27 Juin

Inquiétudes pour la place des Bancs

place des Bancs

Place des Bancs, années 60-70 (collection particulière)

Il y a peu, des rumeurs (démenties par la Municipalité) ont circulé en centre-ville, annonçant la disparition du marché de la place des Bancs après travaux. Bien entendu, cela aurait été une grave erreur, la place ayant une vocation commerciale depuis l’époque médiévale et contribuant agréablement au dynamisme du centre-ville…

Bancs (pl des) 063-4 - marchande allumant brasero - Photothèque P. Colmar

Marchande allumant un brasero (photothèque Paul Colmar)

La place des Bancs a été intégrée à l’enceinte du Château (la ville autour de l’abbaye Saint-Martial et de la motte du vicomte) au début du XIIIe siècle. A la même époque, la place du Marché devint la place du Vieux-Marché (place du Poids-Public) et la place des Bancs lui succèda dans sa fonction commerçante. Les bouchers étaient désormais tenus d’y vendre leur marchandise. Ils quittèrent les abords de l’étang de Palvézy et le faubourg Boucherie (rue Raspail et rue du Collège) et s’installèrent rue Torte, aujourd’hui rue de la Boucherie, à côté de la place des Bancs. Cette place servira longtemps de marché à la viande et au pain.

Dans les dernières années du XVIe siècle, une halle est construite au-dessus des bancs charniers (ils sont à l’origine du nom de la place). En 1743, celle-ci est démolie sur ordre de l’intendant Tourny (1730-1743), qui souhaite assainir le centre-ville. Pour embellir la place, qu’il renomme place Royale, il fait édifier une fontaine dont le trop-plein est conduit à la fontaine de l’hôpital en 1768. Lors du pavage de la place des Bancs en 1843, la fontaine est supprimée ; des bornes-fontaines, rue Jauvion et rue de la Loi lui sont substituées.

place des Bancs 1910

La place au début du 20ème siècle (collection particulière)

marche-place-des-bancs-limoges-autrefois

Quand le musicien russe Modeste Moussorgski compose en 1874 ses Tableaux d’une exposition, il s’inspire des toiles de son ami décédé, le peintre Victor Hartmann, qui est passé par Limoges vers 1860 et a peint la place des Bancs. Le Marché de Limoges est la septième des dix pièces de cette suite pour piano, orchestrée par Maurice Ravel en 1922 et l’une des plus célèbres avec La Grande Porte de Kiev.

Les détails sur le site Géoculture

A la Révolution, les Girondins, et leur chef de file Vergniaud, fréquentaient, dans l’ancienne maison Marmignon (XIVe siècle), un café, qui ne s’appelait pas encore Café des Girondins (il portera ce nom à partir de 1847). L’édifice est démoli puis reconstruit entre 1914 et 1918 par l’architecte Claude Lamargue. Certains éléments de l’ancienne façade sont intégrés à la nouvelle : les trois arcs brisés incorporés dans le mur du premier étage et les modillons soutenant le bandeau séparant le rez-de-chaussée de l’étage. Le magnifique café tel qu’il est aujourd’hui date de la reconstruction de l’immeuble et sa décoration n’a pas bougé depuis 1918 (la place mériterait qu’il soit plus actif…). Acheté en 1937 par Mme veuve Lazare, l’établissement, qui a pris le nom de Café 1900, 12 place des Bancs, a été revendu par sa belle-fille en 2005 (elle avait épousé M. Lazare, juriste qui avait exercé à Paris avant la guerre avant de revenir sur Limoges après sa captivité).

Pierre-Vergniaud02

L’avocat Pierre Vergniaud, né en 1753, guillotiné en 1793 (suite à une accusation de Robespierre)

Pharmacie Brunot

Carte postale de la pharmacie Brunot retrouvée par Le Populaire du Centre

L’ancienne pharmacie Brunot, au 22-24, se signale par le caducée d’Hygie qui orne sa façade. La présence d’une pharmacie à cet emplacement est attestée dès le milieu du XIXe siècle.

A la place de l’actuelle pâtisserie se trouvait autrefois le magasin de vin Les Caves du Centre dont le gérant, Marcel Vinoy, aménagea durant la Seconde Guerre une imprimerie de faux-papiers dans les caves, en liaison avec Lecomte-Chaulet.

Rose and Co 004

Marcel, Françoise et Rose Vinoy dans leur magasin

En face, l’ancienne boutique de tissus de Lecomte-Chaulet  est agrémentée de belles mosaïques qu’il conviendrait de restaurer/entretenir. A partir de 1942, le mouvement de résistance Franc-Tireur s’organise sous la direction D’Edgar-Eugène Lecomte-Chaulet, avec l’aide de son fils Robert-Jean. Parmi les membres du réseau, Arsène Bonneaud, professeur à l’Ecole de médecine de Limoges révoqué par Vichy (mort en déportation à Buchenwald), secondé par Maurice Rougerie, instituteur – père de René, lui-même résistant et futur célèbre éditeur de poésie. Pierre Lavaurs, entrepreneur, gère la réception du journal Franc-Tireur (2 000 exemplaires distribués en 1943).

Sur cette photo de l’immédiat après-guerre, avec Lecomte-Chaulet (il est en béret): son épouse, Rose Vinoy et la petite Françoise Vinoy.

Lecomte Chaulet

L’histoire de la place mérite d’être poursuivie, j’y reviendrai dans ce blog car il y a encore beaucoup à raconter et à montrer à son sujet! Et l’on attend avec impatience le retour du marché, qui vaut bien celui de « Brive-la-Gaillarde »!

