9 associations avaient appelé à la mobilisation contre l’utilisation de pesticides dans les vignes. Une mobilisation moins importante qu’à Bordeaux en février 2016 mais une première dans le Médoc.
« L’avenir, c’est nous, pas vos pesticides ! », pouvait-on lire sur les pancartes des marcheurs, ou encore « Je veux grandir dans un Médoc sans pesticides. »
La manifestation s’est élancée depuis le centre de Listrac à 14h30. Une manifestation à l’appel du Collectif Info Médoc Pesticides, d’Alerte aux Toxiques ! Gironde, de La Confédération Paysane, de l’Union Locale CGT de Pauillac, d’ Eva Pour la Vie, de Générations Futures, d’Alerte des Médecins sur les Pesticides, de Vigilence OGM 33, ou encore d’Alerte Pesticides Haute-Gironde.
Cette manifestation voulait souligner le déni de la dangerosité des pesticides et la non reconnaissance de maladies professionnelles liées à leur usage, suite notamment à l’arrêt récent de la Cour d’Appel de Bordeaux du 21 septembre qui a refusé la reconnaissance post mortem de maladie professionnelle dans l’affaire Bibeyran, ou encore du non-lieu rendu dans l’affaire de Villeneuve sur Blaye où un épandage de pesticides avait provoqué des malaises parmi des élèves scolarisés dans l’école jouxtant les vignes traitées.
Une façon d’apporter ainsi un soutien à Marie-Lys Bibeyran, partie civile dans l’affaire en reconnaissance de maladie post mortem. Son frère Denis est décédé en 2009 d’un cancer des voies biliaires.
Marie-Lys Bibeyran a annoncé qu’elle allait se pourvoir en cassation contre cet arrêt de la Cour d’appel de Bordeaux, qui a rejeté en septembre le lien entre l’utilisation de pesticides et le cancer de son frère. La Cour avait estimé que la famille Bibeyran n’avait pas « rapporté la preuve d’éléments établissant la réalité d’un lien de causalité entre l’exposition aux pesticides » et le cancer, un cholangiocarcinome.
Au-delà du cas de son frère, ce pourvoi « est un devoir pour tous les travailleurs des vignes, pour qui la reconnaissance de maladie professionnelle est un droit, et ne doit pas devenir une faveur », a déclaré Mme Bibeyran à l’AFP.
« Le dossier ne peut pas se refermer comme ça », a-t-elle affirmé, assurant qu’en dépit du revers judiciaire récent, la prise de conscience anti-pesticides s’accroît dans le vignoble et dans le public, qui en a « marre de ce déni, de cette omerta ».
Dominique Techer, représentant de la Confédération paysanne, associée à la marche de Listrac, a affirmé que « les mentalités dans le monde agricole ont beaucoup évolué ».
« Depuis un an et demi, deux ans, de plus en plus d’agriculteurs, même en non-bio,
veulent faire des programmes sans (substances) cancerogènes, mutagènes ou toxiques ».
« Il y a aussi une réelle inquiétude sur l’exposition, le sort des enfants, inquiétude palpable au sein des couples d’agriculteurs », selon Dominique Techer.
Avec AFP
Regardez le reportage de Gladys Cuadrat et Sébastien Delalot, montage Alain Guinchard