Jules Sandeau – l’un des premiers compagnons de George Sand à qui elle emprunta la moitié du nom –, natif d’Aubusson (1811-1883), écrivain, académicien, conservateur de la Bibliothèque Mazarine, écrivit quelques pièces en collaboration avec Emile Augier, poète et dramaturge. A la Comédie Française, l’adaptation théâtrale de son roman Mademoiselle de la Seiglière – comédie en 4 actes et en prose – fut créée le 4 novembre 1851 et jouée assez longtemps. Elle fut aussi présentée en 1851 au Théâtre de La Monnaie à Bruxelles. En 1920, André Antoine l’adapta joliment au cinéma, avec les acteurs Léon Malavier, Romuald Joubé, Huguette Duflos, Catherine Fonteney, Maurice Escande, Charles Lamy, Félix Huguenet, Charles Granval, Saturnin Fabre[1]. Au début de la Révolution, le marquis de la Seiglière émigre. Quand, de longues années après, devenu veuf, il rentre en France avec sa fille, son château et ses terres sont devenus la propriété d’un de ses anciens fermiers, Stamply. Celui-ci, veuf également, vit seul, mélancolique, au château de la Seiglière. Son fils unique, Bernard, officier dans les armées de l’Empereur, est tombé, croit-on, à la Moskova… L’action se passe dans la région d’Aubusson.
En 1847 est publié à l’Imprimerie de Pradier fils (Limoges) Lion et ouvrier : drame en deux actes et en vers, une pièce anonyme en alexandrin, drame de l’amour impossible entre Marcel Levy ouvrier menuisier poète et Isadora fille d’un capitaine. C’est un peu Romeo et Juliette (avec le suicide des deux amants) transposé dans le Paris ouvrier du XIXe siècle des indignations sociales. Trois ans plus tard, dans un autre registre, Antoine Laubie (1810-1865) publie à l’Imprimerie de Chapoulaud frères (Limoges) Marie Stuart à l’école, drame historique, « drame historique en trois actes mêlé de couplets et spécialement destiné au pensionnat de jeunes demoiselles pour les exercices publics d’une distribution des prix »[2] .
Le 18 février 1817 est représentée pour la première fois, au théâtre du Vaudeville à Paris, la pièce en un acte de MM. Scribe et Delestre-Poirson, Le Nouveau Pourceaugnac (éditée aussi sous le titre Encore un Pourceaugnac). La scène se passe dans une petite ville voisine de la capitale, dans laquelle est caserné le régiment de M. de Verneuil. Charles-Gaspard Delestre-Poirson fut directeur du Gymnase dramatique, de 1820 à 1844. Il est l’auteur d’un grand nombre de comédies, écrites seul ou en collaboration avec Eugène Scribe, Mélesville, Nicolas Brazier et beaucoup d’autres. On lui doit également, à nouveau avec Scribe, le livret de l’opéra de Rossini, Le Comte Ory, ainsi qu’un roman, Un Ladre, récit d’un vieux professeur émérite. Dans ce Nouveau Pourceaugnac, l’un des personnages est Ernest de Roufignac, jeune officier de cavalerie, « prétendu[1] de Limoges » de la jeune Nina, que ses rivaux hussards veulent écarter et moquent en constatant que son nom rime avec Pourceaugnac. Ailleurs, on rit de « cet imbécile qui arrive de Limoges » ou de ce jeune homme dont « il est impossible qu’il ait du mérite parce qu’il est de Limoges ». Quand on lui propose de jouer le rôle de Pourceaugnac, il observe : « Allons, le sort en est jeté, et je vois que c’est à moi de soutenir l’honneur des habitants de Limoges. » Il saura bien circonvenir les moqueurs, affirmant à la fin : « Ah ! nous avons aussi à Limoges quelques plaisanteries originales pour les jours gras. »
En 1812 parait à l’imprimerie de Dondey-Dupré (Paris) Anecdote trouvée dans le porte-feuille d’Innocent Poulot, « court roman qui se veut une suite de la comédie de Molière Monsieur de Pourceaugnac : Innocent Poulot serait un petit-fils de Pourceaugnac, décrit comme d’origine limousine par Molière. L’auteur raconte les aventures rocambolesques d’un jeune homme maladroit et naif, qui se clonclut par le retour de cet aïeul de Pourceaugnac à Limoges pour célébrer son mariage. »[2] Camille Jouhanneaud l’attribue à un certain Dorvigny et en fait la présentation dans Le Bibliophile limousin : « Avant de mettre en scène son