01 Sep

A l’ISVV, les oenologues de France ont planché sur les goûts de fumées dans les vins

Après les violents incendies en Gironde, l’Union des Oenologues de France a réuni un collège de scientifiques, d’oenologues, de laboratoires et de propriétés étrangères ou françaises qui ont été confrontés aux goûts de fumées. A date, il n’y a pas de problème sur les vins ici à Bordeaux. Les quantités analysées par les laboratoires sur des vignes proches des feux restes infimes, mais le problème mérite que l’on travaille dessus. Un appel à projet a été lancé. Témoignage également de vignerons proches de Landiras et Barsac.

La fumée proche du vignoble de © Loïc Pasquet

Le 12 juillet à Landiras, le feu s’est déclaré à quelques centaines de mètres du domaine Liber Pater de Loïc Pasquet. Des fumées, qui selon les vents, ont pu venir par moment sur sa propriété.

Sur son domaine Liber Pater, Loïc Pasquet goût ses raisins, aucun goût de fumée © JPS

Ici c’était irrespirable, ca piquait les yeux, le soleil était totalement voilé, on ne pouvait  pas respirer donc il y avait des jours où on était très clairement exposé à la fumée, donc l’impact qu’on va avoir sur le raisin on ne le connait pas, parce qu’on n’a pas cette expérience »  Loic Pasquet de Liber Pater.

Ses raisins ne révèlent aucun goût suspect, que de bons goûts de fruits rouges, toutefois ce feu intense qui a pu dégager des phénols volatils l’inquiète pour les années à venir…

« Ca peut-être préjudiciable, car le risque ultime c’est de perdre la récolte de Liber Pater. L’année dernière on a gelé, cette année on a le feu, donc on ne va pas perdre tous les ans des récoltes… »

Proche du vignoble des Graves, ces fumées ont aussi atteint Barsac-Sauternes. Au château La Clotte-Cazalis, Marie Pierre Lacoste goûte pour vérifier ses premiers jus de sauvignon, sémillon….

Marie-Pierre Lacoste-Duchesne goûtant ses premiers jus © JPS

Ce que je goûte aujourd’hui, on ne trouve pas de goût de fumée, après on ne sait pas pendant les process de fermentation, les transformations aromatiques si le goût de fumée peut apparaitre un peu plus tard, on n’a pas de recul par rapport à cela, donc on va rester vigilant dans les semaines qui viennent et on reste très positif. » Marie Pierre Lacoste château la Clotte-Cazalis

Une conférence s’est tenue sur cette problématique à l’ISVV mardi soir ©  JPS

Mardi soir, à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin, l’Union des Oenologues de France avait convié de nombreux oenologues, scientifiques, responsables de laboratoires, directeurs de vignobles déjà impactés par des feux, à restituer leurs expériences et études en la matière. Pour Alain Blanchard professeur et directeur de l’ISVV ces problématiques de goûts de fumées dans les vins : « c’est un risque qui existe et est avéré. » « Cette année, c’est une alerte sur des problèmes qui peuvent revenir. »

Didier Fages, président de l’Union des Oenologues souligne que « le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la Grèce souffrent plus que nous », également les USA; c’est un problème plus vaste qui peut toucher tous « les fruits qui pourraient absorber ces phénols volatils… » Tout en rassurant, les premières analyses ont montré peu de conséquences ici, et sont même en dessous des seuils de perception de ces molécules odorantes. Mais bien sûr, « il y a le sens du vent qui rentre en jeu… »

Didier Fages, président des oenologues de France © JPS

Les retours d’expériences ont été fructueuses selon Pierre-Louis Teissedre selon « une étude canadienne les incendies émettent dans l’air ambiant une grande partie d’hydrocarbures aromatiques polycycliques. Plus de 500 composés odoriférants volatils sont contenus dans la fumée dérivée du bois ».

Pour Vincent Renouf, directeur général du laboratoire Excell :  » des notes fumées, médicinales, cendrées peuvent être perçues » dans ce qu’on appelle ces goûts de fumées. Fort heureusement, ces incendies sont arrivés très tôt, tous les vignes n’avaient pas encore connu la véraison, à la différence de la Californie en 2020 et de la Provence en 2021 (où présence de gaïacol sur mouts/raisins et vins), là sur les 400 analyses faites à date les données (à Bordeaux) sont très très rassurantes. »

La pluie tombée ces dernières semaines a pu aussi lessiver en partie les baies. Le vignoble bordelais dans son ensemble n’a quasiment pas été impacté. D’autres analyses seront sans doute effectuées sur les parcelles les plus proches des incendies après les fermentations.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Nicolas Pressigout et Léo Prévost :

 

12 Juil

Yann Arthus-Bertrand inaugure son expo « vignerons » à la Cité du Vin de Bordeaux

« Instant d’émotion hier soir pour les vignerons de Blaye qui ont pu apprécier le travail du génie de la photo qui sait mettre l’humain en avant et avant tout. Il a tenu à être là, ce mec engagé pour la survie de la planète, ce témoin de l’évolution du climat et de la sauvegarde de la planète. Bravo Yann pour cette belle restitution.

