18 Fév

Dossier vigne et vin : quels travaux à la vigne et au chai l’hiver ?

Il n’y a pas qu’en été qu’on travaille dur dans les rangs de vigne pour les vendanges, l’hiver n’est pas de tout repos. Entre la taille de la vigne, les bois à tirer, le broyage de ceux-ci, mais aussi le carassonage, il y a de quoi s’occuper. Au chai, il y a aussi du boulot entre les soutirages et les assemblages en vue de la présentation du millésime 2019 pour les primeurs en mars-avril… C’est le dossier vigne et vin de ce mois-ci tourné entre le château Tour Birol et le château Labadie en Côtes de Bourg.

Damien Labiche dans ses vignes du château Tour Birol, 43 hectares en Côtes de Bourg © JPS

A Samonac en Côtes de Bourg, Damien Labiche vient de tailler sa vigne et tire les vieux bois pour permette la prochaine repousse. « La taille, c’est un moment très important pour nous… C’est le moment de l’année où se décide la charge que l’on veut garder sur les vignes, savoir l’étalement de raisin que l’on veut avoir », explique Damien Labiche vigneron au château Tour Birol.

Mais cette année, il a décidé de retarder de deux mois le début de la taille entre février et mars: « souvent, on dit qu’on commence à tailler à la chute des feuilles, à partir du 25 novembre ou début décembre…mais cette année par choix, on a préféré attendre pour tailler parce que vu qu’il fait chaud, la vigne risque de repartir plus vite, donc en attendant un maximum on essaie d’avoir un pseudo repos végétatif pour pallier les gelées du printemps… »

A vol d’oiseau à quelques kilomètres, le château Labadie procède déjà au broyage de des bois déjà taillés et disposés au beau milieu des rangs de vigne « On retire tous les bois de taille du rang et on vient les mettre au milieu de manière à ce qu’ils soient broyés par le broyeur qu’on voit derrière le tracteur… » explique Damien Dupuy du château Labadie. « Tout simplement cela va les broyer en petits morceaux et les relaisser au milieu de la parcelle de manière à ce que toute la matière organique qui est contenue dans les sarments reste sur le sol et soit réintégrée plus tard dans la nutrition pour les prochaines années. »

Sur une autre parcelle, Damien Dupuy a une autre équipe de 4 personnes qui s’occupe à réaliser le carassonage, un nom qui vient de carasson qui désigne le piquet  à changer dans la parcelle pour que la vigne puisse pousser correctement et que le poids de celle-ci soit supporté :

« On va tester et remplacer tous les piquets qui ont été cassés, endommagés ou qui ont pourri dans la terre, et on va retendre les fils de fer, puisque c’est tout cela qui va permettre ensuite de maintenir la végétation verticalement dans le rang et donc en saison morte il faut qu’on entretienne ce palissage, de manière à ce qu’entre le printemps et l’été tout tienne correctement. »

Damien dupuy, du château Labadie © JPS

Autre opération délicate et tout aussi importante, menée par Sandrine et Sandrine, c’est le pliage des astes, ces baguettes fructifères qui a terme donneront des rameaux et des grappes de raisin : « le tailleur laisse 2 astes verticales sur le pied de vigne, le but du jeu va être de venir les plier sur le fil de fer de manière à les avoir bien horizontal, et que chacun des bourgeons laissés vont pouvoir pousser et ensuite donner des rameaux qui vont donner des raisins qui vont être étalés sur la longueur du rang. »

Des travaux à effectuer en fonction du temps aussi : le carassonnage peut se faire par tout temps, « même sous la pluie ce n’est pas un souci », « le pliage il vaut mieux qu’il fasse doux et humide car les lattes plient plus facilement », « pour le broyage des sarments il faut que le tracteur puisse passer dans la parcelle donc qu’il n’y ait pas trop d’eau. »

Impossible de s’ennuyer, car il y a aussi le travail au chai: Damien Labiche effectue ses soutirages chaque mois pour enlever les impuretés du vin : « jusqu’au mois de mai-juin, on fait tous les mois un soutirage, là on est en préparation des primeurs, c’est pour cela qu’on essaie d’avoir les vins les plus propres possibles et le plus aéré possible pour qu’ils soient présentables à la dégustation dans quelques mois ».

Damien Labiche, un vigneron passionné par son terroir © JPS

Un millésime 2019 qui depuis sa récolte continue de réserver de bonnes surprise au vigneron: « vraiment, je suis très enchanté par ce 2019, des fruits noirs, des fruits rouges, une belle concentration, des tanins très soyeux, pas une énorme structure mais une finesse des tanins, qui est idéale », commente encore Damien Labiche.

Un assemblage 60% merlot 40% malbec qui promet pour les dégustations professionnelles fin mars début avril à l’occasion des primeurs… En attendant, bon courage à tous ces vignerons et aux petites mains de la vigne.

13 Jan

La question du foncier viticole: encore des affaires à Bordeaux mais aussi des prix à l’hectare prohibitifs pour certaines appellations

Côté Châteaux vous propose un dossier sur le foncier viticole. Si certaines appellations restent accessibles (Bordeaux, Entre-Deux-Mers, Bourg, Blaye et les Côtes), d’autres s’envolent (Saint-Estèphe, Margaux, Pauillac et Saint-Emilion-Pomerol). C’est aussi le prochain rendez-vous vigne et vin sur France 3 Aquitaine. Gros plan sur Fronsac, les chiffres de la Safer et la question de la transmission.

Damien Landouar, président du syndicat de Fronsac et Canon Fronsac © JPS

Sur ces 5 dernières années, Fronsac a repris ses lettres de noblesse… L’hectare en 2019 se vendait de 30 000 à 60 000 € et de 80 000 € à 130 000 €pour Canon-Fronsac. Un terroir argilo-calcaire où 3 propriétés se sont envolées récemment depuis 2013 : Gaby s’est vendu 13 millions d’euros, la Rivière 35 millions et la Dauphine plusieurs millions aussi, le prix n’a pas été révélé…

« Nous, pour ce qui est de Gaby par exemple au niveau du prix à l’hectare, on était à 500 000-550 000 euros l’hectare, chargé, comprenant le bâti le château, les chais, l’équipement, enfin tout ce qui fait que cela fonctionne« , commente Damien Landouar directeur de château Gaby mais aussi président de l’appellation.Le château Gaby a été racheté en 2016 par l’entrepreneur américain Tom Sullivan.

Fronsac reprend ses lettres de noblesse, on a un paysage exceptionnel et la qualité des vins est reconnue » Damien Landouar président du Conseil des Vins de Fronsac.

Le château La Dauphine s’est vendu en 2015, le prix n’a pas été communiqué © JPS

A ce niveau de prix, ce sont des étrangers ou de grandes familles françaises qui sont sur les rangs. Après la famille Halley de Carrefour Promodès, c’est la famille Labrune qui a racheté la Dauphine en 2015.

Stéphanie Barousse, directrice du château La Dauphine © JPS

« Si je prends l’exemple de la famille Labrune, ils ont aujourd’hui une holding qui est à Paris, leur coeur de métier ce sont des logiciels médicaux, pharmaceutiques mais également des logiciels de paie et ils ont également investi dans des tas de domaines » confie Stéphanie Barousse directrice du château La Dauphine.

Le château de la Rivière fait partie des plus de 150 châteaux du bordelais acheté par des Chinois. La propriétaire aujourd’hui est Madame Lau, la veuve de Lam Kok, disparu tragiquement dans l’accident d’hélicoptère avec l’ancien propriétaire James Grégoire. C’est une famille chinoise qui a fait fortune dans le thé de Pu’Er et les hôtels.

Xavier Buffo, directeur général du château de la Rivière © JPS

« Il y a un pouvoir d’achat oui, mais d’autres investisseurs étrangers en ont aussi, Fronsac est attractif par la beauté de ses paysages, on y produit des vins dont la réputation est en train de monter fortement, on a de très beaux terroirs argilo-calcaires », commente Xavier Buffo le directeur du château de la Rivière.

A la Safer, Michel Lachat suit les transactions et l’évolution des prix. Il veille avec cet organisme, notamment par des préemptions, à ce que de jeunes vignerons puissent s’installer. C’est bien sûr davantage possible sur l’Entre-Deux-Mers, le Sauternais, Blaye, Bourg ou en Bordeaux-Bordeaux Supérieur…

Michel Lachat de la Safer © JPS

« Aujourd’hui on trouve des hectares de Bordeaux à 15 000 euros l’hectare, avec un terroir correct et un matériel végétal en bon état, cela peut être une opportunité pour des jeunes qui maîtrisent la commercialisation, après si on a beaucoup plus de moyens, on peut accéder à des appellations plus chères à l’achat, qui en terme de facilité de vente et de prix à la bouteille permettent d’accéder à un niveau un peu plus important », commente Michel Lachat de la Safer.

Pomerol, Saint-Emilion, c’est le 1er groupe et deuxième groupe d’appellations qui se monnayent très bien, ce sont aussi les communales du Médoc avec Pauillac et désormais Margaux qui progresse au niveau des prix… ensuite dans les Graves, il y a Pessac-Léognan en plein développement dont les prix avoisinent les 500 000 et 650000 € l’hectare » Michel Lachat de la Safer.

Car les prix les plus chers aujourd’hui sont à Saint-Emilion-Pomerol où certains hectares peuvent grimper à 3,5 millions d’euros (avec une fourchette à St Emilion qui démarre à 240 000 et jusqu’à 3,7 millions d’euros), Pauillac (entre 1,7 et 2,6 millions d’€) et Margaux (entre 1 et 2,5 millions d’€). A Saint-Estèphe sur un très beau terroir de graves, c’est monté récemment à 900000€ l’hectare

Saint-Emilion, de 240 000 à 3,7 millions d’€ l’hectare © JPS

Se pose alors le problème de la transmission… A Saint-Emilion où la fourchette varie entre 240000 € l’hectare et 3,7 millions, c’est un casse-tête pour certains. On a vu ainsi le château familial Soutard ou encore Yquem (à Sauternes) ne plus rester dans les familles Ligneries ou Lur Saluces et être racheté par des compagnies d’assurance ou le patron d’LVMH.

Ainsi les Vignobles Bardet, 4 propriétés, 55 hectares en Saint-Emilion Grand Cru (Val d’Or, Pontet-Fumet, Franc Le Maine et Du Paradis) sont en pleine transmission avec les 4 enfants.

Thibault Bardet, la transmission en question des 4 châteaux familiaux © JPS

« Il y a une partie des vignes que mon père arrive à nous transmettre, c’est sûr qu’avec les prix de la vigne ça met un peu plus de temps, mais c’est comme la vigne c’est un travail à long terme, » commenteThibault Bardet. « Il existe des solutions maintenant notamment où on se met en société, je ne suis plus vraiment propriétaire des vignes mais je les loue aux sociétés ».

En tout cas, certains prix aujourd’hui sur les meilleurs terroirs de Pauillac, Margaux, Pomerol ou Saint-Emilion ne s’adressent qu’à une élite, à raison de 2,5 à 3,5 millions d’euros l’hectare de vigne…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Nicolas Pressigout, Xavier Granger et Thierry Culnaert, suivi de l’éclairage de Frédéric Lot et Vincent Dubroca en plateau du 12/13 de France 3 Aquitaine: 

VOICI LES PRIX EN 2018 AVEC TENDANCES 2019 (source SAFER 33):

  • Bordeaux 16 500 € en moyenne
  • Entre-Deux-Mers 16 500 €
  • les Côtes de Blaye de 17-18 000 à 25 000 ; Bourg de 15-20 000 à 30 000 €
  • Graves de Vayres 17 000 €
  • Fronsac de 30 000 à 60 000 € Canon Fronsac de 90 000 à 120 000€
  • Lussac-Puisseguin 80-90 000 €
  • Satellites Saint-Emilion 120 000-140 000 €
  • Saint-Emilion 240-250 000 à 3,6-3,7 millions d’€ (voire plus)
  • Pomerol de 900 000 à 3,6 millions d’€
  • Côtes de Castillon de 25-30 000 à 50 000€
  • Graves moyenne 32 000€ pouvant monter à 50 000€
  • Pessac-Léognan 650 000€ pouvant atteindre 2,5 millions pour les plus connus
  • Sauternes 30 000€
  • Médoc 55 000€ Haut-Médoc 80 000 €
  • Listrac Moulis 80 000 €
  • Margaux de 1,2-1,3 millions à 2,5 millions €
  • Pauillac de 1,7 à 2,5-2,6 millions €
  • Saint-Estèphe de 200-250 000 à 900 000€, moyenne à 500-550 000€

AILLEURS EN NOUVELLE-AQUITAINE

  • Jurançon 42 000€
  • Madiran 16 000€
  • Bergerac 11 000 € blancs et 8 000 € rouges
  • Monbazillac 17-20 000€
  • Pécharmant 30 000€
  • Tursan 12 000€
  • Buzet 15 000€
  • Duras 11 000€
  • Côtes du Marmandais 10 000€
  • Charente Bons bois 35 000, Borderie 52 000 Grande Champagne 53 000  à 100 000€
  • Sans IG zone Armagnac 10 000€
  • Sans IG Lot-et-Garonne 5000€

21 Déc

Pour les fêtes, faut-il ou non carafer les vins blancs secs et les effervescents ?

Pour ces fêtes de fin d’année, voici les précieux conseils de Benoît-Manuel Trocard de l’Ecole du Vin de Bordeaux. Il répond aux interrogations des amateurs et connaisseurs de vin: doit-on ou peut-on carafer des vins blancs secs, des champagnes ou crémants ?

Le carafage d’un très grand vin blanc de Pessac-Léognan par Benoît-Manuel Trocard © Jean-Pierre Stahl

« Avant de carafer un vin blanc, on va le goûter un tout petit peu. Là, on est sur un vin sur un vin limpide et brillant. Ensuite, on va enchaîner avec un premier nez, une partie minérale et un deuxième nez… Là, on est sur un côté un peu minéral et puis il a un côté pamplemousse et citron vert… »

Ici, on est plutôt sur un Bordeaux blanc de type classique, qui n’est pas vieilli en fût de chêne, donc qui ne mérite pas ni carafage ni décantation, » Benoît Manuel Trocard de l’Ecole du Vin.

Pour de grands vins blancs de type Pessac-Léognan ou encore de grands Bourgogne, il est nécessaire de carafer ces vins :  » là ça tombe très bien, on est sur un vin qui est très fermé donc on va le carafer… »

« Je vous donne une petite astuce intéressante, si vous voulez carafer un grand vin de Pessac Léognan, vous pouvez le verser dans une carafe plus étroite, elle même placée dans un seau à glace, pour le garder au frais durant l’aération ».

Alors toujours penser à la différence entre décanter et carafer un vin, je carafe un vin jeune et je décante un vin vieux,  » Benoît-Manuel Trocart Ecole du Vin

« On va « shaker » un tout petit peu la carafe de manière à révéler tous les les arômes;  là on a des arômes toastés, vanillés… » 

Et de proposer un accord mets-vins qui fonctionne très très bien : « on oublie toujours mais de grands vins blancs de Pessac-Léognan sur des fromages, cela fonctionne très bien, c’est idéal à Noël.

Un joli plateau de fromages de chez Deruelle préparé pour l’Ecole du Vin de Bordeaux © JPS

« Avec un vin complexe de Pessac-Léognan, on va choisir des fromages fermiers, pasteurisés, on va avoir du gras, de l’épaisseur, un joli équilibre et une finesse en bouche. »

Du côté des champagnes ou crémants puisque l’on est à Bordeaux: « pour les fêtes, nous allons ouvrir un crémant ensemble… », « les crémants je vous déconseille de les mettre au congélateur, cela a  tendance à tuer les arômes… »

L’intérêt de carafer un crémant, c’est pour éviter ce côté oxydatif qu’on pourrait avoir au nez, et d’avoir de fines bulles qui peuvent là encore se marier avec des fromages, comme on la vu aussi avec des blancs »

Crémant en apéritif ou même en fin de repas, pourquoi pas ?

« Aujourd’hui, on ne sert les crémants que dans des verres à pied, on oublie les verres ou coupes des années 30. Après carafage, on obtient au nez des arômes avec des notes d’agrumes, de vanille, et en dégustation on a des vins qui sont beaucoup plus ouverts, beaucoup plus charnus, beaucoup plus gras. » »Je vous conseille de le faire plutôt au moment de l’apéritif, 5 à 6 minutes avant de servir…

« Sur ce je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année », Côté Châteaux d’associe à Benoît-Manuel Trocard pour vous souhaiter déjà un très joyeux Noël

A voir le reportage et les conseils de Benoît Manuel Trocard dans le rendez-vous mensuel « Vigne et Vin » que je vous propose chaque fin de mois, avec l’éclairage en bateau de Frédéric Lot. Un dossier réalisé par Jean-Pierre Stahl Jean-Michel Litvine, Eric Delwarde, Emilie Jeannot et Thierry Culnaert, avec bien sûr le talentueux Benoît Manuel Trocard.

Merci à l’Ecole du Vin de Bordeaux pour ces précieux conseils. L’Ecole du Vin de Bordeaux réalise des ateliers et cours toute l’année pour amateurs et connaisseurs, c’est une bonne idée de cadeau aussi pour Noël.

19 Oct

Cérons: la petite appellation de liquoreux qui ne manque pas de fraîcheur

C’est la plus petite appellation de Gironde. Une appellation de liquoreux moins connue que Sauternes, mais appréciée aussi des amateurs de vins. Focus sur cette petite appellation de 30 hectares et ses 15 vignerons qui la font vivre. Rencontre avec la jeune génération, des figures et la présidente de ces Grands Vins de Cérons.

Au Clos Bourgelat, à Cérons, Antoine Lafosse donne ses dernières consignes pour ces vendanges par tries successives: « là on fait les liquoreux, essentiellement le Cérons, pour ceux qui connaissent, il y a du pourri sec et il y a du pourri plein donc prenez essentiellement du pourri sec. Quand il y a des graines de pourri plein, vous pouvez prendre aussi, mais pas de pourriture pas jolie, de pourriture aigre qu’il faut enlever », précise Antoine Lafosse.

Un travail d’orfèvre, un ramassage à la main parfois grain par grain, de cet hectare et demi, en faisant attention d’ôter la pourriture aigre très présente cette année, pour ne garder que la pourriture noble, les baies botrytisées.

Antoine Lafosse du Clos Bourgelat © Jean-Pierre Stahl

Le terroir de Cérons est un bon terroir pour faire des liquoreux, on est sur un terroir de graves, vous pouvez le constater au sol, on n’a que des gros galets, c’est  un terroir silico-gravaleux avec un sous sol calcaire qui va donner au vin sa fraîcheur », Antoine Lafosse du Clos Bourgelat.

« Là on a un joli botrytis, où les graines sont bien dégagées et riche en sucre, c’est le but de l’opération », explique Xavier Perromat, propriétaire de l’emblème d l’appellation le château de Cérons…

Cérons est la plus petite appellation de Gironde, avec seulement 15 vignerons sur 30 hectares en production. Des vignerons qui produisent à la fois des vins de Graves en blancs et en rouge généralement mais aussi du liquoreux en Cérons, comme Xavier Perromat.

Xavier et Caroline Perromat propriétaires du château de Cérons © Jean-Pierre Stahl

C’est une appellation effectivement confidentielle mais connue des grands amateurs car c’est un terroir particulier, c’est le micro-climat on est en limite de la petite rivière du Ciron donc le brouillard vient lécher Cérons mais avec des concentrations un petit peu moins fortes », Xavier Perromat château de Cérons.

La magie du Ciron opère à l’automne avec la formation de brouillard dans le Sauternais et favorisant la formation du botrytis cinera © JPS

Vigneronne installée depuis 2015, Aurélia Souchal, la présidente des Grands Vins de Cérons, a connu sur sa propriété le gel et la grêle en 2017. Cela ne l’a pas empêché de continuer à mener son vignoble dans une certaine philosophie et démarche environnementale:

Aurélia Souchal présidente des Grands Vins de Cérons et propriétaire des châteaux Salut et Huradin © JPS

On une conscience environnementale, on a une certification Terra Vitis, on n’utilise plus d’herbicide, on n’utilise plus de produit chimique, on fait attention à ce que l’on fait, histoire de respecter la nature, l’environnement et nos voisins, Aurélia Souchal président des Grands Vins de Cérons ».

Cérons se démarque généralement de Sauternes par rapport à un taux de sucre résiduel légèrement moins élevé: « là on est sur un vin qui est aux alentours de 100, 110 grammes par litre de sucre, ce qui déjà bien bien sucré mais avec cette fraicheur, cette acidité, on a l’impression que c’est plus facile à boire, que c’est plus digeste », commente Antoine Lafosse du Clos Bourgelat.

De la fraîcheur pour relancer quelque peu ces liquoreux parfois délaissés à tort par le consommateur, c’est le secret de cette appellation et des vignerosn qui l’a font vivre.

18 Sep

Dossier vendanges à Bordeaux : quand doit-on débuter la récolte ? « C’est principalement la dégustation des baies qui fait qu’on déclenche une vendange »

C’est reparti pour les dossiers « vigne & vin » une fois par mois le jeudi dans le 12/13 sur France 3 Aquitaine. Ce jeudi, nous vous proposons de vous éclairer sur cette question presque existentielle pour le vigneron: savoir quand faut-il donner le feu vert pour vendanger. Eléments de réponse au château Gazin qui a débuté jeudi ses vendanges de merlots, puis au Clos Saint-Julien qui a attendu ce jour pour vendanger et enfin au laboratoire Oenoteam à Libourne qui sur la base d’analyses donne des renseignements et des conseils aux propriétés. A voir dès midi avec l’analyse en plateau de Frédéric Lot.

Christophe de Bailliencourt et Michaël Obert du château Gazin à Pomerol © JPS

8 heures au château Gazin, un terroir magnifique sur le plateau de Pomerol… Nicolas et Christophe de Bailliencourt les co-propriétaires se rendent dans leurs parcelles de vignes prêtes à être vendangées. C’est Michaël Obert, le directeur du château, ingénieur agronome et oenologue, qui a donné le coup d’envoi des équipes de vendangeurs dès jeudi dernier, dès le 12 septembre:

C’est un moment où il ne faut pas se louper, Michaël fait le tour du vignoble tous les matins, et petit à petit, il sent les choses venir. Ce n’est pas un déclenchement pour toute la vendange, on ajuste en fonction du temps et de la maturité. Là, c’est parti pour 2 ou 3 jours et on prendra le temps de réfléchir ensuite… », Christophe de Bailliencourt château Gazin.

Les premiers merlots ramassés a château Gazin © JPS

Ce château de Pomerol est parmi les plus précoces, mais en ce 17 septembre, son illustre voisin Pétrus a aussi fait sortir ses vendangeurs, tout comme la Conseillante, non loin. « Ici à Pomerol on vendange toujours 8 jours avant Saint-Emilion, et Saint-Emilion 8 jours avant les Côtes de Castillon… », me confie-t-il.

La date de vendanges a tout de même ici été avancée : « on a vendangé une semaine avant par rapport à nos prévisions du fait des températures qui ont remonté. Ca se ramasse bien, après nous avons de petites baies très concentrées, par manque d’eau. On devrait obtenir un rendement dans la moyenne décennale de 40 hectolitres à l’hectare », explique Michaël Obert.

Si ce château appartient à la famille depuis plus d’un siècle, depuis 1918 avec Louis Soualle, le lancement des vendanges à la bonne date est toujours une question cruciale à laquelle on n’y répond que chaque année, qu’à chaque millésime et selon les conditions climatiques différentes.

Pour lancer une vendange, il y a plusieurs paramètres, il y a bien évidemment les équilibres entre les taux de sucre et l’acidité, mais actuellement on est plus dans une philosophie du goût du raisin, du goût du vin et surtout de la qualité des tanins, mais c’est principalement la dégustation des baies qui fait qu’on déclenche une vendange, » Michaël Obert directeur de château Gazin.

Michaël Obert et Christophe de Bailliencourt goûtant les premiers jus de 2019 © JPS

Arrivé au chai, Christophe de Bailliencourt est fier de montrer ce bel outil technique pour la réception de vendanges avec sa table de tri et sa dizaine de personnes qui sont chargées d’éliminer tout élément végétal de ce tapis de caviar noir… « On ne recherche pas la surconcentration, la surmaturité, on cherche à préserver le fruit et la fraîcheur, on est dans le grand Pomerol classique », me confie-t-il.

