Murat se bat depuis des années pour faire reconnaître le danger de l’utilisation des pesticides et faire cesser leur utilisation. Cet après-midi, elle va être entendue devant le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux concernant le recours déposé devant la CIVI pour que son père victime d’un cancer pulmonaire lié a l’exposition prolongée à l’arsénite de sodium soit reconnu victime de l’industrie.
Atteint d’un cancer en 2010, dont le caractère professionnel lié à l’utilisation de l’arsénite de sodium a été reconnu en février 2011, M. James Bernard Murat, vigneron du Bordelais, a succombé des suites de cette maladie le 8 décembre 2012. M. Murat a utilisé durant 42 ans des produits à base d’arsénite de sodium pour traiter ses vignes contre l’esca, dans le cadre de ses activités professionnelles. Il a fait ces traitements sans jamais être alerté de la toxicité de ces produits pour sa santé.
Lorsque le lien entre sa pathologie et l’utilisation professionnelle ce pesticide a été établi, la famille Murat a été brutalement confrontée à un lien qu’aucun d’eux n’avait dès lors pu faire. Pourtant, la dangerosité de l’arsénite est reconnue depuis au moins 1955, date de création du tableau des maladies professionnelles des pathologies liées à l’arsenic et à ses composés minéraux. Il est remarquable de noter que l’Etat n’a définitivement interdit et retiré du marché ces produits à base d’arsenic qu’en novembre 2001 !
Alors que, certains professionnels de la viticulture et leur syndicat (FDSEA et Coordination rurale) s’entêtent à minorer – voire ignorer- le rôle joué par les pesticides dans la survenue de certaines pathologies, malgré le nombre croissant de reconnaissance en maladie professionnelle, la famille Murat a déposé un recours devant la CIVI à Bordeaux en août 2013 pour que James-Bernard soit reconnu victime de l’industrie.
« L’omerta qui règne dans le Bordelais ne fait que décupler mon envie de faire entendre notre voix pour faire reconnaître mon père victime de l’industrie chimique. Alors, que les institutions viticoles tentent de remettre en place l’omerta par des effets d’annonce et l’édification de monument coûteux à la gloire de la viticulture locale dans un déni outrageant des victimes et de leurs familles, nous cherchons aussi par cette procédure à faire cesser ce déni et pousser à un bilan urgent et indispensable de ce modèle agricole à bout de souffle qui repose sur la chimie, tue les professionnels, les sols et exposent les riverains à des substances toxiques. Quand nous aurons tué tous les professionnels et nos sols, que ferons-nous ? » selon Valérie Murat, fille de James.
La première audience pour cette procédure devait avoir lieu cet après-midi à 14h au TGI de Bordeaux mais finalement l’audience a été reportée : « ce n’est pas grave, on reste confiant. De toute façon, on a accumulé largement de preuves à charge contre l’industrie chimique. Après la famille Murat ne fera pas l’économie des lenteurs de la justice française. Moi je reste très confiante, il faudra bien que cette audience, elle soit un jour entendue à Bordeaux. Il faudra qu’un jour qu’ici à Bordeaux on reconnaisse mon père victime de l’industrie chimique et de toute manière je ne lâcherai rien. »
Ecoutez Valérie Murat suite au report de l’audience par Michel Vouzelaud: