Madiran est cette appellation atypique, à cheval sur 2 grandes régions, mais aussi sur 3 départements. Une histoire qui remonte aux moines Bénédictins qui ont relancé la vigne dans cette région de Gascogne. Aujourd’hui, ce sont 200 vignerons qui font le Madiran avec notamment le tannat, ce cépage gascon.
Jean-Luc Laplace du château d’Aydie (Jean-Pierre Stahl)
« Nous sommes à Aydie, quasiment au coeur de l’appellation Madiran, avec un cépage bien à nous, bien gascon, c’est le tannat », c’est ainsi que Jean-Luc Laplace nous présente fièrement son domaine aux pieds des Pyrénées. Et de continuer: « le tannat, c’est le cépage authentique, il est dans la région depuis toujours, il est vraiment acclimaté à notre région, c’est un cépage tardif. Il a besoin d’automne très doux, très long, très ensoleillé. »
Jean-Luc Laplace et ses 3 frères et soeurs sont la 3e génération de vignerons à exploiter le château d’Aydie. Une exploitation de 55 hectares dont la quasi-totalité de la production 3000 hectolitres est vendue en bouteilles. Ce sont les premiers de l’appellation à avoir effectué cette mise en bouteille dans les annnées 60, ils ont dejà à cette époque voulu miser sur la qualité.
Une belle couleur pourpre,
Le tannat, c’est donc ce cépage typique gascon qui fait la fierté des vins de Madiran :
Ce tannat a une belle couleur, il a un petit peu ce pourtour de vin violacé et de vin jeune, 2015 c’est une année qui s’annonce très belle, la récolte s’est bien passée, ce sera des vins plutôt ronds », Jean-Luc Laplace du château d’Aydie
Sur les terroirs relativement riches et frais, il donne des vins expressifs et gourmands, jouant sur al mûre ou la cerise, sur des sols plus pauvres, chauds et ensoleillés, des vins puissants et concentrés.
Jean-Luc Laplace et son maître de chai bourguignon, Mathieu Cothenet © Jean-Pierre Stahl
Le décrêt de l’appellation impose un encépagement de 60 à 80% en Tannat pour obtenir la qualification en AOP Madiran. Les autres cépages qui sont autorisés font partie des Carmenets, originaire du bassin de l’Adour dans les Pyrénées : il y a le Bouchy (ou cabernet franc), le cabernet-sauvignon (2e grand cépage assemblé avec le tannat), enfin le Pinenc (ou Fer Servadou, cépage ancien répandu par les moines bénédictins.)
Le président de l’appellation Paul Dabadie, Marine Soulard chargée de communication, et Laurent Oustry, directeur de la Maison des Vins à Madiran © Jean-Pierre Stahl
Madiran, c’est cette appellation qui se dit avant tout plantée sur un terroir gascon : une appellation atypique car à cheval sur Aquitaine-Limousin-Poutou- Charente et Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Une appellation de 1700 ha sur 3 départements également : Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées et Gers.
Madiran tire ses racines dans une histoire très ancienne dont les premières traces remontent à 800 avant JC… Ces sont les moines de Marcilhac puis les Bénédictins qui ont démocratisé ce breuvage. Des Bénédictins qui vont créer le Prieuré de Madiran qui abrite aujourd’hui la Maison des Vins à Madiran (65).
C’était le vin de la cour de Gaston Phoebus, François 1er en parlait comme un vin de seigneurs qui se conservait fort bien, et c’est un vin qui au XVIe et XVIIe siècle remontait l’Adour et était expédié depuis le port de Bayonne vers l’Angeterre et la Hollande », Paul Dabadie, le président de l’appellation Madiran.
Denis Degache, directeur de la Cave Coopérative de Crouseilles © Jean-Pierre Stahl
Au plus fort, et avant le phylloxéra, Madiran comptait 5000 ha contre 1700 aujourd’hui. Beaucoup de vignerons sont associés dans la cave coopérative de Crouseilles, créée en 1952, elle a favorisé de nouvelles plantations de vigne : elle rassemble aujourd’hui 120 vignerons sur 650 ha; ici aussi ils donnent toute l’expression de leurs différents terroirs comme l’explique Denis Degache, son directeur:
Ca va des argilo-calcaires, aux argilo-siliceux à gravettes, en passant par les galets roulés, tous ces matériaux proviennent en fait des Pyrénées et se sont déposés ici entre -20 et -2 millions d’années », Denis Degache directeur de la Cave de Crouseilles
Les vins de Madiran sont élevés au minimum 12 mois dans les chais, et même 3 ans au château d’Aydie, avant d’être mis en bouteille. L’un des plus connus des critiques en vins est aussi le château Montus, propriété d’Alain Brumont, qui n’a pas hésité à communiquer dès les années 80 sur ces grands vins de Madiran.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Palscal Lécuyer, Sarah Paulin et Thierry Culnaert