02 Déc

Gault & Millau Tour 2019 : 12 ambassadeurs de la gastronomie primés pour le Grand Sud-Ouest

C’était en cette fin de matinée la remise de 12 trophées par le Guide Gault & Millau, au château Lafaurie-Peyraguey à Bommes en Gironde. Jacques Bally le président de Gault & Millau a souligné « le carré magique », ce qui fait la réussite de ces établissements : « une expérience globale vécue aujourd’hui grâce au chefs cuisiniers, sommeliers, pâtissiers et au service en salle. »

Marc Esquerré, directeur des sélections, le chef Cédric Béchade Gault et Millau d’Or, Jacques Bally, président de Gault et Millau et les chefs étoilés Michel Trama et Michel Guérard © JPS

Ils sont venus, ils sont tous là (ou presque):  les plus grands chefs des tables du Grand Sud Ouest ont répondu présent au Guide Gault-et-Millau, à commencer par le plus illustre et étoilé d’entre eux Michel Guérard, 3*** pour les Prés d’Eugénie à Eugénie-les-Bains (40) , Michel Trama 2** à Puymirol (47) ou encore Nicolas Masse 2** à la Grand’Vigne à Martillac (33).

3 étoiles pour Michel Guérard et 2 pour Michel Trama, les 2 grands parrains de ce Gault et Millau 2019 avec Jacques Bally et Marc Esquerré © JPS

Ce Gault et Millau Tour, c’est l’occasion de récompenser en régions les talents du Grand Sud-Ouest comme Michaël Lemonnier, à la tête depuis 6 ans de l’auberge « le Lion d’Or » à Arcins en Gironde, qu’avait fait connaître le précédent propriétaire Pascal Barbe (auberge qui a une formidable bibliothèque en bois remplie de grands crus du Médoc et tenue par les châetaux eux-mêmes). Michaël Lemonnier, autrefois second du Lion d’Or, a tenu à continuer à incarner en tant que chef cette cuisine de tradition, réalisant devant le public venu en nombre une recette traditionnelle de cervelle de veau.

Même un simple lièvre à la royale, c’est pas compliqué à faire mais c’est énormément de temps, et   c’est des recettes comme celles-là font que les gens viennent nous chercher à Arcins dans le Médoc et c’est beau pour une petite auberge de village », Michaël Lemonnier chef « le Lion d’Or » (Arcins).

Bordelais de coeur, le jeune chef japonais, Akashi Kaneho a reçu un trophée dans la catégorie « cuisine de la mer », pour une cuisine sachant habillement marier des saveurs terre et mer…

Je suis Japonais donc forcément j’aime bien le poisson et tout ce qui est fruits de mer. Là j’ai fait des langoustines saisies, avec escalopes de foie gras, sabayon de framboises et caviar »  Akashi Kaneko chef restaurant « Akashi » (Bordeaux).

Parmi les jeunes talents très prometteurs, Jonathan Vallenari et Gautier Alvarez pour « Maynats », un établissement ouvert il y a seulement un an à Pau. « Maynats, cela signifie gamins en béarnais », des gamins qui se défendent pas mal car depuis 1 an leur restaurant ne désemplit pas ! Il y a aussi les valeurs sûres de la sommellerie comme Aurélien Farrouil, le chef sommelier de la Grand’Vigne à Martillac en Gironde…

C’est l’image de marque de la France, c’est l’image de marque des régions, c’est l’art de vivre, il faut que les gens sachent que cela existe, les meilleurs sont ici venez goûtez, venez vivre l’expérience » Jacques Bally président de Gault et Millau.

Et de décerner le Gault et Millau d’Or pour le Sud-Ouest 2019 à Cédric Béchade, le chef de la Table de l’Auberge Basque à Saint-Pée-sur-Nivelle. « C’est une mise en lumière, on est ouvert depuis 12 ans, le Gault et Millau nous a suivi dès le départ, on a été révélation de l’année 2008 », commente Cédric Béchade. « Là on a un nouveau cap dans notre maison, dans notre entreprise : on est passé établissement « Relais et Châteaux », notre hôtel est passé de 3 à 4 étoiles, et puis on s’est dit on va aller au bout de notre démarche, c’est à dire le restaurant est 100% producteur, même pour les produits secondaires, on ne travaille qu’avec des producteurs. »

Pour moi, c’est un encouragement fort à continuer dans cette démarche, on a déterminé notre cuisine comme une cuisine de sens et de l’essentiel, et c’est un grand encouragement à cela », Cédric Béchade, chef de la Table de l’Auberge Basque Gault&Millau d’Or.

Le Gault et Millau Tour est ainsi un formidable coup de projecteur sur la transmission, la tradition et l’excellence de la gastronomie régionale française, et aujourd’hui spécialement du Sud-Ouest. Jacques Bally a annoncé créer l’an prochain pour les 6 tours de France un nouveau « trophée de l’éloquence pour consacrer ceux qui ont en prime des plats un talent pour s’exprimer dessus et transmettre une émotion. »

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Bertrand Joucla-Parker, Christophe Varone

04 Nov

20e anniversaire du Great Wine Capitals : 115 professionnels des 10 plus grandes régions viticoles du monde en colloque à Bordeaux

20 ans ça se fête ! Du 3 au 7 novembre, le réseau Great Wine Capitals fête ses 20 ans à Bordeaux. Ce réseau a été créé par la Chambre de Commerce et d’Industrie et tient cette semaine sa conférence annuelle dans la capitale mondiale du vin. Il réunit 10 villes parmi les régions viticoles les plus connues au monde avec 115 représentants présents cette semaine dans le bordelais.

Un toast sur un Prieuré Lichine 2006 à la santé des Great Wine Capitals © Jean-Pierre Stahl

Ce 20e anniversaire est l’occasion pour ces 115 professionnels de l’oenotourisme venus du monde entier de visiter les propriétés les plus prestigieuses: les crus classés 1855 du Médoc, de Sauternes ou encore les crus classés de Saint-Emilion. Ainsi ce matin, au château Prieuré Lichine, c’est Lise Latrille, directrice commerciale, et Charles Imbert chargé de l’oenotourisme, qui reçoivent dans la propriété d’Alexis Lichine, aujourd’hui disparu, qui fut l’un des personnages les plus influents du Médoc qualifié de « pape du vin » dans les années 50 à 80 et qui réalisait près de 30% des exportations de Bordeaux aux Etats-Unis.

Lise Latrille, directrice commerciale du château Prieuré Lichine © JPS

C’est l’antre d’Alexis Lichine, c’est ici qu’Alexis Lichine a reçu les plus grands personnages du monde du vin et aussi du show-business, et en général nos invités se souviennent vraiment des repas que nous organisons ici dans cette vieille cuisine », Lise Latrille château Prieuré Lichine.

Des membres de la délégation italienne de Vérone © JPS

Ce château a été récompensé l’an  un trophée soulignant l’accueil à la propriété. Un Best Of Wine Tourism en or qui favorise les visites: 14 000 touristes cette année. « C’est certain, cela nous donne une très belle visibilité, et c’est aussi pour une clientèle qui est ciblée, c’est-à-dire par la découverte du vignoble, un peu dans tous les pays », ajoute Lise Latrille.

Ces 10 villes et régions viticoles misent toutes sur ce développement touristique.

Jo Collins from Adelaide in Australia © JPS

C’est juste une occasion incroyable d’être dans le même réseau des meilleurs producteurs de vin au monde et d’apprendre à leur contact les meilleures pratiques et innovations », Jo Collins vice-présidente australienne de Great Wine Capitals.

Développer ensemble une coopération en matière de business, de formation de recherche ou de tourisme, ces italiens, américains, australiens ou espagnols de la Rioja l’ont bien compris. « Nous avons beaucoup de vignobles et de chais modernes réalisés par de grands architectes, beaucoup de choses à partager avec nos visiteurs », me confie Mikel Arieta-Araunabena de la Chambe de Commerce de Bilbao.

Sandrine Chamfrault responsable du développement au château Marquis de Terme © JPS

Les efforts des propriétés se multiplient, de plus en plus font de l’hébergement et de la restauration à l’instar du château Marquis de Terme, comme nous l’explique Sandrine Chamfrault responsable du développement au château Marquis de Terme.  » C’est vrai que nous sommes fier de recevoir 14000 personnes à l’année, c’est une grosse évolution, c’est la raison pour laquelle nous allons ouvrir ce restaurant. »

Une photo de famille devant le château Marquis de Terme à Margaux © JPS

Ce réseau Great Wine Capitals réfléchit  à encore augmenter son influence pour les 10 ans à venir.

03 Oct

Hausse des droits de douanes de 25% sur les vins français : pour Bordeaux, un « coup de massue » de l’Oncle Sam

La nouvelle a été vécue comme un quasi-cataclysme par toute la filière bordelaise et les autres régions viticoles françaises. Ces 25% de taxes supplémentaires font froid dans le dos. Réactions de vignerons et du négoce bordelais par Côté Châteaux.

Eric et Andrea Perrin dans le chai de vins blancs du château Carbonnieux, une bonne partie du millésime 2019 devait partir aux USA © JPS

Au château Carbonnieux à Léognan, on redoutait depuis plus d’un an les menaces de Donald Trump de taxer les vins français… Il avait même annoncé 100% avant le G7, finalement ce sont 25% de droits de douane supplémentaires, c’est tout de même un coup dur pour la viticulture bordelaise.

Forcément, pour c’est un coup de massue que l’on reçoit sur la tête. En 1er vins rouges et blancs confondus, on produit quasiment 400000 bouteilles et on a 20% de notre production qui est routée vers les Etats-Unis », Eric Perrin propriétaire du château Carbonnieux.

Regardez la réaction d’Eric Perrin du château Carbonnieux réalisée en direct pour le 12/13 de France 3 Aquitaine par Jean-Pierre Stahl et Cristel Arfel : 

La distribution en elle-même est déjà un frein, avec un système bordelais de courtiers et de négociants, auquel s’ajoute le système américain de distribution nationale ou par Etat, avec des retailers, avant d’arriver sur la table de restaurants ou chez les cavistes… « Des vins qui, grosso modo, sur le marché bordelais sont vendus aux alentours de 20 €, vous allez les retrouver à plus du double du prix dans des fourchettes entre 40 et 50 $  aux USA. Et après, il va falloir ajouter les 25% » commente Eric Perrin dans son chai en train de déguster ses blancs dont une bonne partie devait partir sur le marché américain.

Chez Twins, cette maison de négoce bordelaise, on est plutôt inquiet car 35% des exportations sont réalisées vers les USA, 13 salariés dépendent de ce marché, le tout dans un contexte international déjà défavorable….

C’est une situation très préoccupante qui s’ajoute à un contexte international fragile, une récession économique en Chine, d’énormes problèmes politiques à Hong-Kong, le Brexit dont on entend parler tous les jours , vous avez tous les grands marchés exports pour les vins de Bordeaux qui sont en situation de crise », Anthony Moses co-directeur de Twins..

