27 Jan

La menace des brigands de Châlucet

 

En 1379, la forteresse, proche de Solignac et de Limoges, est aux mains de la bande du brigand Paya Negra. Selon les Annales manuscrites, pour les en chasser, la ville dut mobiliser hommes et finances en 1380. Cette même source semble indiquer que Bertrand Du Guesclin aurait participé à l’expédition contre les routiers de Châlucet, aux côtés de Louis de Sancerre. Toujours est-il que la même année, Perrot de Fontaines, dit le Béarnais – originaire d’Orthez – et sa bande de Gascons, Béarnais, Limousins et Périgourdins, prennent le château à leur tour, en compagnie d’un autre capitaine, Aymerigot Marchès, Limousin d’origine noble. Les habitants de la contrée consentent à lui payer des redevances en nature et de grosses sommes d’argent. Un recueil de miracles composé en 1388 par un moine de Saint-Martial montre Limoges comme assiégée par les brigands : les voyageurs, colporteurs ou négociants, sont obligés d’acheter très cher un sauf-conduit, les paysans n’osent plus apporter leurs denrées aux marchés, ni mener leurs bestiaux aux foires. Perrot a mis en place un véritable système de racket des collectivités : c’est la sufferte, la sauvegarde accordée par les brigands, moyennant le paiement d’une taxe, le patis. Il accomplit ses méfaits dans un large rayon, jusqu’en Auvergne ou La Rochelle. C’est un homme avisé, un thésauriseur, prudent et modéré, habile à conclure des accords avec les villes qui lui paient des redevances ; il sait même, au besoin, servir la cause française.

Parfois, des individus essaient de résister. Ainsi une lettre de grâce et de rémission est-elle donnée en juin 1389 pour Pierre Polet, un habitant de Saint-Lazare, près de Limoges. Celui-ci voit un routier faire violence à sa femme âgée de quinze ans : « ledit Anglois print sa dicte femme devant son dit mary et coucha avecques elle et la cognut charnelement contre son gré ». Saisissant un bâton, Pierre Polet assomme le brigand et le jette dans un puits. Possédant une belle propriété à Brassempoing, dans les Landes, Perrot fait savoir qu’il quittera le Limousin contre une somme énorme : 250 000 francs. On décide la levée d’un impôt extraordinaire dans toute la région, auquel est soumis le clergé après autorisation du pape Clément VII. Le 4 janvier 1393, ayant touché la somme convenue, le brigand quitte la forteresse. Quant à Aymerigot Marchès, qui l’avait aidé, il fut trahi par son cousin Jean, sire de Tournemire, qui le livra aux gens du roi en 1391 ; transféré à la Bastille puis au Châtelet, il est interrogé puis condamné (la sentence lui est lue alors qu’il est au pilori). Il est traîné sur une claie, promené à travers Paris, décapité – sa tête mise au bout d’une lance –, démembré – ses quatre membres sont pendus aux quatre portes de la ville et son corps pendu « à la justice du roi ».

23 Jan

La peste

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De tous les fléaux épidémiques du Moyen Âge, la peste noire est le plus impressionnant, parce qu’il se répand de façon foudroyante et très meurtrière. L’exemple le plus significatif est celui de 1346 à 1353. Venant d’Asie, elle frappe l’Europe occidentale sous-alimentée et fait des ravages effrayants. Il s’agit de la peste pulmonaire, dix fois plus meurtrière que la peste bubonique, et de propagation dix fois plus rapide. L’épidémie atteint presque toute la France. Le bilan démographique est très lourd, et l’on voit dans la peste l’un des cavaliers de l’Apocalypse. Celle de 1346 aurait tué 25 millions d’Européens, soit le quart de la population. Les soins pratiqués ne sont ni adaptés, ni efficaces et l’Eglise et l’Etat s’unissent parfois pour trouver des boucs-émissaires : les Juifs, les mendiants, les marginaux de toutes sortes. Il n’existe pas de véritable politique sanitaire mise en place par le pouvoir royal. En effet, si le recours aux médecins est « le premier des moyens utilisés pour guérir le roi », ce dernier ne peut ou ne songe à prendre de véritables mesures. Les villes et les provinces se doivent donc de lutter par leurs propres moyens pour enrayer le fléau.

La peste frappe Tulle, Brive, Saint-Junien. A Limoges, elle fait de nombreuses apparitions : en 1348, venant de Bordeaux (1/6ème de la population limousine serait alors morte), en 1371, 1382, 1389, 1395 et 1399. Sous-alimentation et pauvreté se conjuguent – pour expliquer l’épidémie – à la rudesse du climat, avérée à cette époque, qui pousse les Limousins à se réchauffer la nuit en se serrant les uns contre les autres dans les lits familiaux. Devant la maladie, les habitants fuient leurs maisons en croyant échapper au terrible fléau : bien souvent, contaminés, ils meurent sur les chemins, sans secours ; la crainte générale les y relègue comme jadis les lépreux. A Brive, on veille sur les remparts, afin d’éviter toute communication avec le dehors. Dans les premiers temps de l’épidémie, la population remplit les églises jours et nuits : ce ne sont que larmes et prières pour conjurer le mauvais sort. On prie saint Sébastien et saint Roch pour éloigner le terrible mal. A Limoges, parmi les reliques : une dent de saint Sébastien est conservée à Saint-Martial et l’un de ses ossements est vénéré en l’église Saint-Pierre-du-Queyroix dans un reliquaire de cuivre surdoré. Dans la ville, au XIVème siècle, il existe des confréries, sortes d’associations de dévotion et de charité, qui portent assistance aux pauvres et aux malades. Huit hôpitaux ou léproseries existent dans la ville, parmi lesquels l’hôpital Saint-Gérald et l’hôpital Saint-Martial. Ces fondations sont les œuvres du clergé, mais parfois aussi de simples particuliers. Ces infrastructures laissent à penser que l’on tenta de mettre en place une politique sanitaire à Limoges. Ce n’est qu’à partir du XVIème siècle que les sources nous informent sur la politique des consuls en temps de peste, tandis que les habitants qui le peuvent se retirent à la campagne, les élus établissent un capitaine ayant pour mission de garder la ville, un médecin et un prêtre.

La peste frappe Limoges à plusieurs reprises, particulièrement meurtrière en 1631 – les pestiférés se réfugiant à la Maison-Dieu ou dans des huttes de vignerons à l’extérieur de la ville. On enfouit les morts dans des fosses communes. On prie, on processionne pour repousser ce que l’on croit être un châtiment divin.

15 Jan

Au jardin de l’évêché, Limoges, vers 1967

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(c) J.M. Bourdelas

Sur cette photographie des années 1960, on remarque certes un petit garçon rêveur jouant avec son camion sur le parapet, mais aussi le bassin au bout de l’allée conduisant au palais et, derrière, le grand arbre abattu par la suite. En arrière-plan, sur la droite, l’Hôtel de Ville.

08 Jan

L’aérodrome de Limoges-Feytiat

Aérodrome Limoges-Feytiat 005-20 - vue aérienne - Photothèque Paul Colmar

Aérodrome Limoges-Feytiat - Parachutisme - CERPCO 100-4 - (1962) - Photothèque Paul Colmar

Aérodrome Limoges-Feytiat 001-4 - aérogare et avion - Photothèque Paul Colmar

(c) Photothèque Paul Colmar

De 1933 à 1974, l’aérodrome de Limoges-Feytiat, qui se situait à l’emplacement actuel du Golf municipal St-Lazare à Limoges, a connu le développement de l’aviation. Maryse Bastié, Fernand Malinvaud et bien d’autres, furent de l’aventure. En 1936, l’Aviation Populaire a ouvert les portes du loisir aérien à de nombreux jeunes de toutes conditions. A partir de 1946, l’aviation de loisir a connu ses heures de gloire. Toutes les disciplines sportives y étaient représentées : le vol moteur et le tourisme aérien, le vol à voile, l’aéromodélisme et le parachutisme. A l’occasion de grandes fêtes aériennes, les as locaux et les aviateurs français parmi les plus illustres ont émerveillé les foules. Le dimanche, le public montait « au terrain » à pied, à vélo, en tramway puis en trolley, pour voir évoluer les aviateurs. En 1967, le développement de l’Aviation Limousine vit ses efforts récompensés avec la création de la première compagnie aérienne régionale, AIR LIMOUSIN.

03 Jan

L’alimentation, les marchés et les mortalités à Limoges au XIIIème siècle (D’après les Chroniques de Saint-Martial)

 

Les céréales demeurent la base de l’alimentation des Limougeauds, en particulier le seigle et le froment. On boit du vin, élaboré pour la messe mais également consommé par les moines. Ainsi, à Saint Martial, lors des anniversaires ou des grandes fêtes, le cellérier distribue le vin pur, le reste du temps, il a l’autorisation de le mouiller (il y a deux cellériers : celui de la cuisine pour la nourriture et celui du vin). En raison des restrictions des nombreux jours de maigre dans l’année, le poisson occupe une grande place dans le régime alimentaire. On les pêche dans les nombreux cours d’eau et étangs régulièrement empoissonnés. On consomme également de la volaille, des œufs et de la viande (il y a un marché à la viande à Limoges). Le sel est utilisé pour conserver la viande de porc. Parmi les fruits que l’on mange : les pommes, les raisins, les prunes, mais aussi les oranges, dont le prix est élevé car elles sont importées. Il est vraisemblable que l’on déguste aussi des laitages.

Il y a des foires et des marchés à Limoges. Au centre du cloître de Saint Martial (« la clautre »), on peut acheter des fruits, du blé, de menues denrées. Place des bancs sont disposés les étaux des bouchers ; la volaille et le gibier sont vendus à la porte Poulaillère ; le marché aux poissons se situe à la porte Poissonnière puis devant l’église Saint Pierre. Les deux rues les plus fréquentées et commerçantes sont la rue du Clocher et celle des Taules, où s’alignent banquiers et changeurs.

Malheureusement, il y a à cette époque un nombre relativement important de crises alimentaires, dues à des accidents climatiques et à de mauvaises récoltes. En 1235, la pénurie alimentaire fut si grande que « les hommes mangeaient de l’herbe comme les animaux. » La famine fut aggravée par la peste avec gonflement et inflammation de la peau. A Saint-Martial, 22 moines (soit le quart de l’effectif) moururent.