23 Juil

A Pomerol, la vigne commence à souffrir du manque d’eau… stress hydrique à l’horizon

Pas de panique mais le constat est là. Les jeunes plants de vignes souffrent légérement du manque de précipitations. Plus d’un mois sans une véritable averse. A Pomerol, sur certaines parcelles, les jeunes vignes accusent le coup.

Quelques feuilles jaunies,  et des © JPS

Quelques feuilles jaunies, et « des petits rameaux qui commencent à aoûter »… © JPS

Un mois sans eau, il n’y a guère que le numéro de la « boucherie Sanzot » pour en rire ! La sécheresse commence à toucher l’ensemble de la France, 60 départements ont pris des mesures de restriction d’eau. A Pomerol, ça tombe bien, l’eau on ne l’a pas vue depuis plus d’un mois. La Gironde est le département le plus sec de France…

Sophie Aribaud et Nathalie Despagne au chevet de la vigne © JPS

Sophie Aribaud et Nathalie Despagne au chevet de la vigne © JPS

Nathalie Despagne, propriétaire du château la Rose Figeac, 4 ha et demi en bio à Pomerol, constate ce manque de ressource en eau depuis 1 mois: « ça se manifeste par des feuilles qui sèchent, qui se recroquevillent, nous avons rogné pour éviter une évapo-transpiration de manière à ce qu’on réserve un maximum d’eau car la plante est en pleine croissance, et c’est vrai qu’on voit déjà les petits rameaux qui commencent à aoûter…alors que normalement c’est en août. »

Cité Arditi et Pomerol 130

Accompagnée de sa conseillère viticole, Sophie Aribaud, de l’URABLT (union régionale agricole Branne Libourne Targon), dresse le même diagnostic: « la vigne est en stress hydrique au moins depuis 15 jours, ça fait 1 mois qu’on n’a pas eu d’eau. Sur ce secteur de Pomerol, on est sur des sables profonds, avec un tout ptit peu d’argile, mais qui ne permet pas une bonne rétention de l’eau au niveau du sol. »

Nathalie Despagne devant son château la Rose Figeac en appellation Pomerol © Jean-Pierre Stahl

Nathalie Despagne devant son château la Rose Figeac en appellation Pomerol © Jean-Pierre Stahl

Et Nathalie Despagne d’ajouter: « On voit que la plupart des grappes sont stoppées, pas comme un arrêt sur images mais la maturité risque un peu d’être compromise. Pour moi, c’est pire que 2003. C’est vrai que c’est un peu inquiétant. On a une jolie vendange, mais la graine ne grossit plus, elle a besoin d’eau, c’est vrai que ça nous échappe, c’est une balance, un équilibre ».

Pomerol,  l'un des plus prestigieux vignobles de Bordeaux © JPS

Pomerol, l’un des plus prestigieux vignobles de Bordeaux © JPS

Les 5 mm de précipitations tombés sur son domaine, 12 mm un peu plus loin à Pomerol, n’ont rien changé à la donne, alors que certains autres vignobles ont pu bénéficier de 20 à 30 mm de pluie dans la nuit de mardi à mercredi.

Romain Rivière, le propriétaire du Château La Croix Taillefer © JPS

Romain Rivière, le propriétaire du Château La Croix Taillefer © JPS

A Pomerol, un peu plus loin, au château La Croix Taillefer, 5,5 ha en bio, Romain Rivière relativise: « on a un vignoble relativement sain. On a su traiter de bonne heure avant la fleur, mi-avril, on est ainsi passé à côté de la vague black rot. On a eu juste une grosse pluie avant Vinexpo ».

Des baies en partie grillées par le soleil, côté ouest © JPS

Des baies en partie grillées par le soleil, côté ouest © JPS

« Quant à la chaleur, elle est arrivée plus tôt qu’en 2003, donc ça peut avoir pour effet d’avoir des baies plus petites. Je préfère moi laisser plus de hauteur à la vigne pour qu’elle gère son stress « ; dans son vignoble, le soleil a aussi laissé sa trace… certaines grappes ont attrapé des coups de soleil, certaines baies sont grillées côté ouest.

Cité Arditi et Pomerol 148

« Après, ça nous laisse présager 1 bon potentiel mais « c’est août qui fait le mou » comme disaient les anciens…donc il faut attendre, avant de se prononcer. On ne peut qu’espérer que ça va nous donner un bon millésime comme 2005, 2009 ou… 2003 qui était un bon millésime pour nous ici à Pomerol, » conclue Romain Rivière.

Croisons les doigts pour qu’août soit clément pour Pomerol… Un nouveau millésime en 5 de garde serait bienvenu et confirmerait cette belle série pour l’appellation.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer: