12 Mai

Côté châteaux n°23, le magazine spécial nouveaux chais du bordelais

Vous allez être subjugués par ces superbes chais, à la fois une ode au design et une prouesse technique et architecturale. Côté châteaux vous emmène visiter le nouveau chai du château Valandraud avec Jean-Luc Thunevin et Muriel Andraud. A Saint-Emilion, vous découvrirez également le nouveau chai de Figeac avec une visite guidée par la famille Manoncourt. Autre visite guidée étonnante avec Véronique Sanders et le chai-jardin de Haut-Bailly en Pessac-Léognan mais aussi celui de Latour-Martillac en compagnie de la famille Kressmann. Enfin, Lynch-Bages vous étonnera par son chai tout en transparence avec Jean-Charles Cazes. A voir sur France 3 Noa lundi 17 mai à 20H05.

Edouard Touton, architecte, Muriel Andraud et Jean-Luc Thunevin devant leur nouveau chai de Valandraud © JPS

C’est un très joli numéro de Côté Châteaux qui va vous faire rêver. A sillonner le bordelais et depuis ce premier magazine « Bordeaux, la métamorphose » diffusé sur France 3 Aquitaine sur une première salve de nouveaux chais livrés en 2017, je me suis dit qu’il fallait réactualiser le propos avec ces derniers chais sortis de terre….Et oh là là, je vois déjà poindre les critiques, mais oui ce magazine n’est pas exhaustif, et bien sûr je vais faire quelques déçus qui ont aussi rendu une belle copie, j’en suis navré, qu’ils veuillent bien m’excuser.

Ce n°23 de côté châteaux vous emmène déjà du côté de Saint-Etienne-de-Lisse à la rencontre de Jean-Luc Thunevin et Muriel Andraud, les propriétaires du château de Valandraud, « partis de rien en 1984 avec 100 000 francs » et qui aujourd’hui sont à la tête de 40 hectares à Saint-Emilion, 4 hectares à Pomerol, des hectares à Lalande-de-Pomerol et dans le bordelais….

Avec leur architecte Edouard Touton, vous allez découvrir le nouveau chai de Valandraud, véritablement encastré dans la colline : « la volonté initiale était de faire un batiment qui s’inscrive au mieux dans le territoire saint-emilionnais, enterré à 5,5 mètres au niveau des fondations, on ne pouvait pas aller trop profondément parce qu’il fallait intégrer tout le système de cuves, et le plus important était la technicité et l’usage des travailleurs du vin, donc on ne pouvait pas se permettre d’avoir des cuves trop hautes pour le travail… »

« L’idée de départ était de le rendre le plus discret possible, avec la géothermie adaptée, c’est presque un grand puis canadien par exemple », explique Jean-Luc Thunevin. « Il y a eu un vrai travail en amont avec l’architecte des bâtiments de France, les vraies références sont les hangars agricoles de nos régions qui sont d’une pureté et d’une beauté impeccable et qui se fondent dans le paysage, avec ces grands piliers de pierre et ces charpentes… », commente Edouard Touton. « Le projet était de créer une mini-centrale photovoltaïque, qui permette de pouvoir intégrer toute la consommation faite par le chai au moment des vendanges ».

Et de découvrir ces cuves d’une mixité incroyable : « il y a du bois, de l’inox, du bois tronconique normal et  de l’inox tronconique inversé…La c’est la tradition d’un côté avec le pigeage un peu dur car le marc se compresse en venant en haut alors que dans l’autre le marc est beaucoup plus mince et donc beaucoup plus facile à piger, donc l’extraction sera plus douce, on est dans une formule 1″…ajoute Jean-Luc Thunevin.

Le chai de Figeac © JPS

Durant 30 mois, château Figeac à Saint-Emilion a engagé des travaux dantesques, avec pas moins de 50 entreprises, des travaux sous l’égide du cabinet d’architectes bordelais A3A, pour un montant de 15 millions d’euros. « Le plafond est une vague qui fait son petit effet et nous sommes très contents d’avoir utilisé le bois, la pierre, l’acier, des beaux matériaux…Nous n’avons utilisé que des entreprises régionales, ça cela nous faisait plaisir…« commente Marie-France Manoncourt la propriétaire. 

