Présente dans des arbustes d’ornement à Propriano en Corse, la bactérie tueuse d’oliviers, et potentiellement de vignes, a été détectée et maîtrisée cette semaine. Mais jusqu’à quand ? Elle a ravagé des milliers d’oliviers dans la région des Pouilles au sud de l’Italie, elle avait aussi été repérée à Rungis, et la voici en Corse… La vigilance de tous est requise car elle pourrait être dévastatrice pour bon nombre d’arbres fruitiers mais aussi pour la vigne. Il faut à tout prix éviter le scénario cauchemar tant en Corse que sur le continent !
Les autorités ont annoncé la mise en place d’un plan d’urgence pour tenter de stopper sa progression. Ce n’est pourtant pas le premier cas signalé en France puisque début avril un plant de caféier en provenance d’Amérique centrale (région du globe aussi infestée), a atterri sur le marché international de Rungis, dans le Val-de-Marne. Les autorités avaient alors joué la transparence et averti le 15 avril les médias.
Depuis, les autorités sanitaires françaises sont sur les dents comme l’avait confié à Côté Châteaux François Hervieu chef de service de l’alimentation Draaf Aquitaine « Le dispositif est en train de se déployer, le service est placé en alerte. Nous prenons très au sérieux cette affaire »
De ce fait, en Corse, dans le cadre de ce dispositif de prévention, la Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles (Fredon) de Corse a effectué un prélèvement le 20 juillet à Propriano, dans une zone artisanale à 70 km d’Ajaccio, un prélèvement qui s’est finalement révélé positif.
Le préfet de Corse, Christophe Mirmand, a confié au Monde : « nous nous retrouvons confrontés à ce que nous craignions depuis le début, même si nous ne sommes pas dans la situation des Pouilles, et nous devons mener l’enquête le plus vite possible ». Mais sans attendre les résultats, M. Mirmand a ordonné « l’arrachage des plantes concernées, la désinsectisation de la zone et une enquête épidémiologique ».
Par ailleurs, le préfet a convoqué en urgence un conseil régional d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (Cropsav), pour faire le point sur la situation et prendre d’autres mesures.
L’inquiétude est somme toute de mise car la bactérie a été retrouvée dans des polygales plantées depuis 2010, selon les premiers éléments d’enquête et les déclarations du directeur du centre commercial.Ce qui signifierait que soit ces plantes portaient la bactérie depuis son importation et son implantation, soit elles l’ont contractée avec des cicadelles, des insectes vecteurs.
Les services de la Fredon, renforcés en Corse doivent vérifier si ces insectes vecteurs seraient présents à proximité du lieu où se trouvaient les plantes contaminées.
« S’il s’avère que nous sommes confrontés à un foyer d’infection et non à un cas unique isolé, nous préviendrons bien sûr les autorités européennes, selon le préfet Christophe Mirmand. Et nous appliquerons le plan de lutte, soit un arrachage des plantes cent mètres autour du lieu infecté, et nous mettrons en place une surveillance accrue dans un rayon de dix kilomètres autour. »
Pour Patrick Bartoli, oléiculteur en Corse: « Si le foyer n’est pas restreint, ça va être une catastrophe, un massacre pour la Corse, aussi bien économiquement qu’écologiquement. L’île est couverte de chênes, d’oliviers sauvages, de myrte, d’agrumes. C’est toute une économie qui risque d’être touchée par la bactérie. » « Les pouvoirs publics n’ont rien fait », ajoute-il. « S’ils avaient de suite mis en place des mesures de quarantaine, en surveillant toutes les importations de plantes, on n’en serait pas là. Cela montre qu’ils s’en foutent un peu de la Corse. » Le collectif Xylella Fastidiosa réclamait« l’arrêt complet de l’importation de végétaux dans l’île », pour éviter toute contamination.
« En plus des oliviers, cette bactérie peut toucher les chênes, les amandiers, les vignes. Elle peut infecter jusqu’à 200 espèces ! Si elle pénétrait dans la région, elle pourrait décimer des forêts entières. La situation deviendrait incontrôlable, comme c’est le cas en Italie », avait prévenu Fabienne Maestracci, oléicultrice en Corse et membre du syndicat Oliu di Corsica, selon des propos rapportés par Le Figaro.
C’est en 2013, que a bactérie Xylella Fastidiosa s’est définitivement installée dans les Pouilles, au sud de l’Italie. 10 % des 11 millions d’oliviers de cette région infectés, alors que ces oliviers fournissent 12 % de la production mondiale d’huile d’olive. Cette bactérie s’attaque également aux vignes, aux agrumes, aux lauriers roses ou encore aux chênes.
«Il semble cependant que la souche européenne ne soit nuisible qu’aux oliviers», a déclaré pour l’heureThierry Candresse, directeur de recherche et pathologiste des plantes à l’Inra de Bordeaux.
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Avec le Monde , le Figaro , FranceTVInfo et Corse Net Infos.