31 Oct

Consommation de vin : comment Bordeaux se réinvente ?

A l’heure des vendanges, nous sommes allés à la rencontre de 3 vignerons aux profils différents dans l’Entre-Deux-Mers, en Médoc et à Saint-Emilion pour voir comment ils abordaient ce moment important de récolte. Le tout dans un contexte que tout le monde connaît de baisse de consommation: depuis les années 60, la consommation a été divisée par 3 passant de 120 litres par an et par habitant à 40 aujourd’hui. Pour comprendre la nouvelle approche, nous avons aussi rencontré les jeunes consommateurs et moins jeunes, en afterwork, dans les bars, brasseries, chez les cavistes et en grande distribution avec aussi les acteurs sur internet. A voir sur France 3 Aquitaine et notamment le 22 novembre dans Enquête de Région à 23h présenté par Vincent Dubroca.

Comme une lueur d’espoir, septembre sonne l’heure des vendanges en rouge…Plus précoces, cette année encore, pour ces merlots avec le réchauffement climatique…

Pour Stéphane Defraine, vigneron depuis 41 ans dans l’Entre-Deux-Mers, ce moment est toujours aussi intense : « c’est un moment de récolte, donc c’est un moment où il y a pas mal d’euphorie, on ramasse le résultat de son travail donc c’est assez excitant en fait. »

Ce Belge autodidacte a acheté son domaine en 1989, de 15 hectares de vigne il est passé à 56 ha aujourd’hui : « je crois que dans l’Entre-Deux-Mers on a des terroirs qui sont vraiment top, à partir du moment où l’on plante à la bonne densité (plus de 5000 pieds/ha), avec le bon matériel végétal, on obtient des résultats qui sont fabuleux… »

Mais en 15 ans la crise est passé par là, comme d’autres, il s’est réorganisé, il vend désormais 80% de sa production à l’export … « Fontenille, aujourd’hui on commercialise à peu près 300 000 bouteilles, on augmente un tout petit peu les ventes tous les ans, mais ça va à un rythme assez faible car on a une conjoncture économique très compliquée à Bordeaux ». Stéphane Defraine a du adapter l’offre à la demande, faire des cuvées originales, à côté de ses Bordeaux de tradition, il développe 14 cuvées différentes…. « Des fois on fait des vins sans soufre, des vins parfois aussi qui sortent des appellations d’origine contrôlées ». Face à la surproduction, il s’efforce de produire des vins meilleurs, il a décidé d’arracher 6 hectares de vignes moins qualitatives (peut-être pour aussi replanter plus tard plus densément) « Exploiter un hectare de vigne, ça coûte à peu près 10 000 euros, et si on vend pas le vin derrière on perd 10 000 euros, donc le calcul pour moi a été vite fait… »

Symbole de cette déconsommation qui touche le vin et Bordeaux en particulier, la manifestation du 6 décembre dernier organisée par le collectif viti 33 où 1200 vignerons de toutes appellations s’étaient retrouvés place des Quinconces pour rejoindre la préfecture de la Gironde. En 1960, on buvait 120 litres par an et par habitant et aujourd’hui 40 litres…

Au printemps, un plan d’arrachage de près de 9500 hectares de vigne est acté par le Ministre Marc Fesneau (lors du salon de l’agriculture), il vient d’ailleurs détailler l’enveloppe d’aides à l’arrachage primé à hauteur de 57 millions d’euros début juin à Salleboeuf chez Régis Falxa (arrachage prévu cet hiver et dont les premiers versements d’aides interviendraient en 2024):

L’Etat met 30 millions, qu’il pourra pousser jusqu’à 38, la Région 10 millions et l’interprofession met 19 millions d’euros »,  Marc Fesneau ministre de l’Agriculture

« Certains vont aller vers ce dispositif, d’autres le trouvent trop contraignant ils n’iront pas, mais nous savons qu’il faut faire fonctionner ce dispositif maintenant. », précise à Salleboeuf en juin Bernard Farges, vice-président du CIVB.

    Il faut reconnaître que l’image carte postale ou sur l’étiquette de ces beaux châteaux du Médoc ou d’ailleurs, ne suffit plus pour vendre. A la tête du château Lamothe-Cissac, Vincent Fabre en a pris conscience, lui qui exploite 90 hectares en Haut-Médoc et à Margaux.

Produire, c’est déjà pas simple et commercialiser aujourd’hui c’est encore plus compliqué, notamment pour les vins rouges de Bordeaux où il ya une certaine désaffection de la consommation traditionnelle et historique de Bordeaux… » Vincent Fabre vigneron.

La production de Vincent Fabre est très importante 600 000 bouteilles, aussi depuis 5 ans il s’est diversifié avec des vins mono-cépages et des étiquettes rajeunies…

 « Là, sur ces bouteilles, on est bien dans le monde de l’AOC, on a toujours revendiqué le monde de l’AOC, mais avec un packaging très novateur et qui s’adresse à ces jeunes  qui attendent : pas de bois, ils veulent du fruit, des vins gouleyants, qui éventuellement sortent du frigo (notamment l’été), même pour des vins rouges on peut le faire… Là sur ce merlot, c’est un grand bol de fruits rouges, pour le malbec, c’est du pruneau, des noix, pour le cabernet sauvignon, c’est de l’épice poivre blanc, et au final on a un vrai moment de partage et de plaisir, fruité… »

Chez les cavistes, on mesure la réalité de la demande… Dans cette enseigne qui propose 600 références de vin et 1000 bières du monde entier, le consommateur a l’embarras du choix… « Moi je viens de Lille, donc du coup la bière c’est une tradition chez nous…Après j’ai pas mal été élevé au vin, car j’ai un oncle sommelier… » précise un acheteur en cave de V&B Mérignac.

Le concept afterwork marche à fond, avec des dizaines et dizaines de jeunes salariés qui viennent après le boulot… Ici le principal concurrent du vin, c’est la bière… « Ils proposent du vin, mais on vient principalement boire de la bière », « on va commander une bouteille de vin blanc en moelleux »… »Ce soir c’est de la bière », « Moi c’est du vin rouge de Bordeaux »… « Le verre de vin on le boit trop vite, la bière il y en a plus…

« En fait dès la sortie de travail vers 17h30, 18h, on a énormément de personnes qui viennent entre potes ou collègues boire un coup. On  pas mal de bières, c’est ce qui sort le plus, mais c’est un tout il y a beaucoup de vin aussi, il y en a pour tous les goûts… » caviste de chez V&B;

 

Pour contrer ce phénomène et relancer les ventes de vin, une campagne d’affichage est lancée en septembre par l’interprofession…L’idée : montrer qu’à Bordeaux il existe des rouges de toutes les couleurs, et justement dans ce bar à vin central du CIVB, les touristes sont conquis par les vins locaux… « Tous les vins de Bordeaux sont magnifiques, et surtout plus complexes que les vins australiens… », commente ce touriste australien.

Je vois plus un engouement pour les vins de Bordeaux plutôt qu’une déconsommation, là on est quand même à +12% sur la période janvier-août », Guillaume Gresta, gérant du bar à vin du CIVB.

Si les ventes de Bordeaux s’établissent désormais à 4 millions d’hectolitres, les Bordeaux rouges ont baissé de 44% en 10 ans en grande distribution…« Nos grands-parents buvaient du vin tous les jours, ils avaient un repas qui était entrée, plat, fromage, dessert, 2 fois par jour et 7 jours par semaine, aujourd’hui ce n’est plus le cas des jeunes générations, ils picorent, ils grignotent, ils font des apéros, il faut que les vignerons adaptent leurs produits, aux modes de consommation d’aujourd’hui… », selon Christophe Chateau directeur de la communication des vins de Bordeaux.

Aux restaurants, comme dans cette brasserie bien connue de Mériadeck, on a vu évoluer les habitudes des clients, et notamment lors des commandes du déjeuner; pour certains hommes d’affaires : « je ne bois jamais à midi et a fortiori quand je travaille », pour d’autres amateurs de vin : « le vin rouge autour d’un met, d’une table, raisonnablement est un appui excellent, cela fait parti de notre patrimoine en fait ». « Depuis une dizaine d’années, il y a la clientèle du midi et la clientèle du soir, le midi on fait attention, il y a un petit peu la peur du gendarme, ensuite on est passé sur un seul vin, avant on faisait des mélanges, on prenait un vin blanc pour l’entrée et un vin rouge par la suite… » commente Hervé Valverde du Bistro du Sommelier. « Il y a aussi l’état de santé qui joue, des gens font peut-être plus attention par rapport à ce qu’ils faisaient attention autrefois… Mais j’ai quand même une gamme de vin entre 50 et 100€ que je vends encore très très bien ! »

Un contexte qui rend difficile l’installation des jeunes vignerons. Noémie Tanneau  l’a fait en 2020  en reprenant un domaine de 6 hectares en Lussac Saint-Emilion; elle gère au mieux son château St Ferdinand avec les aléas climatiques et les maladies de la vigne : « on a eu un climat tropical au mois de juin, et en viticulture biologique, cela a été compliqué à endiguer on a eu beaucoup de mildiou cette année et cela provoque forcément une grosse perte de rendement… »

70% de perte pour sa récolte 2023, alors que depuis 4 ans elle ne se verse pas de salaire…Une année qui pour elle se solde par un couronnement, car lauréate du trophée vignerons engagées, son vin a été choisi pour être dégusté par le Roi Charles 3 d’Angleterre, depuis ses ventes se sont envolées,  les 3000 bouteilles de sa cuvée Source en bio se sont arrachées  en quelques jours… « C’est très simple, mais à la fois on revient vraiment à l’essentiel, et à ce qu’attendent les consommateurs aujourd’hui, du fruit et quelque chose de pas trop boisé, et ne pas se prendre la tête en ouvrant une bouteille… »

En grande distribution, les foires aux vins d’automne sont l’occasion de bonnes affaires,  avec des rabais à 10, 15% et des remises après avec des cartes de fidélité aussi parfois, de quoi mettre en avant les vins dd Bordeaux comme ici dans cette enseigne à Talence. « On aime entretenir le chauvinisme, et puis ce n’est pas si mauvais que cela les vins de Bordeaux… » confie un client… Ce supermarché réalise tout de même 1% de son chiffre d’affaire durant cette période de foire aux vins…

« On a des vins ici à moins de 4€ et qui sont remarquables et qui vont tenir quelques années de vieillissement », comme d’autres plus élaborés bien sûr et de grands noms… « Je pense que Bordeaux aujourd’hui est le meilleur rapport qualité-prix au monde, puisque souvent on nous parle de grands vins italiens, mais quand on fait une comparaison avec des Bordeaux aux mêmes prix, je pense que Bordeaux est largement meilleur…

Chez les négociants, Fabrice Bernard connaît bien le marché des particulier avec Millésima, qui vend énormément de vin en direct sur internet. La consommation des vins dans le monde entier a continué de progresser depuis le covid « ça ce sont des commandes qui vont partir sur l’Allemagne et sur la Suisse », mais elle s’est ralentie dernièrement :

« depuis le 1er janvier, on constate quelque part une diminution du panier moyen, le client continue d’acheter du vin de Bordeaux et du monde entier, le prix moyen à la bouteille est plutôt stable, ce qui a changé c’est le nombre de bouteilles dans son panier.  Si quelque part les cavistes, les restaurants et la vente par internet on fait la promotion des vins de Bordeaux, Bordeaux s’en sortira, sera encore plus fort et redonnera au consommateur l’envie d’acheter sa bouteille. »

Ce nouveau virage des vins de Bordeaux, la famille Defraine l’a déjà amorcé dans l’Entre-Deux-Mers; Stéphane et sa fille Macha misent énormément sur les vins blancs secs: « pour recruter les nouveaux consommateurs, les vins blancs, c’est l’idéal…Car les jeunes aujourd’hui viennent vers le vin avec ce type de produit, très aromatiques, légers en alcool et bio en plus… »

A 66 ans, Stéphane Defraine compte bien passer le relais à sa fille Macha : « C’est un sacré défi, la conjoncture fait que c’est compliqué, je pense qu’il faut se battre, pas de victoire sans combat » selon Macha Defraine.

Si pour nos 3 vignerons et bien d’autres la passion demeure, leur nombre a largement baissé passant de plus de 10000 exploitants en 2000 à 5300 aujourd’hui.

12 Sep

Bordeaux : coup d’envoi général des vendanges en rouge

C’est parti depuis lundi pour les vendanges en rouge. Partout dans le bordelais, la récolte des merlots se précipite avec les températures caniculaires de la semaine dernière. Des vendanges précoces du au réchauffement climatique qui augure d’un millésime qui pourrait être bon. Un millésime en volume moins important du fait aussi du mildiou et d’un manque de jus. Reportage ce lundi au château Larrivet Haut-Brion et au château de Rochemorin.

Arrivée de la vendange au château Larrivet Haut-Brion © JPS

Un coup d’envoi général cette semaine pour la récolte des merlots comme ici au château Larrivet Haut-Brion.

Des merlots touchés de 10 à 15 % par le mildiou sur ces 52 hectares de cépages rouges. Il faut dire que la climatologie a été inhabituelle entre pluie, humidité et canicule.

François Godichon, à l’arrivée des merlots © JPS

A partir du mois de mai, on a eu des conditions météorologiques un petit peu compliquées, chaleur et humidité, un climat sub-tropical,  qui n’est pas typiquement classique dans la région, donc il y a eu une pression mildiou assez importante… François Godichon directeur d’exploitation du château Larrivet Haut-Brion

« On a réussi à la contenir, on a quelques traces de dégâts, mais ce qui nous sauve il y a une très belle sortie de récolte, cela a compensé. Mais derrière on a quelques petites attaques sur des zones spécifiques sur des parcelles qui manquent de ventilation… »

Au château, sur la table de tri, la vendange s’annonce plutôt belle. L’ensoleillement a permis de gagner en qualité et d’anticiper la récolte par rapport à un début d’été très frais. « C’est plutôt une belle surprise car on s’attendait à les vendanger un petit peu plus tard que ça et finalement la semaine dernière il y a eu un bel épisode de chaleur, cela a concentré les jus qui étaient pas mal dilués, donc on a des merlots qui ont un beau potentiel, on a des jolis tannins, ils sont légèrement concentrés là, avec quelques jours de forte chaleur, donc je pense qu’on part là sur un millésime de concentration… », selon François Godichon directeur d’exploitation du château Larrivet Haut-Brion.

Si les merlots ont été plus impactés par le mildiou sur certains terroirs du bordelais, en Pessac-Léognan on se satisfait de cette première récolte. Elle sera toutefois moindre en volume que des années fastes comme 2016…Comme en témoigne Jacques Lurton, viticulteur du château Rochemorin, et président du syndicat viticole de Pessac-Léognan:

Jacques Lurton, devant le château Rochemorin © JPS

Notre problème est plus quantitatif que qualitatif… Depuis 2 décennies, le réchauffement climatique permet à Bordeaux de faire des bons vins presque tous les ans, vraiment des années catastrophiques comme on en a eu dans les années 60 ou 70 on n’en a plus » Jacques Lurton président du syndicat viticole de Pessac-Léognan

« Il se trouve que le dérèglement climatique entraîne des problèmes de gelée de printemps, on a des problèmes de grêle, des problèmes de sécheresse, des problèmes cryptogamiques avec le mildiou comme cette année, donc on a un vrai problème quantitatif… », continue Jacques Lurton.

Les vendanges des rouges entre merlots, cabernets, malbecs et petits verdots devrait s’échelonner sur 3 semaines jusqu’à début octobre.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Nicolas Pressigout et Floriane Pelé :

24 Août

Début des vendanges des blancs en Pessac-Léognan sous la canicule

Les vendanges en blanc ont démarré en ce début de semaine en Pessac-Léognan et de nombreux domaines ont accéléré la récolte mercredi et jeudi avec la canicule. Une récolte où les propriétés ont su adapter les horaires pour ménager les organismes des vendangeurs avec des vendanges dès 7 heures le matin et terminant en fin de matinée avec des températures trop importantes mercredi et jeudi. L’objectif était aussi d’obtenir les maturités optimales et de préserver les arômes et l’acidité des raisins. Reportage ce jeudi au châteaux de Couhins  et de Smith Haut Lafitte.

  Pas moins de 26° C ce jeudi au petit matin à Villenave d’Ornon (Gironde). Et un soleil de plomb qui se fait de plus en plus éprouvant pour les coupeurs et porteurs du château de Couhins (propriété de l’INRAE)… « C’est surtout les nuits, la température ne descend pas trop, mais ça va, ils nous font des journées raccourcies… », commente Guillaume Boyer coupeur.

« Oui c’est supportable, tant qu’on n’a pas le soleil, mais là après 11 heures, on va cramer, quoi… », commente Etienne Zerrouki, porteur.

Pour préserver les organismes, la récolte a démarré ici à 7 heures soit une heure plus tôt que d’habitude… Ces 22 vendangeurs se sont fort heureusement arrêtés à 11 heures où déjà 33° C étaient relevés à Bordeaux.

« L’idéal serait de commencer vers 4, 5heures du matin… C’est là où l’on a les températures qui commencent à devenir les plus basses, mais seulement il fait nuit et comme on vendange à la main, et qu’on trie, à la couleur, souvent, à l’aspect des raisins, il faut voir parfaitement les raisins… », selon Dominique Forget directeur du château de Couhins.

Au château Smith Haut Lafitte à Martillac (Gironde), une autre troupe ramasse ces sauvignons blancs. Tous se protègent du soleil et de la déshydratation comme en témoigne Isabelle coupeuse au château Smith Haut Lafitte: « On met les chapeaux, on boit de l’eau pour ne pas se déshydrater, autrement c’est très bien… »

 Face à cette canicule, le choix a été fait de stopper aussi la vendange en fin de matinée. Il faut par ailleurs protéger les arômes et la fraîcheur des raisins.

Ce sont des parcelles qui sont sujettes à souffrir de ces températures extrêmes, elles sont avec un joli équilibre, on a des très belles acidités qui sont préservées… Il faut les ramasser pour éviter d’altérer cette vendange, » commente Nicolas Poumeyrou chef de culture au château Smith Haut Lafitte.

Après un passage en chambre froide, les raisins sont triés et pressés le lendemain, conservés à 7°C . Et malgré les températures extrêmes de ces derniers jours, la qualité est bien là.

« C’est un millésime que j’appelle post moderne, c’est à dire définitivement marqué par le nouveau climat, qui est quand même un réchauffement qui nous donne des maturités qui sont meilleures qu’avant et qui nous permettent de faire beaucoup plus souvent des très grands vins… », Daniel Cathiard propriétaire du château Smith Haut Lafitte.

Ces dernières années, ces millésimes marqués par le réchauffement climatique sont toutefois moins importants en volume, à cause du gel de printemps et de quelques épisodes de grêle et de mildiou l’été.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Laure Bignalet, Boris Chague :

17 Août

Premiers coups de sécateurs dans le bordelais pour le crémant

C’est parti pour les vendanges dans le Bordelais. Hier et aujourd’hui, les premiers coups de sécateurs ont été donnés pour les vendanges de Louis Vallon en Gironde. Des vins effervescents qui s’en sortent mieux actuellement que les rouges avec une augmentation de 12% de la demande, et 10 millions de bouteilles produites à Bordeaux dont 2 par Louis Vallon.

Début de récolte des merlots pour le crémant © Dominique Mazeres – France 3

« C’est une production qui évolue nettement car elle correspond aux nouveaux modes de consommation », d’emblée le ton est donné par Dominique Furlan, président de la Cave Coopérative Louis Vallon et Président de la section crémant de l’ODG Bordeaux.

Dès hier, le coup d’envoi a été donné sur ces parcelles de merlot pour 3 semaines de vendanges réalisées pour produire du crémant de Bordeaux. Ce matin à Pujols en Gironde, notre équipe a rencontré ces producteurs comme Claudine Laborie pour qui « ça se passe très bien, ces vendanges manuelles dans une parcelle de merlot, 100% merlot, après on fera les cabernets francs et les blancs… Pour faire un bon crémant, il faut de la bonne vendange, de beaux raisins et après c’est le savoir-faire à la cave… »

Claudine Laborie, en train de couper sa belle récolte de merlots © DM

Fort heureusement ici ses 18 hectares ont été plutôt épargnés par le mildiou : « nous on n’a pas trop été embêtés par le mildiou, sûrement qu’on est plus ventilé ici sur les côteaux « 

Toutefois, il a fallu s’adapter avec cette forte poussée de mildiou qui a touché 90% des domaines à des degrés très divers, comme le confirme Thimothée Visentin « il y a eu beaucoup de changement dans l’été et d’affectation parcellaire, avec notamment des parcelles qui étaient prévu en crémant et qui n’ont pas pu aller jusqu’au bout, donc on a du changer d’affectation et on s’est attelé à sélectionner les parcelles les plus adaptées pour cela », commente Thimothée Visentin  de la Cave Louis Vallon.

Car il ne s’agit pas de passer à côté de la demande du consommateur qui ces dernières années est très volatile et boude un peu plus les vins rouges, pour se reporter sur des vins d’apéritif comme les blancs secs, les rosés ou les crémants : « le nouveau public recherche des produits effervescents qui sont des produits festifs et peuvent se consommer à tout moment de la journée », selon Dominique Furlan.