Un toast avec le millésime 2015 en l’honneur de Figeac © JPS

« Nous entrons maintenant dans le cuvier de château Figeac », explique à son tout le directeur général Frédéric Faye. « Nous avons profité du relief collinaire de la propriété pour l’intégrer dans le sol, puisque 63% du projet se trouve sous le niveau du sol. Il était important pour nous d’équipe avec la dernière technologie l’ensemble de cet outil, mais toutefois cette technologie est cachée car ce n’est pas cela qui fait un grand vin, c’est la qualité du terroir de château Figeac ».

(Retrouvez ici le reportage sur « Figeac : la renaissance de ce 1er grand cru classé de Saint-Emilion avec son somptueux chai »)

Véronique Sanders devant le nouveau chai jardin de Haut-Bailly © JPS

A Léognan, il y a de quoi être aussi subjugué, le château Haut-Bailly, cru classé de Graves vient de voir livré son chai-jardin. C’est Véronique Sanders qui nous y reçoit : « la grande force de ce batiment, c’est d’avoir été complétement intégré dans l’environnement, le jardin se prolonge et c’est comme une croupe de vigne qui vient s’élever un peu plus loin…On ne voit rien de l’extérieur, et néanmoins, on a un volume et un espace de travail à l’intérieur qui est sensationnel. »

« C’est Bob Wilmers, le propriétaire de Haut-Bailly, qui en juillet 2017 lorsqu’il a vu le projet a eu un coup de coeur comme nous tous…Il a donné son feu vert en disant de le faire rapidement, malheureusement il nous a quitté en décembre 2017 et le projet a été porté par la suite par sa famille. »

Ce jardin suspendu et ce chai d’élevage ont été réalisés par l’architecte Daniel Romeo : « c’est un chai qui a été conçu pour qu’on puisse circuler autour, c’est extrêmement fonctionnel, la particularité de ce chai, c’est qu’il n’y a aucun poteau, il y a une voûte d’un diamètre de 38 mètres et 1500 m 2  sans  un seul poteau et cette voûte contient des puis de jour, pour laisser passer la lumière naturelle, et imaginez aussi qu’il y aun jardin, donc vous voyez la performance technique et architecturale qui réside dans ce chai. »

En dessous, on découvre les 54 cuves disséminées sur tout le pourtour de ce chai pour faire du parcellaire: « au centre de ce cuvier nous avons une dizaine de cuves de 50 hectolitres, et puis nous avons des cuves de 70, 80, 85 et 90, ces cuves ont été réalisées par une entreprise qui a le brevet pour installer la thermorégulation dans la paroi de la cuve, ce qui nous évite d’avoir un serpentin au centre de la cuve. En dessous du cuvier, le chai à barriques également circulaire qui peut contenir jusqu’à 900 barriques, là sur un niveau car il contient la récolte 2020 qui était une récolte relativement petite, mais on pourrait très bien envisager que ces barriques soient sur 2 niveaux….Nous sommes ici enterrés à 10 mètres de profondeur, et comme vous pouvez le voir, il y a une température naturelle de 14° qui fait que nous n’avons quasiment pas besoin d’utiliser l’air conditionné. »

Sur la façade de ce chai circulaire est inscrit « Haut-Bailly Cru exceptionnel » : « c’est une référence à la grande et longue histoire de Haut-Bailly puisque c’est une mention qui a figuré sur nos étiquettes pendant pratiquement un siècle et qui faisait référence à ce terroir extraordinaire de graves et d’argile. C’est un petit clin d’oeil au passé », précise Véronique Sanders.