De son côté, Thierry Decré, PDG de LD Vins, n’ose pas croire à une telle mesure « qu’est-ce qu’on a fait pour mériter cela ? Une sanction aussi forte, ce n’est vraiment pas amical, avec un pays que l’on a toujours soutenu; Bordeaux vend des vins américains dans le monde entier et on prend un projet de 25% de taxes supplémentaires, j’ose espérer qu’on en est encore au stade où l’on va négocier quelque chose… »

A l’origine de ce projet de taxes américaines, l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) qui a autorisé le gouvernement US, dans le conflit sur les aides à Airbus, à prendre des sanctions tarifaires record sur près de 7,5 milliards de dollars de biens et services de l’UE (Union européenne); ces taxes viseraient les produits fabriqués par la France, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume Uni, les 4 du consortium européen Airbus.ce sont donc des vins français, mais aussi des fromages, olives ou encore du whisky écossais qui devraient être taxés de 10 à 25% de plus.

 A Paris, cet après-midi la Fédération des Exportateurs de Vins et de Spiritueux a tenu une conférence de presse à la Maison de l’Amérique Latine. La FEVS a déploré cette décision et a appelé à une solution négociée »…

La où cela peut être très difficile, c’est là où on a des concurrents à 10 à 30 $, et où la France ne pèse que 5% », Louis-Fabrice Latour vice-président de la FEVS

Aujourd’hui, les USA sont le 2e marché à l’export pour les vins de Bordeaux avec 26 millions de bouteilles pour un total de 279 millions d’euros.

Il faut espérer que nos amis américains retrouvent la voix de la raison. L’inspiration devrait leur venir de cette histoire commune qu’aime à rappeler la famille Perrin au château Carbonnieux.

Il fut un temps où un grand président Thomas Jefferson y planta un pacanier, un noyer d’Amérique, par amour des vins de Bordeaux. C’était il y a plus de deux siècles…. Il suffirait que, comme au siècle des lumières, une lueur de bon sens éclaire l’actuel Président. Allez « give me five ! »

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Christèle Arfel et Françoise Dupuis :

23 Sep

Saint-Julien : les 100e vendanges de la famille Cordier au château Talbot

 Alors que c’est aujourd’hui un coup d’envoi des vendanges en rouges un peu partout dans le bordelais, Nancy Bignon-Cordier et son époux Jean-Paul Bignon célèbrent les 100 ans des vendanges à château Talbot. C’est l’arrière grand-père, Désiré Cordier, viticulteur originaire de Toul en Lorraine, qui avait acheté le domaine en 1918, après avoir acquis 3 autres châteaux du bordelais. 

Une troupe de 55 vendangeurs fidèles depuis des années qui viennent du Portugal © JPS

C’est un moment historique et d’émotion pour Nancy Bignon-Cordier car c’est aujourd’hui le coup d’envoi des 100e vendanges de sa famille au château Talbot, 4e cru classé 1855, à Saint-Julien-Beychevelle.

Son arrière-grand-père Désiré-Nicolas Cordier, que la famille appelait « papa Dé », était venu de Lorraine, de Toul très exactement où il était viticulteur et producteur de gris de Toul, juste avant la 1ère guerre mondiale. Il avait installé sa famille en Gironde, sans doute par crainte d’une nouvelle guerre, après la triste guerre de 1870-71 qui avait marqué de nombreux Lorrains.

Nabcy Bignon Cordier, arrière-petite-fille de Désiré Cordier et son époux Jean-Paul Bignon, ancien avocat qui travaille à ses côtés © JPS

Un centenaire qui procure « beaucoup de fierté, et une grand joie et on espère continuer encore et encore », me précise Nancy Bignon-Cordier, la propriétaire de château Talbot, château qui doit son nom au célèbre Anglais John Talbot, qui malheureusement pour lui a été vaincu lors de la bataille de Castillon en 1453.

« En arrivant, je pense qu’il connaissait cette région, car en tant que viticulteur en Lorraine, il avait du se promener un peu partout en France, il est devenu amoureux de la région et c’est comme cela qu’il acquis plusieurs propriétés », continue Nancy Bignon-Cordier.

Château Talbot, un 4e cru classé à Sain-Julien © JPS

Avant château Talbot, Désiré Cordier avait acheté 3 châteaux dont Lafaurie-Peyraguey (1er cru classé de Sauternes), Fanning Lafontaine dans les Graves et Gruaud-Larose (2e cru classé). Il avait un savoir faire qu’il a su transmettre.

« On recherche un certain équilibre, avec certes des tanins, mais beaucoup d’acidité », m’explique Jean-Michel Laporte directeur à la table de tri. « On recherche l’équilibre et la longueur en bouche, plutôt que la puissance. C’est un vin un peu d’esthète, un peu d’amateur éclairé, et Talbot traverse les siècles, c’est vraiment cela, cette idée de la famille, d’un terroir que je veux aujourd’hui préserver avec Mr et Mme Bignon »

Désiré Cordier s’était aussi aperçu d’une longévité exceptionnelle des habitants du Médoc qui dépassaient allègrement les 80 ans, à tel point qu’il avait fait venir ici Albert Lebrun en 1934…

Jean-Paul Bignon et son épouse Nancy Bignon-Cordier dans le grand chai de château Talbot  © JPS

« C’est pour cela qu’il avait fait venir le président de la République de l’époque, pour justement fêter la longévité des gens du Médoc », commente Nancy. Et Jean Paul Bignon de compléter : « il avait, avant tout le monde, inventé le « french paradox », c’est à dire : boire du vin avec modération avait plutôt tendance à faire que les gens vieillissaient mieux et plus longtemps et il l’avait constaté dans le Médoc. »

Cordier, un grand nom qu’il a laissé aussi à une célèbre maison de négoce bordelaise. Une histoire qui se perpétue aujourd’hui.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Charles Rabréaud

25 Août

François Mitjavile et son château du Tertre Rotebeuf : 3 étoiles qui brillent au sommet de Saint-Laurent-des-Combes

François Mitjavile, c’est « le bon élève » en haut du Tertre, en haut de sa colline. C’est un personnage, un vigneron truculent, atypique, « gentleman farmer » qui a appris de ses pairs et d’Emile Pénaud, et qui restitue le meilleur du cru, de son terroir du Tertre Roteboeuf. Un couronnement aujourd’hui par la Revue du Vin de France qui lui a décerné 3 étoiles dans son guide de 2020, après 40 ans de travail et une reconnaissance déjà acquise des grands amateurs de vin.

François Mitjavile devant son château Tertre Roteboeuf © Jean-Pierre Stahl

« C’est très agréable, c’est très bon pour l’égo, mais c’est vous qui me l’avez appris… », c’est par ces mots que François Mitjavile (qui avait 20 ans en 1968) commente les 3 étoiles que lui décerne la 25e édition du Guide Vert de la RVF.

Quand il a acquis ce domaine à la fin des années 70, le château Tertre Roteboeuf était dans son jus, de ces 3 hectares 70, il a transformé son vignoble refait des terrasses pour sublimer ses merlots et ses cabernets francs. Aujourd’hui il est à la tête d’un des plus grands domaines de Saint-Emilion: une pépite de 6 hectares en Saint-Emilion Grand Cru qui se vend le prix d’un 1er grand cru classé B de Saint-Emilion.

Ce qui est fondamental, c’est que tant que faire se peut que le vin soit délicieux, et que tant que faire se peut qu’il soit vendu de manière raffinée pour tous les amateurs qui sont sensibles. Et là on a un solide cru qui peut traverser les tempêtes. »

François Mitjavile dégustant ses merlots, 80% du domaine est planté en merlots © JPS

Ce fils de transporteur de vin est un autodidacte, il a appris en observant à la vigne, aussi avec le savoir de l’oenologue Emile Pénaud. Il a su mettre en valeur ses coteaux et ses cultures en terrasses pour produire les meilleurs raisins sur un terroir argilo-calcaire.

« Ils sont un peu plus grillés là haut, c’est délicieux mais avec quelques petits défauts; ils sont un peu plus frais ici, c’est généreux mais peut-être un peu plus grossier »,

Je ne sais pas exactement ce que veut dire « les plus beaux raisins », mais c’est la variété des saveurs qui fait le truc, qui fait la musique (rires) », François Mitjavile

« D’ailleurs, au coeur de l’appellation d’origine, il y a l’idée presque laïque que la variété contradictoire des saveurs protège l’immanence et contre la transcendance de « Where is the best », continue de plaisanter François Mitjavile.

Dégustation du millésime 2018, 18 à 20 mois d’élevage en barriques © JPS

Le Tertre Roteboeuf n’est pas un cru classé, François Mitjavile n’a pas vraiment cherché à l’être… Dans sa cave de trésors, de vieux millésimes, il me dévoile sa philosophie  avec laquelle il a surtout voulu s’adresser directement à l’amateur de vin:

Dans sa cave aux vieux millésime © JPS

« Quand j’étais jeune il n’étais pas question de classer un nouveau cru en dehors des limites de la commune de Saint-Emilion, mais tout cela a bien changé, actuellement l’appellation est infiniment plus ouverte. Mais je ne pouvais que faire sur ce morceau de rocher un grand vin car il était apte à faire des fruits petits et savoureux, mais si j’avais voulu faire un vin de compétition, les prix de revient auraient été trop élevés. Donc j’étais coincé, il fallait que je valorise le prix de vente par les possibilité du cru et je ne pouvais pas être classé, donc j’ai dit je m’en fous on va faire une grande bouteille. »

Cela a marché, j’ai trouvé une clientèle d’amateurs qui n’étaient pas conventionnels, parce que ce qu’on fait ici n’est pas conventionnel, on fait du pur millésime, jamais de second vin !

Et de déguster dans le chai à barrique son millésime 2018, élevé dans des barriques de chêne Radoux Blend Edition à grain fin et avec une forte chauffe, un millésime de soleil, de chaleur:

C’est ce peps au coeur d’une maturité extrême, cette légèreté, cette grâce aromatique qu’il atteint », à propos du 2018

Un savoureux millésime 1989, un millésime difficile à réaliser à l’époque © JPS

François Mitjavile incarne le bon sens vigneron plus que la créativité artistique comme il aime le dire, et quelque part, c’est aussi tout un art.

23 Juil

Avec la canicule, Bordeaux s’adapte pour sauver ses jeunes plants de vigne

C’est une semaine cruciale pour Bordeaux. Cette nouvelle vague de sécheresse et de canicule pousse les châteaux à arroser les jeunes plants de vigne qui risqueraient de dépérir sans cette eau. Des dérogations ont été demandées également pour arroser les jeunes pieds entrés en production en Lalande-de-Pomerol.

Avec cette sécheresse, les jeunes plants de vignes souffrent… Cette semaine est particulièrement délicate, avec ces températures à Bordeaux qui approchent ou vont dépasser aujourd’hui les 40°C.

Ce matin au château Carbonnieux en Pessac-Léognan, les équipes techniques sont sur le pont pour permettre au jeunes plants de passer cette période délicate. Il s’agit d’apporter 3 à 5 litres d’eau pour ces pieds de merlot plantés à l’automne dernier.