Sophie Aribaud et Catherine Papon, goûtant les baies du Clos Saint-Julien © JPS

Au Clos Saint-Julien, vignoble en bio, juste à côté des Grandes Murailles des Saint-Emilion, chez Catherine Papon, on est encore en train de goûter les baies. Elle est accompagnée de sa conseillère viticole, Sophie Aribaud, qui lui apporte son aide précieuse pour déterminer la bonne maturité de ses merlots: cet été, ils ont un peu souffert du manque d’eau, comme partout à Bordeaux:

On observe en ouvrant la baie les pépins (2 à 3), la chair qui se détache et les anthocyanes, la couleur qui vient de la pellicule © JPS

« Il faut bien goûter car c’est une année assez hétérogène qui a démarré dans la difficulté, » explique Sophie Aribaud.« On a une année plein de contrastes le gel, et puis cette fin de saison qui est chaude et sèche, ce qui fait qu’on peut avoir un raisin qui se flétrit vite, chargé en sucre et avec des acidités pour lesquelles il faut aussi faire attention, » continue Sophie Aribaud conseillère viticole.

Tout est une question de choix et de philosophie dans la manière de conduire son vignoble, de l’amener de la floraison à la maturité souhaité et jusque dans la cuve : 

Il faut savoir si on veut faire des vins très riches, très tanniques, avec beaucoup d’alcool et peu d’acidité ou si au contraire on veut faire des vins un peu plus sur le fruit, nous on est en bio depuis 10 ans et on considère que le fruit c’est important…Que les équilibres tanins, anthocyanes et acidités sont très importants » Catherine Papon du Clos Saint-Julien

La décision a donc été prise de démarrer le ramassage des merlots dès ce mercredi 18 septembre au Clos Saint-Julien, 1 hectare et demi en Saint-Emilion.

A quelques kilomètres de là, au laboratoire Oenoteam, cela bouillonne, cette effervescence est due aux analyses qui se succèdent sur les baies prélevées dans les parcelles de châteaux et dans les préparations, ces baies broyées et laissées macérées,des jus mixés aux odeurs de fruits prononcés, certains sentant même la fraise…

« Toutes les analyses que l’on fait sont indispensables à la prise de décision mais elles ne se suffisent pas à elle-mêmes car cela ne remplace absolument pas le travail de terrain…qui consiste à aller déguster des baies mais aussi observer l’état général du vignoble », commente Marie-Laure Badet-Murat, oenologue associée à Stéphane Toutounji, Thomas Duclos et Julien Belle chez Oenoteam.

Stéphane Toutoundji et Marie-Laure, du laboratoire Oenoteam à Libourne et bientôt à Pauillac… © JPS

« On va contrôler d’abord la maturité technique: l’équilibre entre le sucre et l’acidité, éventuellement s’il y a des carences pour certains nutriments au niveau de la fermentation alcoolique, c’est vraiment la base, ensuite on a des analyses plus spécifiques pour caractériser la maturité phénollique, des composés qui vont donner la couleur et la structure donc la capacité de vieillissement du vin. »

Comme quoi ce déclenchement de vendanges correspond en partie à une science mais pas tout-à-fait exacte, l’humain joue beaucoup, à travers l’observation à la vigne et dans cette capacité gustative à déceler, en goûtant la baie, l’instant T, celui de la jusTe MATURITE.

Un dossier réalisé par Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Boris Chague, à voir ce jeudi dans le 12/13 de France 3 Aquitaine avec l’éclairage de Frédéric Lot, expert en vins : 

 

21 Mai

Nouveaux modes de consommation : les rosés, les blancs, vont-ils damer le pion aux rouges ?

La consommation de vin en France évolue… Vu que les gens mangent moins de viande (en baisse de 12%) et que les apéros s’éternisent, les rosés et les blancs gagnent en parts de marchés. Les rosés représentent environ 30% de la consommation en France, de quoi laisser espérer les rosés de Bordeaux…qui pour l’heure ne représentent  que 4% de la production face au 84% de rouges produits et 9% de blancs secs.

Carole Lecourt du château Lecourt Caillet © JPS

Les vignerons de Bordeaux à l’assaut des nouveaux consommateurs. Avec 30% de rosés consommés en France, les Bordeaux Rosés ont d’énormes parts de marchés à prendre. « C’est un 2018, on a cherché à faire quelque chose qui a quand même du goût et une longueur en bouche, et qui est quand même sympathique », commente Patrick Carteyron vigneron à Génissac en Gironde venu faire déguster son château Pénin rosé à la Brasserie Bordelaise.

« Félicitations, c’est très réussi, c’est fin au nez, en bouche il y a un jloi gras, une belle acidité, cela sera un compagnon parfait pour cet été », commente Guillaume Gresta directeur du Bar à Vins du CIVB qui connaît bien cette nouvelle génération de consommateurs et de touristes qui fréquentent le bar à vin du CIVB: « la famille des rosés et des clairets représente 8% de la consommation au bar à vins du CIVB »

Le niveau de qualité des Bordeaux Rosés a franchi plusieurs paliers ces dernières années et au niveau de la couleur, on est vraiment sur les codes de couleur que le marché recherche », Guillaume Gresta Bar à Vins du CIVB.

Guillaume Gresta, du bar à vins du CIVB, et Guillaume Leygues, caviste à l’Intendant © JPS

Manager à L’Intendant (Groupe Duclot), caviste allées de Tourny à Bordeaux, Guillaume Leygues donne la température et les habitudes de sa clientèle : « on achète facilement une bouteille ou 2 suivant le nombre de personnes que l’on est à l’apéro, et puis ça vous tapisse le palais pour la suite, et puis vous pouvez faire tout un repas aussi ».

Si les Côtes de Provence sont leaders avec leurs rosés pâles, les Bordeaux ont de la marge avec seulement 26 millions de bouteilles produites.

Effectivement, il y a un engouement sur les rosés aujourd’hui, les Provences sont leader sur ce vin mais les Bordeaux Rosés ils existent, ils ont leur charme, une belle couleur. On a quand même une production de 200000 hectolitres de Bordeaux Rosés, » Patrick Carteyron du château Penin.

« Il y a encore beaucoup  de restaurants bordelais qui n’ont même pas un rosé de Bordeaux à leur carte, c’est un scandale, il y a quelque chose à corriger et on s’y emploie », complète Patrick Carteyron.

