24 Avr

Un blog sur l’histoire de Limoges? Bon sang, mais c’est bien sûr!

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Pendant des décennies – et plus encore – mes ancêtres paternels ont vécu au 58 rue du pont Saint-Martial (l’antique voie centrale d’Augustoritum, la cité gallo-romaine) à Limoges. Deux des plus récents, Emile, mon arrière-grand-père, et Eugène, mon grand-père, y eurent une entreprise de peintres en bâtiment, travaillant par exemple avec le célèbre Francis Chigot, maître de la lumière et du vitrail (chez les particuliers, dans les églises, à la gare des Bénédictins…). Surtout, ils avaient deux fiertés: celle d’être des Limougeauds, mais plus encore des « Ponticauds », les habitants du quartier des ponts (et attention! Ceux du pont Saint-Etienne ou du Clos Sainte-Marie n’étaient pas ceux de Saint-Martial). Mon père plongeait des piles du pont gallo-romain dans l’eau douce de la Vienne… alors bordée d’usines et de bâtiments industriels. Emile, après avoir été enterré par l’explosion d’un obus du côté de Verdun, avait été déterré et sauvé par ses camarades. En 1936, après la mort en couches avec son bébé de sa fille Marie – la femme du directeur des Nouvelles Galeries -, alors que s’annonçait « l’embellie » du Front Populaire, il se pendit à une poutre de la charpente de bois de l’immeuble des Bourdelas. Mon père n’avait que quatre ans. Encore quatre années et son père serait fait prisonnier par les Allemands, envoyé dans le IIIème Reich comme travailleur forcé chez Siemens puis dans une ferme. A son retour, Jean-Marie (qui entre-temps aurait assisté à la Libération de la ville par Georges Guingouin) aurait déjà 13 ans.

Eugène, mon grand-père, aimait raconter ses souvenirs du Limoges d’autrefois, qu’il entrecoupait de phrases et de couplets en langue limousine.

Ce sont eux qui m’ont fait aimer ma ville natale. Mais ce sont aussi mes grands-parents venus du Nord, Rose au moment de l’Exode avec ma mère Françoise, âgée de six mois, Marcel, qui les rejoignit après son évasion du stalag. Dans les caves de la place des Bancs, sous leur magasin de vin, ils imprimaient de faux papiers pour les Juifs et les maquisards. Ils étaient les amis de Lecomte-Chaulet, résistant dont la boutique était en face de la leur.

C’est en leur mémoire à tous que je rédige désormais ce blog sur l’histoire de Limoges. J’espère qu’il vous intéressera.

Et je remercie Dominique Papon de m’en avoir suggéré l’idée.