Cette année la canicule et la sécheresse arrivent très très tôt par rapport à l’année dernière, donc on est obligé d’arroser au moins deux fois par semaine les plants pour arriver à les sauver », Freddy Flé chef de culture château Carbonnieux.

Freddy Flé montre la sécheresse en surface de ces sols © JPS

Au château Carbonnieux, ce sont 3,5 hectatres qui ont ainsi été plantés en septembre dernier, à raison de 7200 pieds à l’hectare. Il y a aussi les complans à sauver, ce sont ces jeunes plants qui remplacent les vieux pieds qui ne produisaient plus ou les pieds morts, des jeunes plants disséminés partout sur ces parcelles. Pour se faire, les équipes sont mobilisées ici avec des horaires adaptés, de 6h30 à 14h.

Nous sommes dans un sol plutôt sec, un sol de grave, et on va trouver la fraîcheur l’argile ou l’argilo-calcaire à plusieurs dizaines de centimètres en sous-sol donc en attendant que ce système racinaire se fasse il va falloir hydrater », Philibert Perrin co-propriétaire château Carbonnieux.

Ce sont 30000 jeunes pieds qui doivent être arrosés cette semaine, une première cette année car en juin il y avait encore une réserve hydrique suffisante, mais aujourd’hui le terroir est des plus secs. Le château s’est adapté déjà au niveau du sol: « on fait attention à ce qu’il n’y ait pas d’herbe qui pourrait faire de la concurrence à la vigne, donc on griffe les sols », et en limitant par ailleurs l’effeuillage.

Des baies flétries et grillées par la soleil en lalande-de-Pomerol © JPS

Autre terroir à souffrir, celui de Lalande-de-Pomerol: on peut y trouver des baies flétries et grillées par le soleil sur quelques parcelles. Ici le double effet sécheresse en sous-sol et canicule en surface commence à bien se faire sentir.

    « On voit assez clairement les coups de soleil, les petites tâches noires, ou brunes, les petits grains complètement desséchés », commente Xavier Piton président de l’ODG Lalande de Pomerol. L’ODG de Lalande-de-Pomerol a d’ailleurs demandé une dérogation pour pouvoir arroser par endroits ces pieds en production, ce de manière exceptionnelle et limitée dans le temps. Traditionnellement, en France l’irrigation des vignes en production n’est pas autorisée, contrairement à ce qui se fait dans d’autres grandes nations productrices de vin.

On a demandé la possibilité pour les cas extrêmes comme celui-ci de vignes particulièrement dans la détresse hydrique d’effectuer des arrosages ponctuels »,  Xavier Piton président de l’ODG Lalande de Pomerol.

Les viticulteurs ont aussi limité depuis le début de l’été les effeuillages pour permettre à la vigne de mieux supporter soleil et chaleur.

On effeuille déjà du côté du soleil levant, là où le soleil est moins fort et on a allégé depuis une semaine les consignes d’effeuillages pour éviter le risque de voir les raisins griller », Philibert Perrin.

 Vendredi pourrait voir tomber une pluie salutaire, puisque des précipitations sont annoncées vendredi et samedi, en espérant toutefois éviter les orages de grêle.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Bertrand Joucla-Parker et Charles Rabréaud

20 Juin

Une première à Bordeaux Fête le Fleuve : Bordeaux fête aussi ses vins Blancs !

On connaissait l’alternance des 2 fêtes : Bordeaux Fête le Fleuve, puis Bordeaux Fête le Vin. Mais pour la 1ère fois, ces fêtes sont jumelées Bordeaux Fête les Vins Blancs en même temps que la fête des voiliers. Une belle initiative qui émane des producteurs de vins blancs de Bordeaux pour laquelle les organisateurs ont dit banco sur les quais de Bordeaux.

Bruno Baylet (château Landereau), au centre Stéphane Le May (château Turcaud) et Marc Médeville (château Fayau), d’ardents défenseurs des blancs de Bordeaux © JPS

Déguster des vins blancs au pied des voiliers, c’est presque l’ADN de Bordeaux, car c’est des quais que partaient les tonneaux pour la France et l’export… Cette Fête des Vins Blancs en même temps que Bordeaux Fête le Fleuve, c’est finalement une idée qui coule de source…

Pour la petite histoire, les vignerons de Bordeaux qui produisent des vins blancs se sont rapprochés pour organiser une jolie fête des blancs, en ce début d’été. Il y a à l’origine les Bordeaux Blancs et les blancs de l’Entre-Deux-Mers, ils se sont ouverts aussi aux liquoreux et aux crémants… Initialement, cette fête devait se tenir rive droite, dans une ambiance guinguette, mais la ville et les organisateurs de Bordeaux Fête le Fleuve ont rebondi sur l’idée pour leur permettre de faire cette fête du vin en même temps que la fête du fleuve, sur les quais.

Le Sedov, 117 mètres, le plus grand navire école au monde est russe © JPS

« Franchement c’est super agréable de regarder tout ces bateaux qui arrivent, qui s’amarrent, tout en dégustant c’est vraiment génial », Esther de Bordeaux. « On vient de l’Andalousie, en Espagne, et je connais bien les vins blancs d’Espagne, mais ceux-là sont impressionnants », ajoute Marie-Carmen, venue pour ces 4 jours de fête.

Jusque dans les années 70, Bordeaux produisait plus de blancs que de rouges, aujourd’hui c’est 85% de rouges. Toutefois 2000 vignerons continuent à produire des blancs secs, moelleux, liquoreux et crémants. Parmi eux, Stéphane Le May avec son château Turcaud.