Lynch-Bages, un bâtiment élégant, réalisé en transparence © JPS

Le célèbre château Lynch-Bages, propriété de la famille Cazes, s’est doté aussi d’un joyau, un nouveau chai tout en verre, ultra-sophistiqué, dessiné par Chien Chung (Didi) Pei et réalisé avec l’architecte bordelais Arnaud Boulain. Un chai qui contient désormais 80 cuves inox pour faire du parcellaire, avec aussi en sous-sol 2000 barriques. C’est Jean-Charles Cazes, aux commandes de Lynch-Bages, qui me fait la visite guidée:

Jean-Charles Cazes dans le nouveau Cuvier de Lynch Bages © JPS

« Nous avons aujourd’hui 80 cuves, dans notre cuvier, nous en avions 40 auparavant, donc cela nous a permis de diminuer la taille moyenne de chaque cuve… et d’avoir des cuves plus adaptées à notre travail de sélection intra-parcellaire, cela fait partie des recherches que nous avons faites depuis une vingtaine d’années à Lynch-Bages pour plus de précision ».

Quand le passé et le futur se rencontrent à Pauillac, Lynch-Bages brille de mille feux © Jean-Pierre Stahl

Et de m’emmener visiter le gigantesque chai à barrique 2 niveaux en dessous: « nous voici dans le chai d’élevage, qui accueille aujourd’hui la récolte 2020 qui est le 1er millésime que nous avons vinifié dans ces nouvelles installations…et vous voyez que l’espace est assez vaste…puisque le chai a été conçu pour accueillir 2 récoltes avec 2000 barriques… Si on a deux récoltes successives de fort rendement, cela nous permet de ne pas à avoir à remonter les barriques en cuves pour faire la place à la récolte qui suit. On travaille  avec des chênes français de chauffe moyenne, et on a 70% de barriques renouvelées chaque année sur notre grand vin ».

(Retrouvez ici le reportage sur : Lynch-Bages: « un nouveau chai tout en verre doté des dernières technologies pour sublimer le vin »

Edouard et Tristan Kressmann, dans leur nouveau chai livré en 2020© JPS

Au château Latour-Martillac, ce sont Tristan et Edouard Kressmann qui nous recoivent et nous montrent ce chai très harmonieux qui s’intègre totalement dans l’existant. « Effectivement c’était un désir de la famille que ces bâtiments s’intègrent, on n’avait pas beaucoup de place, donc on ne voulait pas choquer avec l’ancien, la seule touche un peu moderne, cela va être cette boutique et ses verrières », commente Edouard Kressmann.

C’est un nouveau chai mais aussi pas mal axé sur l’oenotourisme : « il faut se mettre à la page et c’est vrai qu’on a profité de cette occasion pour aménager un espace pour accueillir nos visiteurs, tous les ans plus nombreux », selon Tristan Kressmann. C’était l’occasion de concevoir quelque chose de moderne qui raconte l’histoire de Latour-Martillac avec mon grand-père qui a acheté le château en 1930, les grands consultants qui nous ont rejoint Michel Rolland et avant Denis Dubourdieu.Bref toute la famille se retrouve représentée dans ces fresques réalisées par un peintre bordelais Max Ducos et c’est absolument formidable. »

Et les Kressmann de nous faire découvrir leur cuvier tout en inox : 22 nouvelles cuves, 16 de 125 hectolitres et 6 de 70 hectos. « Nous fonctionnons avec de l’inox depuis plus de 30 ans ici et on s’est rendu compte de l’efficacité et Denis Dubourdieu nous a dit surtout ne vous embêtez pas vous maîtrisez parfaitement ce mode de cuvaison. Gardez l’inox, vous serez plus tranquilles, » commente Tristan Kressmann.

Et de nous inviter à déguster dans leur chai à barriques le millésime 2020 qui a eu la chance d’inaugurer dès septembre ce nouveau chai: « c’était un millésime très compliqué à la vigne avec les fortes pluies à la vigne qui ont amené du mildiou et la sécheresse de juillet, mais heureusement on a eu des raisins très concentrés, et au final on a un super vin, typiquement Bordeaux…avec de la fraîcheur, du fruit, des jolis tannins, une très jolie structure en bouche, vraiment un régal », selon Edouard Kressmann. Et pour Tristan Kressmann : « c’est une série absolument magique, 2018, 2019, 2020 une série incroyable… »

Un numéro savoureux de Côté Châteaux réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Alexandre Berne, à voir le lundi 17 mai à 20H05 sur France 3 NOA et aussi sur You Tube :