« Le vin, c’est la FRANCE, c’est le goût de la terre… » dixit Yann Arthus-Bertrand …

Yann Arthus-Bertrand a réalisé de nombreux reportages, documentaires et notamment la Terre Vue du Ciel est un photographe émérite qui a sillonné la planète Terre et a pris conscience de l’urgence climatique et des dangers pour la planète.

C’est en toute amitié et humilité qui a répondu à l’invitation des vignerons de Blaye de venir les immortaliser, enpréambule de son film « France une histoire d’amour… »  

Il a voulu ainsi partir à la rencontre des français et de leur fibre, afin de les restituer le plus fidèlement possible…. Et ainsi de relater une réflexion d’une viticultrice qu’il a adoré , sur le ton de l’humour, « mon mari est moche sur la photo, mais mon chien est bien… »

 

Et ainsi de relater une réflexion d’une viticultrice qu’il a adoré , sur le ton de l’humour, « mon mari est moche sur la photo, mais mon chien est bien… »

 

Regardez le reportage lors de son shooting photo à Blaye en novembre dernier. Côté Châteaux y était: lire ou relire :

Yann Arthus-Bertrand en Gironde : « une histoire d’amour » avec les vignerons du Blayais

Regardez le reportage par Jean-Pierre Stahl et Guillaume Decaix :

05 Juin

Les Petites Mains de l’Ombre et Marie-Lys Bibeyran remportent les Gourmand Awards 2022

C’est une belle reconnaissance pour Marie-Lys Bibeyran et son ouvrage consacré aux travailleurs de la vigne. Vendredi soir à Stockholm, son livre « Les Petites Mains de l’Ombre – Gestes et Savoir-Faire des Vins du Médoc » a reçu deux prix, deux distinctions internationales, qui doivent aussi rappeler que le vin est avant tout réalisé par des petites mains, sans lesquelles, il ne serait pas ce qu’il est.

© Marie-Lys Bibeyran et ses 2 prix des Gourmands Awards 2022

« Best Wine Book for Professionals » et « Best Wine Sustainability Book » décernés par les Gourmand Awards 2022 en Suède. Marie-Lys Bibeyran, ancienne salariée viticole, auteure des photographies et textes des Petites Mains de l’Ombre est  de retour sur ses terres médocaines et ne cache pas sa joie d’avoir reçu ces 2 prix :

« Il y a forcément une fierté personnelle, cela a été du travail, un travail qui m’a donné raison, car je savais que ce sujet était susceptible de parler aux gens et qu’il était nécessaire de faire ressortir ce travail de l’ombre… »

Je suis très heureuse pour les travailleurs des vignes, j’ai déjà vécu une belle aventure moi-même en faisant ce livre, ce qui m’a beaucoup plu et suivre ce chemin après, c’est juste fantastique », Marie-Lys Bibeyran

Deux prix, c’est tout de même pas mal, une belle surprise et une belle reconnaissance… « Je savais que j’étais nommée dans la catégorie livre professionnel sur le vin, en compétition avec d’autres auteurs d’Espagne, des Etats-Unis ou de Chine, mais je n’avais pas été prévenue pour la 2e catégorie sur le vin durable également… »

Aujourd’hui, « les travailleurs de l’ombre sont nombreux à me dire merci pour faire reconnaître leur travail… En tant que travailleurs de l’ombre, ils sont tellement invisibilisés. Il y a quand même quelque chose de volontaire là-derrière. En France le vin est très sacré, et il colle à l’image de la France, mais rien n’existe pour mettre à l’honneur ceux qui le font, comme si la récolte arriverait comme par enchantement dans les cuves à la fin… Ils ont l’impression de ne pas exister, cela limite aussi les tentatives de revendications. »

Un bel ouvrage, fruit d’un long travail d’une salariée viticole, qui connaissait le thème et les travailleurs qu’elle côtoyait au quotidien :

J’ai suivi les travailleurs de l’ombre sur 2 ans, pour prendre le temps de prendre en photos tous les gestes… Par exemple sur la taille j’ai consacré une dizaine de pages, ce sont tous les gestes, de toutes les tâches qu’ils accomplissent tout au long des 4 saisons… »

« Mes photos sont volontairement en noir et blanc car elles mettent bien en valeur ces gestes, elles sont accompagnées de textes très pédagogiques pour que les gens qui ne sont pas du milieu puissent bien comprenrdre, se familiariser. Il est essentiel quand on consomme ou encore plus encore quand on est passionné, qu’on sache comment on arrive jusqu’au verre de vin. »

Une chose est sûre, le travail de Marie-Lys Bibeyran fait aussi prendre conscience que sans ces petites mains, il n’y aurait pas de vin, « maintenant on voit de plus en plus les propriétés viticoles qui commencent à communiquer, là dessus, sur les gestes dans les vignes, mais pas forcément encore sur les petites mains de l’ombre, ce qu’elle trouve dommage…

En tout cas, cette aventure aura tiré deux enseignements : « j’espère faire prendre conscience aux travailleurs de l’ombre qu’ils font un travail formidable. Ils ne font pas cela parce qu’ils ne seraient pas capable de faire autre chose, c’est un travail très beau et précieux… Et à ceux qui aiment le vin, de chercher à savoir ce qu’il y a derrière la bouteille. Il y a d’ailleurs un proverbe chinois qui dit « quand tu bois l’eau du puis, n’oublie pas ceux qui l’ont creusé ». Il faut qu’on apprenne à respecter tout le travail des hommes et des femmes qui sont des passionnés malgré leurs conditions de travail, cette situation dans laquelle ils sont maintenus. Ils ne sont pas assez mis à l’honneur, ils sont plus dans l’ombre, il faut qu’on prenne davantage conscience de tout cela. »

« C’est une grande fierté d’avoir porté tout cela jusqu’aux Gourmand Awards en Suède où de nombreux pays ont été sensibilisés, le chemin du livre n’est peut-être pas terminé, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ».

Félicitations à Marie-Lys Bibeyran et aux petites mains de l’ombre, à qui Côté Châteaux décerne sa rubrique « vigneron du mois »

Lire ou relire :

Les Petites Mains de l’Ombre, un joli ouvrage qui met en valeur ces anonymes, travailleurs de la vigne par Marie-Lys Bibeyran

17 Mai

Viticulture : une nouvelle charte du bien vivre ensemble signée à Parempuyre

Après l’invalidation par le Conseil d’Etat des premières chartes de riverains, la chambre d’agriculture de la Gironde vient de rendre une nouvelle copie, tenant compte des décrêt et arrêté des 26 janvier 2022, avec élargissement des publics touchés et rendant l’information obligatoire. Réaction des signataires et associations environnementales ou anti-pesticides.

Régis Falxa, Denis Baro, Bernard Lauret, Jean-Louis Dubourg et Jean-Marie Grade © JPS

Cette charte du bien vivre ensemble a été signée cet après-midi par 28 acteurs du monde agricole et viticole au château Ségur à Parempuyre en Gironde. Ceux-ci s’engagent à afficher déjà en mairie un calendrier des traitements de la vigne. Et désormais, ils prévoient une obligation de prévenir les riverains et salariés autour des exploitations 8 heures avant traitement.

« Autour de Bordeaux, on sait que la pression urbaine augmente, plus on s’éloigne de Bordeaux moins c’est compliqué, et donc cette charte sera un bon lien entre la population et nous-mêmes  pour que nous puissions continuer notre activité », Régis Falxa président de la Fédération des Vignerons Indépendants.

Régis Falxa, président des Vignerons Indépendants de la Gironde © JPS

« Nous utilisons tous des produits phytosanitaires, on est sous un climat océanique, soumis aux aléas de pluie, d’orage, de beau temps, ce qui nous contraint à utiliser ces produits, evidemment de nombreuses démarches environnementales sont mises en place, notamment chez les vignerons indépendants (70% engagés dans une démarche environnementale…et en terme de dosage on est loin d’utiliser les doses homologuées… »

La chambre d’agriculture et le CIVB ont créé cette application BVE33 du bien vivre ensemble pour être alerté rapidement des traitements (en plus des traditionnels mails, sms, etc…) « Le but c’est de faciliter l’information. C’est une application qui permet aux agriculteurs d’informer les riverains, avec une géolocalisation des parcelles des traitements et du délai de ré-entrée à partir du moment où l’agriculteur valide son traitement, » commente jean-Louis Dubourg président de la Chambre d’Agriculture de la Gironde.

Jean-Louis Dubourg, président de la Chambre d’Agriculture de la Gironde © JPS

« Les agriculteurs s’engagent avec cette charte à traiter correctement, quand il faut au bon moment, à la bonne dose, avec le bon produit, et à prévenir les voisins qui le souhaitent, et on a aussi un accompagnement technique fait par la chambre, où sur des parcelles à proximité de sites sensibles, on va venir conseiller les agriculteurs à utiliser des produits moins impactants pour l’environnement et le voisinage… »

L’appli BVE33 à télécharger sur smartphone © JPS

Pour les associations environnementales comme Alerte Pesticides Haute Gironde, un regret déjà d’ « avoir oublier de consulter les associations anti-pesticides comme la nôtre », mais aussi « une charte écrite sans les riverains » et « ne prenant aucune mesure spécifique » vis à vis des produits les plus dangereux « cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques », toutefois de moins en moins utilisés (6% selon la chambre d’agriculture en 2020, avec un objectif de 1% en 2030).

Pour Cyril Giraud de Générations Futures: « l’objectif premier de cette charte là, l’objectif premier ce n’est pas de protéger la population, mais de pouvoir déroger aux distances de traitement pour pouvoir traiter plus près des habitations que le respect strict de la réglementation… » Et de reconnaître: « il y a une obligation d’informer la population donc ça c’est une bonne chose, c’est quelque chose qu’on réclamait depuis longtemps, maintenant il va falloir être pointilleux, car toutes les personnes qui demandaient à avoir accès à la nature des produits qui sont épandus, se sont vues refuser cette information-là…Or nous on considère que c’est une information d’intérêt public…et que chacun a le droit de savoir à quoi il est exposé quand il y a des épandages près de chez lui. »

Pour la représente des salariés agricoles et viticoles, Corinne Lantheaume, secrétaire générale SGA33/CFDT, cette charte qu’elle a co-signée est nécessaire pour renouer un dialogue entre riverains et exploitants.

« Aujourd’hui rien que le fait de voir un tracteur provoque déjà de l’agressivité, j’ai un collègue qui pulvérisait une tisane d’ortie il s’est fait agressé par un voisin, …il faut arriver à se comprendre, remettre les choses à plat, dépassionner les débats, si on veut aller les uns vers les autres, il faut qu’on vive ensemble on n’a pas le choix, autant le faire dans de bonnes conditions… »

Cette charte sera soumise à la préfecture d’ici 2 mois et à une consultation publique en suivant.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Dominique Mazeres et Corinne Berge :

 

01 Fév

Le syndicat viticole de Pessac-Léognan s’insurge contre le projet de parc photovoltaïque Horizeo à Saucats

 Le syndicat viticole de Pessac-Léognan vient de prendre une position ferme : il dit « non au projet de parc photovoltaïque Horizeo ! » qui devrait voir le jour à Saucats. Par un communiqué envoyé le 26 janvier il invoque une possible altération notable du climat. « On n’est pas contre le photovoltaïque », commente Olivier Bernard en charge du dossier au syndicat, mais « c’est en deux mots trop grand et trop près des vignes de Pessac-Léognan, car c’est venir empiéter sur le terroir de Pessac-Léognan. » Réponse d’Horizeo : « aucun phénomène microclimatique n’a pu être constaté à proximité immédiate de nos parcs solaires ». Une étude devrait être menée par l’INRAE.

Olivier Bernard et son fils Adrien du Domaine de Chevalier © JPS

Dans un communiqué non équivoque, le syndicat viticole de l’appellation Pessac-Léognan (créée en 1987) « s’insurge contre le projet Horizeo », contre l’implantation prochaine d’un parc photovoltaïque qu’il considère « trop près du vignoble et trop étendu… »

Olivier Bernard (propriétaire du Domaine de Chevalier) a été chargé par le syndicat et notamment Philibert Perrin de ce dossier. Un dossier qui sera sans nul doute évoqué à nouveau ce soir devant l’assemblée générale du syndicat. « En deux mots, c’est trop grand, trop près. Le parc s’installe à Saucats, à 5 ou 6 kilomètres de l’appellation Pessac-Léognan, certaines propriétés sont à moins que cela. Nous au Domaine de Chevalier, on se trouve à moins de 5 kilomètres de ce gros projet de 1000 hectares de panneaux photovoltaïques, de data-center, avec aussi production d’hydrogène…. Le photovoltaïque, on n’a rien contre, mais ces 1000 hectares d’un seul tenant c’est venir empiéter sur le terroir de Pessac-Léognan. Car il s’agit de 1000 hectares de forêt qui génèrent des conditions climatiques particulières, en forêt il fait plus froid en fait et pour nous les vins blancs ont énormément besoin de fraîcheur et c’est un sujet majeur. Alors que le réchauffement est un vrai sujet, là on enlève 1000 ha de bois…. » »

Dans son communiqué, le syndicat explique : « le projet, qui nécessite la suppression de pas moins de 1000 hectares de forêt, inclut en outre l’installation d’un certain nombre d’installations à risque… Bien qu’adhérant sans réserve au principe de l’énergie photovoltaïque, il relève que c’est sa dimension hors norme (le plus important d’Europe, prévoyant une amputation massive du massif forestier qui génère un risque grave pour l’environnement dont le vignoble fait partie intégrante.

« La conclusion, c’est trop grand, trop près car quand on installe un projet comme cela on part peut-être avec 200 hectares, mais on ne part pas avec  1000 hectares à 5 km de l’appellation Pessac-Léognan », commente Olivier Bernard.

1000 ha ça représente combien, c’est quoi l’élévation de température ? Notre micro-climat est lié intimement à cette forêt…Nos vins blancs ont besoin de fraîcheur, d’acidité, il ne faut pas que le réchauffement climatique soit accéléré par des mouvements comme celà. Que l’homme n’en rajoute pas. » Olivier Bernard syndicat de Pessac-Léognan.

Interrogé via Skype, Mathieu Le Grelle directeur du développement chez Engie et porte-parole d’Horizeo explique que le débat public est clos depuis le 9 janvier, il a duré 4 mois où chacun a pu donner son avis, s’exprimer au travers de questions de cahiers d’acteurs, d’initiatives partenariales…« Nous regrettons que des positions aussi tranchées soient prises avant la réalisation de l’étude scientifique qui aurait pu nous éclairer, le projet Horizeo est situé à 5 km du vignoble de Pessac-Léognan, des inquiétudes ont été formulées lors du débat public, nous avons rencontré l’AOC Pessac-Léognan et eu écho de ces inquiétudes… Mais on doit vous avouer qu’elles nous surprennent un petit peu eu égard au constat qu’on peut faire sur des parcs solaires existants, dans le Médoc ou à Cestas (300 hectares avec une technologie de panneaux solaires beaucoup plus dense qu’Horizeo)…

Aucun phénomène microclimatique n’a pu être constaté ni ne nous a été remonté des riverains à proximité immédiate de nos parcs solaires…Et par analogie sur l’aire urbaine de Bordeaux (25 fois plus grande qu’Horizeo), beaucoup de vignobles sont à proximité et on ne constate pas de perturbation du régime microclimatique, et il y a de très très grands châteaux » Mathieu Le Grelle d’Horizeo

Et Olivier Bernard de rappeler ses retours d’expérience de l’autre implantation à Cestas : «A Cestas, il y a déjà 300 hectares de panneaux et il y a des couloirs d’air chaud qui montent de cet endroit l’été…Je peux vous dire, parce que nous avons un aérodrôme, les planeurs jouent souvent des courants ascendant d’air chaud au dessus de Cestas… La forêt a été installée aussi pour des raisons hydrauliques, chaque pin pompe plusieurs m3 d’eau, on nous demande aussi de faire des bassins de rétention d’eau chez nous et là je n’ai pas vu de dossier de gestion de l’eau dans le projet. Les forêts par ailleurs nous épargnent lors des épisodes de grêle et ont aussi cette utilité ».