Andrea Lobre du château l’Aubrade

Vu que les gens consomment moins de viande (12% de mois depuis 10 ans), et que les apéritifs s’éternisent, rosés et blancs tirent leur épingle du jeu auprès des jeunes et des femmes notamment. « Bordeaux est surtout connu pour ses rouges, mais c’est vrai que le blanc c’est le compagnon idéal pour l’apéritif entre autre, et ça va très bien avec les fruits de mer », commente Andrea Lobre qui avec son mari Jean-Christophe produisent 15000 bouteilles de blancs par an et 30000 de rosés avec leur château l’Aubrade.

Sur le terrain, ce sont 1400 vignerons qui aujourd’hui font du rosé à Bordeaux, à l’instar de Carole Lecourt, qui a lancé 2 types de rosés avec son père: le 1er traditionnel château Lecourt-Caillet et le second créé par Carole son « Rosé Princesse »

Nous avons deux rosés sur la propriété, un rosé 100% merlot et un rosé 100% cabernet franc que l’on travaille de manière identique : vendanges très tôt le matin, sur des jeunes vignes avec des raisins à faible maturité pour avoir un rosé frais et vif, »  Carole Lecourt du château Lecourt-Caillet.

« Chaque année on augmente notre production, nous avons beaucoup de demandes, on fait de plus en plus de rosés et on est rendu à 20000 bouteilles de rosés sur un total de 150000 à 200000 entre les 3 couleurs (blanc, rouge et rosé) », m’explique Carole Lecourt.

44% des ventes de rosés s’effectuent l’été pour les Bordeaux Rosés, qui par ailleurs ont aussi d’autres parts de marchés à gagner avec l’export car la proportion de rosés exportés n’est que de 17%. Certains marchés comme les Etats-Unis sont aujourd’hui matures pour le rosé et vu que c’est le 1er pays consommateur de vin au monde… De quoi laisser rêveur.

Ces vignerons bordelais savent en tout cas que pour concurrencer les rosés de Provence, ils doivent produire des rosés les plus clairs possibles…

11 Mar

Vin en jarre : plus qu’une mode, une recherche de fruité, de pureté et de complexité

Depuis 10 ans, on voit fleurir de plus en plus de jarres ou amphores en terre cuite dans les chais du bordelais. Effet de mode ? Pas vraiment. Une recherche de plus de fruit et de complexité. Des vins encore plus fins qui donnent une autre touche à l’assemblage final ou des vins réalisés en quasi-totalité en amphore.

Guilaume Pouthier, une fine lame dans le monde du vin © JPS

Avec son chai futuriste dessiné par Philippe Starck, le château des Carmes Haut-Brion, en Pessac-Léognan, renoue aussi avec le passé.

Le chai dessiné par Philippe Starck et réalisé par Luc-Arsène Henry © JPS

Son directeur, Guillaume Pouthier, ingénieur agronome, aime essayer tous les outils, mis à sa disposition. Des cuves inox, en passant par des foudres bois tronconiques inversés, en passant par des cuves en béton. Il a toujours ce souci de recherche, mais avec bien sûr un élevage traditionnel en barriques de chêne et 75% de bois neuf.

Et depuis presque 7 ans, il a aussi introduit ces petits oeufs au fond du chai, des jarres en terre cuite, au deuxième niveau du chai thermo-régulé des Carmes Haut-Brion, en dessous du niveau du Peugue.

« On ne change pas nos traditions, car on élève toujours notre vin en barrique à hauteur de 90%, par contre depuis le millésime 2012, on a fait une expérimentation en amphores ou en jarres… Des jarres qui varient entre 2 et 4 hectolitres, avec des cuissons différentes pour amener quelque chose de différent dans l’élevage : un peu plus de complexité à notre grand vin. »

Cette vingtaine de jarres en terre cuite renferme 9 à 11% de vin qui ira dans l’assemblage final.

« Nous , on a opté pour deux types de jarres. Une type de jarre cuite à 800°C qui permet elle un échange gazeux avec l’extérieur, c’est à peu près l’équivalent d’un échange gazeux d’une barrique ».

La différence, c’est que dans une barrique vous apportez du toasté ou de l’aromatique secondaire, alors que dans une jarre, vous ne gardez que le principe aromatique du raisin. On a aussi opté pour des jarres cuites à 1200°, et là carrément on fige le vin et il n’y a plus d’échange avec l’extérieur. Là on va travailler la réduction et l’aromatique de réduction, » Guillaume Pouthier directeur des Carmes Haut-Brion.

Le château Mangot en Saint-Emilion Grand Cru © JPS

Au château Mangot à Saint-Etienne-de-Lisse, les frères Todeschini, Karl et Yann, autres grands techniciens et vinificateurs en Saint-Emilion Grand Cru, ont commencé à expérimenter depuis 2 ans les jarres et les amphores.

4 types de 160 litres à 10 hectolitres, en argile de Castelnaudary et de Toscane en Italie, de 2 à 3 centimètres d’épaisseur, cuites entre 1045 pour les plus petites à 1200° (par palier durant 72 heures).

On a toujours cherché à ce que la barrique soit discrète, que la barrique s’efface et que ce soit le vin qui soit en avant. Malgré tout une barrique, ça apporte toujours de la structure, même si on travaille avec des barriques avec des chauffes très légères respectueuses du fruit.

Nous on a des vins qui ont déjà une structure naturelle assez puissante, de par les terroirs calcaires et des petits rendements, donc on ne cherche pas à ce que le contenant qui soit bois ou terre apporte une structure. Et l’amphore se dessine là pour préserver l’aromatique, le côté juteux, croquant et aussi la texture, » Yann Todeschini de Mangot.

Ces vins en jarre sont élevés entre 3 mois et jusqu’à 10 à 12 mois dans les plus gros contenants. Une cuvée spéciale a été réalisée, l’Autre Mangot, 100% en amphore.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer : 

18 Déc

Focus sur le Pacherenc du Vic-Bilh, un moelleux de fête

C’est une petite appellation de 300 hectares, mais avec une sacré savoir-faire. Le Pacherenc vaut le détour au pied des Pyrénées, une idée de moelleux (et de blanc sec) à servir sur les tables de fêtes.

