Le théâtre s’est aussi épanoui, dans l’entre-deux-guerres, dans le milieu régionaliste. Samuel Gibiat l’a souligné, « le félibrige a constitué, pendant plusieurs années, un vecteur privilégié de cette lutte exemplaire pour une reconnaissance de l’identité culturelle régionale. »1 Les écoles félibréennes (parfois rivales) se développent notamment en Haute-Vienne et en Corrèze – l’école de Brive dès 1893 –, relayées à Paris par les associations d’originaires de la région.
Ainsi, le 15 août 1929, à l’occasion de la Fête de l’Eglantine, qui a lieu à Saint-Germain-les-Belles dans le sud de la Haute-Vienne, après d’autres communes les années précédentes, reprend-on la pièce de René Farnier qui connut précédemment le succès à Limoges lors de la Pentecôte 1928 : Lou gru que lèvo, un plaidoyer en faveur du retour à la terre qui enthousiasme près de 3 000 spectateurs2. C’est l’Eicola dau Barbichet, le plus ancien groupe folklorique limousin, qui l’interprète. Fondé à Limoges le 23 mars 19233 par trois fervents régionalistes : René Farnier, Jean Rebier et Albert Pestour, ce groupe d’art et de traditions populaires du Limousin, s’est attaché à défendre et à exalter la langue limousine par une troupe de théâtre populaire, jouant un répertoire en langue d’oc4. Pendant de très nombreuses années, l’Eicola dau Barbichet a été une troupe de théâtre itinérante qui a fait entendre la langue limousine à travers les textes écrits notamment par les fondateurs. Le groupe a également fait partie des fondateurs de la Confédération nationale des groupes folkloriques français et de la Fédération Limousin-Marche. Puis, la danse, les chants et la musique sont venus compléter la troupe de théâtre.
Le 25 décembre 1933, c’est au tour de l’Eglantino do Lemouzi – autre groupe traditionnel fondé cette année-même – d’annoncer une grande soirée régionaliste à Limoges. L’Eglantine du Limousin aime promouvoir la musique traditionnelle, mais aussi les gnorles, de l’occitan nhòrla –, blague ou histoire drôle souvent pleine d’esprit, parfois crue, se moquant des petits travers de chacun, en prose ou en vers.
1 « Le félibrige et l’identité limousine », Le Limousin, pays et identités, sous la direction de J.Tricard, P. Grandcoing et R.Chanaud, Pulim, 2006, p.239.
2 La Vie limousine du 25 septembre 1929.
3 La Sainte-Estelle, fête majeure de tous les félibres, qui s’est tenue à la Pentecôte en 1923 au Puy, a vu l’école s’affilier au Félibrige sous la présidence du Capoulié de l’époque, Marius Jouveau.
4 https://eicoladaubarbichet.jimdofree.com/