21 Juin

A Limoges, on est les champions! (du ballon rond)

CSP

La victoire du CSP le samedi 20 juin 2015 est l’occasion de se souvenir que le ballon a marqué l’histoire de Limoges…

C’est en 1943 que l’Union Sportive et Athlétique de Limoges est créée par les amateurs de ballon ovale. Les rugbymen locaux entrent alors dans l’une des périodes les plus glorieuses du club avec les qualifications successives en 1/8 de finale et ¼ de finale du championnat de France de Première Division pour les saisons 1948/1949 et 1949/1950. La deuxième partie du siècle verra l’U.S.A.L pérenniser ses structures avec des fortunes sportives diverses l’amenant à évoluer entre la première et la deuxième Division nationale. Après le passage à la direction sportive de Pierre Villepreux dans les années 1990, puis l’arrivée de nouveaux dirigeants, le club décroche un titre de Champions de France de Fédérale 1 et accède à la Pro D2, deuxième division professionnelle.

En 1947 naquit le Limoges Football Club, qui passa professionnel en 1957. Pierre Flamion est nommé entraîneur ; sous sa direction, le club est promu en D1 dès 1958. Limoges parvient à se maintenir trois saisons au plus haut niveau avant de connaître la relégation. Le record d’affluence au stade municipal est porté à 17 592 spectateurs payants à l’occasion de la visite du Stade de Reims en 1960. Après bien des vicissitudes, le club a accédé en 2010/2011 à la C.F.A. 2.

Mais c’est surtout le basket qui a fait la renommée de la ville, avec son célèbre Cercle Saint-Pierre créé en 1929 – club le plus titré de France – qui a accédé à la 1ère division du Championnat de France en 1978. Il remporte sa première coupe de France en 1982, ainsi que, la même année, son premier titre européen, la coupe Korać. Il devient champion de France, pour la première fois de son histoire l’année suivante, en 1983. En 1988, il remporte le championnat de Pro A, organisé pour la première fois par la ligue nationale de basket. La même année, il renforce son palmarès européen en gagnant la coupe des Coupes. Le 15 avril 1993, il devient le premier club français de sport collectif à remporter une coupe d’Europe des clubs champions. Après quelques déboires, le C.S.P. accède de nouveau à la Pro A à partir du championnat 2012-2013 et enchaîne deux titres de champion de France. L’équipe évolue depuis 1981 dans le Palais des Sports de Beaublanc (qui accueille d’autres manifestations sportives et a servi de salle de concerts avant la construction du zénith – le premier concert étant donné par Angelo Branduardi, qui entraîna le public dans une folle ronde). Le public est très nombreux à chaque match et les supporters particulièrement enthousiastes.

Bien entendu, on pratique de nombreux sports à Limoges, qui compte 30.000 licenciés pour 310 clubs dont l’histoire est parfois liée à celle de quartiers et de paroisses, comme La Saint-Antoine près de la gare des Bénédictins.

14 Juin

L’abattage des arbres place de la République: une vieille histoire

république (pl de la) - abattage arbres du mail (1960) - Photothèque P. Colmar

Au printemps 2015, la Ville de Limoges a décidé l’abattage des arbres de la place de la République, avant les fouilles archéologiques et la rénovation de celle-ci.

Ce n’est pas la première fois que cela se passe! Dans les années 1960, la municipalité Longequeue, qui voulait « moderniser » l’architecture de la place avait procédé à la suppression de l’ancien mail et donc à l’abattage des arbres…

(c) Photothèque Paul Colmar.

 

13 Juin

Ils sont fous ces Romains! (3) Mettons-y un therme.

thermes Augustoritum

(Cliché: Ville de Limoges)

Augustoritum était abondamment approvisionné en eau potable, son sous-sol étant pourvu de sources qui furent l’occasion du creusement de nombreux puits. Les Romains entreprirent le creusement dans la roche d’aqueducs souterrains captant l’eau à l’extérieur de la ville, dans des points élevés du territoire (Beaubreuil, Corgnac), pour la conduire par gravité jusqu’à l’emplacement de l’actuelle place de la Motte ; l’eau étant redistribuée à travers la ville par un réseau d’aqueducs alimentant habitations, fontaines et bains publics. Des thermes publics monumentaux, parmi les grands édifices de ce type en Gaule, entourés d’un mur d’enceinte rectangulaire de 73 sur 85 mètres de côté, couvrant 6 205 m2, furent édifiés à l’époque flavienne (69-96) sur l’emplacement de l’actuelle place des Jacobins et ses abords. L’archéologue Jean-Pierre Loustaud a indiqué que « le noyau central de l’édifice se compose de trois vastes salles de 17 m x 12 m, terminées chacune par une abside. [L’une d’elles] possédait au moins deux piscines, chauffées par des hypocaustes à conduits rayonnants. » Il y avait vraisemblablement les habituelles salles froide (Frigidarium), tiède (Tépidarium) et chaude (Caldarium). Diverses cours et salles de service complétaient l’ensemble, ainsi qu’une palestre de 73 m x 13 m, bordée par une galerie portique. « Le sol était revêtu d’un immense tapis de mosaïque imitant un dallage et un lambris de marbre recouvrait les murs », précise encore le chercheur. Les habitants d’Augustoritum allaient aux thermes – souvent avant le dîner – pour se laver, mais surtout pour profiter d’un lieu de sociabilité, où l’on pouvait bavarder, jouer, discuter affaires. Ils pouvaient faire du sport à la palestre, suivant en cela le précepte bien connu de Juvénal : mens sana in corpore sano. Ils laissaient leurs vêtements au vestiaire puis passaient d’une chambre à l’autre, transpirant puis se refroidissant. Ils se passaient de l’huile sur le corps et se raclaient la peau avec le strigile, pouvaient se faire masser, coiffer ou même épiler. L’endroit était généralement fort animé, bruyant – « une cacophonie permanente » avait noté Sénèque ailleurs.