Clément Bousquet en pleine récolte du petit manseng © Jean-Pierre Stahl

A Arroses, petit village aux 145 âmes du Béarn, près de Madiran, la famille Bousquet cultive depuis 1745 au pied des Pyrénées ces raisins dorés : petit manseng, gros manseng, arruffiac et petit courbu, qui vont donner un vin moelleux sur un terroir d’argile graveleuse.

Ce n’est pas le botrytis qui est recherché ici mais le passerillage, des grains séchés par le vent, le soleil et le gel © JPS

Le but, c’est d’avoir des raisins qui soient mûris à la fois par le vent, le gel et le soleil…ce que l’on recherche, c’est non pas un goût de botrytis dans le raisin et le vin, mais un goût de fruits, les grains clairs ont un goût d’agrume et ceux qui ont une couleur plus foncée un goût de fruits confits », Clément Bousquet

Si les vendanges sont aussi tardives ici, c’est depuis un événement climatique : le gel de 1991 qui a repoussé les différentes tries. Depuis l’appellation, comme celle de Plaimont, a trouvé là son secret. Des vendanges quasiment en hiver pour les dernières tries.

Nathalie Bousquet, Roland Podenas, Denis Degache, Clément et Pierre Bousquet © JPS

« Il y a un contre-bourgeon qui s’est développé avec du retard, avec un cycle un peu plus long qui allait jusqu’à le fin novembre, et donc ils ont tenté le coup d’aller jusqu’au 31 décembre quand ils ont vu qu’au 1er décembre, le raisin était encore beau et joli », me raconte Roland Podenas président de la Cave de Crouseilles.

Le maître de chai Loïc Dubourdieu à la Cave de Crouseilles © JPS

Pacherenc, comme Madiran, est à cheval sur 37 villages et 3 départements et 2 régions. On produit ici sur ces 300 hectares 200 000 bouteilles de blanc sec et  650 000 de blanc doux ou moelleux. « On a ce côté mangue, de côté fruit mûrs ce côté abricot qui ressort », commente Loïc Dubourdieu maître de chai de la Cave de Crouseilles.

Chaque année, l’appellation le concours des Barriques d’Or où chaque vigneron sélectionne sa meilleure cuvée de Pacherenc blanc ou moelleux.

Au mois de juin, après élevage on organise une dégustation à l’aveugle et on va sélectionner parmi ces 30 à 40 barriques les meilleures, les mieux notées ; cela se traduit ensuite par la vente aux enchères de nos barriques d’or du Pacherenc sec et moelleux le 1er lundi du mois de novembre », Denis Degache directeur de la Cave coopérative de Crouseilles.

Le chef Daniel Martineau du restaurant Le Terroir au Prieuré de Madiran © JPS

Et en décembre, le Pacherenc n’est pas oublié sur les tables de fêtes comme ici au restaurant le Terroir au sein du Prieuré à Madiran :

« J’ai préparé un petit carpaccio de courgettes et saint-jacques, c’est vraiment un accord qui va bien ensemble, cela fait partie du terroir… »selon le chef Daniel Martineau. 

« En bouche, on retrouve cette fraîcheur que l’on a au nez, beaucoup de vivacité, » complète Loïc Dubourdieu.

 

Un accord foie gras, figue, radis noir, pain d’épice avec un Pacherenc 2015 © JPS

« C’est très concentré au nez, très concentré en bouche, on a des arômes de mangue, de fruits très mûrs… », commente Rolland Podenas sur sa cuvée spéciale « Barriques d’Or » réalisée au lieu dit le Paradis sur le village d’Aydie.

Roland Podenas et sa cuvée des Barriques d’Or réalisée au lieu-dit « le Paradis »…on y est © JPS

« Le vin de Pacherenc continue de bien s’associer avec du foie gras et avec un plat qui est un petit peu épicé, donc cela va donner encore plus de saveur à l’assortiment met-vin. »

Bonnes Fêtes à tous.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Christophe Brousseau et Olivier Pallas :

22 Oct

Focus sur Fronsac, l’un des grands terroirs de Bordeaux

Fronsac fait partie de ces 65 appellations de Bordeaux qui a un terroir assez remarquable. Fronsac et sa soeur-jumelle Canon-Fronsac organisent leurs portes-ouvertes ce week-end des 27 et 28 octobre. 28 châteaux seront sur le pont.

Le château de la Rivière domine la vallée qui plonge vers la Dordogne © JPS

Au château de la Rivière, l’un des emblèmes de l’appellation avec ses 65 hectares de vignes. Les derniers coups de sécateurs y sont donnés en cette mi-octobre dans ces parcelles de malbecs et vieux merlots sur le coteau au pied du château. La troupe de 50 vendangeurs (dont 20 élèves en BTS commerce vins et spiritueux du lycée de Montagne) ramassent les dernières grappes sur un terroir assez magique, qui a plutôt bien résisté  au stress-hydrique de cet été.

Xavier Buffo, avec de très vieux pieds de merlots de 90 ans au château de la Rivière © JPS

Je pense que ça fait partie des grands terroirs de Bordeaux, ça c’est sur, on est vraiment sur des argilo-calcaires, » Xavier Buffo directeur du château La Rivière

Et de compléter, « ici on est dans la côte avec beaucoup plus d’argile et on a une partie du vignoble qui est sur le plateau calcaire avec une capacité à retenir l’eau et à obtenir une qualité de tanins exceptionnelles ».

A Saillans, le château Barbey détenu par la famille Trocard © JPS

Un peu plus loin à Saillans, Benoît-Manuel Trocard, issu d’une des plus vieilles famille de vignerons de Bordeaux, vient de terminer les vendanges de ses 3 hectares au château Barbey. Il effectue depuis plusieurs jours ses remontages, goûte à la cuve et donne ses premières impressions sur ce millésime :

 

Benoît-Manuel Trocard © JPS

« Sur ce millésime 2018, on est sur un caractère très élégant, on est déjà sur une fermentation qui a une dizaine de jours et sur des vins qui sont presque prêts à boire », explique Benoît-Manuel Trocard du château Barbey.

 On est sur une concentration qui est hors norme, des indices très intéressants et sur un vin très aromatique », Benoît-Manuel Trocard du château Barbey.

Le chai à barriques du château la Daupine, 80 % est aujourd’hui vendu à l’export © JPS

Ces vins de Fronsac étaient déjà servis à Versailles. Jean de Richon, avocat à la cour du roi Louis XV, fit construire le château la Dauphine en 1747 et déguster ses vins à la Cour.

La Dauphine, qui donna naissance au futur Louis XVI, et séjourna au château donna son nom à cette propriété de Fronsac.A l’époque son vin était devenu l’un des plus chers de France, bien plus que ceux de Saint-Emilion, l’appellation voisine. Depuis le château a pas mal évolué, gagné et notoriété et aussi en qualité.

Passé de 30 à 53 hectares, il s’est converti en agriculture bio, certifié depuis 2015 et est même passé en biodynamie en totalité depuis 2017.

Stéphanie Barousse, directrice générale du château la Dauphine © JPS

On a notamment progressé au niveau de l’élevage, on fait des tests sur des amphores, on essaie tous les ans de se remettre en question et d’avancer, que ce soit sur la viticulture, en biodynamie, sur l’élevage aussi... », Stéphanie Barousse, directrice générale du château la Dauphine

Dans les caves souterraines du château de la Rivière, la dégustation religieuse du millésime 2014 © JPS

Et dans ces caves, creusées dans le calcaire, reposent des milliers de bouteilles, l’âme de Fronsac et du château de la Rivière . « C’est un millésime qui est très représentatif de ce qu’on peut faire à Fronsac et à la Rivière » ajoute Xavier Buffo commentant une dégustation de son 2014, « c’est-à-dire des vins qui sont puissants, élégants où vraiment le terroir parle : on a beaucoup de minéralité, beaucoup de puissance et d’élégance. »

26 Sep

Foire aux vins : portrait de Xavier Leclerc en charge du sourcing retail pour Auchan

Quand vous franchissez la porte d’un hyper ou supermarché pour les FAV, vous n’y pensez pas mais il y a bien des hommes qui en amont ont fait un long travail d’approvisionnement et de recherche de propriétés. Xavier Leclerc m’a livré quelques clés pour mieux comprendre le « sourcing » de la GD. Nous l’avons accompagné dans le vignoble de Bordeaux en Côtes de Bourg, à Saint-Emilion et Montagne où il a déniché des pépites.

Pascal Méli et Xavier Leclerc au château Bujan en Côtes de Bourg … JPS

Toute l’année, il sillonne les vignobles… Xavier Leclerc a été durant 20 ans le caviste d’Auchan Roncq dans le Nord à la frontière belge. Aujord’hui il est responsable du sourcing retail pour cette enseigne.

Ce matin-là, il nous a fixé rendez-vous dans les Côtes de Bourg, chez Pascal Méli. C’est en fait le premier vigneron avec qui il a travaillé, un viticulteur à la tête du château Bujan, 17 hectares en Côtes de Bourg.

Je suis ici avant les vendanges pour suivre la propriété, car pour nous c’est hyper important, et rassurer aussi le propriétaire, le producteur, le vigneron, sur le fait qu’on travaille toujours ensemble et bien ensemble », Xavier Leclerc.

Au début, cela n’a pas été simple pour ce vigneron d’être référencé car à l’époque les supermarchés voulaient surtout des vins de negoce, de marque ou des grands châteaux. Pascal Méli a fait du forcing et à force de rappeler il y a plus de 20 ans, il a pu faire rentrer son vin dans les rayons et être référencé Auchan, aujourd’hui il vend 30% de sa production à cette enseigne.

C’est vrai qu’on présente toujours la grande distribution comme une espèce de monstre froid qui écrase les petits producteurs, franchement moi je n’ai jamais eu à me plaindre de la grande distribution » explique Pascal Méli propriétaire du château Bujan. « Pour vous donner un exemple concret, moi mon prix que je pratique avec la grande distribution, c’est le prix que je pratique avec mes  importateurs en Chine, au Québec, aux USA…on est sur une vraie relation constructive pour satisfaire le client de la grande distribution. Au moment des FAV, cette enseigne a coutume de faire une gratuité, d’offrir une bouteille par carton… en pratique, c’est l’enseigne qui la donne, c’est pas moi. Il n’est arrivé qu’une fois, l’an dernier pour les 50 ans du magasin de Roncq que j’ai dit moi je vais faire quelque chose aussi. »

Dans les chais du château Bujan © JPS

Pour découvrir de petites pépites, Xavier Leclerc s’entoure de partenaires présents sur Bordeaux, comme Jeffrey Davis cet américain négociant en vin.

Au château Badette en Saint-Emilion © JPS

Tous les deux, on recherche des vins qui reflètent bien le terroir, donc forcément ce ne sont pas des vins qui sont partout pareils, sinon le terroir s’estomperait et il n’y aurait aucun intérêt.« , Jeffrey Davis négociant en vin.

« Quand une propriété change de mains, quand il y a des investissements qui sont faits, ou encore qu’il y a de nouvelles façons culturales qui sont mises en place, on nous appelle et on nous dit que cela serait sympa de voir cette propriété et d’y déguster les vins », continue Xavier Leclerc

Ainsi à Saint-Emilion, il est venu goûter les vins du château Badette à Saint-Emilion qui depuis 2015 a été revendu à un investisseur belge, un château mis en avant par Xavier Leclerc sur le millésime 2015, à l’occasion des foires aux vins.

A Montagne à Clos de Boüard © JPS

Autre trouvaille les vins de Coralie de Boüard qui manage un vignoble de 30 hectares en appellation Montagne Saint-Emilion et réalise des vins gourmands avec Clos de Boüard et la Dame de Boüard. « J’essaie de faire un vin qui me ressemble, accessible, qui donne du plaisir, parce que pour moi le vin c’est synonyme de partage. »

« Ce que je fais est hyper passionnant, c’est de la transmission, et ce que je veux c’est quand le consommateur final de cette bouteille va déguster le vin, c’est qu’il dise, bon sang c’est bon et qu’il puisse raconter l’histoire de la propriété, de la personne avec laquelle moi j’ai eu la chance de pouvoir discuter. »

Coralie de Bouärd et Xavier Leclerc, le sourcing avant même la récolte © JPS

Au retour de ses voyages dans les vignobles, ce sont alors des échanges avec ses équipes d’acheteurs, la foire aux vins d’automne représente 55 millions d’euros dans cette grande marque de la distribution.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Marc Lasbarrères et Sarah Colpaert, suivi de la chronique de Fédéric Lot :