21 Mar

Le monde du vin aussi touché par le coronavirus, Loïc Pasquet témoigne…

Loïc Pasquet, le vigneron de Landiras qui produit Liber Pater, m’a prévenu jeudi qu’il était tombé malade dimanche, il reste à son domicile et son état s’est amélioré depuis… C’est l’occasion de recueillir son témoignage sur ce virus, cette maladie et son regard sur cette nouvelle société qui pourra découler de cette épreuve qui va toucher beaucoup de Français.

Loïc Pasquet dans son chai en juillet dernier © JPS

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Loic, comment ça va depuis ce message que vous m’avez envoyé jeudi « salut Jean-Pierre, je l’ai attrapé, ce con! » ?

Loïc Pasquet:  « Ca va beaucoup mieux depuis hier, j’ai eu les premiers symptômes dimanche, j’ai appelé le 15 et ils m’ont dit que c’était les symptômes du Covid 19, mais ils ne testent plus, si tu n’es pas un patient fragile ou ayant des problèmes de santé, sauf si tu as d’énormes symptômes… »

« Mais c’est un truc qui ne m’était jamais arrivé, quelque chose que tu ne connais pas, que tu n’as jamais eu. J’étais à Miami la semaine dernière, je pense que c’est là que je l’ai chopé, ou alors à Roissy-Charles-de-Gaulle. Dimanche, je me sentais fiévreux, mais sans trop de fièvre, nez bouché, yeux gonflés, tu tousses beaucoup, tu as l’impression que tu as les poumons qui se chargent, en glaires et tu n’arrives pas à recracher…Dans la nuit de mercredi à jeudi, je me suis mis à tousser énormément et à cracher énormément, et j’ai pu mieux respirer depuis… »

JPS: « Qu’est ce que vous ressentez par ailleurs, quel est votre quotidien et vis à vis de vos proches ? »

Loïc Pasquet: « Je suis énormément fatigué, je me lève à 11h le matin, c’est un truc qui ne m’arrive jamais, oui ça puis ça épuise énormément.Tu tournes au ralenti, je n’ai envie de rien faire. C’est pas la forme, mal aux jambes, mal aux reins, diarrhée, mais pas énormément de fièvre, c’est un truc à la con. Pour ceux qui sont fragiles, il faut qu’ils restent chez eux. Moi, je pense que je suis un cas non comptabilisé, quand ils te disent qu’il y a plus de 12 000 cas confirmés, si ça tombe il y en a 10 fois plus. Mais bon, on tombe malade, cela ne veut pas dire qu’on va mourir, mais on va se soigner… »

« Concernant ma famille, ma hantise est que ma femme tombe malade en même temps. Car comment on va faire avec nos deux gamines de 5 et 3 ans. On ne peux pas les donner aux grand-parents. Je n’ai jamais pensé que j’allais mourir, mais si je devais aller à l’hôpital et ma femme aussi, comment feraient les gamines… ? »

Loïc Pasquet avec ses amphores contenant son futur millésime 2018 en juillet dernier © JPS

JPS : « Et pour votre travail au quotidien à la vigne, où en étiez vous et comment allez-vous faire ? »

Loïc Pasquet : « Dans les vignes, il n’y a quasiment plus personne qui bosse, tout le monde est presque à l’arrêt. Tu ne peux pas reprocher aux gens de penser à leur santé, c’est humain. Moi j’ai deux salariés qui continuent, je fais tout par téléphone, ils connaissent leur travail. On n’était pas en retard. Le problème c’est que jeudi tout va avoir débourré, et la température pourrait tomber dans la nuit de mercredi à jeudi à 0°, il va falloir que je mette en route les machines « anti-gel ». Concernant les produits phytosanitaires, il n’y a plus de stock, moi il me reste un peu de cuivre. Je pense que ça va durer jusqu’à la mi-juillet cette histoire, c’est un virus, c’est un algorithme, c’est mathématique. Donc si tu ne traites pas, tu auras du mildiou. Ça tombe mal en ce moment, si cela s’était passé en été, cela aurait été différent. »

JPS : « Vous qui êtes connu du monde entier, quelle vision avez vous aujourd’hui des bouleversements qui devraient être opérés après cette épreuve et cette épidémie ? »

Loïc Pasquet : « La Chine redémarre, c’est le point positif. J’espère qu’on prendra la mesure de ce qui se passe, qu’on va revenir de l’agriculture intensive et de l’exploitation de la planète à outrance.Il faudra se poser des questions: est-il nécessaire d’avoir des fraises ou des tomates en décembre ? »

« Par ailleurs, est-ce qu’on va être capable de reproduire des médicaments, des masques en France ? Ma fille a eu la grippe en janvier, elle n’a pas eu d’antibiotique, la Chine était à l’arrêt. On est devenu trop, interdépendant.

Au niveau économique, il va y avoir non seulement des morts physiques mais économiques, quand tu n’as pas de trésorerie, tu fais comment ? Tout va être reporté sur septembre… »

« En tout cas il faut relocaliser, repartir autrement. Il faudra aussi se reposer la question sur la pollution en Chine et dans le monde, chez nous aussi avec les produits phytosanitaires,  elle fait 2,5 millions de morts alors que le coronavirus un peu plus de 3000 en Chine, officiellement.

