21 Juin

Conférence sur le Brexit à Vinexpo : après le séisme de l’an dernier, le monde du vin peut-il être rassuré ou au contraire très inquiet ?

Le Brexit était cette semaine au coeur des préoccupations, à Vinexpo qui a consacré à ce sujet un plateau d’experts de haut niveau, avec un débat de plus d’une heure trente animé par ma consoeur Jane Anson, journaliste pour Decanter.

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Depuis 1 an, le vin n’a jamais été aussi cher au Royaume-Uni où les prix ont augmenté de +3% au premier trimestre 2017. Le prix moyen d’une bouteille de vin en Grande-Bretagne vient d’atteindre 5,56 livres soit 6,4 euros. La conséquence est que les Britanniques ont commencé par vendre leurs stocks, juste après l’adoption du Brexit.

L’effet immédiat était de vendre beaucoup de stocks avec la dépréciation de la livre sterling, mais dans le long terme ça va beaucoup compliquer l’acte d’achat », Jane Anson Journaliste Anglaise.

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« Dans moins de 2 ans, on va quitter l’Europe, ce que j’espère beaucoup c’est qu’on va avoir quelques années pour faire les réglages avant de partir sinon le business du vin va être sûrement difficile », complète Miles Beale chef executif chez WSTA (Wine and Spirit Trade Association).

Si le marché s’est arrêté quelques semaines après l’adoption du Brexit, il est reparti depuis; Millésima, à Bordeaux, a en effet réalisé une belle campagne sur les primeurs 2016 :

 « Il n’ y a pas de crainte », explique Fabrice Bernard Pdg de Millésima. « Pour vous donner des chiffres et être concret »:  

Sur les primeurs 2015 l’Angleterre représentait 4,5% de notre chiffre d’affaire. Sur les primeurs 2016, l’Angleterre représente 16 à 17% de notre chiffre d’affaire, l’Angleterre est devenu le 3e pays sur lequel nous vendons le plus de primeurs 2016, Fabrice Bernard Pdg de Millésima

Fabrice Bernard, le Pdg de Millésima © JPS

Fabrice Bernard, le Pdg de Millésima © JPS

Le Royaume-Uni importe du vin depuis plus de 70 pays, c’est le 2e pays importateur en valeur et en volume…avec près de 120 millions de caisses de 12 bouteilles.

Bertrand Michat et Caroline Frey du château La Lagune © JPS

Bertrand Michat et Caroline Frey du château La Lagune © JPS

Les acheteurs Britanniques sur le salon se sont confiés aux châteaux: « ils pensent quand même que le gouvernement britannique ne voudra pas rajouter des taxes notamment pour les vins français car il y a quand même une très longue tradition, un très long partenariat avec l’Aquitaine et Bordeaux depuis le Moyen-Age. », explique Bertrand Michat, responsable commercial au château La Lagune. Pour info, le gouvernement conservateur a décidé une hausse des taxes sur l’alcool de près de +4 %. Ces taxes représentent en moyenne 56 % du prix d’une bouteille, contre 21 % en France et en Espagne, et 19 % en Allemagne.

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C’est en effet une question cruciale car le Royaume-Uni représente à lui seul 15 % des importations de vin mondiales. L’Angleterre est  le 1er marché importateur de Champagne et le 1er pour les vins italiens. Les ventes en Grande-Bretagne ont reculé de -8,7% selon le CIVC (Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne). Les acteurs européens de la filière viticole envisagent aujourd’hui la négociation d’un accord de libre-échange pour faciliter l’importation de vin vers le Royaume-Uni et maintenir les accords commerciaux pré-Brexit.