Regardez le reportage de Gladys Cuadrat, Dominique Mazères: 

En 20 ans on est passé de 2 millions à 10 millions de bouteilles produites à Bordeaux, « notamment la dernière année, Bordeaux s’identifie comme une région viticole où on a un potentiel de production qui reste à développer sur les effervescents, donc les opérateurs investissent le bassin de Bordeaux pour le développement d’effervescents de qualité… », commente Dominique Furlan.

Dominique Furlan, président de la Cave Louis Vallon © DM France 3

Il y a un exemple à suivre notamment avec le crémant d’Alsace dont la production s’approche des 40 millions de bouteilles, « c’est le même type de mode de production avec la méthode traditionnelle, le même procédé que nos collègues champenois, simplement nous n ‘avons pas les mêmes terroirs ni les mêmes cépages… On ne joue pas dans la même cour que le champagne mais le crémant de Bordeaux s’inscrit dans un effervescent de qualité, abordable, avec un rapport qualité-prix excellent. On gagne des parts de marché sur les effervescens AOP de qualité, voilà dans quoi on s’inscrit, mais la champagne c’est un autre monde, en partie le monde du luxe dans lequel on ne s’inscrit pas. »

C’est donc une production qui augmente en volume dans le contexte compliqué des vins tranquilles aujourd’hui, « beaucoup de producteurs pensent produirent des crémants mais c’est une production qui demande beaucoup de logistique, en terme de matériel, des contenants spéciaux, un mode de pressurage adapté, donc il ne faut pas produire sans avoir un aperçu de l’aval, du débouché… Nous on a décidé de se lancer dans les crémants de Bordeaux parce qu’on y croyait et on a anticipé les futurs modes de consommation… », ajoute Dominique Furlan. Louis Vallon vise une production de 4 millions de bouteilles de crémant en 2025.

Interview de Dominique Furlan de la Cave Louis Vallon dans le 12/13 sur France 3 Aquitaine par Vincent Dubroca avec Dominique Mazeres: 

02 Nov

Bordeaux : vers un millésime 2022 exceptionnel…

Une petite musique se fait entendre dans les chais du Bordelais, celle annonciatrice d’un millésime 2022 exceptionnel. Après des vendanges rêvées, même si la quantité sera un peu moindre, la qualité promet d’être historique. Après les fermentations, à l’heure où se terminent les soutirages, le millésime est déjà spectaculaire en terme de toucher de bouche, de tannins, de couleur…

Au château de Reignac, en Bordeaux Supérieur à Saint-Loubès, on se frotte les mains, dès la fin septembre les vendanges terminées auguraient d’une récolte exceptionnelle avec un  été chaud et des matinées de septembre assez fraîches…

« C’est vraiment un super millésime, il manque un petit peu de quantité, mais bon la qualité est là c’est le principal », Olivier Prévot maître de chai de Reignac

Dans les chais, après les fermentations alcooliques et malolactiques encore en cours, on termine les soutirages, les jus témoignent d’une couleur intense et d’un goût de fruits prononcé, tout cela confirme un millésime historique… », explique Nicolas Lesaint directeur technique du château de Reignac.

On est sur des degrés normaux, des 14, 14,5°, de belles acidités, de belles fraîcheurs et de très belles maturités…

Bordeaux a souvent tendance à dire c’est le millésime du siècle, mais là c’est vrai que c’est un très très bon millésime. Quand on déguste les lots on a le sentiment de se rapprocher d’un 2009, d’un 2010, de très belles références », Nicolas Lesaint directeur technique château de Reignac.

Pour obtenir ce nectar, l’alchimie s’est jouée d’abord à la vigne : l’absence d’effeuillage était primordial pour passer l’été caniculaire, la fraîcheur matinale et la chaleur des après-midi de septembre ont permis aux raisins de mûrir doucement mais surement et d’attendre le moment opportun pour Axelle et Pierre Courdurié, dont le château Croix de Labrie vient de passer au rang de cru classé de Saint-Emilion…

« Je pense que c’est un travail fait dans la vigne depuis des années, en bio, en biodynamie, avec des couverts végétaux..; Peut-être le gros coup de bol a été de ne pas effeuiller et de se dire il va peut être faire chaud, on attend, du coup on n’a rien fait  et cela a été très gagnant… », commente  Axelle Courdurié du château Croix de Labrie.

Cela va être un millésime spectaculaire, en terme d’équilibre, de toucher de bouche, de tannins, de couleur, oui, un très très grand parmi peut-être les plus grands jamais faits à ce jour » Pierre Courdurié du château Croix de Labrie

Velours, soyeux, ce 2022 avec de la matière et suffisamment de fraîcheur va relancer sans doute le marché de Bordeaux pour les primeurs en avril prochain.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Jean Poustis et Sarah Colpaert :

07 Oct

Château La Tour Carnet : un sanctuaire pour expérimenter les meilleurs cépages à l’horizon 2050

 C’est un travail minutieux et empirique qui est mené à Saint-Laurent-de-Médoc. Bernard Magrez et le château la Tour Carnet expérimentent sur la durée 84 cépages français, européens et mondiaux en réel sur leur terroir de graves médocaines. Des micro-cuvées suivies au fil du temps pour voir leur évolution à l’horizon 2050.

Le château la Tour Carnet :  un sanctuaire qui expérimente les meilleurs cépages à l’horizon 2050… Le merlot ou le cabernet sauvignon majoritaires ici ont désormais sur deux parcelles des cépages expérimentaux comme voisins…

A chaque bout de rangs, des noms à l’accent méditerranéen comme le tempranillo de la Rioja espagnole, le néro d’avala cépage sicilien, ou encore le cépage Allicante ramassé ici en terre médocaine. « C’est un cépage français issu du croisement entre le petit bouchet et le grenache noir, croisement effectué en 1855, il est principalement cultivé dans le sud de la France, l’Espagne et le Portugal. Et donc du coup avec le réchauffement climatique il est intéressant d’étudier ce cépage du sud à Bordeaux…« commente Martin Clapaud adjoint au chef de culture.

La collection compte ici 84 cépages, une cinquantaine de rouge et une trentaine de blancs, étudiés en situation réelle comme cette année avec ces températures caniculaires qui augurent de celles qui seront monnaie courante en 2050. Outre les traditionnels merlot et cabernet, le malbec est ici réintroduit et étudié mais aussi toute cette collection de « cépages issus de tout le pourtour méditerranéen, donc des climats plus chauds plus secs que l’on étudie dans l’hypothèse que ces cépages pourraient apporter une réponse à l’adaptation au changement climatique de nos vignobles », selon Julien Lecourt responsable recherche et développement des vignobles Bernard Magrez.

« Le millésime 2022 d’après les prévisions météorologiques ressemblerait au millésime 2050. Et donc cela nous a permis cette année de caractériser d’un point de vue agronomique, on a regardé les rendements, la résistance au stress hydrique de tous ces cépages, les 84 cépages et maintenant on est en train de les vendanger, on va les vinifier à part et voir leur qualité oenologique se développer et voir si vraiment ils ont un intérêt dans le cadre de l’adaptation au changement climatique… »

A chaque rang correspond un cépage, des pieds de vigne qui bénéficient d’un système de chauffage si besoin (calqué sur ce squi se fait en aéronautique) pour voir leur réaction. Voici d’ailleurs le touriga nacional cépage portugais déjà introduit dans le cahier des charges des AOC de Bordeaux.

« C’est un cépage qui est plus tardif que les cépages qu’on a traditionnellement dans le bordelais et plutôt résistant aux maladies aussi…C’est pour cela qu’il a été sélectionné d’ailleurs et on est en train de l’essayer ici à plutôt grande échelle… », précise Julien Lecourt.

Dans le chai bien gardé d’expérimentation, ce sont 84 cuves thermorégulées de 1 à 4 hectolitres qui attendent chaque récolte identifiée avec un micro pressoir.

« On s’aperçoit avec le réchauffement climatique, que pour avoir une bonne maturité des tannins et de la couleur, on est quand même obligé d’attendre un certain temps, alors que les raisins avec la maturité technique c’est – à -dire le taux de sucre élevé et l’acidité assez basse lui avance énormément et plus vite avec le réchauffement climatique », « ce qui fait qu’on a un écart entre la maturité technique et la maturité phénolique… Cela nous oblige à ne pas vendanger au 15 août, ca serait très simple de vendanger quand le raisin fait 13° d’alcool et s’arrêter là, sauf qu’à ce moment là les tannins, les arômes, ne sont pas encore prêts…Donc c’est pour cela qu’on est obligé de vendanger à des dates qui avancent néanmoins mais qui restent éloignées… », selon Alix Combes, directeur du château La Tour Carnet.

Tous les 6 mois, ils vont déguster ainsi et regarder l’évolution des vins et de leurs qualités. Une chose est sûre, il faudra adapter le vignoble d’ici quelques années et introduire de nouveaux cépages.

 

05 Oct

Et voici le botrytis cinerea ou quand opère la magie de Sauternes

C’est parti pour les premières tries dans le Sauternais. A Barsac et Sauternes depuis cette semaine on s’active pour un premier ou deuxième passage pour ramasser les baies botrytisées… Reportage aux châteaux Cantegril et Rayne Vigneau avec de grands faiseurs de Sauternes, Jean-Jacques Dubourdieu et Vincent Labergère qui nous expliquent la formation de cette pourriture noble, nécessaire aux grands Sauternes.

Du brouillard et de la chaleur… Au château Cantegril, la magie de Sauternes opère enfin, avec l’influence de ces cours d’eau tout proches… Ils apportent l’humidité nécessaire à la formation de la pourriture noble…

« A 9 heures,  c’était juste massé sur la Garonne et le Ciron, et puis là cela commence à se diffuser partout…Donc, c’est cette hygrométrie qui fait que peu à peu le botrytis se développe…Et donc là vous avez un bon exemple de baie qui a été passeriée au démarrage et puis là ça commence à botrytiser… », commente Jean-Jacques Dubourdieu propriétaire de Cantegril et de Doisy Daëne.

Ce sont les premières coupes, les premières tries, comme on dit ici… Elles sont êtres successives, on va ainsi passer 3 à 4 fois, pour récolter les baies où s’installe progressivement le botrytis cinerea, pour donner ces vins liquoreux…

« Les belles après-midi, l’eau contenue dans le raisin commence à s’évaporer…Et c’est là que la baie se déforme et commence à devenir confite… », ajoute Jean-Jacques Dubourdieu.

Avec les pluies tombées la semaine dernière, au château de Rayne Vigneau l’impact de la sécheresse est moins flagrant…

« La sécheresse qu’on a eue sur le mois de septembre a décalé l’implantation du botrytis… Après on est à Sauternes, on sait attendre et on n’est que début octobre… », commente Vincent Labergère directeur du château  Rayne Vigneau.

