Mardi, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux tenait sa conférence de presse annuelle à Paris concernant les évolutions de la filière et la commercialisation des vins de Bordeaux. En 2019, 4,15 millions d’hectolitres soit l’équivalent de 553 millions de bouteilles ont été vendus (-12% en volume) pour 3,9 milliards d’euros (-4% en valeur).
En 2012, il se vendait 23 bouteilles de Bordeaux par seconde dans le monde, en 2019 ce sont 18 bouteilles qui se sont écoulées. 5 de moins. Comme le souligne le CIVB, la faible récolte de 2017 (-39% en volume) a eu un impact et s’est fait ressentir notamment en 2019, mais l’explication ne se résume pas qu’à cela, les causes sont multiples sur les marchés à l’export et en grande distribution, et finalement la casse a été limitée.
EN FRANCE, UN REPLI DE 10% EN GRANDE DISTRIBUTION
Il faut tout de même rappeler que 56% des vins de Bordeaux sont encore vendus en France : 48% en grande distribution et 9% en hard discount et 43% par les circuits traditionnels comme les cavistes, la restauration, l’hostellerie… L’an dernier, les ventes en GD ont moins marché, il y a eu un recul notamment sur les FAV Foires aux Vins et des changements d’habitudes, moins de fréquentation en GD, moins de viande consommée et donc moins de rouge aussi, et toujours un léger effritement de la consommation habituelle… Ce sont ainsi 130 millions de bouteilles qui ont été vendues en grande distribution, en repli de -10% en volume et -9% en valeur.
A noter, deux tendances positives en GD, les ventes de vins en AOP Bio ont progressé de 7% et les crémants de Bordeaux en hausse de 19% en volume.
A L’EXPORT, UN RECUL DE 4% EN VOLUME MAIS STABLE EN VALEUR
L’analyse des chiffres export fait dire que la casse a été limitée au global, quand on sait que la Chine, 1er marché à l’export pour les vins de Bordeaux (Chine+Hong Kong+Macao) a reculé de -18% en volume avec 56 millions de bouteilles et 573 millions d’euros de chiffre d’affaire (-12% en valeur).
Les Etats-Unis (1er pays consommateurs de vin au monde) ont affiché de bons résultats jusqu’au fameux 18 octobre 2019, avec la mise en place de la taxe Trump de +25%, ce qui s’est traduit aussitôt sur le mois de novembre 2019 par -24% en volume et -46% en valeur. Mais sur l’année globale, le recul n’est que de -1% avec 26 millions de bouteilles et une progression de +5% en valeur avec 294 millions d’euros.
Concernant le Royaume-Uni (3e marché à l’export), les volumes sont restés stables avec 24 millions de bouteilles et avec une progression de +15% en valeur. L’effet Brexit ne s’est pas fait ressentir ou alors il y a eu peut-être des achats en amont. Avec les liens étroits que Bordeaux entretient depuis plusieurs siècles, Bordeaux reste le 1er marché des vins d’AOP français au RU avec 24%.
4e marché, la Belgique a légèrement moins acheté de Bordeaux -3% en volume avec 23 millions de bouteilles et un recul de 6% en valeur avec 112 millions d’euros.
L’Allemagne (5e pays) en revanche a progressé +5% en volume avec 21 millions de bouteilles pour 113 millions d’euros (-6%).
Au Japon (6e pays à l’export), là aussi une progression de +8% en volume avec 20 millions de bouteilles et en valeur +7% avec 121 millions d’euros.
Ces chiffres au global montrent les difficultés de la filière, notamment pour les petits qui ont eu du mal à vendre leur vrac, mais pas que, tous les Bordeaux ont été touchés à des degrés divers. Il reste des efforts à faire qui ont été entamés notamment en dépoussiérant l’image des Bordeaux: il y a eu cette fameuse opération la Tournée des Vins de Bordeaux pour la Saint-Vincent les 24 et 25 janvier…2020, une opération à réitérer, et puis des efforts en matière environnemental qui sont en cours (avec 65% du vignoble certifié par une démarche environnementale). Il y a toujours discussion entre les défenseurs du bio et ceux qui ont reçu des certifications HVE; Bordeaux s’était engagé à réduire fortement les pesticides, or en 2018 il y a eu une augmentation de +15% de produits phytosanitaires avec les attaques de mildiou. Le CIVB invite à éviter dorénavant le recours au produits CMR que les associations réclament depuis des années, il signale une diminution en 10 ans de 30% à 10%.