« Sur le domaine, le blanc est majoritaire dans la production par rapport au rouge, l’Entre-Deux-Mers 130 000- 140000 bouteilles la plus grosse cuvée du domaine, le Bordeaux Blanc avec une cuvée fermentée et élevée en barrique et depuis 4 ans le crémant en blanc de blanc », explique Stéphane Le May.

« Les blancs de Bordeaux, c’est 10% de la production, mais il y a une réelle offre et diversité, explique Marc Médeville, l’un des initiateurs de la Fête avec Bruno Baylet aussi, et vice-président des Bordeaux et Bordeaux Sup.

On surprend, on émeut et on peut passionner ! » Marc Médeville

« Quand je fais le tour des vignerons qui sont venus, franchement ce sont des gueules de blancs, ce sont des signatures, des passionnés », commente sans aucune connotation Marc Médeville du château Fayau, mais pour dire qu’ils ont leur blancs secs ou liquoreux ancrés aux tripes. « Derrière chaque bouteille, il y a un vigneron qui va présenter ses vins. Il y a tout pour passer un bon moment dans la modération. »

Et parmi les blancs un peu oubliés, il y a aussi les moëlleux ou liquoreux qui comptent bien séduire une nouvelle génération ou de nouveaux consommateurs, avec modération bien sûr comme Marine qui a amené son amie suèdoise Thérèse… « C’est moi qui l’ai emmenée ici, parce que je connaissais le Loupiac et je suis une fan des vins liquoreux. »

Jérôme et Sandrine Lafon (château Haut-Terrier 2 cuvées fruitée et boisée – 35000 bouteilles) – Aurélia Souchal château Huradin 5000 bouteilles) – Anne-Sophie et Virginie Barbe Lapouge (château des Arroucats à ainte-Croix-du-Mont) © JPS

« Historiquement, les vins blancs liquoreux étaient les vins rois de Bordeaux, malheureusement on en boit beaucoup moins aujourd’hui… »

 Nos vins vins peuvent être aussi « fun » que des vins blancs secs, on peut retrouver des moments pour les consommer à l’apéro avec un zest d’orange et un glaçon… » Aurélia Souchal du château Huradin à Cérons.

Bruno Baylet du château Landereau (80 ha dont 30 de blancs, une production de 230000 bouteilles) © JPS

Pour le maire de Bordeaux, Nicolas Florian qui a inauguré les 2 fêtes : « cela participe de notre façon de vivre: la convivialité, le partage et la culture. Le vin qui vient s’inviter à la Fête du Fleuve, c’est plutôt bien. »

C’est justement l’alchimie, le mariage entre nos racines bordelaises : un fleuve et dans le patrimoine aussi le vin, du vin blanc, presque la couleur du fleuve, c’est un petit peu le clin d’oeil », Nicolas Florian Maire de Bordeaux.

Ce sont ainsi 80 vignerons et négociants qui vont expliquer et faire découvrir, déguster leur production durant ces 4 jours de fête.

Info pratique: le pass dégustation peut s’acheter place Munich pour 10€ vous avez un étui, un verre et trois jetons pour déguster.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer :

13 Mai

#Vinexpo : un salon recentré sur le business et les rencontres de qualité

Vinexpo Bordeaux s’est ouvert sur fond de concurrence avec les autres salons mondiaux. Si 1600 exposants sont au rendez-vous, moins qu’en 2017, ce salon garde une grande qualité au niveau de ses intervenants et des rencontres bénéfiques. Vinexpo se relance pour mieux poursuivre ses prochaines éditions.

Du monde ce matin avant l’ouverture de Vinexpo © JPS

« C’est important, c’est l’occasion de venir voir nos clients de leur parler de nos nouveaux produits, de notre société et du business du vin », confie Christophe Boudin de la Maison de Champagne Yvon Mau.

« Vinexpo fête sa 20e édition, c’est un salon historique, il a toujours sa place ici à Bordeaux, même si Vinexpo a essaimé aux Usa, à Hong-Kong et à Shangai, ça reste un salon très ancré Bordeaux et de toute la France « , me confie Yann Jestin courtier en grands vins de Bordeaux à l’entrée du salon.

Juste avant l’ouverture à 9h, plusieurs centaines de visiteurs professionnels se pressent à l’extérieur du nouveau Hall 2 pour ce Vinexpo 2019 : « c’est la plus grand salon de l’industrie du vin et je suis content d’être ici », confie Xingkun Ma visiteur chinois.

1600 exposants venus de 30 pays différents, c’est un peu moins qu’en 2017 qui en comptait 2300, mais en tout cas ce sont des rencontres de qualité comme en témoigne la Canadienne  Kathy Cannon, directrice de LCBO pour les Vins Européens : 

C’est bien on vient ici pour 4-5 jours rencontrer beaucoup de fournisseurs. On importe beaucoup de vin du monde entier et c’est l’endroit rêvé pour les déguster, » Kathy Cannon importatrice canadienne LCBO. 

Le Bordelais François Lurton, vigneron globe-trotteur qui produit plus de 70 marques en France mais aussi en Argentine, au Chili et Espagne a ses raisons d’être à nouveau présent : « dans les autres salons que l’on a, il y a surtout des européens voire des nord-américains, mais là on a pas mal le Pacifique, l’Amérique du Sud, l’Afrique… »

Parmi les nouveaux consommateurs outre les Asiatiques, pal mal d’Africains : Manfred Eboumbou travaille ainsi depuis plus de 10 ans le marché du Cameroun : 

Le marché (en Afrique) se développe même plus vite qu’on ne le pense, et notamment pour le vin de Bordeaux très connu au Cameroun, »  Manfred Eboumbou

De nombreuses maisons de négoce sont présentes mais aussi cette maison familiale bourguignonne fidèle depuis la création : « Nous venons à Vinexpo depuis le début, c’est très important, d’autre part nos clients étrangers viennent nous retrouver à Vinexpo. Bordeaux attire quand même beaucoup de monde. »

Jonathan Choukroun Chicheportiche et Juliette Hirschy du Magazine Vert de Vin sur Vinexpo © JPS

« C’était le salon primordial il y a quelques années, cela  a perdu un petit peu de son prestige par contre Bordeaux reste un lieu incontournable car c’est le salon où l’on peut recevoir nos clients et leur consacrer plus de temps ici qu’ailleurs », confie Philippe Marion directeur commercial de Barton et Guestier.

Philippe Marion de Barton & Guestier et Franck Crouzet de Castel Frères © JPS

Cette maison de négoce, associée à Patriarche et Listel sur le stand fait partie du Groupe Castel, le groupe n°1 et France et 3e dans le monde pour la commercialisation de vin. Castel commercialise ainsi 19 bouteilles par secondes. Ça en impose, non ?

Le maire de Bordeaux. Nicolas Florian entouré des dirigeants de Vinexpo et de maisons de négoce et de CEB ©JPS

Quant à savoir si Vinexpo va continuer ? Demandez donc aux frères Cottin de la Maison Dubos ce qu’ils en pensent…« Mon père fait partie de ceux qui ont créé Vinexpo…avec rien. Ce n’est pas pour le perdre aujourd’hui, Vinexpo ne mourra pas », commente l’aîné Robert Cottin.Et celui-ci de compléter : « on a vu autant de clients qu’en 2017″.

La Maison Dubos à Bordeaux avec Robert, Emmanuel et Guillaume Cottin © JPS

« Tout le monde critique mais Vinexpo doit rester, il faut que ça reparte », renchérit Emmanuel Cottin. En somme, il faut arrêter de s’auto-flagelller comme bien souvent à Bordeaux et ce Vinexpo bashing.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Xavier Granger, Jean-Marc Ceccaldi :

11 Avr

Franc Mayne : Martine Cazeneuve et Thomas Savare redorent le blason de ce grand cru classé de Saint-Emilion

Acquis il y a tout juste un an par la famille Savare (Oberthur Fiduciaire), le château Franc Mayne avec à sa tête Martine Cazeneuve se relance tous azimuts: au niveau des plantations, des vinifications et dans l’accueil à la propriété avec un nouveau parcours scénographique dans ses carrières signé Eric Le Collen.

Martine Cazeneuve et Thomas Savare devant Franc Mayne © JPS

C’est un nouveau souffle, un nouveau dynamisme pour ce château qui se présente comme une pépite dans le paysage de Saint-Emilion. Ce nouveau souffle est incarné par Thomas  Savare, spécialisé dans l’impression fiduciaire: il imprime des billets dans 70 pays du monde (notamment en Europe, Amérique Latine et Asie) et a souhaité investir avec sa famille à saint-Emilion sur le plateau de Saint-Emilion, avec un terroir assez magique en 4 parties (calcaire, argilo-calcaire, argilo-limoneux et argile bleu)…

Thomas Savare, homme d’affaires, et ancien président du Stade Français, va être de plus en plus présent à Saint-Emilion © JPS

Cela a été un coup de coeur, mon père et moi, quand on a vu Franc Mayne et cet environnement. On est des amateurs de vin et puis on a envie de s’impliquer, envie de développer le potentiel de cette propriété » Thomas Savare, propriétaire de Franc Mayne.

Avec Martine Cazeneuve, ils ont entrepris une restructuration du vignoble de 7 hectares, en faisant le choix de la conversion en bio dès le millésime 2019 : « c’est le sens de l’histoire, cela fait partie de notre philosophie,  c’est le fait d’être cohérent », précise Thomas Savare.

En arrachant par ailleurs 1 hectare d’une vieille parcelle de cabernet franc pour préparer l’avenir et replanter 25% de la propriété en cabernet franc en vue du réchauffement climatique (le merlot souffrant davantage). Par ailleurs, Thomas Duclos (Oenoteam) suit désormais la propriété en tant qu’oenologue conseil. Des modifications vont aussi être opérés au niveau de la vinification et de l’élevage, comme nous le précise Martine Cazeneuve.

Martine Cazeneuve connaît la famille Savare depuis de nombreuses années, elle s’est associée avec elle à Paloumey en 1993 © JPS

On souhaite des vins avec plus de fraîcheur, un joli fruit, de beaux tanins, des tanins qui vont vieillir, pour cela vinification douce, des pigeages manuels remontage sans aération. Ensuite au niveau d l’élevage, nous avons décidé d’élever 50% en barriques neuves, 50% dans des contenants un peu différents, des amphores italiennes et puis dans des foudres, à la méthode un peu bourguignonne, avec des parcelles petites pour plus de précision » Martine Cazeneuve.

Franc Mayne mise aussi énormément sur l’oenotourisme… En tant qu’ancien Relais de Poste construit au XVIe siècle, on est habitué à avoir eu beaucoup de passage à cet endroit de Saint-Emilion, pourtant situé un peu à l’écart de la route.

