Drachme lémovice, IIème s. av.J.C.
Les Gaulois vivant en Limousin étaient les Lémovices – de lemo, l’orme, et vices, qui vainquent, peut-être parce que leur lance était en bois d’orme. Sans doute s’installèrent-ils sur les contreforts du Massif Central entre le milieu du IVème et le courant du IIIème siècle avant J.C. Leur territoire – particulièrement riche en mines d’or – s’étendait, si l’on en croit notamment la toponymie prélatine, sur les actuels territoires de la Région Limousin, mais aussi de la Charente, de la Dordogne et de l’Indre. C’était un peuple de commerçants, ce qui contribua à leur prospérité. Le travail des archéologues, dès 1922 et surtout au début des années 1980 – et notamment des adeptes de la prospection aérienne –, a montré que leur « capitale » politique et religieuse était vraisemblablement l’important oppidum situé à Villejoubert (commune de Saint-Denis-des-Murs), l’un des plus vastes de la Gaule indépendante, avec trois cents hectares environ, sur le plateau situé entre les cours de la Vienne et de la Maulde : on y a trouvé la trace d’un rempart de dix kilomètres. Peut-être porta-t-il le nom de Durotincon. Des traces d’occupation gauloise ont également été trouvées à Saint-Gence, site artisanal (céramique, métallurgie) et commercial à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Limoges, bien étudié par Guy Lintz. D’autres places ont été découvertes, comme un sanctuaire rural du Ier siècle avant notre ère, à Tintignac, sur la commune de Naves, en Corrèze. En 2004, on y a trouvé près de 500 fragments d’objets en fer et en bronze, parmi lesquels une dizaine d’épées et de fourreaux en fer, des fers de lance, un umbo de bouclier, une dizaine de casques en bronze et en fer dont un, magnifique d’élégance, prend la forme d’un cygne, deux têtes d’animal dont une de cheval, un corps d’animal en connexion avec les deux pattes arrière, une patte avant, un chaudron, et sept carnyx – la fameuse trompe verticale dont les Celtes sonnaient lors des combats et dont des chercheurs en acoustique ont retrouvé le son. A Tintignac, six des sept trompettes se terminaient par des hures de sangliers, une tête de serpent agrémentant la dernière. Sans doute s’agissait-il là d’un sanctuaire majeur du peuple lémovice, à proximité de l’itinéraire protohistorique traversant le territoire gaulois du sud-est au nord-ouest. Selon Jean-Michel Desbordes, la vocation du territoire des Lémovices « paraît bien être celle d’un carrefour d’échanges économiques. » La circulation des monnaies chez eux semble attester de leurs relations avec « les Grecs et les Ibères des comptoirs méditerranéens. » Les Gaulois importaient par exemple des objets de parure, des céramiques, des vins de la Campanie et même des îles orientales de la Grèce (l’abondance des amphores retrouvées témoigne de l’importance de ce commerce). Le territoire était défendu par des enceintes de frontière et de contrôle routier, auxquelles s’ajoutait bien sûr l’oppidum central.
Selon César dans La Guerre des Gaules et les travaux de divers historiens, des Lémovices furent parmi les premiers à se rallier à Vercingétorix et à lui envoyer un contingent pour le secourir. Sedullus, leur chef, fut tué à Alésia, lors de l’assaut final. Les Gaules furent réduites à l’état de province. Les Lémovices avaient perdu nombre de jeunes hommes et durent payer le tribut fixé par César ; mais, dans le même temps, les élites pro-romaines furent favorisées. Cependant, des éléments de la civilisation gauloise perdurèrent, sans doute plus encore dans les campagnes, mais aussi dans le nouveau centre urbain d’Augustoritum où un temple gaulois exista durant les premières décennies de la ville non loin du forum. De même les premiers habitants construisirent-ils leurs premières demeures de manière traditionnelle, en terre et en bois. Les magistratures gauloises précédant, enfin, celles venues de Rome.