Quant au dialogue avec le syndicat, Mathieu Le Grelle : « On s’est engagé avec la profession viticole au cours du débat de mener à bien cette étude sur le micro-climat, qui devrait être porté par l’INRAE… On a proposé que la profession viticole participe à l’élaboration du cahier des charges. Ces études devraient pouvoir rassurer…  Nous avons convenu qu’il fallait plus de rigueur scientifique pour analyser les éventuels impacts d’un parc solaire sur le régime microclimatique et donc nous sommes en lien avec Météo France et l’Inrae pour envisager des études sur des parcs solaires existants et projeter sur Horizeo… »

 

Le siège de l’INRAE à Villenave d’Ornon en Gironde © JPS

De son côté l’INRAE a été saisie d’une étude sur le bilan carbone de ce projet, et a « participé à pas mal de réunion de débat public, aux cours desquels les impacts possibles sur le climat, l’hydrologie et l’ennuagement on été levé », commente Denis Loustau directeur de recherches à L’INRAE de Villenave d’Ornon. « On a fait une étude bibliographique sur le impact que pouvaient avoir de grands parcs solaires de ce type là sur ces facteurs de l’environnement, mais on n’a pas trouvé suffisamment de références dans ce contexte forestier et de climat tempéré pour pouvoir donner des réponses catégoriques sur les impacts que cela peut avoir… »

Donc à ce stade, « on se pose les questions sur ce que vont être les interactions climatiques entre ce parc photovoltaïque, la forêt qui est autour et à distance à 5 kilomètre le vignoble.

Denis Loustau directeur de recherches à l’INRAE © JPS

Ce qu’on voit dans la littérature scientifique il semble assez improbable qu’il y ait des aspects significatifs, de l’implantation de ce parc, à la fois en terme de températures, de vent, de précipitations, néanmoins sachant qu’il ya une incertitude à ce niveau là on a proposé à la région Nouvelle-Aquitaine de mettre en place un projet de recherche sur 3 ans, pour mesurer, vérifier ces impacts là… » Denis Loustau INRAE

Prochaine étape le 9 mars où la commission particulière du débat public « va rendre son rapport, après synthèse de toutes les questions, réponses et sollicitations exprimée dans le cadre du débat, ce n’est qu’ensuite que nous pourrons mener à bien notre travail pour envisager les suites à donner sur le projet Horizeo,  qui devrait arriver d’ici juin », conclue Mathieu le Grelle. Le planning théorique de construction évoqué lors du débat est prévu pour 2025 et 2026.

25 Jan

Face au réchauffement climatique, les vignerons envisagent une taille de la vigne plus tardive…

Avec des bourgeons de plus en plus précoces, les vignerons tendent à retarder de plus en plus la taille de la vigne, car le gel de printemps d’avant les Saints de glace est de plus en plus menaçant pour la récolte. Reportage aux châteaux Grand Corbin Despagne à Saint-Emilion et la Fleur Terrien à Lussac en Gironde.

A Saint-Emilion, on tend à retarder la taille de la vigne © JPS

L’image est féérique… La vigne gelée, avec un petit -4°C ce matin à Saint-Emilion… En cette fin janvier, c’est traditionnellement la période propice pour tailler le végétal endormi.

Au château Grand Corbin Despagne, François Despagne, (20e génération de vigneron et propriétaire) et son équipe sont à pied d’oeuvre pour s’occuper des 28 hectares du château.

D’habitude ils commencent en décembre, là ils retardent de plus en plus ces gestes ancestraux. « Là on réalise une taille en guyot simple, sur un bois fructifère, toujours au niveau du fil…C’est une période qui a été un petit peu retardée à cause des événements climatiques », commente Christophe Combalié, chef de culture.

Avec le réchauffement climatique, la vigne à tendance à débourrer plus tôt. Mais les bourgeons très sensibles risquent de geler comme lors de cet épisode dans la nuit du 6-7 avril 2021 où il a fallu lutter pour sauver la récolte. François Despagne essaie de combattre ce phénomène par anticipation avec justement une taille plus tardive.

François Despagne, 20e génération de vigneron, propriétaire de Grand Corbin Despagne © JPS

J’ai 168 000 pieds de vigne et j’ai des parcelles plus ou moins sensibles, avec des sondes qui ont été mises pendant les épisodes de gel précédent, on connaît les endroits très sensibles de la propriété donc ces parties là vont être taillées beaucoup plus tard, c’est-à-dire au mois de mars voire limite mois d’avril… », François Despagne.

« Le végétal étant déjà avancé, si on a des températures à -1, -2 ou -3°C l’eau qui est dans ce végétal va donc geler et va griller le végétal qui va tomber… »

Olivier Chaignaud, propriétaire la Fleur Terrien et co-responsable de la commission technique et environnement au conseil des vins de Saint-Emilion © JPS

Au château la Fleur Terrien à Lussac, Olivier Chaignaud taille 17 de ses 25 hectares de façon classique. Mais dans les endroits les plus gélifs, il ne va tailler qu’en mars, ou réaliser une taille et un nettoyage de bois en deux temps.

« Ce sont toujours les bourgeons du haut qui poussent en premier, donc on va laisser pousser lka baguette et courant avril on va la nettoyer comme là par exemple on va laisser 7, 8 boutons et la tailler à cette longueur-là, » commente Olivier Chaignaud.

Ce vigneron privilégie également des couverts végétaux au milieu des rangs de vigne pour se protéger contre le gel…

Olivier Chaignaud au château la Fleur Terrien à Lussac © JPS

En hiver, l’idée c’est de semer les couverts assez tôt dans la saison pour qu’au mois d’avril, ils soient le plus haut possible et que par leur hauteur, ils protègent le vignoble en fait… », Olivier Chaignaud château la Fleur Terrien.

La mise en place d’une haie bien positionnée sur une parcelle peut aider la parcelle à être moins froide aussi, en bloquant un courant d’air… »

Tous ont encore en tête le cauchemar de 2017 où 40% de la récolte avait été perdue à Bordeaux.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer : 

08 Jan

Quand des vignerons de Blaye font le choix du bio, cela donne désormais 28 % des surfaces cultivées en bio ou en conversion

Ils sont 414 vignerons en Blaye Côtes de Bordeaux qui ont répondu à une enquête interne au sein du syndicat viticole. Il en ressort une tendance assez remarquable : 28 % des surfaces, des 6000 hectares, en Blaye Côtes de Bordeaux sont en bio ou en conversion bio.

Benoît et Freddy Latouche sur leur propriété Camille Gaucheraud © JPS

« La bio déjà, c’est qu’on n’a pas droit aux produits de synthèse… », commente Benoît Latouche vigneron à Laruscade en Gironde.  « Tous ces désherbants, que j’ai utilisés, qu’on m’a appris a utiliser dans les années 90 quand j’étais à l’école…On nous disait vous mettez tel produit ça brule l’herbe, vous êtes tranquille 6 mois, vous mettez tel produit anti-mildiou ou anti-oïdium, vous êtes tranquille 15 jours, on était très assisté et c’était très facile, maintenant que je suis est en bio, cela demande beaucoup de travail, mais tous ces produits je n’en veux plus… C’est une conscience personnelle, on a décidé d’arrêter tout cela…de revenir comme faisaient nos parents ou grand-parents autrefois… »

Avec l’abandon de ces désherbants et produits phyto-pharamaceutiques destinés à traiter les maladies de la vigne qui prolifèrent sous le climat océanique de Bordeaux (mildiou, oïdium), ils retravaillent leurs sols avec des tracteurs et décavaillonneuses: « cela demande beaucoup de travail, parce que c’est de l’herbe comme chacun chez soi et quand il pleut cela pousse beaucoup, …il faut la couper, l’entretenir, on laisse un tapis, pas besoin que cela soit propre sous le rang de vigne…On laisse toute l’herbe, enherbé dans tous les rangs…avec des semis d’engrais verts pour amener des engrais pour la plante pour l’année… » Ils plantent ainsi des féveroles et utilisent un compost maison pour apporter les apports nécessaires à la vigne, et utilisent que du soufre ou du cuivre, depuis il voient revenir de nombreux vers de terre dans leurs sols…

« On retravaille nos sols, cela demande beaucoup de travail, parce que c’est de l’herbe comme chacun chez soi et quand il pleut cela pousse beaucoup, …il faut la couper, l’entretenir, on laisse un tapis, pas besoin que cela soit propre sous le rang de vigne…On laisse toute l’herbe, enherbé dans tous les rangs…avec des semis d’engrais verts pour amener des engrais pour la plante pour l’année, on fabrique le compost, on a la chance d’avoir deux élevages sur la propriété, don on rentre beaucoup de fumier et on fait le compost nous-mêmes… »

Le château Lacaussade Saint-Martin © JPS

A Saint-Martin-Lacaussade, poussé par la demande du consommateur et la grande distribution, Jacques Chardat, propriétaire du château Lacaussade-Saint-Martin a démarré sa conversion en 2017, son vin blanc sec est certifié bio depuis 2020. Un pari quand on cultive 85 hectares et produit 500 000 bouteilles à l’année.

Jacques Chardat, propriétaire du château Lacaussade Saint-Martin © JPS

« Cela a été une grande remise en question, il a fallu fédérer les équipes, faire des formations et motiver tout le monde…« , commente Jacques Chardat. « La flore a changé, la faune est revenue, c’est absolument extraordinaire, et on est content de voir les écureuils revenir, des papillons revenir… C’est absolument incroyable ce qui se passe. » Les traitements de la vigne en bio se font surtout à base de cuivre, avec une diminution ces dernières années avec 4 kilos par an et par hectare, lissés sur 7 ans.

