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Georges Vérynaud parlait d’ « une sorte de renaissance » pour Limoges sous le règne de Louis XV. Elle fut encouragée en partie par des intendants comme Tourny (1730-1743) et Turgot (1761-1774).
Les routes sont remises en état ou créées sur des tracés nouveaux. La ville devient un important centre textile : fabrique de siamoise (tissu de soie inspiré des mousselines du Siam) de Thévenin du Généty, Manufacture Royale Laforest, autres fabriques, bonneteries, filature à domicile (dès l’âge de 6 – 7 ans), teinturerie (Nieaud, Ruaud). La faïencerie apparaît. Sollicité par Turgot, Joseph Massié s’associe avec les frères Grellet et Nicolas Fournerat (chimiste) pour fabriquer de la porcelaine, suite à la découverte de kaolin à Saint-Yrieix-La-Perche, à un moment où la Manufacture royale de France à Sèvres est à la recherche de la précieuse argile à travers tout le royaume. Progressivement, malgré bien des vicissitudes, l’industrie de la porcelaine se fixe et se développe en Limousin. D’autres activités se maintiennent ou se développent ; parmi elles : une brasserie créée en 1765 au-delà du pont Saint-Martial, des papeteries, des tanneries.
Surtout, la ville se transforme. L’intendant Claude Boucher d’Orsay et Tourny agrémentent Limoges de promenades et de jardins. En 1730, le jardin d’Orsay prolonge la promenade du cimetière des Arènes, sur les ruines de l’amphithéâtre gallo-romain, ancien repaire mal famé. Tourny fait tracer une place (aujourd’hui place Jourdan), ouvrant sur les allées Tourny (aujourd’hui avenue des Bénédictins), et fait réaliser la porte Tourny (carrefour du même nom). Turgot, qui établit un plan d’urbanisme (et d’alignement) avec l’ingénieur Tréssaguet et le dessinateur Alluaud, mais ne peut en voir l’aboutissement, fait raser les remparts, en mauvais état, imagine des places à formes géométriques (place Magnine, où l’on songe à implanter un marché au vin), ceinture la ville de boulevards (déviant par ailleurs une partie de la circulation pour éviter l’engorgement de la ville) en 1770. L’intendant fait construire, rue des Anglais, la maison de force – on y enferme mendiants, fous, épileptiques, galeux, aveugles et muets –, et le nouveau collège : au fond du jardin, un grand bâtiment s’élève en bordure du nouveau boulevard (entrée principale du lycée Gay-Lussac aujourd’hui). Parfois, certains s’élèvent contre la disparition du vieux patrimoine ; ainsi l’abbé Legros qui regrette, en 1773, la destruction de la porte des Arènes, « fort belle […] la ville a perdu une belle antique. » Nicolas D’Aine (1775-1783) poursuit l’entreprise d’ouverture sur l’extérieur, même si l’intérieur même de la ville change finalement peu. Dans ses Travels in France (1792), Arthur Young, savant et agronome anglais, observe : « la ville est mal construite, avec des rues étroites et tortueuses, les maisons hautes et peu plaisantes. Elles sont bâties en granit et en bois, avec des lattes et du plâtre, pour éviter la chaux, article cher ici, car on la fait venir d’une distance de douze lieux ; les toits sont couverts de tuiles ; ils font saillie et sont presque plats, preuve évidente que nous avons quitté la région des neiges. » En 1781, une place ronde est aménagée : la place Montmailler, rebaptisée Dauphine à la naissance de l’héritier de la couronne (c’est l’actuelle place Denis-Dussoubs), bientôt décorée par une fontaine ornée de quatre dauphins de bronze vert-antique et deux écussons aux armes du Dauphin. On entreprend une politique nécessaire d’assainissement.
Les bourgeois de Limoges rénovent leurs maisons et de nouveaux bâtiments sont édifiés. Les plus riches – comme Jean-Baptiste Bourdeau et Naurissart – font bâtir de beaux hôtels particuliers. Le palais de l’intendance (architecte Joseph Brousseau) et le présidial, accolé à l’église Saint-Pierre, sont achevés en 1784-85 (lors des travaux de ce dernier, une grande quantité de tombes et d’ossements sont mis à jour, indiquant la présence d’un ancien cimetière). Louis Duplessis d’Argenté pose la première pierre du nouveau palais épiscopal – construit par Brousseau – en 1766 ; il en prend possession en décembre 1777. Les jardins en sont magnifiques. Arthur Young s’en réjouit : « l’évêque actuel a édifié un grand et beau palais, et son jardin est ce que l’on peut voir de plus beau à Limoges, car il domine un paysage dont la beauté peut difficilement être égalée ; il serait vain d’en donner une description plus développée que celle qui est strictement nécessaire pour pousser les voyageurs à le contempler. Une rivière serpente à travers la vallée, environnée par des collines qui présente l’ensemble le plus gai et le plus animé de villas, de fermes, de vignes, de prairies en pente et de châtaigniers, si harmonieusement mêlés qu’ils composent un tableau vraiment délicieux. » L’abbé de Saint-Martial, quant à lui, fait reconstruire son château de campagne à Beauvais (près de Landouge), des bâtiments religieux rénovés ou redécorés. Joseph Brousseau réalise la chapelle de La Visitation.
Le 7 octobre 1776 et les jours suivants, on pose à l’extrémité de chaque rue et au milieu des plus longues des plaques sur lesquelles on inscrit leurs noms. Les propriétaires de voitures doivent indiquer sur celles-ci leur nom, surnom et adresse sous peine d’amende.