12 Oct

Le CIVB et la filière vin de Bordeaux adoptent des mesures environnementales et le principe d’évitement des pesticides classés CMR

L’engagement s’intensifie ! Les avancées se font jour. 7 ODG, organismes de défense et de gestion ont inséré des mesures environnementales dans leur cahier des charges. Par ailleurs, le CIVB vient d’adopter le principe d’évitement des pesticides classés CMR.

Allan Sichel, tenait cet après-midi un point presse au CIVB © jps

Allan Sichel, tenait cet après-midi un point presse au CIVB © jps

UNE PREMIERE EN FRANCE

7 ODG, organismes de défense et de gestion, couvrant 80 % du vignoble ont adopté une modification de leur cahier des charges pour y insérer des mesures agroenvironnementales :

  • INTERDICTION DE L’USAGE DES HERBICIDES SUR LA TOTALITE DE LA SURFACE AU SOL, autrement dit la diminution devra se voir ou les herbicides être abandonnés
  • OBLIGATION DE CONNAITRE ET DE MESURER L’INDICE DE FREQUENCE DE TRAITEMENT pour les viticulteurs. Une nette avancée pour allr vers la diminution.
  • POSSIBILITE D’INTRODUIRE DES CEPAGES RESISTANTS (au max 5% de la surface) pour avoir moins recours aux traitements, comme chez les ignobles Ducourt
  • OBLIGATION DE S’ENGAGER DANS UNE DEMARCHE DE CERTIFICATION ENVIRONNEMENTALE

LE PRINCIPE D’EVITEMENT DES PESTICIDES CLASSES CMR

C’est dit et c’est officilel. Tous les viticulteurs sont invités à éviter l’utilisation dans le vigne 70 produits répertoriés dans une liste contenants des agents cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques. Une liste de produits alternatifs est mise en ligne sur le site professionnel du CIVB; toutefois cela ne veut pas dire que le CIVB interdit leur usage dans la mesure où chaque viticulteur est libre de faire le choix et de conduire son vignoble, mais le CIVB les invite désormais fortement, un dossier suivi notamment par Bernard Farges mais aussi le président Allan Sichel.

Le CIVB a mis par ailleurs un atlas des zones sensibles envoyé à plus de 900 viticulteurs concernés par l’arrêté préfectoral du 22 avril 2016, visant les lieux accueillant des personnes vulnérables aux risques phytopharmaceutiques, notamment les écoles : l’objectif désormais est de ne pas traiter durant la semaine (ce qui va plus loin que l’arrêté).

PULVERISATEURS DU FUTUR

26 candidatures ont été reçues dans le cadre de l’Appel à Manifesttaion d’Intérêt Innovation, et 13 projets soutenus par la Région. Il s’agit d’améliorer les pulvérisation ou les produits de bio-contrôle.

DEVELOPPEMENT DU SME

Aujourd’hui 83 crus classés, dont une douzaine viennent de démarrer, sont engagés dans le Système de Management Environnemental, soit 45% des 185 crus classés : tout rentre en ligne de compte : eau, énergie, phytos, salariés et riverains. 700 entreprises sont engagées dans cette démarche SME à ce jour.

VIGNOBLE ENGAGE

Par ailleurs le CIVB a mis en place un site d’infos à destination du grand public : www.bordeauxvignobleengage.com

Ecoutez l’interview d’Allan Sichel réalisée par Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer :

Après les vendanges, Bordeaux estime sa perte de récolte entre 40 et 50%. L’un des épisodes de gel les plus douloureux de l’après-guerre

C’était redouté dès ce fameux gel intense du 27 avril et annoncé par la Fédération des Grands Vins de Bordeaux et Côté Châteaux. Cet épisode de gel est très certainement l’un des plus marquants depuis 70 ans, après ceux de 1991 et de 1956 à Bordeaux. Le point aux châteaux de France et au château Larrivet-Haut-Brion, tous deux ont perdu 70% de la récole, en Pessac-Léognan. Les pertes pour la filière pourraient aller jusqu’à 2 milliards d’euros.

Arnaud Thomassin dans le cuvier du château de France © JPS

Arnaud Thomassin dans le cuvier du château de France © JPS

27, 28 et 29 avril, 3 nuits de gel intense, et c’est sans parler du premier épisode du 21 avril…

Au château de France, à Léognan, on a eu beau lutter sérieusement avec de nombreuses chauffrettes et un système d’éolienne, rien n’y a fait, le gel était trop important et très tôt dans la nuit, dès minuit…Arnaud Thomassin, le propriétaire, se souvient de cet épisode douloureux : « je pense qu’on est descendu à -6 ou -7 dans les points les plus bas de la propriété. Les appareils sont efficaces mais plus il fait froid, plus le périmètre d’action est faible et cette année, c’était particulièrement intense;

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  1. En terme de volume, je pense que c’est certainement la récolte la plus faible qu’on a faite, moi ça fait plus de 20 ans que je suis là et  je n’ai jamais ramassé aussi peu de vin, Arnaud Thomassin propriétaire du château
Au château de France ce matin ©JPS

Au château de France ce matin ©JPS

Depuis le 29 septembre, l’ensemble de la récolte (précoce à cause de juin très chaud et d’un mois de septembre en partie pluvieux) est aujourd’hui rentrée ici. La perte est estimée à 70% : « on peut estimer qu’on va récupérer, entre les rouges et les blancs, de l’ordre de 500 hectolitres. L’an dernier on avait fait le double. » 1200 hectos, alors même que c’était déjà une petite récolte, déjà à cause du gel, car le château de France avait perdu 30% de sa récole en 2016. Le sort s’acharne et Arnaud Thomassin espère que 2018 sera bien plus clément. Pour lui une année normale, c’est en 2014 où la production était de l’ordre de 1700 à 1800 hectolitres.

IMG_0577Au château Larrivet-Haut Brion, même constat, 70 % de pertes au global, un peu plus sur les blancs que sur les rouges:

Sur les blancs, on est à 6 hectos à l’hectare, des rendements extrêmement faibles, avec de la qualité, j’ai 54 hectolitres de vins blancs pour 9 hectares, même en 91 on avait fait un peu plus ! « Bruno Lemoine directeur général de Larrivet Haut-Brion

Ce sont surtout les parcelles les moins qualitatives qui ont été impactées, des parcelles de seconds vins, ou tout ce qui se trouvait en contre-bas de propriétés, dans des combes ou en plaine.

Il y a des grands vins, il y a des vins un petit peu plus légers, il y a des propriétés qui ont fait de belles récoltes et d’autres qui ont tout perdu, et cela depuis 6 mois » Frédéric Massy Derenoncourt Consultants.

IMG_0583La production sera plus faible qu’en 2013 mais plus importante qu’en 1991 l’autre grande année du gel à Bordeaux, comme devrait nous le confirmer cet après-midi le CIVB au cours d’un point presse à 15h. La récolte est estimée avec 40 à 50% de perte pour ce millésime 2017 dont les effets vont se faire ressentir pendant quelques années.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Robin Nouvelle :