A l’aube de Vinexpo Asia à Hong-Kong du 27 au 29 mai, la lutte contre la contrefaçon revient au centre des préoccupations des gouvernement français et chinois. Les producteurs de Bordeaux veulent mettre un terme définitif à cette contrefaçon qui leur porte préjudice et représente un véritable fléau…
L’histoire d’Hervé Grandeau est remarquable. Un exemple parmi tant d’autres qui se sont fait copier leur vin en Chine. Hervé Grandeau est vigneron en Bordeaux Supérieur à Tresses, mais c’est aussi le président du syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur.
« En 2007, j’ai commencé à travailler en Chine, avec de 2007 à 2009 peu de retours », ce malgré la vente d’un super millésime le 2005. Ce n’est qu’à partire de 2009 où ça a décollé avec « un très bon importateur qui m’a permis de développer mes ventes en Chine: en 2010, je vendais jusqu’à 12 % de ma production »
« Quand je suis arrivé dans la ville de Quingdao, il est venu me chercher en mini-bus avec dessus le nom de mon château Lauduc, j’avais des affiches 4X3, des sachets également avec le nom château Lauduc. Il avait un plan statégique et voulait capitaliser sur ma marque. » Même des boutiques portaient le nom de château Lauduc. « En 2009-2010, ça a très bien marché ! »
« Fin 2010, il commence à me dire qu’il y a de la contrefaçon; je lui dis que ce n’est pas possible, c’est réservé aux grands crus classés. Il me dis: regarde ces sites internet, il n’ a pas que moi qui vend du Lauduc (vendu preque moitié prix). On a alors commandé une bouteille de Carruades de Lafite et des bouteilles de Lauduc qu’ont a faites analysées en France. Ils avaient copié étiquettes, contre-étiquettes et même le macaron médaille d’or du concours de Paris. J’étais bluffé. Il y avait une faute à l’arrière « un E à la place du F dans contain sulfite ». Il y avait aussi une capsule lit de vin alors que nous utisisions des rouges.Par ailleurs sur la capsule , il y avait d’incrit la date de mise en bouteille alors que d’habitude ce n’est jamais incrit, nous fournissons juste un certificat de mise en bouteille. »
« Quand j’ai eu le résultat de l’analyse en France sur les bouteilles copiées, il s’agissait d’un cépage espagnol tempranillo »
J’ai alors pris un cabinet d’avocats parisiens en 2010 alor(s que je commercialisait 12 %, en 2011 plus rien…Mon importateur me relance pour savoir si j’ai réglé le problème de contrefaçon. »
« Fin 2011, Stéphane Héraud rentre du salon de Chendu et m’informe que mon importateur avait sa marque « château Lauduc. Il me dit que mon importateur veut lui acheter 100 000 bouteilles de Tutiac. » « Non seulement j’étais copié mais en prime on s’était approprié ma marque..
« Avec mes avocats nous avons aussitôt attaqué, heureusement il avait déposé avec le nom de sa société or un importateur ne peut pas déposer une marque de son fournisseur. »
« Malheureusement, j’ai perdu mon premier procès, car je n’avais pas fourni toutes les pièces, j’ai fait appel dans les temps et ai réussi à gagner fin 2013 en appel grâce à Jean-Baptiste Thial, spécialiste des questions de contrefaçons (spécialisé dans le droit du vin et des alcools sur Bordeaux). Entre temps, j’ai déposé Lauduc en Chine et je suis en train de faire annuler son dépôt de marque. J’ai désormais bon espoir de gagner et faire reconnaître mon dépôt de marque. En 2012, j’ai commercialisé 25 % en Chine. »
Pour protéger leurs vins, les Crus Bourgeois du Médoc ont pris le problème en compte dès 2009. Ainsi, le château Moulin Rouge a tout pour plaire aux Chinois avec un nom qui leur parle et des couleurs rouge et or sur leurs étiquettes qu’ils adorent. A priori, château Moulin Rouge n’aurait pas été copié en Chine.
Les Crus Bourgeois et château Moulin Rouge, 25 ha de vignes à Cussac-Fort-Médoc, apposent sur les contre-étiquettes de stickers infalsifiables…
« On a le logo CB des Crus Bourgeois, le millésime ainsi qu’une cible et un numéro unique pour chaque bouteille au centre, puis le QR code pour télécharger avec un smartphone la page de la propriété et une bande hologramme sur le côté droit comme les billets de banque », explique Lucie Ribeiro, 14ème génération de vignerons (une propriété qui remonterait à 1739 !).
Cette propriété fonctionne avec le négoce bordelais pour vendre en Chine, d’ailleurs Hervé Grandeau et château Lauduc également désormais pour se prémunir des risques de commercialisation avec le marché chinois.
Au niveau des « Bordeaux et Bordeaux Supérieur », on a signé un partenariat avec Tesa-MSP, cette entreprise a développé un QR code et un hologramme avec codage en trois morceaux. C’est encore mieux que les Crus Bourgeois ! » Nous l’avons adopté avec les St Emilion et le Cercle Rive droite. »
« A partir de la technologie, quasiment infalsifiable, on doit y arriver, il faut qu’on ait toujours une longeur d’avance sur la coontrefaçon ! »selon Hervé Grandeau propriétaire du château Lauduc.
Reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer