30 enfants ont participé à cette enquête inédite et ciblée. 53 pesticides suspectés d’être des Perturbateurs Endocriniens (PE) ont été recherchés, le résultat est éloquent: 21,52 résidus de pesticides PE ont été retrouvés en moyenne et par enfant.
L’enquête vaut ce qu’elle vaut, mais prévient l’association « Générations Futures » qui l’a menée, elle n’a pas de valeur statistique significative au regard du faible nombre d’échantillons analysés. Elle porte sur l’analyse de cheveux d’une population restreinte et volontaire. Au moins, elle a le mérite de porter le débat sur la place publique.
Générations Futures est une association loi 1901, sans but lucratif et agréée par le Ministère de l’Ecologie. Cette association est spécialisée dans le question des pesticides, et en particulier sur les risques sanitaires et environnementaux associés à ces toxiques et sur les alternatives à leur utilisation. L’avant-propos étant ainsi posé, entrons dans le vif du sujet….
Générations Futures, dans son rapport EXPPERT 3, s’est intéressé à l’exposition des jeunes enfants vivant ou allant à l’école dans les zones agricoles. Un laboratoire indépendant a été mandaté pour effectuer des recherches sur une mèche de leurs cheveux. Les prélèvements, faits par leurs parents, ont été réalisés d’octobre à décembre 2013, et les analyses début 2014. 53 pesticides suspectés d’être des Perturbateurs Endocriniens (PE) ont été recherchés sur les cheveux de ces 30 enfants.
Les résultats sont les suivants: 21,52 résidus de pesticides Perturbateurs Endocriniens ont été retrouvés en moyenne par enfant ; 639 picogramme/mg de cheveux par enfant ; 35 pesticides PE ou métabolites de pesticides sur 53 retrouvés au moins une fois soit 66,03% ; enfin 13 substances sur 53 retrouvées dans tous les échantillons dont de nombreux produits interdits en usage agricole. Certains étant en revanche autorisés pour des usages domestiques ou vétérinaires.
Cette « présence de plus de 21 substances pesticides PE en moyenne dans les cheveux analysés montre bien que dans la réalité nos enfants sont exposés à des cocktails importants de ces substances… », selon François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.
Générations Futures rappelle qu’il est urgent d’agir dès aujourd’hui pour réduire l’exposition du public, et a fortiori des enfants, à ces substances PE, confortée dans sa démarche par l’adoption le 14 mars par le Parlement Européen du rapport Westlund sur la protection de la santé publique contre les perturbateurs endocriniens. La ministre de l’Écologie Ségolène Royal a présenté par ailleurs une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) visant à « protéger davantage la santé des Français et mieux anticiper les risques ».
Concernant le monde viticole pour être tout-à-fait juste, sur les 30 enfants et leurs parents volontaires, l’enquête porte au final sur 13 enfants résidant à proximité ou étant scolarisé à proximité d’une exploitation.
30 % des enfants étaient scolarisés dans une école à moins de 50 m d’une zone agricole pulvérisée par les pesticides. Pour les 70% restant, l’école est située à moins d’1 km de tels lieux. 63 % des enfants ont leur résidence principale à moins de 50 m d’une zone pulvérisée. Les 36 % restant se situent à moins de 200 m de telles zones.
Tous les producteurs en France utilisent des produits qui sont homologués par les pouvoirs publics et ne peuvent utiliser que ceux-là car il n’y a que ceux-là sur le marché. Si les pouvoirs publics doivent modifier les règles d’utilisation, nous appliquerons les règles qui nous seront imposées », selon Bernard Farges, Président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB)
Toutefois, il précise que « l’analyse n’est pas scientifique », comme le soulignaient les auteurs de l’étude. Il précise que « la vigne est une plante très fragile » (on l’a vu avec les ravages du phylloxéra). « Elle est sujette au maladies. Même les viticulteurs bio utilisent des produits pour la protéger. Par ailleurs, les conditions sont ensuite décrites sur chaque produit et les producteurs sont de mieux en mieux formés ».
Rappelons pour terminer qu’une salarié viticole a obtenu gain de cause pour avoir inhalé des pesticides. La faute inexcusable de son employeur a été reconnue par la Cour d’Appel de Bordeaux.
Reportage de Jean-François Gea, Olivier Prax, Jean-Pierre Stahl et Bernard Hostein-Aris