La Fête-Dieu (c) P. Colmar
L’église a été détruite au XIIe siècle, mais fortement remaniée dès le XIIIe siècle et restaurée au XIXe. Elle dispose d’une nef unique de deux travées à faux transept et d’une abside polygonale.
L’intérieur. – Un porche en arc brisé neuf supporte un clocher neuf, désaxé par rapport à la nef. Les murs de la première travée sont garnis d’arcs de décharge brisés, avec quart-de-rond au départ de la voûte. A l’Ouest, les piliers sont engagés dans la maçonnerie et présentent des chapiteaux cachés en partie, avec des crochets à la corbeille. A l’Est, les piliers sont formés d’un pilastre rectangulaire et d’une colonne ronde engagée du type de Nieul. Le chapiteau est commun au pilastre el à la colonne. Les corbeilles sont sculptées, au Nord, de crochets-boules et de crochets fleur-de-lis, au Sud, de crochets-boules. Les tailloirs sont moulurés d’un cavet, d’un filet, d’un boudin et d’un filet. La voûte d’ogives est neuve. Il y a une fenêtre, sans caractère, au Sud. Dans la deuxième travée, il y a des crochets-boules sur les chapiteaux, au Nord, des crochets-boules et des crochets fleurs-de-lis, au Sud. Fenêtre au Nord et fenêtre au Sud. Après cette travée, on trouve de chaque côté une chapelle voûtée en berceau brisé transversal et éclairée par une fenêtre. Ces chapelles, qui sont modernes, constituent une sorte de transept. Le chœur, moderne, est voûté de six ogives, rayonnantes retombant sur des culots. C’est le système de l’abside de Bonlieu (Creuse), mais avec des nervures au lieu d’arêtes. L’entrée de cette abside est intéressante. Elle est formée d’un doubleau de section rectangulaire qui retombe sur des colonnes engagées. Les chapiteaux de ces colonnes paraissent anciens ; leur style indique le XIe siècle ou le début du XIIe siècle. Les pilastres doubles, en équerre, qui sont adossés aux colonnes et font raccord avec la nef, sont du XIIe siècle et sculptés de crochets-boules de la même époque que ceux de la nef. Les bases des colonnes sont anciennes. Elles sont montées sur un très haut soubassement. Les bases des pilastres sont de même hauteur. Il y a eu certainement une voûte du XIIIe siècle à laquelle faisait suite une abside romane moins large que la nef et que l’abside moderne actuelle a remplacée.
Mobilier. — Il ne présente pas grand intérêt. A noter cependant un vieux saint Jean-Baptiste en bois.
L’extérieur. — A l’Ouest, la porte est de style roman limousin à trois voussures. Il n’y a point d’encadrement à l’archivolte. Les chapiteaux ne sont pas sculptés.
L’élévation sud présente, à la deuxième travée, un reste intéressant du vieux mur roman dans lequel une fenêtre en plein cintre, très étroite et peu ébrasée indiquerait le XIe siècle. Le mur est en moellons avec pierres d’appareil à l’alentour des contreforts. L’élévation Nord présente la même fenêtre et aussi des baies carrées bouchées actuellement, lesquelles ont pu servir de fenêtres de guet pour un chemin de ronde. Il n’y a pas de contreforts en bon état de ce côté, alors qu’il y en a au Sud.
Une cloche, bénite en 1806 par M. Rogues, curé de La Jonchère, fut placée sous l’invocation de Saint Maurice et de Sainte Anne. Elle eut pour parrain M. Joseph de Léobardy de Mazan ; la marraine fut dame Marie-Pauline Chaud de la Roderie, son épouse, de la paroisse de La Jonchère. Elle fut fondue avec les fonds et selon le désir de défunte dame Marie-Anne Baillot du Queyroix, épouse de Paul Chaud de la Roderie, chevalier de Saint-Louis, mousquetaire de la garde du Roi, ses père et mère.
Dans la nuit du 8 au 9 juin 1792, la grille de la fenêtre de la sacristie est forcée et sont volés le ciboire, le soleil d’argent (où était le Saint Sacrement et qui aurait coûté 700 livres), l’enseigne (80 livres), les nappes de l’autel, les boîtes des saintes huiles et deux croix « dont une avait un morceau de la vraie croix ».
En 1884, au cours de déblais pratiqués derrière l’église, dans un terrain sur lequel, dit-on, se prolongeait autrefois le chœur, on a trouvé, pliées dans des lambeaux d’une étoffe grossière, un grand nombre de pièces d’argent d’un très bas titre et soixante ou quatre-vingts deniers d’or, agneaux d’or et royaux en parfait état de conservation, paraissant tous appartenir au règne de Charles VII.
André Lecler, dans son Dictionnaire historique et géographique de la Haute-Vienne, Limoges, 1920-1926, a publié la liste des prêtres de La Jonchère qu’il a pu retrouver.
On note aussi la présence, à l’entrée de l’église, d’un petit bénitier – avec deux anges – et d’un tronc – avec figure de Christ – pour offrandes en bronze, ensemble qui provient des productions de Ducel et du Val d’Osne. Il fut offert par Mignon, administrateur du Val d’Osne, propriétaire du château de Walmath, voisin, pour le mariage de sa fille.
Sources : Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t.72, 1927, p.21 ; t.78, 1939, p. 136 à 143 ; t. 32, 1885, p. 316. J. de Léobardy, Une histoire de famille, auto-édition, Lavauzelle-Graphic, 1998, p. 119. E-monumen-net.