Entre 1.200 viticulteurs selon la police et 3.000 selon les organisateurs ont manifesté mercredi à Carcassonne pour tirer la sonnette d’alarme sur leur situation et réclamer des aides au gouvernement. La récolte dans l’Aude n devrait s’élever qu’à 3 millions d’hectolitres et 10 en Languedoc-Roussillon alors qu’on était à 13 il y a deux ans.
DES MESURES EXCEPTIONNELLES RECLAMEES AU GOUVERNEMENT
Les manifestants se sont réunis à l’appel du Syndicat des vignerons de l’Aude devant une porte donnant accès à la cité médiévale avant de partir vers 16h00 en cortège vers le centre-ville, qu’ils ont rejoint dans le calme. Lors d’une prise de parole avant le défilé, le président du syndicat, Frédéric Rouanet, a décrit une situation qui « n’est plus tenable ». Après « la plus petite récolte que l’Aude et l’Occitanie aient connue, l’année va être compliquée », Frédéric Rouanet président du Syndicat des vignerons de l’Aude
Si nous n’obtenons pas des mesures exceptionnelles, des vignerons vont abandonner le métier », Frédéric Rouanet président du Syndicat des vignerons de l’Aude
Le président s’est plaint par ailleurs qu' »aucune annonce de soutien n’ait été faite par le gouvernement » alors que la situation est « catastrophique » pour de nombreux vignerons après les gelées du printemps dernier.
« Le gouvernement est nouveau, on l’interpelle pour la première fois, on espère que les choses vont bouger », avait-il dit à l’AFP au début du rassemblement.
Selon M. Rouanet, la récolte devrait s’élever cette année à 3 millions d’hectolitres dans le département, et à 10,4 millions d’hectolitres dans le secteur Languedoc-Roussillon, alors qu' »on était à 13 millions d’hectolitres il y a deux ans ».
CONCURRENCE DES VINS ESPAGNOLS ET DEMANDE DE REGULATION
Le Syndicat des vignerons de l’Aude dénonce aussi la concurrence des vins espagnols et réclame des mesures de régulation du marché au niveau de l’Europe.
Enfin, le président du syndicat et celui des Jeunes agriculteurs (JA) se sont élevés contre une campagne nationale contre le cancer et la consommation d’alcool illustrée par un tire-bouchon. « Encore une fois c’est le vin qui est stigmatisé », se sont plaints Frédéric Rouanet et Arnaud Aribaud, le président des JA de l’Aude. « C’est l’avenir du territoire qui est en jeu », a assuré ce dernier. « C’est l’agriculture qui fait vivre ce département; le laisser tomber, c’est laisser tomber l’avenir de notre territoire », a-t-il déclaré.
Avec cette « plus petite récolte depuis 1945, on se fait énormément de soucis, on ne va pas pouvoir fournir tous les marchés » Arnaud Aribaud président des Jeunes agriculteurs
« Normalement, ça devrait faire monter les prix, mais si les négociants s’entendent pour acheter à un prix bas, les prix resteront bas », s’est inquiété M. Aribaud. « Moi je ne sais pas si je pourrai tenir », a témoigné Lucie Pagot, viticultrice à Bizanet, qui a repris l’exploitation de ses parents il y a trois ans. « Il nous faudrait davantage d’aides, de soutien, sinon on va mourir », a-t-elle poursuivi.
Bastien Roux a participé à la manifestation en signe de solidarité avec les viticulteurs, après avoir lui-même quitté l’exploitation de ses parents, en appellation Corbières, « par nécessité », car il n’y avait « pas assez de revenus ». Il travaille dorénavant dans le privé.
Avec AFP et France 3 Occitanie.
Regardez le reportage de mes confrères de France 3 Occitanie : A.Grellier et F.Guibal