Thibaut Layrisse directeur du syndicat de Blaye © JPS

Selon une enquête du syndicat viticole Blaye-Côtes de Bordeaux auprès de 414 vignerons de l’appellation (en partenariat avec les Vignerons bio de Nouvelle-Aquitaine),   28 % des surfaces sont aujourd’hui certifiées ou en conversion bio. « Cela nous classe parmi les appellations les plus performantes  sur ce sujet », commente Thibaut Layrisse directeur du syndicat de Blaye. « Pourquoi ? C’est une tendance actuelle, très liée à l’environnement. Les consommateurs sont de plus en plus sensibles au sujet  de l’agriculture biologique, et on sait qu’on a eu beaucoup de débats sur le sujet et malheureusement de mauvaise presse concernant la région de Bordeaux sur les pesticides…Donc il y a une vraie évolution qui apparemment est en marche auprès des vignerons. »

Les frères Latouche veulent aller encore plus loin prochainement avec le label Demeter en biodynamie… « Ca fait chaud au coeur et de se dire yes on a réussi et ca c’est important » D’avoir des vins beaucoup plus profond, du terroir, sans engrais qu’on achète à droite à gauche, c’est beaucoup plus parlant. »

Un premier millésime 2021 certifé bio, davantage sur le fruit qu’ils vont sortir au printemps.

 

 

26 Déc

Gironde : un quart de l’appellation Blaye en bio

Après Castillon, une autre appellation de Bordeaux annonce qu’un quart de l’appellation Blaye-Côtes de Bordeaux est aujourd’hui  en bio.

Le Clos de l’Echauguette passe en bio © JPS

Le Syndicat viticole de Blaye a publié un état des lieux du niveau de certification environnementale de ses adhérents montrant qu’en 2020 28% des 5.900 hectares de vignes de l’appellation Blaye – Côtes de Bordeaux étaient en agriculture biologique (23% des quelque 400 exploitations de l’appellation) ou en conversion (13%).

« Une belle performance », juge le syndicat, supérieure aux 17% de surfaces viticoles en bio ou en conversion bio au niveau national. Dans l’ensemble, 85% du vignoble blayais est engagé dans une démarche environnementale (bio, HVE, Terra Vitis ou Agriconfiance), quand la moyenne du vignoble bordelais se situait à 65% en 2020 selon le syndicat. « Les données concernant la récolte 2021 devraient confirmer la tendance », explique encore le Syndicat viticole de Blaye.

Cette appellation, située majoritairement à flanc de coteaux en bord de Gironde, produit essentiellement des vins rouges (90% de la production) mais aussi des blancs secs.

Avec AFP

19 Oct

Une étude sur l’exposition des riverains aux pesticides lancée mais contestée dans le Bordelais

Une étude d’ampleur inédite visant à établir une « photographie objective » des risques d’exposition aux pesticides des riverains de domaines viticoles, a été lancée mardi mais l’interprofession des vins de Bordeaux refuse de s’y associer, craignant des « conclusions hâtives ».

Avec « PestiRiv », l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et Santé publique France (SpF) vont suivre jusqu’en août quelque 3.350 participants volontaires de 3 à 79 ans, répartis dans 250 zones d’études étalées sur six régions.

Ils résident soit dans les zones viticoles (moins de 500 mètres de vignes et plus de 1.000 mètres d’autres cultures) soit à plus de 1.000 mètres de toute culture, afin de faciliter les comparaisons, et feront notamment l’objet d’un suivi biologique (prélèvements d’urine ou de cheveux…) et environnemental (capteurs d’air ambiant, échantillons d’eau ou de légumes du potager…).

Pour Jean-Luc Volatier, de la direction de l’évaluation des risques de l’Anses, la viticulture est particulièrement concernée car constituée de « cultures pérennes avec des fréquences de traitement relativement élevées et une forte imbrication entre habitat et vignes ».

« Une cinquantaine de substances seront mesurées« , a précisé Atmo France, qui participe aux relevés. « C’est la première étude qui permettra de mettre en regard le niveau d’exposition réelle de la population (…) à l’ensemble des sources possibles d’exposition : air, alimentation, eau, activité professionnelle dont usages agricoles, et usagesdomestiques ».

Les résultats des analyses de plusieurs millions d’échantillons sont attendus en 2024 et doivent permettre « d’objectiver s’il y a une surexposition » des riverains
et de « comprendre pourquoi et comment, afin de donner tous les leviers pour agir », a souligné Ohri Yamada, responsable de la phytopharmacovigilance à l’Anses.

L’association environnementale Générations futures, qui a publié en mars un classement des départements les plus gourmands en pesticides, avec deux départements vitivinicoles en tête (Gironde et Marne), a « salué » mardi le lancement de PestiRiv mais regretté le « temps perdu ».

En mettant en avant leur « rigueur scientifique », les organisateurs de l’étude souhaitent se prémunir contre les critiques sur un sujet très sensible qui a déjà débouché sur des procès, voire des tensions physiques, dans certaines régions.

PestiRiv fait notamment grincer des dents dans le Bordelais. L’interprofession a fait savoir, dans une lettre de son président à la préfète, datée du 1er octobre, révélée par Le Monde et dont l’AFP a eu connaissance, qu’elle « n’accompagnera pas cette démarche, ni auprès des entreprises viticoles girondines, ni auprès des maires des communes concernées« , à moins que Santé publique France et l’Anses ne la rassurent sur plusieurs points.

