Le plus gros tremblement de terre depuis 25 ans en Californie et dans la Napa Valley, fameuse région viticole au nord-est de San Francisco. Des craintes pour les grands crus sévèrement touchés.
Les habitants de la Napa Valley, en Californie, ont été sérieusement secoués la nuit dernière. Ils constataient l’étendue des dégâts ce dimanche matin, des images hallucinantes avec de gros dégâts. Le séisme de magnitude 6,0, est le plus fort enregistré dans la baie de San Francisco depuis 1989.
C’est à 03h20 (10h20 GMT) que la terrible secousse a été ressentie, au nord-ouest d’American Canyon, une ville de la Napa Valley. Une ville renommée pour ses vins, non loin de San Francisco. Il s’agit du plus important séisme depuis celui de Loma Prieta de magnitude 6,9 qui avait secoué la région il y a près de 25 ans et fait près de 60 morts.
Le gouverneur de Californie Edmund Brown a déclaré aussitôt l’état d’urgence dans la Napa Valley où le tremblement de terre a entraîné la fermeture de routes et détruit des lignes électriques. Des milliers d’habitants et d’entreprises sont privés de courant. Les habitants ont été mis en garde contre de futures répliques cette semaine. Déjà de petites enregistrées mais certaines pourraient aller jusqu’à une magnitude de 5.
Sur les réseaux sociaux les hommages affluent pour souligner la perte d’une « grande Dame ». Ses amis et proches du monde du vin, Sylvie Cazes, présidente de la cité des civilisations du vin, et Allan Sichel, président de la fédération des négociants de Bordeaux, expriment leur tristesse et la remercient d’avoir été une ambassadrice des vins de Bordeaux.
A Pouyalet, commune rattachée à Pauillac, Mouton pleure la Baronne. Dans cette petite bourgade où se situent deux des plus grandes propriétés de la famille de Rothschild Mouton et Armailhac, l’heure est au recueillement. Hugues Lechanoine, président du directoire de la société Baron Philippe de Rothschild, joint- par téléphone me confie sa tristesse et la volonté de la famille de marquer un temps de « recueillement », tout comme l’encadrement de la société.
Hervé Berland, ancien membre du directoire, directeur général et directeur commercial de Baron Philippe de Rothschild SA, témoigne: « Moi, j’ai été recruté par son père le Baron Philippe. Tous deux étaient senblables et la la fois différents. Je garderai une reconnaissance pour cette famille qui m’a permis de gravir tous les échelons. J’ai commencé au bas de l’échelle et j’ai fini au directoire en 35 ans de maison.
C’est une femme forte incontestablement, avec pas mal de charisme, à l’énergie débordante. Elle a mis toute sa vie au service de Mouton » Hervé Berland, ancien directeur général de la Société Baron Philippe de Rothschild
Et d’ajouter: « sa carrière d’actrice faisait qu’elle avait une présence exceptionnelle dans toutes les circonstances de la vie, tant au niveau professionnel que personnel. Quand elle était là, elle occupait l’espace. Il fallait être auprès d’elle pour savoir qui elle était. » Et de rendre hommage à Philippine et au Baron Philippe: « je les remercie de m’avoir fait confiance. On m’a donné ma chance et permis de grandir. Je n’oublie pas tout ce qu’on m’a donné. »
Aujourd’hui Hervé Berland est directeur général du château Montrose, un autre cru classé du Médoc, propriété de Martin Bouygues. Il a dirigé la réalisation des travaux du chai cathédrale de Montrose qui ont duré 7 ans.
Tous les proches collaborateurs, les amis et figures du monde du vin de Bordeaux confirment la forte personnalité de Philippine de Rothschild qui au final a été bénéfique pour Mouton et pour les vins de Bordeaux:
C’était la meilleure ambassadrice des vins de Bordeaux, elle parcourait le monde pour parler de sa passion qu’était Mouton et de tous ses vins. Et puis pour parler de Bordeaux. Nous avons perdu quelqu’un de très important de notre famille » Sylvie Cazes, président de la Cité des Civilisations du Vin.
Philippine de Rothschild avait su hisser haut et fort le drapeau de Mouton, développant de nouveaux chais et le musée de Mouton. « Elle en a fait un lieu remarquable » selon Sylvie Cazes. Quant aux étiquettes dessinées sur les bouteilles de Mouton Rothschild, elle a continué l’oeuvre initiée par son père en l’améliorant: « elle choisissait elle même les artistes qu’elle connaissait et avec qui elle aimait travailler, elle les inspirait et sa collection est unique au monde ! »
C’est une très triste nouvelle et je tiens à rendre hommage à tout le travail qu’elle a fourni et à sa très vive personnalité au service des vins de Bordeaux », Allan Sichel, de la Maison de Négoce Sichel et président de la fédération des négociants de Bordeaux.
Et Allan Sichel d’ajouter: « on se souviendra toujours de Madame la Baronne Philippine de Rothschild comme étant à la fois très fine et très très forte. Très fine par sa subtilité, par son élégance, et forte par sa détermination. Lorsqu’elle accueillait les négociants de Bordeaux, c’est avec puissance qu’elle délivrait ses messages » « Ce qui est extraordinaire, c’est sa présence sur une gamme très large: il y avait aussi (outre ses 3 grands crus classés de Pauillac) la très grande marque Mouton Cadet, mais aussi ses projets internationaux comme Opus One et Almaviva la joint venture avec les vins du Chili. Des vins connus du monde entier »
Sur les réseaux sociaux, les mots de sympathie et de reconnaissance se comptent par dizaines…Des articles consacrant son oeuvre comme dans le Wine Spectator, des mots de remerciements comme celui de Vinexpo. Des messages émanant d’oenologues célèbres, Dany Rolland (l’épouse de Michel Rolland): « une grande Dame de Bordeaux et pas seulement ! Hommage, respect, RIP Madame ! », de responsables d’agences de communication comme Nathalie Coiquaud (Banc Public) et de jeunes qui débutent…comme Lijuan Li, une Chinoise qui commence à se faire connaître dans le monde du vin à Bordeaux (et qui chante en prime).
Elle a joué le rôle de sa vie avec pertinence et impertinence . Un modèle à suivre pour les femmes qui n’ont pas la chance de naître Rothschild » Nathalie Coiquaud, Banc Public.
Très touchant, le témoignage de Lijuan Li qui me racontait encore cet après-midi avoir été très impressionnée de rencontrer Philippine de Rothschild: « quand j’étais petite je la voyais dans les magazines comme dans un rêve », un rêve qu’elle a réalisé puisqu’elle a eu la chance de faire sa connaissance en 2012. Philippine fut d’ailleurs la marraine de sa promotion à l’Inseec Bordeaux où elle a suivi des études de commerce et marketing dans le vin. Côté Châteaux lui laisse conclure cet article: Lijuan Li « God bless you in the heaven… »
Jean-Pierre Stahl
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Sylvie Tuscq-Mounet