« Et puis surtout, on a compris que notre système d’hôpitaux était complètement à genou.  On a trop fait dans l’économie de bouts de chandelles, on ne voulait pas débourser ici 40 millions, aujourd’hui ce sont des milliards qui doivent être sortis. C’est la faillite du système. L’Europe a 70 ans et on n’a réussi qu’à en faire une Europe commerciale et financière. C’est un échec. On voit maintenant qu’il n’y a pas d’Europe sanitaire, fiscale et sociale ».

« Bref un tout cohérent qui permette d’avoir une identité et faire face ensemble. La gestion a montré ce « chacun pour soi » et « sauve qui peut » ! La preuve avec le nombre de morts par pays. On voit bien que les systèmes hospitaliers ne sont pas les mêmes. Comment se fait-il qu’en Allemagne on a en pourcentage 0,2% de morts dus au coronavirus, qu’ils ont 25 000 lits en soins intensifs avec assistance respiratoire, et qu’en Italie cela monte à 8% des gens atteints ! »

JPS : « Effectivement, les soignants sont aujourd’hui en première ligne, qu’est-ce qu’ils vous inspirent ? »

Loïc Pasquet : « Je trouve que ce qu’ils font est fabuleux ! J’espère que l’Etat ne les oubliera pas et saura les remercier. Ils prennent des risques pour eux, pour leur famille pour nous soigner. Si je suis immunisé, je pourrais aller dans les hôpitaux les aider, je suis prêt à les aider si je peux à l’accueil ou ailleurs, mais bien évidemment ce n’est pas moins qui vais intuber les gens… »

« C’est pour les soignants un sacerdoce. On les applaudit tous les soirs à 20h avec les petites. On pense à eux, j’espère qu’on ne les oubliera pas. On va s’accrocher. Pour moi, c’est fait. »

On souhaite à Loïc Pasquet, ainsi qu’à tous les malades, un prompt rétablissement et on pense bien fort à nos personnels soignants, médecins, infirmières et aide-soignantes, qui aussi peuvent être touchés, et qui sont sur le front du coronavirus. Merci à eux. Et surtout #RestezChezVous, on voit encore trop d’attitudes irresponsables. Il n’y a que comme cela qu’on pourra aider nos soignants et tout le monde.

20 Mar

L’alimentation, nerf de la « guerre » contre le virus

De l’agriculteur dans son champ à la caissière de supermarché en passant par la boulangère de quartier, l’ouvrier-laitier d’une usine de fromage ou le transporteur-routier, les acteurs de la chaîne alimentaire sont stratégiques pour nourrir une population confinée à domicile et les hôpitaux, en pleine alerte sanitaire.

Les vins de Bordeaux en grande distribution, image d’illustration © JPS

1 – Quel est le poids du secteur agroalimentaire en France ?

L’agroalimentaire est le premier secteur industriel français avec un chiffre d’affaires de 176 milliards d’euros, et le premier employeur industriel avec 427.594 salariés, selon l’Ania (Association des industries agroalimentaires).

Le secteur est composé d’une myriade de petites et moyennes entreprises, beaucoup étant régionales, de quelques poids lourds mondiaux comme Danone, Lactalis ou Bel dans le lait, jusqu’à des acteurs du luxe comme LVMH qui possède quelques uns des plus grands crus classés dans le vin et de grandes marques de champagne.

S’ajoutent les coopératives qui transforment les produits agricoles (fruits, légumes, céréales, lait etc..) apportés par leurs adhérents agriculteurs.

Avec 85 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, les 2.300 coopératives fabriquent à elles seules 40% de toute l’alimentation vendue en grandes surfaces en France, soit une marque sur trois environ (Candia, Paysan Breton, Jacquet, Brossard, Père Dodu, Beghin Say, Francine, Florette, Delpeyrat, Saveol, Nicolas Feuillate, Daucy…). Au total 1,2 million de salariés travaillent de près ou de loin pour le secteur, selon l’Ania.

2 – Quelle est la situation de ce secteur vis-à-vis du confinement et des restrictions de déplacement ?

Le secteur alimentaire dans son ensemble, est exempté des restrictions de déplacement et invité à travailler. « Dans ce moment difficile pour l’ensemble des Français, la fourniture de produits agricoles et alimentaires est en effet une priorité absolue », a indiqué la première organisation d’exploitants agricoles FNSEA mardi.

Le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a appelé l’ensemble des salariés de ces secteurs à se rendre « sur leurs lieux de travail » en prenant leurs précautions, pour garantir la « sécurité économique du pays » en pleine alerte sanitaire. Outre l’agroalimentaire, il a cité la grande distribution ou les déchets. « Il faut bien que nous puissions nous nourrir, que les familles françaises puissent se rendre dans les magasins de la grande distribution et acheter des produits alimentaires », a souligné le ministre, après la décision du gouvernement de confiner les Français chez eux pour éviter la propagation du coronavirus. « Il faut que de l’agriculteur jusqu’à la grande distribution, aux commerces de détail et aux marchés, les marchandises alimentaires puissent circuler », a-t-il insisté

3 – Quels sont les problèmes sanitaires particuliers rencontrés par ce secteur ?

– Absence de masques. Seul le secteur de la santé est considéré comme prioritaire. Dans l’agroalimentaire, certains salariés sur certaines lignes de produits frais ou délicats sont équipés de bonnettes et de masques, mais ce n’est pas le cas des livreurs, ni de tous les caissiers. « Notre objectif, c’est d’éviter que l’inquiétude puisse grandir », a déclaré à l’AFP Richard Girardot, président de l’Ania, pour qui « c’est clair qu’à un moment il faudra répondre positivement à cette demande des individus, des salariés et des organisations syndicales », concernant les masques.

L’Ania a ciblé quatre sociétés en France qui pourraient fournir des masques en tissu. Mais en attendant, ses adhérents s’efforcent d’être « créatifs », détournant des charlottes pour en faire des masques ou achetant des bandanas pour protéger le visage des employés.

– Contrôles policiers: Plusieurs acteurs du secteur ont fait état de difficultés rencontrées par les chauffeurs pour circuler du fait de contrôles de police ou pour accéder aux sanitaires lors de leurs livraisons. Les routiers n’ont plus de restaurants-routiers ouverts sur leurs parcours, ni de douches, ce qui complique singulièrement leur travail.

4 – Y a-t-il un risque de pénurie ?

Les acteurs de l’agroalimentaire interrogés par l’AFP sont unanimes: à ce jour, le risque de pénurie alimentaire est nul. « A ce jour, il n’y a pas de problème de production », a affirmé M. Girardot à l’AFP. « On tient le maximum de 10% d’absentéisme, ce qui ne déséquilibre pas les processus de production », a-t-il indiqué, évoquant le chiffre de 8% d’absentéisme depuis le confinement. « Aujourd’hui, il n’y a pas de problème de stocks, il n’y aura pas de problème d’approvisionnement, et il n’y aura pas de problème de rupture pour le consommateur », indiquait lundi le PDG du groupe Panzani, Xavier Riescher.

« Nos salariés sont mobilisés pour assurer la continuité de la chaîne alimentaire et assurer l’approvisionnement des magasins alimentaires, en France et en Europe », a indiqué pour sa part le groupe fromager Savencia, fabricant des Caprice-des-Dieux, Tartare et Saint-Albray, entre autres.

AFP

18 Mar

La Société Ricard fait un don de 70 000 litres d’alcool pur pour permettre la fabrication de gel hydroalcoolique

Qui se souvient d' »un Ricard sinon rien »… Eh, bien cette vieille pub pourrait être remise au goût du jour, avec ce geste de la société Ricard, qui ce jour annonce mettre à disposition du laboratoire Cooper des stocks d’alcool pur, face au risque de pénurie, afin de permettre la fabrication de gel hydro alcoolique, pour faire face au #coronavirus . 

Au lendemain de la mise en application du confinement en France, le groupe Pernod Ricard veut faire preuve de solidarité et mobilise ses forces partout dans le monde pour faire face à la pénurie de gel hydro alcoolique.

Dans le contexte compliqué de manque de tout, de masques, de gel hydro alcoolique (tant pour les soignants que pour les particulier qui doivent plusieurs fois par jour s’en passer sur les mains et se les frotter durant 30 secondes (un lavage de mains est aussi efficace mais au moins 1 à 3 minutes), Ricard a décidé de faire don de 70 000 litres d’alcool pur au laboratoire Cooper, l’un des leaders français de produits de santé au quotidien et fournisseur de gels hydro alcooliques en pharmacie.

Ce don devrait permettre la fabrication d’1,8 millions de flacons de 50 centilitres. La livraison devrait intervenir demain ou après-demain vers ce la moratoire. Le laboratoire Cooper s’est par ailleurs engagé à reverser l’équivalent du don à des associations en lien avec la santé.

Le PDG Alexandre Ricard, de Pernod Ricard a commenté: « Alors que le monde affronte une pandémie majeure, les entreprises doivent se mobiliser pour garantir la sécurité de leurs salariés mais aussi pour contribuer aux efforts collectifs en fonction de leurs capacités. En partageant nos ressources et en mettant à disposition notre outil de production ou nos stocks d’alcool partout où cela sera utile, nous voulons soutenir nos concitoyens et les autorités locales dans ce contexte exceptionnel. Je remercie tous nos collaborateurs qui ont travaillé dur partout dans le monde en un temps record pour permettre la réalisation de ces opérations. »

Par ailleurs, dans d’autres pays où est présent le groupe Pernaud Ricard,  ont lieu des initiatives similaires dans ces pays comme en Suède avec Absolut Vodka, aux USA en Arkansas avec Pernaud Ricard et dans d’autres distilleries du groupe, de même en Espagne, en Irlande et au Royaume-Uni.

Dimanche dernier, Bernard Arnault annonçait que son groupe LVMH apportait aussi son soutien aux personnels soignants : il promettait de mettre à profit ses usines de parfums  pour produire du gel hydroalcoolique destiné aux hôpitaux.

17 Mar

#Coronavirus : recours aux forces de police pour accompagner le confinement

Quand la capitale du vin passe du Bordeaux aux bleus… Cet après-midi, de très nombreux policiers ont été déployés sur le terrain pour vérifier que les gens commencent à rester chez eux. C’est obligatoire depuis ce midi et pour 15 jours au minimum pour éviter la propagation du coronavirus. Ne pourront se déplacer que de manière dérogatoire les gens munis de l’attestation de déplacement dérogatoire.

Démarrage à 13 heures place de la Bourse des contrôles avec la FMUD © JPS

A 13h, les forces de l’ordre ont procédé au Miroir d’Eau et sur les quais de Bordeaux aux premiers contrôles… Un dispositif impressionnant avec les motards de la FMUD Formation Motocycliste Urbaine Départementale de la Gironde et la Compagnie Départementale d’Intervention.

Aujourd’hui c’était avant tout pour informer et contrôler les attestations des gens, demain il y aura des PV qui seront dressés à 38€ puis rapidement à 135 €. Ce déploiement fait partie des mesures prises après le discours du Président Macron d’hier soir qui demande désormais aux Français de rester chez eux.

Le Commandant de Police qui coordonne l’opération confie : « On est là pour faire de la formation, de la prévention,leur dire qu’il y a un dispositif mis en place de confinement, avec des exceptions comme pouvoir sortir faire ses courses, pouvoir s’aérer un petit peu mais jamais regroupé, des exceptions permanentes pour des gens qui ont une nécessité absolue d’aller travailler, mais ce sont des professions qui sont listés…Pour toutes ces raisons, nous avons ces fameuses attestations que l’on doit avoir pour chaque déplacement. » (Si vous avez besoin d’une attestation à télécharger, c’est ici)

 

La rue Sainte-Catherine habituellement vivante et noire de monde était sous cloche, vidée de toute vie ce midi © JPS

Un peu plus loin, ce sont des contrôles des piétons, promeneurs ou jogueurs qui sont opérés sur les quais de Bordeaux par la Compagnie d’Intervention. Là aussi, ils doivent présenter une attestation de déplacement, sinon les policiers leur en fournissent une, de manière exceptionnelle.

Voici la réaction d’une mère de famille qui revenait du skate-park avec son enfant, une réaction de bon sens : « Le confinement, c’est nécessaire en fait, je pense que nous les Français on a eu tendance à faire ce qu’on voulait, moi-même j’avoue que je me suis dit que cela allait passer mais en fait non, les Italiens nous ont prévenu qu’on ne prenait pas la mesure… » Un autre joggeur : « apparemment, c’est nécessaire, c’est bien, par contre je crois qu’il ne faut pas céder à la morosité, à la peur, je crois qu’il faut rester positif, humain… »

A midi, il y avait encore quelques promeneurs et des touristes qui se promenaient devant la place de la Comédie, comme ces Américains de l’Arkansans qui ont été obligés d’écourter leur séjour, lui travaille aussi pour Dassault Aviation : « maintenant on doit partir, notre hôtel nous a demander de passer à la réception aujourd’hui… »

Il en va de la santé de tous et surtout c’est un soutien sans faille qu’il faut apporter à nos personnels de santé qui sont en première ligne et qui vont voir les services de réanimation de plus en plus sollicités. En France, il n’y avait pour l’heure que 5000 places, celles-ci pourraient être doublées voire triplées comme l’ont confirmé hier soir des responsables de l’AP-HP et de l’Hôpital Pompidou à Paris, mais il ne faudrait surtout pas que cela devienne totalement incontrôlable. Il en va de la responsabilité de tous : #restezchezvous

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sylvie Tuscq-Mounet, Eric Delwarde et Rémi Grillot :

Après le discours du Président Macron, Bordeaux s’apprête à redevenir la belle endormie…

C’est l’image du jour: la place de la Comédie vide, avec un petit groupe de touristes russes qui profite de ces derniers instants pour visiter Bordeaux qu’ils portent dans leur coeur.

C’est une drôle de période que la capitale du vin et du tourisme s’apprête à vivre. Le confinement arrive à partir de midi, même si quelques dérogations vont pouvoir exister pour se déplacer pour des motifs médicaux, familiaux pour assister des aînés, ou encore pour aller chercher des denrées alimentaires. Une attestation à télécharger sur le site du gouvernement.

Tout le monde a bien compris qu’à partir de midi il va falloir rester chez soi; comme ce groupe de touristes russes qui avait prévu de longue date de visiter Bordeaux avec Roman Tatarov, guide de Taste & Travel : « on essaie de mettre des masques, je leur ai donné des masques aussi, jusqu’à midi il faut vite qu’on le fasse, les pauvres ils sont venus de Moscou et de Saint-Petersbourg exprès, et maintenant je ne vais pas les abandonner comme cela… »

Ce sont donc les derniers instants où les gens peuvent un peu en profiter… Ce week-end tout le monde était de sortie avec le beau temps, trop de monde, ce qui a finalement fait accélérer aussi ces mesures, dès hier les parcs et jardins de Bordeaux ont été fermés, après la fermeture dimanche à minuit de tous les commerces,  car il faut retarder le plus possible la propagation du #coronavirus.

#RestezChezVous

16 Mar

Annulations en chaîne, du fait du coronavirus : la série continue…

Il fallait s’en douter, tous les organismes, syndicats viticoles, châteaux et autres annulent les uns après les autres leurs manifestations à venir. Certains ayant espéré pouvoir continuer même en dessous du seuil de 100 ou 50 personnes, mais là avec les déclarations du Premier Ministre, du Directeur de la Santé et ce soir à 20 heures de celle du Président Macron, il est plus sage d’annuler ou différer ces événements pour éviter d’amplifier encore la propagation du Covid-19.

  • Organisées par la Maison du Tourisme et du Vin avec le concours du Conseil des Vins du Médoc, les Portes Ouvertes des Châteaux du Médoc prévues les 4 et 5 avril sont annulées et « reportées à une date ultérieure mais non connue à ce jour ». Jusqu’à ce week-end les organisateurs pensaient pouvoir continuer, mais on apprend aujourd’hui que cet événement qui associait 82 châteaux du Médoc est annulé.
  • Les Vins de Graves annoncent aussi l’annulation de la Présentation du Millésime Graves 2019 prévue lundi 30 mars, dans le cadre des Primeurs à Bordeaux. « À la suite des différentes mesures prises par le gouvernement pour freiner la propagation du COVID – 19, la présentation du millésime 2019 est annulée. Cet évènement phare de notre appellation, devait se tenir le lundi 30 mars au Palais de la Bourse de Bordeaux, en présence de 52 vignerons. Nous mettrons tout en œuvre pour vous proposer une nouvelle dégustation de ce beau millésime, une fois la situation sanitaire apaisée. » 
  • Millésima annonce aussi l’annulation de la dégustation Panorama du 24 mars et donne rendez-vous l’année prochaine pour la 32e dégustation Panorama Primeurs. En attendant Millésima commente « je vous souhaite d’ouvrir de beaux flacons afin de supporter l’éloignement social ».
  • Château Guiraud a pris « naturellement la décision de fermer son pôle oenotouristique et annule tous ses événements immédiatement et jusqu’à nouvel ordre, suite à la situation imposée par le Covid-19″
  • Le Grand Cercle des Vins de Bordeaux a également prévenu : « face aux incertitudes actuelles et pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous sommes au regret de vous annoncer l’annulation de l’ensemble de nos événements primeurs 2019, initialement prévus du 24 mars au 1er avril 2020″. 
  • La Cité du Vin de Bordeaux a aussi annoncé avoir « fermé ses portes jusqu’à nouvel ordre », et « les événements et ateliers qui y étaient programmés sont aussi annulés », comme « Elles font Bouger le Vin », prévu le 19 mars. « Pour autant, la mission de partage de la culture du vin ne s’arrête pas ! Afin d’apporter un peu d’évasion et de distraction durant cette période délicate, la Cité du Vin mettra à disposition, en accès libre et totalement gratuit, des contenus culturels autour des cultures et des civilisations du Vin sur son site internet, sa page Facebook et son compte Instagram ».

15 Mar

#Coronavirus : depuis minuit, cafés, bars à vins, restaurateurs sont fermés, une décision à laquelle tous s’attendaient mais pas de cette manière…

Edouard Philippe l’a annoncé hier soir avant 20h, l’ensemble des commerces, les cafés, restaurants et autres enseignes non alimentaires ou indispensables, à l’exception des bureaux de presse et tabacs sont fermés à compter du 15 mars à 0h. Les commentaires recueillis des patrons de ces établissements vont certes de la compréhension mais aussi à la déception voire de la colère car il n’y a pas eu de concertation avec eux.

Pascal Pressac le chef cuisinier de la Grange aux Oies à Nieuil © JPS

La France va vers un confinement, enfin pas pour la tenue des municipales. Interrogés ce matin par Côté Châteaux, Pascal Pressac, chef cuisinier de la Grange aux Oies à Nieuil en Charentecommente la mesure:  « Le fait qu’on nous fasse fermer nos établissements, on s’y attendait, mais ce qui est terrible, c’est la manière avec laquelle cela a été fait:

Nous prévenir à 20 heures pour une fermeture à minuit, ça c’est limite quand même, » Pascal Pressac, Président des Tables Gourmandes de Poitou-Charentes.

« On n’a pas consulté les syndicats professionnels, permis de gérer nos stocks, prévenir nos clients et personnels. Je suis un peu déçu, tout en sachant aussi qu’aucune disposition n’a été prise pour la fermeture des bureaux de vote ou pour les dépouillements, cela me laisse un peu aigri. »

« Que l’on penne des dispositions, je suis tout-à-fait d’accord, mais que l’on apprenne par un flash info la nouvelle, je trouve cela léger, on n’a eu aucune info officielle, aucune consultation de qui que ce soit », précise Pascal Pressac tout en m’affirmant : « j’ai recueilli les mêmes sentiments de mes adhérents. L’un d’eux a même été contrôlé à 0H05 à Monmorillon dans son établissement par les gendarmes. Cela a été très courtois. Il avait déjà fermé et buvait un verre avec son équipe, mais enfin les contrôles sont mis en place. »

Hervé Valverde, qui gère depuis plus de 30 ans le Bistro du Sommelier avec une carte de vins de Bordeaux remarquable © JPS

A Bordeaux, Hervé Valverde, sommelier et figure bien connue qui gère son « Bistro du Sommelier depuis plus de 30 ans dans le quartier Mériadeck me confie : « l’annonce même si elle était prévisible a été brutale …. couvre feu à minuit. Après une nuit à mal dormir , j’ai mis à 8h10 mon bulletin dans l’urne…. puis direction le resto pour voir les frigos: ouf j’ai de la came pour soutenir un siège de plusieurs semaines… La situation est dramatique et peu- être désespérée pour d’autres que moi ….

