Cloclo pourtant le chantait dès 1978, car il était avant-gardiste: il avait déjà compris que « Bordeaux rosé » serait un tube, mais des années plus tard… Les rosés français, avec bien sûr les Côtes de Provence, mais aussi les Bordeaux Rosés et d’autres rosés, tous font un carton cet été. Et même depuis quelques années ! Les ventes de vins rosés ont en effet triplé en 10 ans.
Dégustation de Bordeaux Rosé au Cap Ferret © France 2
Il n’y a pas qu’à Saint-Tropez qu’on boit du rosé ! Tenez, sur le bassin d’Arcachon, chez Hortense au Cap-Ferret, les vacanciers ne se posent pas la question quand ils commandent. C’est forcément du rosé.
C’était évident qu’on allait attaquer au rosé ce soir, oui. C’est le vin de l’été et de l’amitié. C’est convivial, ça se boit de l’entrée au dessert », selon des amateurs interrogés au Cap Ferret.
Dans le sud de la France, chez Listel, le plus grand producteur mondial de vin rosé, ce sont 14.000 bouteilles qui se remplissent par heure. En 2013, 30 millions ont ainsi été vendues.Au niveau de la production, tout est automatisé, ce qui permet d’avoir les prix les plus bas: environ 3,50 euros la bouteille.
Sur les linéaires des supermarchés, le chiffre d’affaire du rosé sur l’été a quasiment doublé En dix ans, le rosé a multiplié par trois ses ventes et représente désormais 30% des vins consommés en France (contre 53% pour le rouge et 17% pour le vin blanc).
Philippe Faure-Brac a dégusté 5 rosés différents © France 2
Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde 1992, s’est prêté au jeu de la comparaison de ces différents rosés: depuis le petit rosé à 2,50 euros, pour ce vin du Lubéron en carton, à 15 euros la bouteille pour autre rosé de Provence. Au final, « pas de mauvais vin ».
Le premier a un côté relativement simple, assez peu parfumé, une certaine générosité en bouché. Le Bordeaux a un peu plus de matière et de longueur au niveau du palais. Et le dernier a peut-être un effet terroir, une minéralité et une profondeur supérieures à l’ensemble des autres. Mais en tant que consommateur, dans différentes situations, je me fais plaisir avec ces cinq rosés », Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde.
Les Français consomment plus de rosé qu’ils n’en produisent. A Bordeaux, les Bordeaux Rosés l’élaborent depuis de quelques années déjà et de nombreux châteaux s’y sont mis à leur tour. Ainsi Giscours, cru classé de Margaux qui ne faisait que du rouge, son directeur s’est laissé séduire. Désormais ce sont 20.000 bouteilles de rosé produites par an. Mais à 12 euros, ce ne sont pas les 100 euros du château Giscours en rouge. « Economiquement, cela n’amène pas grand-chose car ce ne sont pas les mêmes prix. Mais c’est un clin d’oeil pour les consommateurs fidèles à nos produits. Ah, ils font aussi du rosé ? Pourquoi ne pas l’essayer », selon le château Giscours à Margaux.
Avec une consommation totale de 8 millions hl sur un total de 22,3 millions hl consommés au niveau international (soit 36 % des volumes), la France reste le premier pays consommateur au monde de vin rosé. Suivent les Etats-Unis (13 %), l’Allemagne (7 %), l’Italie (6 %) et le Royaume-Uni (6 %). Et il y a paraît-il encore une progression possible. Qui chantait déjà « je vois la vie en rose ? »
(à consommer avec modération)
Un reportage de Luc Bazizin et de Régis Mattéi, nos confrères de France 2 à revoir ici