Cash Investigation continue de faire des remous. Après les réactions suite à l’émission, après la marche blanche contre les pesticides dimanche à Bordeaux, ce sont 10 députés de gauche dont 1 écologiste qui se mobilisent et s’interrogent. Pour que la vérité éclate, ils demandent l’ouverture d’une mission parlementaire.
9 députés socialistes et l’écologiste Noël Mamère se sont fait entendre aujourd’hui pour demander depuis l’Assemblée Natioanle l’ouverture d’une mission d’information parlementaire sur les effets des pesticides suite à l’émission Cash Investigation qui a selon eux « exacerbé des craintes ». Florent Boudié, Gilles Savary et Michèle Delaunay étaient côte-à-côte ce mercredi après-midi pour demander cette ouverture, avec un écho de leurs collègues girondins.
La mission, qui comprendrait des membres de diverses commissions de l’Assemblée (Développement durable, Affaires sociales, Affaires économiques) et devrait, être présidée par un député « neutre, ni du vignoble, ni des vergers », pourrait conduire ses travaux jusqu’à fin 2016, puis faire des préconisations au gouvernement.
Selon Gilles Savary, député de la 9e circonscription de Gionde qui comprend « Sauternes, Graves, Pessac », ce « sujet chronique » des risques des pesticides est ravivé par les « inquiétudes des néoruraux » et aussi « des agriculteurs eux-mêmes qui ont peur pour l’avenir de leur métier et peur pour leur santé et celle de leurs employés ».
Tout en préciant qu’il y a « besoin de dépassionner le débat », il a déjà demandé à la ministre de la Santé Marisol Touraine des données épidémiologiques, en particulier sur les cas de cancer.
Une intervention qui s’inscrit deux semaines après la diffusion de l’enquête de Cash Investigation et 3 jours après la manifestation contre les pesticides à Bordeaux qui a rassemblé plus de 600 personnes. Pour Florent Boudié, député de Libourne, présent lors de ce point presse : « On sent localement une pression sociétale forte », alors que Michèle Delaunay, ancienne ministre et député de la 2e circonscription de Bordeaux, elle estimait pour sa part que « le vignoble bordelais ne doit pas être entaché de suspicion ».
Pour Marie-Lys Bibeyran (Générations Futures et Confédération Paysane, à l’origine avec Valérie Murat de la Marche Blanche contre les Pesticides), leur intérêt « soudain » la fait s’interroger sur les réseaux sociaux : » Mme Delaunay , (…) qui m’avait répondu en décembre 2014, que les pesticides n’étaient plus utilisés en viticulture et que les cancers des salariés agricoles étaient causés par le soleil !!
Pour ma part je n’y crois pas du tout à leur soudain éveil. …Mr Gilles Savary je lui ai adressé ma pétition, il m’a répondu par mail que ses enfants sont allés dans une école située au milieu des vignes et n’ont jamais eu le moindre problème…. »
Par ailleurs, dans un communiqué rendu public ce 18 février, Générations Futures s’interroge aussi sur cette nouvelle mission « pour quoi faire ? » alors que « le Sénat a déjà fait le travail avec une mission et un rapport sur l’impact sanitaire des pesticides en 2012 » ! Une mission d’un an avec des dizaines de recommandations remises au Ministre de l’Agriculture, dont certaines se sont traduites en loi (Labbé)
De même, « le rapport Inserm de 2013 a aussi fait le point sur les effets délétères des pesticides » (augmentation du risque de cancer de la prostate chez les agriculteurs, de maladies de parkinson ou malformations génitales et troubles neuro-comportementaux chez les enfants riverains de zones cultivées).
Et pour conclure « il n’est donc plus temps de faire de l’information, mais de …reprendre les propositions et recommandations du rapport des Sénateurs et de les mettre en application. Nous invitons donc ces 10 députés de Gironde à prendre connaissance de ce rapport du Sénat et à se rapprocher de leurs collègues pour envisager l’avenir. »
Ces organisations affirment se tenir à la disposition des parlementaires pour échanger et mettre en oeuvre des mesures à court et moyen terme…à bon entendeur, comme on dit….