L’autre gros atout, ce sont ces formidables carrières souterraines de 2 hectares, des galeries qui ont été mises en valeur par Eric le Collen, le fameux scénographe de nombreux châteaux (cf inaugurations d’Angélus et Monlot) mais aussi très connu pour la Bataille de Castillon. Il y relate l’histoire de ce Relais de Poste tout d’abord puis l’histoire de l’extraction des pierres (extraction jusqu’au XIXe siècle) qui ont servi a construire les maisons de la région mais aussi le Grand Théâtre de Bordeaux, sous la direction de l’architecte Victor Louis.

On parle de ces pierres qui vont construire le grand théâtre à Bordeaux, on parle de Jean Sans Terre, le fils d’Aliénor, qui va créer la Jurade de Saint-Emilion,  on parle dans ce lieu de la mémoire de ces territoires », Eric Le Collen scénographe.

La visite des carrières d’environ 20 minutes ouverte au public se termine par une vision magique de barriques, dans une partie fermée de grilles où se poursuit l’élevage du saint graal, actuellement le millésime 2017. Puis vient la partie dégustation et la nouvelle boutique qui a été transferrée dans ces carrières…histoire de rester dans l’ambiance.

Ces carrières qui ne servaient plus au XIXe à cause du danger, ont depuis été utilisée pour le stockage : « on a ici les conditions idéales pour l’élevage des vins et le stockage avec température constante entre 12° à 14° naturelle, et un niveau d’hygromètrie très élevée donc très peu évaporation à travers les barriques, » précise Jacques Guillot responsable oenotourisme

Des visites ( 3 formules différentes), avec notamment une demi-heure dépaysante dans ces carrières et en prime pour épater les oenotouristes 5 chambres d’hôtes dont une perchée dans un vieux cèdre…(Prix des chambres entre 175 et 295 euros pour le perchoir de Franc Mayne).

Voilà donc des projets plein la tête pour le nouveau propriétaire du domaine Thomas Savare.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sébastien Delalot et Xavier Granger :

11 Mar

Vin en jarre : plus qu’une mode, une recherche de fruité, de pureté et de complexité

Depuis 10 ans, on voit fleurir de plus en plus de jarres ou amphores en terre cuite dans les chais du bordelais. Effet de mode ? Pas vraiment. Une recherche de plus de fruit et de complexité. Des vins encore plus fins qui donnent une autre touche à l’assemblage final ou des vins réalisés en quasi-totalité en amphore.

Guilaume Pouthier, une fine lame dans le monde du vin © JPS

Avec son chai futuriste dessiné par Philippe Starck, le château des Carmes Haut-Brion, en Pessac-Léognan, renoue aussi avec le passé.

Le chai dessiné par Philippe Starck et réalisé par Luc-Arsène Henry © JPS

Son directeur, Guillaume Pouthier, ingénieur agronome, aime essayer tous les outils, mis à sa disposition. Des cuves inox, en passant par des foudres bois tronconiques inversés, en passant par des cuves en béton. Il a toujours ce souci de recherche, mais avec bien sûr un élevage traditionnel en barriques de chêne et 75% de bois neuf.

Et depuis presque 7 ans, il a aussi introduit ces petits oeufs au fond du chai, des jarres en terre cuite, au deuxième niveau du chai thermo-régulé des Carmes Haut-Brion, en dessous du niveau du Peugue.

« On ne change pas nos traditions, car on élève toujours notre vin en barrique à hauteur de 90%, par contre depuis le millésime 2012, on a fait une expérimentation en amphores ou en jarres… Des jarres qui varient entre 2 et 4 hectolitres, avec des cuissons différentes pour amener quelque chose de différent dans l’élevage : un peu plus de complexité à notre grand vin. »

Cette vingtaine de jarres en terre cuite renferme 9 à 11% de vin qui ira dans l’assemblage final.

« Nous , on a opté pour deux types de jarres. Une type de jarre cuite à 800°C qui permet elle un échange gazeux avec l’extérieur, c’est à peu près l’équivalent d’un échange gazeux d’une barrique ».

La différence, c’est que dans une barrique vous apportez du toasté ou de l’aromatique secondaire, alors que dans une jarre, vous ne gardez que le principe aromatique du raisin. On a aussi opté pour des jarres cuites à 1200°, et là carrément on fige le vin et il n’y a plus d’échange avec l’extérieur. Là on va travailler la réduction et l’aromatique de réduction, » Guillaume Pouthier directeur des Carmes Haut-Brion.

Le château Mangot en Saint-Emilion Grand Cru © JPS

Au château Mangot à Saint-Etienne-de-Lisse, les frères Todeschini, Karl et Yann, autres grands techniciens et vinificateurs en Saint-Emilion Grand Cru, ont commencé à expérimenter depuis 2 ans les jarres et les amphores.

4 types de 160 litres à 10 hectolitres, en argile de Castelnaudary et de Toscane en Italie, de 2 à 3 centimètres d’épaisseur, cuites entre 1045 pour les plus petites à 1200° (par palier durant 72 heures).

On a toujours cherché à ce que la barrique soit discrète, que la barrique s’efface et que ce soit le vin qui soit en avant. Malgré tout une barrique, ça apporte toujours de la structure, même si on travaille avec des barriques avec des chauffes très légères respectueuses du fruit.

Nous on a des vins qui ont déjà une structure naturelle assez puissante, de par les terroirs calcaires et des petits rendements, donc on ne cherche pas à ce que le contenant qui soit bois ou terre apporte une structure. Et l’amphore se dessine là pour préserver l’aromatique, le côté juteux, croquant et aussi la texture, » Yann Todeschini de Mangot.

Ces vins en jarre sont élevés entre 3 mois et jusqu’à 10 à 12 mois dans les plus gros contenants. Une cuvée spéciale a été réalisée, l’Autre Mangot, 100% en amphore.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer :