Demain à 16 h, Marie-Lys Bibeyran va remettre au Préfet de Gironde sa pétition qui a recueilli plus de 84000 signatures pour traiter en bio les vignes le long des écoles. En même temps elle a lancé un nouvel appel à manifester contre les pesticides juste avant devant la préfecture. De son côté, Dominique Techer de la Confédération Paysane a lancé cette lettre ouverte aux responsables viticoles de Bordeaux.
« L’émission Cash Investigation a révélé au grand public, chiffres officiels à l’appui, que les appellations de Bordeaux sont parmi les plus gros consommateurs de produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Jusqu’à présent, vous, responsables élus ou cooptés des diverses institutions viticoles bordelaises, avez choisi de faire régner la loi du silence sur le problème des pesticides : silence sur les victimes, sur les dangers encourus par les utilisateurs et les populations voisines. Et la MSA refuse toujours, contrairement à la Sécurité Sociale, de communiquer les chiffres des maladies professionnelles. La Confédération Paysanne de Gironde a pourtant constamment attiré l’attention sur l’impasse de cette position de déni. Elle a aussi affirmé que les prix sacrifiés pratiqués sur les vins de Bordeaux ne permettaient sûrement pas les meilleures pratiques environnementales et sanitaires…
Aujourd’hui, la ligne de défense de l’omerta est morte. La carte de France de consommation des produits CMR est connue… et sera suivie de près chaque année. Les victimes n’hésitent plus à se faire reconnaître. Le ministre lui-même parle de « bombe à retardement » ! L’image des vins de Bordeaux est gravement abîmée et cela a déjà des conséquences commerciales. Des analyses de résidus de pesticides sont maintenant demandées par de plus en plus d’acheteurs de vins. Les appellations de Bordeaux ne peuvent plus se permettre de conflit avec les populations locales. Et en cas de problème, la responsabilité juridique reste toujours celle du vigneron.
Aujourd’hui, beaucoup de viticulteurs se sentent fragilisés, après avoir utilisé des produits pourtant homologués et recommandés! Quelles pratiques adopter maintenant? Ce sera forcément plus coûteux. Comment avoir une exploitation viable dans ces nouvelles conditions avec des prix qui, déjà aujourd’hui, ne couvrent pas les charges ? Le modèle économique est en cause.
Chers responsables, il va falloir faire face à cette question des pesticides cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques que vous avez jusqu’ici contournée. Vous ne pouvez continuer à observer le silence ou à temporiser.
Le rôle d’institutions si coûteuses serait de donner des orientations claires et efficaces sur le changement de modèle technique et économique. Vous auriez pu anticiper en prenant en compte ce que disait la Confédération Paysanne de Gironde. Aujourd’hui, avec l’étendue du passif, il faudra agir dans l’urgence .
La balle est dans votre camp : Quel est votre plan B ? » selon Dominique Techer de la Confédération Paysane.
Relire et revoir en vidéo la réaction de Bernard Farges, président du CIVB, suite à la diffusion de Cash Investigation, ainsi que les mesures déjà mises en place et qu’il préconise.