23 Juin

Histoire de La Jonchère et de son arboretum (5)

Le Vignaud, par L. Bourdelas

Le Vignaud, ancienne carte postale (c) P. Colmar

La croix des prisonniers, par L. Bourdelas

 

 

Des Temps modernes à l’Ancien Régime

Un bas-relief – anonyme –, provenant d’une chapelle aujourd’hui démolie, a été logé dans une muraille au Vignaud. Il représente la Nativité et date probablement du XVIème siècle. La Vierge est représentée à genoux, les mains jointes, cheveux flottants sur les épaules. Elle adore l’Enfant divin, étendu tout nu sur une claie d’osier. En face d’elle, saint Joseph, à la barbe opulente et frisée, relève son manteau de la main gauche et tient de la main droite un objet cylindrique, sans doute une chandelle. Le bœuf et l’âne, minuscules, sont au second plan. Le fond de la scène est occupé par un massif de rochers où se déroule un tableau champêtre. Un jeune berger vêtu d’un bliaud court, coiffé d’un capuchon, tend le bras droit vers le ciel, des moutons paissent ou dorment. Sur la gauche, un autre berger, un adolescent, est assis et porte un doigt à ses lèvres. Il regarde le groupe de la Sainte Famille[1].

Au XVIe siècle,  la Réforme trouva en Limousin des adeptes convaincus et des martyrs; tel un malheureux vicaire de La Jonchère, Guillaume du Dognon, qui fut brûlé en 1555, au pilori de la place des Bancs à Limoges.[2]

A La Jonchère, au XVIIe siècle, les sieurs de Valèze, qui paraissent avoir rempli des offices de plume, tiennent aussi journal des événements importants ou curieux de la contrée. Mais leur œuvre, restée manuscrite, est mal connue.[3]

Pailler évoque l’existence d’une prison à « La Croix des Prisonniers » et observe, en 1921, qu’il ne reste « qu’un amas de pierres surmontées d’un magnifique calvaire en granit que la famille de Léobardy a fait édifier sur l’emplacement. »

Les vieux documents nous livrent parfois de savoureuses informations, ainsi la mention de « M. Christophe Rivière de Traymond, prêtre en 1749, curé en 1750, d’un caractère violent, emporté, inquiet, chicanneur, de mauvaise foy en affaires, ahi (sic) et craint dans sa paroisse. »[4]

La paroisse de La Jonchère entretenait un milicien. Le 6 février 1756, Pierre Chardon, cardeur, s’engage pour servir pendant six ans de milicien pour la paroisse, moyennant la somme de cent vingt livres.

Pailler a consacré un chapitre de sa petite monographie à l’organisation de la charité à La Jonchère. Depuis au moins le règne de Louis XIV, il existait un « conseil, ou bureau de charité » d’une dizaine de membres choisis par les notables de la paroisse, examinant famille par famille la situation de tous les pauvres qui lui étaient signalés « et attribuait à chacun d’eux, non pas une aumône uniforme, mais un secours qui allait jusqu’à le nourrir complétement, si besoin était. »

Notons qu’une native de La Jonchère fut l’une des « Demoiselles de Saint-Cyr » : Marie Françoise de Savignac-Vaux, née le 9 novembre 1763, jusqu’au 17 juillet 1775, date à laquelle elle mourut[5]. La Maison royale de Saint-Louis était un pensionnat pour jeunes filles créé en 1684 à Saint-Cyr (actuelle commune de Saint-Cyr-l’École, Yvelines) par le roi Louis XIV à la demande de Madame de Maintenon qui souhaitait la création d’une école destinée aux jeunes filles de la noblesse pauvre. La mère de Marie Françoise, Françoise de Brie-Soumagnac, dont nous reparlerons, avait été pensionnaire de 1733 à 1743, ainsi que ses sœurs.

[1]                      Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t.78, 1939, p. 142.

[2]                      B.S.A.H.L., t. 52, 1903, p. 47.

[3]                      B.S.A.H.L., t. 34, 1887, p. 36.

[4]                      Chartes, chroniques et mémoriaux pour servir à l’histoire de la marche et du Limousin, publiés par Alfred Leroux, et feu Auguste Bosvieux, Tulle, 1886, p. 435.

[5]                      « Les Demoiselles de Saint-Cyr », liste du département de la Haute-Vienne, site des Archives départementales des Yvelines. Et site Geneanet.