Innocent Poulot, Dorvigny nous avait fait assister au retour de Paris à Limoges de son aïeul, du vrai, du grand Pourceaugnac, à son mariage dans notre bonne ville et aux dernières péripéties de son existence et c’était là sans nul doute la partie de l’ouvrage qui pouvait le mieux exciter notre curiosité. On y voit le héros, à son retour, mystifié dans sa ville natale comme il l’avait été dans la capitale, berné par ses concitoyens, par ses amis et même par sa fiancée, Mlle de Persiflac, fille d’un subdélégué des finances, qui finit toutefois par l’épouser, en considération de sa fortune. Puis le bonhomme vieilli, devenu de plus en plus le jouet de sa femme et de son entourage, se retire à la campagne et meurt d’une façon grotesque, en pêchant à la ligne, après avoir, en haine des Parisiens et des citadins en général, marié son fils à une paysanne qui fut la mère d’Innocent Poulot. En somme ce Pourceaugnac à son déclin n’est qu’un pastiche très faible, fort pâle de celui que tout le monde connaît. On chercherait ainsi vainement dans l’œuvre de Dorvigny une note d’intérêt local ; s’il place à Limoges la dynastie des Pourceaugnac ainsi que leurs faits et gestes, c’est que l’ancêtre en était déjà mais il parle de la ville et de ses habitants comme il le ferait de toute autre localité. Dans sa narration, il y a pénurie complète de couleur locale on n’y rencontre aucune péripétie, aucun trait caractéristique, pas le moindre détail piquant »[3]
En 1922, Léon-Georges Delhoume est l’auteur de La Vengeance de M. de Pourceaugnac : Comédie en un acte, éditée par l’Imprimerie Guillemot et de Lamothe (Limoges). Rentré dans ses terres limousines, Monsieur de Pourceaugnac, sauve d’un mariage arrangé les deux jeunes amants. Une suite revisitée à la pièce de Molière qui dépeignait un idiot et rustre limousin[4]. En 1883, René Fage (1848-1929), dans un ouvrage paru chez Ducourtieux[5], avait tenté de trouver les raisons biographiques réelles et supposées de ce mépris de Molière qui nuisit à la réputation des Limousins. Il y revenait sur la tradition locale – reprise par divers auteurs dont Jules Clarétie, qui brodèrent largement – qui affirmait que Poquelin aurait souffert du mauvais accueil des Limougeauds à l’époque de ses pérégrinations à travers le royaume. Remarquant qu’aucun document n’attestait du passage de Molière à Limoges, il notait toutefois que la tradition de sa venue et de son logement dans une auberge de la place Sainte-Félicité, tout près du pont Saint-Martial à Limoges, n’était peut-être pas à rejeter, puisque la ville était un carrefour routier d’importance. René Fage écrivait que c’est dans la pièce même qu’il fallait chercher les indices du séjour. Ainsi le dramaturge y cite-t-il Petit-Jean, un fameux restaurateur de la Cité qui exista vraiment. De même évoque-t-il le cimetière et la promenade des Arènes et fait-il allusion à un chanoine de Saint-Etienne. Fage se risque à une datation du possible passage de Molière entre fin 1648 et début 1649. Selon lui, en écrivant Monsieur de Pourceaugnac sur l’ordre du roi, l’auteur fait œuvre de courtisan et, plutôt que des Limousins, se moque surtout du gentilhomme de province, de ceux qui frondaient durant la jeunesse royale. Indiquons également qu’en 1912, l’érudit René Fage a montré dans un autre opuscule[6] qu’Etienne Baluze, le bibliothécaire tulliste de Colbert, juriste très bon connaisseur du droit canonique, rédigea en 1668 un mémoire visant à exonérer Tartuffe des foudres ecclésiastiques aux yeux de Louis XIV qui finit par en autoriser les représentations. Ce serait donc un Limousin qui aurait contribué à sauver la pièce.
[1] Prétendant.
[2] http://www.bn-limousin.fr/items/show/3356#
[3] Le Bibliophile limousin, Ducourtieux et Goût (Limoges), 1905, p. 6.
[4] http://www.bn-limousin.fr/items/show/3111#
[5] http://www.bn-limousin.fr/items/show/3110#
[6] http://www.bn-limousin.fr/items/show/3109#
[1] https://www.avoir-alire.com/mademoiselle-de-la-seigliere-la-critique
[2] http://www.bn-limousin.fr/items/show/3117#