Personne ne parle de la reprise quand ? Comment ? Après une semaine d’arrêt , il faut compter près 3 semaines pour retrouver un rythme normal, donc plusieurs semaines d’arrêt après un choc énorme », Hervé Valverde du Bistro du Sommelier.  

Et Hervé Valverde de continuer « J’ai une profonde pensée pour certains de mes fournisseurs artisans …. qui souffrent souvent depuis plusieurs années, la volaille, le cochon, la viande, les huîtres ….  Le problème majeur, c’est aussi le côté anxiogène des réseaux sociaux, tout le monde détient la vérité et comme s’il semblait que l’on ne nous dit pas tout …. L’avenir s’assombrit. »

Chez les cavistes, Guillaume Cottin Pdg de la Vinothèque de Bordeaux: « on a fermé la Vinothèque samedi, cela s’est passé très vite, l’annonce a eu lieu à 19h30, on a fermé à 19H30 et cela ne réouvrira pas jusqu’à nouvel ordre. Ce lundi matin, alors que certains se posaient des questions vu que ce sont des commerces alimentaires, par un arrêté du Ministre de la Santé voici la clarification, il autorise “l’ouverture des commerces de détail de boissons en magasin spécialisé” dont font partie les cavistes. Mais nombre de cavistes ont choisi de rester fermés.

« Chez Dubos, le salariés sont venus prendre leur ordinateur ce matin pour le télétravail et vont être confinés chez eux. On a tout de même reçu une commande de Chine ce matin…Sur internet o peut encore commander et livrer pour l’instant, mais je pense que cela ne va pas durer très très longtemps.  On n’est quand même pas des produits de 1ère nécessité, quoique, les personnes vont toujours pouvoir continuer à acheter, notamment du vin, dans les supermarchés ».

« Quant au report des primeurs, il était temps qu’il arrive, cela n’empêchera pas de faire une campagne en juin. A cette heure, la Vinothèque a mis son personnel en chômage partiel, c’est beaucoup plus grave pour les restaurants et les cafés. En tout cas, on va préparer l’avenir, quand cela ira mieux il va y avoir une folie au niveau de la consommation… »

14 Mar

#Coronavirus : des annulations en cascade dans le monde du vin

C’est une semaine qui a vu les choses s’accélérer avec l’interdiction des rassemblements de plus de 1000 personnes dimanche soir, interdiction ramenée vendredi matin à 100 personnes. Du coup nombre de manifestations sont tombées les unes après les autres, certaines espérant encore en milieu de semaine et puis finalement non. Bref, à l’image de l’économie qui va tourner au ralenti, le monde du vin tend le dos, en espérant qu’au delà des manifestations, ce ne soit pas toute le filière qui chute…

RETOUR SUR LES DEUX DERNIERES SEMAINES FOLLES

ProWein a quasiment ouvert le bal le 29 février en annonçant le report du salon qui devait se tenir du 15 au 17 mars, une annulation au final, car le salon se tiendra l’an prochain en mars 2021. Vinexpo de son côté avait déjà un plan B dans les tiroirs depuis début février pour reporter Vinexpo Hong-Kong et pensait à un report en juillet, acté le 2 mars

Le Salon des Vignerons Indépendants de Bordeaux a pensé dans un premier temps pouvoir maintenir le salon de Bordeaux du 13 au 15 mars et celui de Paris Porte de Champerret, comme l’avait confié en exclu Cédric Coubrisà Côté Châteaux le 5 mars dans la mesure où l’on en était encore à une jauge à moins de 5000 personnes rassemblées en même temps. Et patatras, l’annonce du Ministre de la Santé dimanche dernier de ramener cette limite à 1000 personnes a fait s’envoler tout espoir de salon, Bordeaux et Paris ont été annulés lundi pour ces dates et reportés en juin pour Bordeaux, au moment de la fête du vin, comme me l’a confirmé dès le lendemain midi Cédric Coubris le président des Vignerons Indépendants de Gironde.

Des interrogations se sont faites jour aussi en début de semaine avec la fameuse Semaine des Primeurs, prévue du 30 mars au 2 avril. Période des primeurs qui déjà a vu quelques dégustations se tenir comme avec les Fronsac et Canon-Fronsac, les Sauternes ou encore les Cadillac…L’Union des Grands Crus qui tenait son assemblée générale a bien voulu jouer la transparence et gérer en temps réel cette situation. Avec courage, Ronan Laborde m’a confirmé mercredi après-midi le maintien de la Semaine, mais avec de nombreux bouleversements, une signalétique partout avec des distributeurs de gels hydro-alcooliques, un service de verres uniques, etc et annonçait que toutes les soirées seraient annulées. Et finalement, ce vendredi matin, après le discours du Président Macron et l’annonce du Premier Ministre de ramener l’interdiction des manifestations à 100 personnes,  l’UGCB a été de facto obligée de suspendre la Semaine des Primeurs…

LES ANNULATIONS SE SONT POURSUIVIES VENDREDI

A son tour le Syndicat Viticole de Pessac-Léognan et son président Philibert Perrin, ont décidé « tout comme l’Union des Grands Crus de Bordeaux, de reporter à des dates ultérieures la Soirée co-organisée avec l’Union des Crus Classés de Graves, prévue le dimanche 29 mars au Palais de la Bourse, ainsi que la présentation du Millésime 2019 du lundi 30 mars au Château Latour-Martillac ».