Dans les chais, le gros de la récolte va rentrer entre le 10 et le 20 octobre… Mais déjà, dans cette barrique, la première trie se déguste…. »C’est pas hyper complexe parce qu’il n’y avait pas trop de botrytis, mais en fait c’est très très bon… »

« Le plus dur à obtenir dans un Sauternes, c’est la fraîcheur… C’est faire d’un vin qui est puissant, qui est long en bouche, d’en faire un vin désaltérant, c’est à dire qui finit tout en délicatesse, tout en fraîcheur… », selon Vincent Labergère.

Un travail d’orfèvre depuis la vigne jusqu’au pressurage de ces raisins botrytisés pour obtenir ces légendaires Sauternes au bout de 18 mois d’élevage…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Ludovic Cagnato et Xavier Granger :

 

03 Oct

Insolite : 24e vendanges au coeur de l’aéroport de Bordeaux

C’est toujours un événement à Bordeaux : ce sont les fameuses vendanges de l’aéroport ! Cette 24e édition a mis à l’honneur cette année 50 chefs d’entreprises primées tout au long de l’année par les trophées et challenges portés par la CCI de Bordeaux. Des apprentis vignerons investis dans leur tâche…

C’est insolite, c’est un vignoble en plein coeur d’un aéroport ! 2 symboles de Bordeaux réunis en un même lieu : vin et tourisme… Depuis 24 ans, ces vendanges sont orchestrées par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux qui a souhaité planté une vigne pour accueillir les touristes au sortir de leur avion…

Pour Patrick Seguin, président de la CCI de Bordeaux : « d’abord, c’est le seul aéroport au monde à avoir des vignes plantées sur son territoire c’est quand même unique et c’est la représentation de Bordeaux… »

« L’idée était déjà originale à sa création et 25 ans plus tard, on a un vignoble qui est bien là et qui est en forme », commente Olivier Bernard propriétaire du Domaine de Chevalier et responsable de ces 15 ares de vigne plantés comme un grand cru classé ( à raison de 10 000 pieds à l’hectare)…

Pour ces 24e vendanges, 50 chefs d’entreprise lauréats des trophées et challenge de la CCI de Bordeaux cette année se sont essayés au métier de vigneron… « Celle-ci, je n’arrive pas à l’enlever, c’est très ferme et très dense », commente une responsable d’entreprise… « Epuisé, cela fait 5 minutes qu’on coupe, c’est fatiguant »; plaisante bien sûr Cédric Janvier de l’Hôtel de Sèze.

Une bonne ambiance pour récolter ce millésime 2022 cultivé en bio, sur un terroir de graves…

« Un magnifique millésime 2022, je pense que les vignerons peuvent être ravis, le millésime s’annonce exceptionnel », selon Sylvain Boisvert directeur du Conseil des Grands Crus Classés en 1855. « Notre rôle est de préserver les traditions, c’est ce que l’on fait aujourd’hui« , commente de son côté le directeur de l’aéroport Simon Dreschel.

Photo © Eric Barrière pour la CCI de Bordeaux

1200 bouteilles seront produites en appellation Bordeaux sous la direction du Domaine de Chevalier, dans le but de communiquer sur l’image de Bordeaux.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Jean-Michel Litvine et Robin Nouvelle : 

23 Sep

Clos de l’Echauguette : il n’y a pas d’âge pour vendanger au coeur de la Citadelle de Blaye

Des images forts sympathiques ce matin de bambins de maternelles qui ont participé aux vendanges du clos de l’Echauguette à Blaye. Une tradition perpétuée par le syndicat viticole de Blaye qui exploite ce vignoble de 15 ares depuis 50 ans au coeur de la Citadelle construite par Vauban.

« Bienvenue à tous au Clos de l’Echauguette…Aujourd’hui, vous allez vendanger, c’est la première fois pour tout le monde ? Ouiiii…. » Des petits de maternelle dans le rôle de vrais vignerons… Ces 21 enfants de l’école Grospierre de Blaye attendaient de moment depuis longtemps. « On va ramasser des raisins…avec les mains… »

« Qui veut couper là ? » A 4 ou 5 ans, certains ont déjà la technique mais pas question de leur donner pour autant un sécateur… « Ce sont des petits ciseaux, à bouts ronds, donc on essaie de couper les raisins en plusieurs parties… », commente Cédric Grossard de la Maison des Vins de Blaye.

Et direction le tombereau pour déverser la précieuse récolte de merlot… « C’est quand même un grand moment pour eux car cela fait quand même deux ans qu’ils n’ont pas pu participer à ces vendanges donc c’est une euphorie pour tout le monde », commente leur professeur Clément Cheyroux de l’Ecole Grosperrin de Blaye.

Moment d’émotion aussi et d’échanges avec Guy Bénéteau, 93 ans, l’ancien président de l’appellation et du syndicat viticole de Blaye. « Quand le vignoble a été planté, j’ai fait beaucoup de fête et même intronisé plusieurs ministres ici dans la confrérie de Guyenne » « C’est un très beau projet, une très belle initiative de Guy, puisque le Clos est toujours là et on peut voir l’effervescence qu’il y a autour de ces vendanges. Et pour nous c’est une très belle visibilité : une parcelle de vigne dans un bâtiment inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, cela permet de faire connaître et rayonner notre appellation à travers le monde… », commente Thibaut Layrisse, directeur des Vins de Blaye.

En plus c’est un très grand gage de qualité dans cette parcelle de vigne et dans cette vendange, le Clos de l’Echauguette que l’on vend uniquement à la Maison des Vins de Blaye est ce que l’on fait de mieux en terme de qualité, sur l’appellation, c’est un vignoble qui est en agriculture biologique depuis 2016. » Thibaut Layrisse, directeur des Vins de Blaye.

C’est lui qui est à l’origine de ce projet avec le maire de l’époque en 1968; un vignoble de 15 ares planté en plein coeur de la citadelle Vauban, et qui a vu le jour en 1972.

Et ce sont des souvenirs à jamais gravés pour ces vignerons en herbe, remerciés par une haie d’honneur à leur sortie, par leurs aînés…

01 Sep

A l’ISVV, les oenologues de France ont planché sur les goûts de fumées dans les vins

Après les violents incendies en Gironde, l’Union des Oenologues de France a réuni un collège de scientifiques, d’oenologues, de laboratoires et de propriétés étrangères ou françaises qui ont été confrontés aux goûts de fumées. A date, il n’y a pas de problème sur les vins ici à Bordeaux. Les quantités analysées par les laboratoires sur des vignes proches des feux restes infimes, mais le problème mérite que l’on travaille dessus. Un appel à projet a été lancé. Témoignage également de vignerons proches de Landiras et Barsac.

La fumée proche du vignoble de © Loïc Pasquet

Le 12 juillet à Landiras, le feu s’est déclaré à quelques centaines de mètres du domaine Liber Pater de Loïc Pasquet. Des fumées, qui selon les vents, ont pu venir par moment sur sa propriété.

Sur son domaine Liber Pater, Loïc Pasquet goût ses raisins, aucun goût de fumée © JPS

Ici c’était irrespirable, ca piquait les yeux, le soleil était totalement voilé, on ne pouvait  pas respirer donc il y avait des jours où on était très clairement exposé à la fumée, donc l’impact qu’on va avoir sur le raisin on ne le connait pas, parce qu’on n’a pas cette expérience »  Loic Pasquet de Liber Pater.

Ses raisins ne révèlent aucun goût suspect, que de bons goûts de fruits rouges, toutefois ce feu intense qui a pu dégager des phénols volatils l’inquiète pour les années à venir…

« Ca peut-être préjudiciable, car le risque ultime c’est de perdre la récolte de Liber Pater. L’année dernière on a gelé, cette année on a le feu, donc on ne va pas perdre tous les ans des récoltes… »

Proche du vignoble des Graves, ces fumées ont aussi atteint Barsac-Sauternes. Au château La Clotte-Cazalis, Marie Pierre Lacoste goûte pour vérifier ses premiers jus de sauvignon, sémillon….

Marie-Pierre Lacoste-Duchesne goûtant ses premiers jus © JPS

Ce que je goûte aujourd’hui, on ne trouve pas de goût de fumée, après on ne sait pas pendant les process de fermentation, les transformations aromatiques si le goût de fumée peut apparaitre un peu plus tard, on n’a pas de recul par rapport à cela, donc on va rester vigilant dans les semaines qui viennent et on reste très positif. » Marie Pierre Lacoste château la Clotte-Cazalis

Une conférence s’est tenue sur cette problématique à l’ISVV mardi soir ©  JPS

Mardi soir, à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin, l’Union des Oenologues de France avait convié de nombreux oenologues, scientifiques, responsables de laboratoires, directeurs de vignobles déjà impactés par des feux, à restituer leurs expériences et études en la matière. Pour Alain Blanchard professeur et directeur de l’ISVV ces problématiques de goûts de fumées dans les vins : « c’est un risque qui existe et est avéré. » « Cette année, c’est une alerte sur des problèmes qui peuvent revenir. »

Didier Fages, président de l’Union des Oenologues souligne que « le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la Grèce souffrent plus que nous », également les USA; c’est un problème plus vaste qui peut toucher tous « les fruits qui pourraient absorber ces phénols volatils… » Tout en rassurant, les premières analyses ont montré peu de conséquences ici, et sont même en dessous des seuils de perception de ces molécules odorantes. Mais bien sûr, « il y a le sens du vent qui rentre en jeu… »

Didier Fages, président des oenologues de France © JPS

Les retours d’expériences ont été fructueuses selon Pierre-Louis Teissedre selon « une étude canadienne les incendies émettent dans l’air ambiant une grande partie d’hydrocarbures aromatiques polycycliques. Plus de 500 composés odoriférants volatils sont contenus dans la fumée dérivée du bois ».

Pour Vincent Renouf, directeur général du laboratoire Excell :  » des notes fumées, médicinales, cendrées peuvent être perçues » dans ce qu’on appelle ces goûts de fumées. Fort heureusement, ces incendies sont arrivés très tôt, tous les vignes n’avaient pas encore connu la véraison, à la différence de la Californie en 2020 et de la Provence en 2021 (où présence de gaïacol sur mouts/raisins et vins), là sur les 400 analyses faites à date les données (à Bordeaux) sont très très rassurantes. »

La pluie tombée ces dernières semaines a pu aussi lessiver en partie les baies. Le vignoble bordelais dans son ensemble n’a quasiment pas été impacté. D’autres analyses seront sans doute effectuées sur les parcelles les plus proches des incendies après les fermentations.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Nicolas Pressigout et Léo Prévost :