A même pas 3 mois, ces 4 bébés Kune-Kune sont des travailleurs en herbe… En plus de devenir les mascottes du domaine, ils se montrent déjà très professionnels en matière de désherbage, une aide précieuse de la part de ces petits cochons herbivores.
« La on a Tire-Lire qui est au travail, et Ortie, Ginger et Presle. Cela fait 15 jours qu’on les a, et ils sont hyper attachants,très dociles et faciles à éduquer en plus, super intelligents. Avec son petit groin, on le voit, il aère super bien le sol, il mange les mauvaises herbes jusqu’à la racine, il fertilise la vigne, ça n’a que des avantages… », commente Astrid de Pourtalès.
Originaires de Nouvelle-Zélande, ces petits cochons herbivores sont champions pour désherber la vigne et décompacter en profondeur le sol avec leur groin, une solution écologique sur un vignoble certifié Demeter depuis 2019 en biodynamie…
Le travail du sol nous prend beaucoup de temps, buter, débuter, on consomme du gasoil, si on on a des petits Kune-Kune qui peuvent faire le job à notre place c’est gagnant gagnant. Avec 4 petits cochons, ils ne vont pas nous faire les 30 hectares du vignoble, mais avec les portées successives…On a l’espace pour avoir 20 cochons très facilement. », commente Max de Pourtalès du château Doyac.
A la taille adulte, ces cochons ne pèseront que 50 à 80 kilos malgré leur gourmandise et ne devraient pas occasionner de dégâts dans la vigne…
Il leur faut des céréales en plus, là c’est de l’orge, de l’avoine et du blé…Et il leur faut aussi des légumes, des fruits pour des vitamines et qu’ils grandissent…Vous voyez ils sont très goinfres, ils se jettent sur nous quand on arrive… »
En attendant de voir leur effet bénéfique, le millésime 2022 s’annonce déjà grandiose grâce au terroir…
« Au final, on a un millésime très concentré, et qui grâce au sol calcaire est resté très frais… »
Le château Doyac compte agrandir son cheptel de Kune-Kune à terme pour en faire travailler une vingtaine dans sa vigne.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Nicolas Pressigout et Rémi Grillot :
Bientôt 50 ans pour le diplôme universitaire d’aptitude à la dégustation créé à Bordeaux. Ce mois-ci, ses anciens élèves fêtent les 40 ans du DUAD’s club… L’occasion pour Côté Châteaux de vous faire découvrir cette formation que suivent de nombreux salariés du monde du vin ou des personnes en reconversion professionnelle.
« Il n’y a pas de dégustateur inné, cela s’acquiert avec l’expérience ! », selon Axel Marchal le responsable du DUAD, ce fameux diplôme universitaire d’aptitude à la dégustation. « Qu’est ce que vous percevez ? » « De l’acidité… Il y a un peu d’amer… » commente Axel Marchal, faisant déguster dans un premier temps une série de 3 solutions à base de catéchine, d’alum de potassium ou de sulfate de quinine….
Ses 30 élèves sont en fait des salariés dans le monde du vin ou pour certains, comme Clément Beriot, informaticien à Paris en reconversion professionnelle.
« Je reprends un domaine familial, on a 3,5 hectare de vigne, et la propriété était à mon arrière-grand-mère, »explique Clément Bériot qui va rejoindre le château familial Trigant en Pessac-Léognan. « Je travaille pour le château Haut-Bailly, du coup tousles collègues qui ont fait le Duad, m’ont encouragé à faire cette formation », commente Qin Jiang commerciale Chine pour le château Haut-Bailly à Léognan.
Cela fait 20 ans que je goûte du vin et c’est la dimension technique de la dégustation qui m’intéresse », selon Jérôme Gagnez chroniqueur vin d’ « On va déguster » le dimanche entre 11 et 12h sur France Inter.
En 175 heures, ils vont acquérir une expertise à force d’exercices pratiques d’olfaction et de dégustation analytique et descriptive…
Il va y avoir une nécessité de mettre des mots sur ses perceptions, et donc il faut arriver à avoir un vocabulaire qui puisse être entendable par d’autres, et quitter le domaine du « j’aime, j’aime pas » pour aller vers la reconnaissance et la description de ce que l’on perçoit » Axel MARCHAL
En amphi, ils ont parfois les mêmes cours que des oenologues pour acquérir les bases chimiques. Le but ultime est de trouver l’équilibre du vin entre ces sensations positives comme le corps, la charpente ou la structure ou et ces sensations négatives comme l’amertume, l’âpreté ou l’astringence.
« Qu’est ce qui fait l’arôme du vin, qu’est-ce qui fait son goût, qu’est ce qui fait la perception de l’astringence et après on ira vers comment ces perceptions sont modulées par la vinification, l’élevage du vin, quel est l’incidence des pratiques viticoles », commente Axel Marchal.
Certains de ses anciens élèves sont devenus eux-mêmes formateurs comme Isabelle Negrier. Elle anime des sessions d’initiation et de découverte des goûts à l’école du vin de Bordeaux.« Au niveau de nos familles aromatiques (11) on a notamment la famille animal, avec des notes de gibier, de viande, de cuir; de fourrure… »
Il y avait tellement d’aprioris, d’idées reçues sur le vin que je me suis dit c’est cela que je veux faire, je voudrais faire de la formation, à mieux former les gens pour mieux savoir parler du vin », Isabelle Negrier de l’Ecole du Vin
Tout au long de leur carrière, dans le négoce ou dans un syndicat viticole, ils ont eu ainsi davantage confiance en eux pour s’exprimer, vendre et décrire les vins…
« J’étais responsable des achats de vins, notamment des grands crus, des dégustations de primeurs, « qu’est-ce qu’on peut en faire », de vieux millésimes, de petits vins et quels bons vins sélectionner, quel client aime tel vin, c’est aussi un échange avec le client », commente Joost van der Erve, néerlandais installé à Bordeaux depuis 40 ans dans le négoce du vin et aujourd’hui à la tête d' »Erve Wine ». « J’ai gouté énormément de vin, plus orienté Bordeaux et Bordeaux Sup forcément, on faisait cela en équipe et je pense avoir formé aussi les membres de mon équipe… », comment Catherine Alby ancien responsable de la communication du syndicat viticole des Bordeaux et Bordeaux Supérieur.
Ce DUAD donne les clés de ces moments d’échange et de partage autour de la dégustation. Il compte près de 1500 diplômés à ce jour.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Guillaume Decaix :
C’est un travail minutieux et empirique qui est mené à Saint-Laurent-de-Médoc. Bernard Magrez et le château la Tour Carnet expérimentent sur la durée 84 cépages français, européens et mondiaux en réel sur leur terroir de graves médocaines. Des micro-cuvées suivies au fil du temps pour voir leur évolution à l’horizon 2050.
Le château la Tour Carnet : un sanctuaire qui expérimente les meilleurs cépages à l’horizon 2050… Le merlot ou le cabernet sauvignon majoritaires ici ont désormais sur deux parcelles des cépages expérimentaux comme voisins…
A chaque bout de rangs, des noms à l’accent méditerranéen comme le tempranillo de la Rioja espagnole, le néro d’avala cépage sicilien, ou encore le cépage Allicante ramassé ici en terre médocaine. « C’est un cépage français issu du croisement entre le petit bouchet et le grenache noir, croisement effectué en 1855, il est principalement cultivé dans le sud de la France, l’Espagne et le Portugal. Et donc du coup avec le réchauffement climatique il est intéressant d’étudier ce cépage du sud à Bordeaux…« commente Martin Clapaud adjoint au chef de culture.
La collection compte ici 84 cépages, une cinquantaine de rouge et une trentaine de blancs, étudiés en situation réelle comme cette année avec ces températures caniculaires qui augurent de celles qui seront monnaie courante en 2050. Outre les traditionnels merlot et cabernet, le malbec est ici réintroduit et étudié mais aussi toute cette collection de « cépages issus de tout le pourtour méditerranéen, donc des climats plus chauds plus secs que l’on étudie dans l’hypothèse que ces cépages pourraient apporter une réponse à l’adaptation au changement climatique de nos vignobles », selon Julien Lecourt responsable recherche et développement des vignobles Bernard Magrez.
« Le millésime 2022 d’après les prévisions météorologiques ressemblerait au millésime 2050. Et donc cela nous a permis cette année de caractériser d’un point de vue agronomique, on a regardé les rendements, la résistance au stress hydrique de tous ces cépages, les 84 cépages et maintenant on est en train de les vendanger, on va les vinifier à part et voir leur qualité oenologique se développer et voir si vraiment ils ont un intérêt dans le cadre de l’adaptation au changement climatique… »
A chaque rang correspond un cépage, des pieds de vigne qui bénéficient d’un système de chauffage si besoin (calqué sur ce squi se fait en aéronautique) pour voir leur réaction. Voici d’ailleurs le touriga nacional cépage portugais déjà introduit dans le cahier des charges des AOC de Bordeaux.
« C’est un cépage qui est plus tardif que les cépages qu’on a traditionnellement dans le bordelais et plutôt résistant aux maladies aussi…C’est pour cela qu’il a été sélectionné d’ailleurs et on est en train de l’essayer ici à plutôt grande échelle… », précise Julien Lecourt.
Dans le chai bien gardé d’expérimentation, ce sont 84 cuves thermorégulées de 1 à 4 hectolitres qui attendent chaque récolte identifiée avec un micro pressoir.
« On s’aperçoit avec le réchauffement climatique, que pour avoir une bonne maturité des tannins et de la couleur, on est quand même obligé d’attendre un certain temps, alors que les raisins avec la maturité technique c’est – à -dire le taux de sucre élevé et l’acidité assez basse lui avance énormément et plus vite avec le réchauffement climatique », « ce qui fait qu’on a un écart entre la maturité technique et la maturité phénolique… Cela nous oblige à ne pas vendanger au 15 août, ca serait très simple de vendanger quand le raisin fait 13° d’alcool et s’arrêter là, sauf qu’à ce moment là les tannins, les arômes, ne sont pas encore prêts…Donc c’est pour cela qu’on est obligé de vendanger à des dates qui avancent néanmoins mais qui restent éloignées… », selon Alix Combes, directeur du château La Tour Carnet.
Tous les 6 mois, ils vont déguster ainsi et regarder l’évolution des vins et de leurs qualités. Une chose est sûre, il faudra adapter le vignoble d’ici quelques années et introduire de nouveaux cépages.
C’est toujours un événement à Bordeaux : ce sont les fameuses vendanges de l’aéroport ! Cette 24e édition a mis à l’honneur cette année 50 chefs d’entreprises primées tout au long de l’année par les trophées et challenges portés par la CCI de Bordeaux. Des apprentis vignerons investis dans leur tâche…
C’est insolite, c’est un vignoble en plein coeur d’un aéroport ! 2 symboles de Bordeaux réunis en un même lieu : vin et tourisme… Depuis 24 ans, ces vendanges sont orchestrées par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux qui a souhaité planté une vigne pour accueillir les touristes au sortir de leur avion…
Pour Patrick Seguin, président de la CCI de Bordeaux : « d’abord, c’est le seul aéroport au monde à avoir des vignes plantées sur son territoire c’est quand même unique et c’est la représentation de Bordeaux… »
« L’idée était déjà originale à sa création et 25 ans plus tard, on a un vignoble qui est bien là et qui est en forme », commente Olivier Bernard propriétaire du Domaine de Chevalier et responsable de ces 15 ares de vigne plantés comme un grand cru classé ( à raison de 10 000 pieds à l’hectare)…
Pour ces 24e vendanges, 50 chefs d’entreprise lauréats des trophées et challenge de la CCI de Bordeaux cette année se sont essayés au métier de vigneron…« Celle-ci, je n’arrive pas à l’enlever, c’est très ferme et très dense », commente une responsable d’entreprise… « Epuisé, cela fait 5 minutes qu’on coupe, c’est fatiguant »; plaisante bien sûr Cédric Janvier de l’Hôtel de Sèze.
Une bonne ambiance pour récolter ce millésime 2022 cultivé en bio, sur un terroir de graves…
« Un magnifique millésime 2022, je pense que les vignerons peuvent être ravis, le millésime s’annonce exceptionnel »,selon Sylvain Boisvert directeur du Conseil des Grands Crus Classés en 1855. « Notre rôle est de préserver les traditions, c’est ce que l’on fait aujourd’hui« , commente de son côté le directeur de l’aéroport Simon Dreschel.
1200 bouteilles seront produites en appellation Bordeaux sous la direction du Domaine de Chevalier, dans le but de communiquer sur l’image de Bordeaux.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Jean-Michel Litvine et Robin Nouvelle :
Des images forts sympathiques ce matin de bambins de maternelles qui ont participé aux vendanges du clos de l’Echauguette à Blaye. Une tradition perpétuée par le syndicat viticole de Blaye qui exploite ce vignoble de 15 ares depuis 50 ans au coeur de la Citadelle construite par Vauban.
« Bienvenue à tous au Clos de l’Echauguette…Aujourd’hui, vous allez vendanger, c’est la première fois pour tout le monde ? Ouiiii…. »Des petits de maternelle dans le rôle de vrais vignerons… Ces 21 enfants de l’école Grospierre de Blaye attendaient de moment depuis longtemps. « On va ramasser des raisins…avec les mains… »
« Qui veut couper là ? » A 4 ou 5 ans, certains ont déjà la technique mais pas question de leur donner pour autant un sécateur… « Ce sont des petits ciseaux, à bouts ronds, donc on essaie de couper les raisins en plusieurs parties… », commente Cédric Grossard de la Maison des Vins de Blaye.
Et direction le tombereau pour déverser la précieuse récolte de merlot… « C’est quand même un grand moment pour eux car cela fait quand même deux ans qu’ils n’ont pas pu participer à ces vendanges donc c’est une euphorie pour tout le monde », commente leur professeur Clément Cheyroux de l’Ecole Grosperrin de Blaye.
Moment d’émotion aussi et d’échanges avec Guy Bénéteau, 93 ans, l’ancien président de l’appellation et du syndicat viticole de Blaye. « Quand le vignoble a été planté, j’ai fait beaucoup de fête et même intronisé plusieurs ministres ici dans la confrérie de Guyenne » « C’est un très beau projet, une très belle initiative de Guy, puisque le Clos est toujours là et on peut voir l’effervescence qu’il y a autour de ces vendanges. Et pour nous c’est une très belle visibilité : une parcelle de vigne dans un bâtiment inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, cela permet de faire connaître et rayonner notre appellation à travers le monde… », commente Thibaut Layrisse, directeur des Vins de Blaye.
En plus c’est un très grand gage de qualité dans cette parcelle de vigne et dans cette vendange, le Clos de l’Echauguette que l’on vend uniquement à la Maison des Vins de Blaye est ce que l’on fait de mieux en terme de qualité, sur l’appellation, c’est un vignoble qui est en agriculture biologique depuis 2016. » Thibaut Layrisse, directeur des Vins de Blaye.
C’est lui qui est à l’origine de ce projet avec le maire de l’époque en 1968; un vignoble de 15 ares planté en plein coeur de la citadelle Vauban, et qui a vu le jour en 1972.
Et ce sont des souvenirs à jamais gravés pour ces vignerons en herbe, remerciés par une haie d’honneur à leur sortie, par leurs aînés…
Au fronton de la maison Lillet, 1872…Cette institution de Podensac fête aujourd’hui ses 150 ans. Son succès lui vient de cet apéritif particulier le kina lillet lancé en 1887.
« Lillet, c’est une recette qui est toujours tenue secrête depuis presque 150 ans aujourd’hui, une recette où on choisit des vins régionaux qu’on va assembler avec des macérations de fruits qu’on fabrique sur place, c’est le plus important pour la maison Lillet, c’est l’authenticité et le respect du produit… », commente Cécile Bernhard responsable de la Maison Lillet à Podensac. « C’est un apéritif à base de vin, très versatile qu’on peut boire à l’apéritif mais parfois aussi tout au long du repas, quand il est accompagné de viandes blanches, de fromages, on peut aussi l’utiliser pour les desserts… »
Fondée par Paul et Raymond Lillet, cette maison est restée familiale durant 113 ans. Pierre Lillet, petit-fils de l’un des fondateurs, était le gardien du temple et était en charge de la fabrication (il est décédé en 2016).
« Deux frères qui ont inventé l’apéritif Lillet, avec le vin blanc de Sauternes, que mon grand-père vendait en tant que négociant en vin, toujours de très bonne qualité le vin blanc…du kinkina, et des fruits, des écorces d’orange… », m’expliquait Pierre Lillet en janvier 2016.
De 800 000 litres produits dans les années 30, cet apéritif s’est développé avec le marché américain dans les années 50-60…Aujourd’hui un nouveau chai de 1500 m2 est en cours de construction, car la production a encore explosé avec 12 millions de bouteilles…
« On a beaucoup plus que doublé, aujourd’hui on atteint 12 millions de bouteilles dans 50 pays dans le monde, on a une croissance à 2 chiffres donc c’est un succès planétaire, parce que le produit plaît, il y a cet héritage, 150 ans de la marque, il y a une identité de marque qui est exceptionnelle, tout commence ici à Podensac et nous on le fait rayonner… », selon Simon de Beauregard directeur international Lillet.
« Il y a l’Angleterre, les USA deux marchés historiques pour la marque, on a deux gros marchés aujourd’hui l’Allemagne et l’Autriche, on a des marchés qui s’intéressent de plus en plus à la marque comme le Brésil, la Belgique aussi…Donc on est vraiment sur une croissance mondiale ».
Si au XXe siècle, cet apéritif s’apprécie plutôt nature, au XXIe les bars branchés dans le monde et la mixologie attirent une nouvelle clientèle de jeunes. Le Lillet se déguste désormais en cocktail…
« On le buvait plutôt sec à l’époque, le Lillet en cocktail c’est beaucoup plus récent, aujourd’hui on essaie de changer les recettes, et de faire quelque chose de beaucoup plus frais, là c’est un Lillet blanc, tonic, beaucoup de glaçons et en garniture, fraise, concombre et une touche de menthe », selon Sasha Basmadjian bartender.
Vu son fort développement, la Maison Lillet veut encore doubler ses ventes d’ici 5 ans et envisage de commercialiser 24 millions de litres … En apéritif ou en cocktail, à consommer avec modération.
Regardez ce reportage réalisé par Jean-Pierre Stahl, Sébastien Delalot, Christophe Varone et Jean-Marc Ceccaldi :
Ils commencent à constituer une petite tribu… Celle des vignerons qui ont un savoir-faire et se démarquent en produisant des vins sans IG en vins de France… Par choix, ils commercialisent une partie de leurs cuvées en dehors des AOC, des pépites qui souvent sont plus valorisées.
S’il en est un qui revendique sa différence, c’est bien Jean-Baptiste Duquesne. Un vigneron dans les Graves à Saint-Pierre-de-Mons en Gironde. Il a créé voilà deux ans le mouvement Bordeaux Pirate sur facebook, qui regroupe 25 vignerons et quelques 2700 membres du groupe.
Quand il ne produit pas en AOC et en bio avec la marque de son château Cazebonne, il s’éclate en produisant des vins de France. Ainsi il revisite ici sur son terroir des cépages d’autrefois, oubliés de Bordeaux, qui ne sont pas retenus par le cahier des charges de l’AOC…
« L’AOC définit un certain nombre de cépages, auxquels on a droit, et il y avait autrefois plus de cent cépages, et puis il y a une petite dizaine de cépages qui sont prévus dans les appellations de Bordeaux, et c’est ce patrimoine ces 90% de cépages qu’on a oublié qui m’intéresse de revisiter, pour se demander lesquels vont nous apporter des solutions à l’avenir… », commente Jean-Baptiste Duquesne. « On a classiquement le cabernet sauvignon, le merlot, le sauvignon, le sémillon, mais on a laissé de côté un certains nombre de cépoages qui étaient autorisés dans l’AOC en 1935 à titre accessoire (la pardotte, le saint-macaire, le mancin, le castets, le bouchalès, (autorisés en 1935 mais qu’on demandait aux vignerons d’arracher sous 10 ans) et peu à peu de manière effective et avec le gel de 1956 ces cépages ont disparu dans nos vignes… »
Ainsi si le temps, le phylloxéra et le gel de 1956 ont rebattu les cartes, récemment le gel de 2021 a aussi contraint Sylvain Destrieux à s’adapter à Ruch. Vu que ses cépages de blancs ont gelé au Clos de la Molénie, il a fait comme en champagne un vin blanc issu de cépage rouge élevé 10 mois en jarre à l’extérieur…
« On a fait un blanc de noir car avec les dégâts de gel de l’an dernier, on n’avait quasiment plus de blanc…donc on a fait du blanc de noir avec du cabernet sauvignon, qui est le cousin du sauvignon blanc, don on sort un blanc plutôt atypique mais pas si incohérent que cela en fait, où on s’est inspiré des Champenois ou d’autres régions où ils font effectivement des blancs de noirs… »
« Il est interdit dans le cahier des charges de Bordeaux, on ne peut pas en produire en AOC Bordeaux, par contre on peut le produire sur la région de Bordeaux mais il sera commercialisé de fait en vin de France. »
Sur sa dizaine de cuvées, Sylvain Destrieux produit la moitié en vins de France, ce qui représente 1/3 de ses volumes. Il les valorise mieux, parfois 50 % plus cher, car plus originaux comme sur cette cuvée Pas de la Colline: « on a gardé 100% des rafles, on l’a gardé pendant 18 mois, et c’est un assemblage assez atypique merlot 90%, 7% de malbec et 3% de sauvignon blanc…Donc on a fait un petit clin d’oeil à ce qui pouvait se pratiquer en Côte Rôtie en en Hermitage dans les Côtes du Rhône… »
Seulement 132 000 hectolitres sont produits en dehors des AOC à Bordeaux qui eux représentent 3,77 millions d’hectolitres. Un mouvement qui s’est fait jour et pourrait se développer vu les problèmes de commercialisation des vins rouges dans le bordelais.
« Cela reste quand même anecdotique, on est à un peu plus de 1% des surfaces et un peu moins de 2% des volumes, par contre c’est bien que certains puissent se tester en dehors du cahier des charges, et sur des sujets techniques et sur des sujets commerciaux, avec des cuvées particulières…. », commente Christophe Chateau directeur de communication au CIVB.
Jean-Baptiste Duquesne a fait 3 cuvées qui ne cadrent pas avec Bordeaux (au sens des AOC), ainsi avec le « Petnat » un vin pétillant naturellement qui n’est pas un crémant de Bordeaux, avec ses 5 cépages oubliés « comme en 1900 » ou encore avec son « Qui est Yin Qui est Yang » qui fait voyager ressemblant à plus à un gamay qu’à un Bordeaux… « Il est sacrilège de mélanger du raisin blanc et du raisin rouge, là on a fermenté du cabernet franc et du sauvignon blanc pour faire cette cuvée très atypique… Donc voilà ce que m’apporte le vin de France, il me redonne des territoires de liberté, proposer des nouveaux goûts, toucher de nouveaux consommateurs… »
Et preuve que les codes sont aujourd’hui bousculés, il a même fait appel à un rappeur pour décrypter et démocratiser ses vins de France…
Regardez le dossier de Jean-Pierre Stahl, Delphine Roussel-Sax et Olivier Pallas :
Une fois n’est pas coutume, ce sont des voeux sur la toile qui ont fait hurler de rire Côté Châteaux… C’est la famille Cazeneuve qui vous les souhaite en se mettant en scène de façon originale, en mode écolo et retraçant les travaux qui sont en cours suite à la mésaventure qu’a connue le château avec l’incendie de celui-ci, il y a 2 ans le 10 janvier 2020. C’est bien senti et c’est signé Pierre et Martine Cazeneuve ainsi que toute l’équipe du château. Je vous laisse regarder…
En voilà des façons atypiques de déguster le vin… Pour amateurs sans doute aussi…Histoire de vivre une autre sensation : sous hypnose, en immersion ou en musique…
Vous fixez du regard un point sur votre verre, les mains se rapprochent comme des aimants et petit à petit, vous décrochez: sous hypnose, dans un écrin immersif ou en musique les yeux bandés, les dégustations sortant des sentiers battus se multiplient en France afin de faire découvrir les vins autrement. « Quand on déguste, on est souvent pétri d’automatismes. On est guidé sur une piste et on n’explore pas le vin correctement »,Gabriel Lepousez, docteur en neurosciences à l’Institut Pasteur, qui a collaboré avec la maison Mumm pour une expérience grand public en décembre.
Dans une cabine insonorisée, on teste le même champagne dans deux verres identiques: la première fois après avoir pris dans la main un cristal et avec de la musique staccato pour apprécier la fraîcheur, la deuxième après avoir touché un petit sac en velours rouge en écoutant une mélodie lente pour la rondeur.
Des parfums, un frais, l’autre enveloppant, précèdent le premier et le deuxième verre et la couleur d’images projetées sur les murs évolue du froid au chaud.
LE PLAISIR A LA CLE
L’idée est de solliciter en buvant du champagne les cinq sens – la vue, le toucher, le goût, l’odorat et l’ouïe. Pour quoi faire? « Le cerveau a des phénomènes de correspondances sensorielles, des synesthésies.
Des grands artistes avaient ces facultés, dès qu’ils entendaient un son, ils voyaientune couleur (…) comme le poète Arthur Rimbaud », explique le scientifique. « Nous avons tous cette faculté-là » et sa mise en pratique va amener celui qui déguste au-delà du « j’aime, j’aime pas ».
Quand on a compris un vin, on gagne en confiance et en plaisir, qui est à la clé de l’expérience à la fin ».
L’un des pionniers des dégustations musicales, la maison de champagne Krug, propose cette année une expérience virtuelle avec un coffret qui contient une bouteille, des mets qui soulignent les différentes facettes du vin, un QR code pour accéder à une symphonie composée pour ce champagne et un masque noir à mettre sur le yeux pour mieux l’écouter.
COMME DU YOGA
Les dégustations ne manquent pas à Paris et dans les régions vinicoles. Crachoirs, carnets pour noter les vins, spécialistes âgés en costume-cravate avec leur jugement sans appel: il y a de quoi intimider un amoureux du vin non aguerri lors d’une dégustation classique que même certains professionnels trouvent « snob » et trop « technique ». L’idée de l’hypnologue Adrien Moulard et l’oenologue Juliette Combet, auteurs de la formule de dégustation sous hypnose, est de solliciter les émotions et « démocratiser sans vulgariser » la pratique.
En bloquant les « pensées parasites », l’hypnose permet cette focalisation sur le vin à travers la vue, le nez, la bouche et même l’ouïe pour « être plongé dans la mélodie, le ballet des bulles » quand on boit du champagne, explique le duo.
Hallucination olfactive d’un croissant au beurre en buvant un chardonnay, vision érotique avec un Saint Amour, baignade dans une bouteille de champagne, voyage en barque, balade dans les vignes: à la fin de chaque séance, les participants racontent leur ressenti.
Flora Vidal, professeure de yoga, compare cette expérience à une forme de « méditation ». « C’est la même sensation que quand on fait du yoga, il n’y a plus trop de pensées qui passent. On est très apaisé ». « Je me suis baigné dans la bouteille de champagne parce que j’étais microscopique, j’ai parlé au vin », témoigne le trentenaire Barthélémy Le Blan. L’hypnose « peut être intéressante pour solliciter des sens dans une dimension différente, mais ce n’est pas un exercice évident », nuance Gabriel Lepousez. « En fonction de la sensibilité des gens, cela peut être une déformation de la réalité très importante ».
Ce vendredi soir, Paul Garcin propriétaire du château Haut-Bergey à Léognan en Gironde était très fier de lancer sa « Guinguette de l’automne », avec le restaurant Sabada, derrière les chais du château avec une vue magnifique sur ses vignes. Des canons à boire, des planches d’anti pasti et de pizzas, le tout sous des voiles illuminées, ambiance assurée.
C’est à coup sûr « the place to be » à Bordeaux. Une guinguette des bords de Marne, au bord des Merlots. C’est Paul Garcin, le « jeune » et bio propriétaire du château Haut-Bergey qui en a eu l’idée…
Cela faisait quelques temps que je réfléchissais comment s’amuser autour du vignoble, avec l’idée de se retrouver, l’idée du partage… » Paul Garcin propriétaire du château Haut-Bergey.
« En fait, un monsieur avec qui je travaille m’a dit j’ai une connaissance qui cherche un lieu pour faire un truc un peu festif, et c’est ainsi qu’on a discuté et on s’est dit qu’on allait faire un truc durant 2 mois avec un airstream (cette caravane mythique américaine tout en chrome) », c’est ainsi qu’est née la Guinguette de l’Automne du château Haut-Bergey et du restaurant Sabada…
Tout tourne autour de la convivialité, de la simplicité et du plaisir, c’est une envie de décomplexer un peu l’accès au vignoble, de reprendre possession des territoires », Paul Garcin
Cette guinguette éphémère a pris place derrière les chais du château Haut-Bergey, une pépite de l’appellation Pessac-Léognan, 41 hectares en agriculture bio depuis 2015 et conduit en biodynamie depuis le millésime 2016…
La guinguette propose à la dégustation des vins de la propriété et notamment la cuvée Paul, en blanc (millésime 2020, 95% sauvignon, 5%sémillon) et en rouge (40%merlot, 40% cabernet sauvignon,13% cabernet franc et 7% petit verdot6e le verre, 35 la bouteille), mais aussi deux autres cuvées en rouge Jardin et Tuilerie en parcellaire 100% merlot pour le 1er et 100% cabernet sauvignon pour le 2… « Tout est canon, pour les pizzas réalisées par Audace BP, ils font leur propre pâte avec de la farine de blé bio qui vient du Médoc, il y a aussi des antiparti…C’est aussi cette envie de décontraction pour les grands crus et avoir des choses de qualité, » complète Paul Garcin.
Une idée originale avec également Thomas Labarrede, créateur du Sabada, qui manquait au plein coeur des vignobles de Pessac-Léognan, après les afterworks qui ont été lancés il y a 4 ans l’été un jeudi par semaine dans les châteaux du Médoc… Là cette soirée était animée par les chefs Benjamin Avila et Pierre Martel (Audace), des chefs qui aiment les bons produits, en circuits courts.
Cette guinguette va se tenir les jeudis, vendredi et samedis soirs de 18h à minuit au château Haut-Bergey, 69 Cours Gambetta à Léognan en Gironde, Paul Garcin réfléchit déjà à dupliquer le modèle pour les déjeuners de fin de semaine également.