Le Conseil interprofessionel des vins de Bordeaux (CIVB) regrette, entre autres, un « manque de transparence » sur les retours d’une phase d’expérimentation menée en 2019 en Nouvelle-Aquitaine ainsi que « la disparité de localisation des échantillons, avec plus de la moitié de l’étude qui se déroulerait en Gironde ». Il voit « ce focus sur le vignoble bordelais » comme « un biais majeur dans le protocole » et « ne souhaite pas que Bordeaux soit de nouveau le bouclier derrière lequel les autres vignobles français peuvent s’abriter ».

Le CIVB n’est en outre pas « convaincu » que SpF et l’Anses, « une fois le travail d’analyse et de diffusion réalisé, feront l’effort de pédagogie et de contradiction nécessaire pour éviter les conclusions hâtives et faisant fi de toute rigueur scientifique ».

Une position que ne comprend pas Béatrice de François, la maire PS de Parempuyre (Gironde), aux portes du Médoc. « C’est dommage qu’ils (le CIVB) se braquent d’entrée comme ça, ils auraient tout intérêt à accompagner cette étude et le changement des pratiques », explique à l’AFP cette maire, qui avaient pris en 2019 un arrêté
interdisant les produits phytopharmaceutiques « à moins de 100 m de toute habitation ou espace public », annulé par la justice administrative. Selon Mme de François, qui rappelle que les pesticides ne concernent pas que la viticulture mais bien l’agriculture en général, « une vraie étude scientifique neutre » comme PestiRiv, « sur une durée un peu longue, sur des enfants et des adultes », sera « intéressante ».

AFP

13 Oct

Luchey-Halde, un vignoble agroécologique expérimental à Mérignac

Luchey-Halde, en plein coeur de Mérignac, à deux pas de Bordeaux, et du CHU que l’on peut apercevoir depuis ce vignoble… C’est un vignoble agroécologique expérimental…Un vignoble où peuvent se former des élèves ingénieurs agronomes…

Lucie Viard, 2e année de Bordeaux Sciences Agro © JPS

Dans ses rangs de vigne, on y trouve 17 élèves ingénieurs en 2e année de Bordeaux Sciences Agro : « je viens de la Champagne, j’ai mes parents qui sont Champenois, et je suis arrivé l’année dernière à Bordeaux Sciences Agro pour faire un cursus d’ingénieur agronome et j’ai intégré cette année pour faire un double diplôme, à la fois être ingénieur agronome et oenologue… » commente 

 

Marc de Resseguier 1ère année de BTS ACSE © JPS

Il y a aussi Marc en BTS agricole à Villenave d’Ornon : « moi, j’ai un bon poste, je suis porteur, on porte les caisses mais on a le temps de se reposer entre deux. On est une douzaine de ma classe à participer aux vendanges pour payer notre voyage de fin d’études… »

Isabelle Masneuf-Pomarede, professeure d’oenologie à Bordeaux Sciences Agro © JPS

Tout a été arraché ici en 1920 pour devenir ici un terrain militaire. Replanté en 1999, ce vignoble sert désormais de site de formation. A terme, ces jeunes sont appelés à devenir chef de culture, maître de chai, directeur technique, consultant ou directeur général de domaine… « Ils ont l’opportunité, pendant cette période très active que constitue les vendanges et la vinification des vins, de pouvoir participer aux opérations et dons pendant 15 jours ils vont se former sur le terrain.

Bien qu’urbain, ce vignoble de 23 hectares est entouré de pas mal d’arbres et de nombreuses haies : « on est entouré d’un espace boisé de 4 hecatres, on a également un autre espace boisé de ce côté là, et c’est vrai que cela nous procure une certaine biodiversité… »

Mélanie Lou, responsable environnement au château Luchey-Halde © JPS

« Vous allez vous répartir dans différents ateliers, poursuit, certains iront au niveau du tri à la réception de vendanges et les autres vont descendre dans le chai pour les opérations de remontage. »

Des opérations de tri manuel menées par les étudiants et des ouvriers de chai : « là on enlève tous les restants de grappe, les feuilles, comme vous le voyez, il y a du boulot… »

Et du boulot, on n’en manque pas. Depuis 2015, 3 projets de recherche sont conduits ici par Bordeaux Sciences Agro… « Le fait d’être en contact avec des enseignants chercheurs en viticulture-oenologie  régulièrement cela nous permet de suivre tout ce qui se passe en terme d’oenologie et viticulture ».

Pierre Darriet, directeur technique du château Luchey-Halde © JPS

« Ce qui permet surtout pour nous de faire de bons vins, c’est qu’on a un très bon terroir ici, qui par chance a été préservé de l’urbanisation parce que c’était un terrain militaire, mais avant d’être un terrain militaire, c’était une exploitation viticole, assez côté de Mérignac, voire la plus cotée de Mérignac, le terroir ca joue beaucoup. »

Un terroir assez exceptionnel constitué de graves, de galets et de terres fines déposés par la Garonne.

A voir ce soir sur France 3 Aquitaine à 18H53 dans l’édition Bordeaux Métropole, réalisé par JPS, Guillaume Decaix et Charles Rabréaud: