Château Pique Caillou compte parmi les 6 derniers châteaux viticoles en ville, à l’intérieur de la rocade de Bordeaux, avec Haut-Brion, la Mission Haut-Brion, les Carmes Haut-Brion, Pape-Clément et Luchey-Halde. Tous les autres ont tantôt été vendus ou tantôt rasés pour ne laisser place qu’à des habitations ou d’autres aménagements. Pique-Caillou, un domaine qui a su rester zen.
Pique Caillou, comme bon nombre de domaines viticoles, a été rattrapé par la ville. Toutefois, ce château de Mérignac a résisté, face à la poussée immobilière et aux voies de circulation qui traversent la propriété. C’est l’un des derniers des Mohicans à l’heure du béton-roi.
« C’est vrai que la propriété, d’une certaine façon, a été un peu saucissonnée mais en même temps un peu mise en valeur, on voit la propriété, on voit le château, en plus de cela les parcelles qui ont été sur l’emprise de la route n’étaient pas des parcelles de grand niveau qualitatif donc la perte est assez minime de ce côté là. »Et Paulin Calvet de poursuivre: « quand nous sommes finalement parvenus à un accord, nous avons pu récupérer des terrains non constructibles qui avaient été gelés par la communauté urbaine de Bordeaux et nous ont été cédés à un prix intéressant. »
« Il y a 70 ans, vous aviez beaucoup de viticulteurs encore et des domaines, souvent de taille modeste, qui existaient sur toutes ces communes qui enserrent Bordeaux : Villenave d’Ornon,Talence, Pessac, Mérignac, montant sur Caudéran voire Bruges…tous ces vignobles à part 6 ont tous disparus sous le béton ».
Pique Caillou a été construit au XVIIIe siècle par l’architecte La Clotte, en 1756, c’était à l’origine une sorte de maison de campagne, qui vivait de polyculture. Cette propriété a été achetée en 1947 (grand millésime) par la famille Denis, le grand-père d’Isabelle Calvet. Mr Denis avait ouvert des comptoirs en Indochine, créant ainsi la bière « 33 Export » ou encore le riz « Taureau Ailé »:
« Ce qui a permis que les vignes restent en place et que rien ne soit vendu, c’est que les propriétaires de l’époque, le grand-père et le père de ma femme, aient la chance d’avoir d’autres activités industrielles et commerciales qui leur permettaient de pouvoir vivre sans avoir besoin des revenus de Pique Caillou.C’était des propriétés qui étaient quelquefois déficitaires, régulièrement déficitaires et il fallait remettre au pot pour repartir. »
Aujourd’hui, le château de Pique Caillou est habité par la famille Calvet (depuis l’an 2000) ce qui n’est pas le cas de tous les châteaux.
Il a trouvé son essor comme beaucoup de propriétés du bordelais depuis 1982, sous l’effet du célèbre critique américain Robert Parquer qui, grâce à ses notes et à ses commentaires, a permis à toutes ces propriétés d’être bien mieux valorisées, et de faire ainsi face à la poussée immobilière.