C’était un petit événement, en cette fin de matinée, à la Cité du Vin de Bordeaux : la remise en mains propres à Régis Delthil d’un flacon de l’infime production du château de Fredensborg, résidence d’été de la famille royale du Danemark, par Yann Schÿler Consul du Danemark à Bordeaux.
L’événement est d’autant plus retentissant que le Prince Henrik du Danemark, époux de la reine Margrethe II, est originaire de Talence en Gironde, et issue de la famille de Laborde de Monpezat. Il était représenté par Mr le Consul à Bordeaux, Yann Schÿler, co-propriétaire de château Kirwan et PDG de la Maison de Négoce Schröder & Schÿler.
Si la production est infime, environ 100 litres par an, il faut se dire que cette cuvée royale « n’est servie qu’exclusivement au Palais », ce qui n’empêche pas le Prince Henrik d’être par ailleurs un plus gros producteur à Cahors avec le château de Cayx, un peu plus de 25 hectares. Cette cuvée est un assemblage de deux cépages : 40% régent et 60% rondo. Le château compte très exactement 80 pieds de vignes, c’est dire ! (même Côté Châteaux n’a pas pu le goûter… devant se contenter de l’aquarelle sur l’étiquette de ce millésime 2008, aquarelle qui a été réalisée par la Reine du Danemark elle-même).
Ce fut toutefois l’occasion de faire le point sur la production de vin au Danemark, qui va bientôt concurrencer Bordeaux… Joke, évidemment. Car la production est aujourd’hui de 400 hectolitres, même en année de gel comme 2017 Bordeaux devrait avoir une production quelque peu supérieure avec 3 à 3,4 millions d’hectolitres (5,5 pour une année normale).
L’intérêt, c’est que ces vignerons sont partis de très loin et de rien. Un beau jour un ancien ingénieur de Pharmanord a eu cette vision et a fait le pari:
Si les gens disent qu’on ne peut pas faire de vin au Danemark, je vais vous prouver que oui » ou le contraire, Sven Moesgaard.
Et si on peut rire du gars qui dort, le Moesgaard lui ne dort pas, d’ailleurs les journées sont là-bas parfois plus longues que chez nous. C’est ainsi qu’en 2000, le Danemark est devenu un nouveau pays producteur de vin et compte aujourd’hui 100 hectares en production. De vins de table en 2000, à vins d’IGP en 2007, les vins danois pourraient bien avoir leur 1ère AOC cette année, la demande a été faite avec l’élaboration d’un cahier des charges. Alors là on rit moins, car qui se souvient aussi de la Chine, dont on riait allègrement, eh bien aujourd’hui la Chine est devenue le 5e pays producteur de vin au monde. De quoi faire rêver nos amis danois.
Et du coup vous allez peut-être un jour vous familiariser avec ces cépages cultivés au nord : zalas perle, cabernet cortis, orion, madeleine angevine, solaris, rondo, régent ou encore pinot noir.
En attendant de goûter la production royale du château de Fredensborg, au nord de Copenhague, sur l’île de Zealand, Yann Schÿler, le consul, a partagé un vin mousseux danois fabuleux Skaersogaard, produit selon la méthode traditionnelle. Un effervescent au nez de sureau, légèrement brioché, peu dosé avec de fines bulles, un délice.
Ce vin a été couronné récemment en 2015 et 2016 comme médaille d’argent au concours des effervescents du monde. Il est disponible d’ailleurs parmi les vins des 72 pays référencés à la cave Latitude 20 de la Cité du Vin (au prix de 53 €).
Preuve s’il en est que le Danemark est en vois de se faire une place au soleil des pays producteurs. certes 400 hectolitres (50% en rouge, 40% en blanc et 10% de mousseux) c’est peu, mais c’est un bon début avec une centaine de revendeurs dont une vingtaine de professionnels. Et puis il y a un vrai engouement avec 1200 amateurs qui se mettent à produire plus ou moins, sans oublier les 4 zones géographiques identifiés en 2007 : Jutland, Pionie, Zealand et Born Holm…
Enfin, le Danemark bénéficie d’une vallée de sédimentation fluvioglaciaire, des sols composés de sable et de graviers…bref des terroirs cousins de ceux de Bordeaux.