Après le classement des Côteaux, Maisons et Caves de Champagne, ainsi que des Climats de Bourgogne, Côté Châteaux a enquêté sur les retombées économique et touristiques de ce type de classement. En exemple, Saint-Emilion qui fut le 1er vignoble inscrit au patrimoine mondial en décembre 1999. 25% de touristes en plus.
Une visite guidée privée à Saint-Emilion (ici devant l’église collégiale) avec l’écrivain sud-africain Deon Meyer © Jean-Pierre Stahl
En plein été, il n’est même pas 9 heures, mais déjà il y a des échappées, non pas du tour, mais du Wine Tour. Il n’est pas rare de croiser des touristes déambuler entre routes et vignes de Saint-Emilion, à la recherche de la photo ou du panorama.
Yoko de Tokyo devant le célèbre vignoble d’Ausone © JPS
Ainsi Yoko de Tokyo, accrochée à son guide touristique, nous confie: « c’est la ville du vin, très connue ! », tout en se replongeant dans ses pages…
Au petit déjeûner au Palais Cardinal, il y a ces touristes français, hôteliers eux-mêmes, qui ont adopté Saint-Emilion et se font régulièrement une petite virée dans la Cité Millénaire:
Brigitte Lecerf, Vincent Leduc et Benoît Lecerf ou quand des hôteliers viennent en vacances chez des hôteliers, ici au Palais Cardinal © JPS
C’est un très joli village, on y vient 1 à 2 fois par an. ce classement est important pour l’image de marque de la France, mais nous on y viendrait tout de même sans classement car on est amoureux du village ! » Brigitte Lecerf de Nantes.
Des touristes anglais sur la place centrale de Saint-Emilion © JPS
Sur la place centrale en haut près de l’Office de Tourisme, c’est la foule des grands jours. Les bus déversent des masses de touristes européens comme ces britanniques rencontrés ce matin. Il y a d’ailleurs des tours qui sont aussi orchestrés avec les vacanciers croisièristes depuis Bordeaux.
Un groupe de Chinois sur la place centrale de Saint-Emilion © JPS
Guy Petrus Lignac, le président de l’Office de Tourisme explique que ce classement Unesco a apporté davantage de touristes « 25% à peu près, peut-être plus, c’est difficile à comptabiliser, mais c’est vrai qu’on a fait un grand pas en avant depuis le classement. » (et pourquoi pas un petit pas pour l’homme mais un grand pas pour l’humanité ?)
Saint-Emilion et ses paysages classés depuis décembre 1999 au patrimoine mondial par l’Unesco © Jean-Pierre Stahl
Depuis que Saint-Emilion a été classé Unesco, ça nous a amené beaucoup plus de visibilité dans le monde entier », Guy Petrus Lignac Président de l’Office de Tourisme de Saint-Emilion
L’an dernier, plus de 49 nationalités différentes étaient répertoriées par l’Office de Tourisme qui comptabilise plus d’un million de visiteurs, tout en reconnaissant que tous les touristes ne passent pas forcément par l’Office. Ce qui signifie concrétement, en extrapollant un peu, que plus de 20 millions de touristes sont venus à Saint-Emilion depuis le classement Unesco.
La Tour du Roy du XIIe siècle avec un autre monument de la littérature Deon Meyer © JPS
Il y a aussi des oenotouristes célèbres, croisés par hasard, qui ont réservé une guide privée (Stéphanie Doublait de Tours By Locals) comme Deon Meyer, écrivain sud-africain: « c’est une très vieille cité dont nous avons beaucoup entendu parler…C’est le coeur et l’âme de cette région viticole française »
Le Président du Conseil des Vins de Saint-Emilion, Jean-François Galhaud, confirme cet apport: « Ca a apporté une cohésion, une union des viticulteurs qui ont pris conscience de la valeur de leur patrimoine. Tout le monde en est conscient aujourd’hui. Ca fédère toute le monde au niveau d’une m^me volonté de protéger les paysages, de cronstruire des belles choses, de respecter les existants. »
François des Ligneris a été un pionnier à proposer à sa carte à l’Envers du Décor des vins de Saint-Emilion mais aussi de Bourgogne, de Champagne… ou d’autres régions viticoles © JPS
François des Ligneris, le propriétaire du restaurant-bar à vins l’Envers du Décor souhaiterait lui encore davantage d’exigences avec ce classement et par exemple, comme il l’avait fait en tant que vigneron bio, supprimer les desherbants chimiques dans les vignes. « A partir du moment où l’on a mis ce label, on est dépositaire de ce bien… » Et ce trublion de Saint-Emilion qui fut le 1er à ouvrir un restaurant à Saint-Emilion où il proposait à sa carte l’ensemble des vins des régions viticoles de France se félicite aujourd’hui du classement de la Champagne et de la Bourgogne:
« c’est d’abord une grande joie d’être avec d’autres vignerons, d’autres territoires d’excellence, que personnellement je défends ici à l’Envers du Décor depuis plus de 28 ans. On défend d’abord les vins de Saint-Emilion en priorité, en tant qu’ancien élève de l’école maternelle de Saint-Emilion, il est normal que je continue d’avoir des devoirs… pour Saint-Emilion, toujours », précise-t-il avec malice et amusement. Et d’ajouter: « J’amerais proposer dès aujourd’hui que l’on puisse les inviter à nous rejoindre pour réfléchir à tout ce qu’on doit faire pour mériter de jour en jour ce titre merveilleux que l’Unesco nous a donné. »
« Bienvenue au paradis messieurs-dames », une acceuil chalheureux à la Didier Lambert © JPS
Partout Saint-Emilion a bénéficié de cet apport touristique. La physionomie des commerces a changé. Il y a d’abord une ribambelle de cave à vins qui marchent fort comme celle tenu par Didier Lambert (pour Jean-Luc Thunevin) qui se félicite en tant que Bourguignon du classement des Climats de Bourgogne. Mais il y a aussi quelques hôtels et restaurants qui ont aussi évolué.
Alexandre Baumard chef cuisinier du Logis de la Cadène et Guillaume Gé de Truffes Extra France © JPS
Parmi les vieilles bâtisses qui ont été rachetées et totalement restaurées il y a le Logis de la Cadène dans cette fameuse ruelle descendante de Saint-Emilion où nombre de touristes se sont cassés la figure sur ces vieux pavés multi séculaires.En cette fin de matinée, il y avait un arrivage de truffes de Gironde avec Guillaume Gé venu approvisionné le chef Alexandre Baumard.
Preuve que le patrimoine français est partout présent à Saint-Emilion et que les touristes ne s’y trompent pas: ils sont bien mieux reçus qu’à l’époque du moine Emilion qui y vécu en ermite au VIIIe siècle.
Ce qui a été récompensé lors de ces « world wine awards Decanter 2015 » à Vinexpo, c’est le choix des cépages Syrah, Négrette et Malbec savamment assemblés (50% Négrette, 25% Syrah et 25% Malbec) pour donner cette cuvée d’une typicité incroyable. Bien qu ils font un très beau travail, les Salle, ces vignerons du Tarn-et-Garonne, auteurs de cet exploit n’en reviennent toujours pas.