De même pour le Domaine de Chevalier « contraint d’annuler la présentation du millésime 2019 du Clos des Lunes qui devait avoir lieu jeudi 19 mars au Palais de la Bourse, étant donné la situation sanitaire actuelle »…

Dans l’Entre-deux-Mers, où on ne prend généralement pas l’eau, mais là le le Top Vin de l’AOC E2M prévu le lundi 23 mars prochain, est reporté comme l’a annoncé Frédéric ROGER, tout en précisant que « la date de report reste à fixer » ou  alors l’,« annulation est envisagée pour 2020 ».

A noter aussi « le report de Saint Mont Vignoble en Fête suite à l’arrêté ministériel du 9 mars concernant le Covid-19. Initialement prévu du 27 au 29 mars, l’événement incontournable du Sud-Ouest, présenté par Plaimont, se déroulera au même moment que Saint Mont Vignoble en Course les 18, 19 et 20 septembre 2020 ».

Et c’est aussi sans compter tous les autres événements en France annulés ou reportés… On croise les doigts pour toute la filière. Et on espére que chez eux les gens vont continuer à apprécier le vin… Car le jour où les commerces cavistes et restaurants vont être fermés, si cela arrive comme en Italie, cela va faire mal.

CERTAINS DEGUSTATEURS POURTANT PRESENTS A BORDEAUX

Même si la Semaine des Primeurs est suspendue, de grands noms de la dégustation continuent de venir dans le Bordelais. Ainsi le Suisse Yves Beck est présent depuis deux semaines et a prévu de rester jusque fin avril : « pour moi, pas grand chose ne change, vu que j’ai pas mal de rendez-vous individuels, mais bon certains châteaux ont même annulé ces visites individuelles. Ensuite, je déguste beaucoup dans les laboratoires, ce qui n’est pas un problème et je suis en train de chercher des alternatives pour les vins que je dégustais avec l’UGCB. Et puis, j’ai rendez-vous avec des négociants, je pense qu’ils vont prendre le relais. Donc il y a du boulot. En tout cas, il y a une très belle maturité des cabernets. Quant à savoir si le Beckustator a des craintes: « je suis prudent, la peur n’est pas bonne conseillère. Je me désinfecte régulièrement les mains.J’ai mon propre verre de dégustation et  j’évite les poignées de mains et embrassades. Donc, ça se passe pas mal, mais on ne sait pas comment ça sera dans 10 jours. Je compte déguster au moins 650 vins, 800 si tout va bien. Ce sera 200 à 300 de moins que d’habitude. » Merci à Yves Beck pour ses commentaires, « aaaatttaaaqqquuueee » comme il aime à dire, bon courage à lui et aux autres critiques.

13 Mar

#Coronavirus : la Semaine des #Primeurs est finalement suspendue à #Bordeaux !

La nouvelle est tombée ce matin, l’Union des Grands Crus de Bordeaux a finalement décidé de suspendre la semaine des Primeurs concernant la dégustation du millésime 2019; le Premier Ministre ayant interdit les rassemblements de plus de 100 personnes, l’UGCB ne pouvait pas faire autrement, concernant la fréquentation de ces différents lieux de dégustations. Confirmation du président Ronan Laborde auprès de Côté Châteaux.

« On suspend les dégustations et les visites de l’UGCB sur les Primeurs 2019… C’est une décision qui a été prise ce matin. C’est une mesure solidaire avec les décisions prises par le gouvernement. La priorité,c’est quand même la santé des visiteurs et de nos collègues », voici les commentaires de Ronan Laborde à chaud après la décison ce matin de l’UGCB et de ses membres. « Il n’y aura donc pas de primeurs 2019, on parle de suspension, car on pense les reporter un peu plus tard quand la situation se sera améliorée… »

Dans un communiqué envoyé aux participants ce matin,l’Union ajoutait : « nos équipes travaillent actuellement à l’élaboration de solutions qui nous permettront de faire déguster le millésime 2019 à une date ultérieure. Nous les détaillerons dès qu’une évolution positive du contexte le rendra opportun.

Dans l’immédiat, nous allons tous – individuellement et collectivement – nous employer à mettre en œuvre les recommandations de nos autorités pour faire face à la situation, en prenant soin de nos proches et dans un esprit solidaire.

Nous tenons à remercier tous les professionnels – négociants, acheteurs, journalistes, amoureux du vin – qui cette année encore s’apprêtaient à nous honorer de leur présence. Nous savons que dans la période que nous traversons, tous comprennent notre décision et la partagent ».

« Nous souhaitons aussi adresser nos remerciements à toutes les équipes, qui au cours des mois passés se sont consacrées avec passion et sans compter leurs efforts à la préparation de cet évènement.

Cette suspension est une réponse adaptée à un contexte exceptionnel. Notre souhait est que nous puissions très vite nous retrouver autour du millésime 2019″.

Cette annonce intervient moins de 2 jours après la volonté affichée de l’Union des Grands Crus de maintenir la Semaine des Primeurs, que nous avions suivie en exclu pour France 3 et Côté Châteaux, une décision malgré tout courageuse, mais c’était sans compter l’épidémie qui arrive à grand pas dans le pays… Une situation dont il fallait se douter au regard de ce qui se passe en Italie et de la courbe ascendante que l’on devrait connaître en France. La vérité d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui ou comme on disait à l’armée, ordre, contre-ordre…

12 Mar

Commercialisation des vins de Bordeaux : un recul de 12 % en volume et de 4% en valeur en 2019

Mardi, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux tenait sa conférence de presse annuelle à Paris concernant les évolutions de la filière et la commercialisation des vins de Bordeaux. En 2019, 4,15 millions d’hectolitres soit l’équivalent de 553 millions de bouteilles ont été vendus (-12% en volume) pour 3,9 milliards d’euros (-4% en valeur). 

Les vins de Bordeaux en grande distribution © JPS

En 2012, il se vendait 23 bouteilles de Bordeaux par seconde dans le monde, en 2019 ce sont 18 bouteilles qui se sont écoulées. 5 de moins. Comme le souligne le CIVB, la faible récolte de 2017 (-39% en volume) a eu un impact et s’est fait ressentir notamment en 2019, mais l’explication ne se résume pas qu’à cela, les causes sont multiples sur les marchés à l’export et en grande distribution, et finalement la casse a été limitée.

EN FRANCE, UN REPLI DE 10% EN GRANDE DISTRIBUTION

Il faut tout de même rappeler que 56% des vins de Bordeaux sont encore vendus en France : 48% en grande distribution et 9% en hard discount et 43% par les circuits traditionnels comme les cavistes, la restauration, l’hostellerie… L’an dernier, les ventes en GD ont moins marché, il y a eu un recul notamment sur les FAV Foires aux Vins et des changements d’habitudes, moins de fréquentation en GD, moins de viande consommée et donc moins de rouge aussi, et toujours un léger effritement de la consommation habituelle… Ce sont ainsi 130 millions de bouteilles qui ont été vendues en grande distribution, en repli de -10% en volume et -9% en valeur.

A noter, deux tendances positives en GD, les ventes de vins en AOP Bio ont progressé de 7% et les crémants de Bordeaux en hausse de 19% en volume.

A L’EXPORT, UN RECUL DE 4% EN VOLUME MAIS STABLE EN VALEUR

L’analyse des chiffres export fait dire que la casse a été limitée au global, quand on sait que la Chine, 1er marché à l’export pour les vins de Bordeaux (Chine+Hong Kong+Macao) a reculé de -18% en volume avec 56 millions de bouteilles et 573 millions d’euros de chiffre d’affaire (-12% en valeur).

Les Etats-Unis (1er pays consommateurs de vin au monde) ont affiché de bons résultats jusqu’au fameux 18 octobre 2019, avec la mise en place de la taxe Trump de +25%, ce qui s’est traduit aussitôt sur le mois de novembre 2019 par -24% en volume et -46% en valeur. Mais sur l’année globale, le recul n’est que de -1% avec 26 millions de bouteilles et une progression de  +5% en valeur avec 294 millions d’euros.

Concernant le Royaume-Uni (3e marché à l’export), les volumes sont restés stables avec 24 millions de bouteilles et avec une progression de +15% en valeur. L’effet Brexit ne s’est pas fait ressentir ou alors il y a eu peut-être des achats en amont. Avec les liens étroits que Bordeaux entretient depuis plusieurs siècles, Bordeaux reste le 1er marché des vins d’AOP français au RU avec 24%.

4e marché, la Belgique a légèrement moins acheté de Bordeaux -3% en volume avec 23 millions de bouteilles et un recul de 6% en valeur avec 112 millions d’euros.

L’Allemagne (5e pays) en revanche a progressé +5% en volume avec 21 millions de bouteilles pour 113 millions d’euros (-6%).

Au Japon (6e pays à l’export), là aussi une progression de +8% en volume avec 20  millions de bouteilles et en valeur +7% avec 121 millions d’euros.

Ces chiffres au global montrent les difficultés de la filière, notamment pour les petits qui ont eu du mal à vendre leur vrac, mais pas que, tous les Bordeaux ont été touchés à des degrés divers. Il reste des efforts à faire qui ont été entamés notamment en dépoussiérant l’image des Bordeaux: il y a eu cette fameuse opération la Tournée des Vins de Bordeaux pour la Saint-Vincent les 24 et 25 janvier…2020, une opération à réitérer, et puis des efforts en matière environnemental qui sont en cours (avec 65% du vignoble certifié par une démarche environnementale). Il y a toujours discussion entre les défenseurs du bio et ceux qui ont reçu des certifications HVE; Bordeaux s’était engagé à réduire fortement les pesticides, or en 2018 il y a eu une augmentation de +15% de produits phytosanitaires avec les attaques de mildiou. Le CIVB invite à éviter dorénavant le recours au produits CMR que les associations réclament depuis des années, il signale une diminution en 10 ans de 30% à 10%.