Entretien avec Alain Juppé, l’initiateur de la Cité du Vin, qui tenait le 5 février dernier une conférence de presse avec Sylvie Cazes, durant laquelle il est revenu sur la genèse de ce projet. Un projet mûri durant 20 ans…
Alain Juppé : « En 1995, je m’étais dit : « il faut à Bordeaux un lieu vraiment fort, attractif, de grande qualité » pour bien montrer que Bordeaux est la capitale mondiale du vin. Alors j’ai eu du mal à faire pénétrer cette idée, j’ai véritablement avancé de le projet en 2008, et c’est au cours des 6 ou 7 dernières années que ce projet a pris corps avec là un engagement très fort de la profession à la fois financièrement car ils participent au financement de l’équipement mais aussi dans la conception même du projet, dans sa promotion ».
« L’objectif est ambitieux puisque nous voulons attirer 450 000 visiteurs dans ce bâtiment tous les ans. Je rappelle qu’il y a 6 millions de touristes qui viennent chaque année à Bordeaux donc vous voyez que c’est à la fois ambitieux mais réaliste. Et puis, on y trouvera un parcours tout-à-fait intéressant avec notamment ce qu’on appelle un compagnon de visite, c’est à dire un audioguide de nouvelle génération, interactif, qui permettra d’avoir vraiment une visite très passionnante. »
JPS: « Ce phare de l’oenotourisme a coûté un certain budget qui finalement a été réajusté ? »
Alain Juppé :« Il a été réajusté comme tous les grands projets, quand on compare avec le Mucem, le Centre Pompidou décentralisé, la Fondation Vuitton, on se rend compte que le pourcentage de dépassement à Bordeaux est ici extrêmement modeste. Le coût au m2 ou au visteur attendu se situe dans la fourchette basse des 6 ou 7 grands équipements comparables à travers la France. »
« Je voudrais aussi rappeler que le coût de 81 millions ne pèse pas intégralement sur les épaules des contribuables bordelais, la ville apporte un peu moins de 38 millions sur le lot, l’Europe participe, la métropole apporte 10 millions, la profession apporte 15 millions, la Région en apporte 7 et le Département 1, donc vous voyez que c’est un financement collectif et c’est cela qui assure la réussite de l’opération ».
JPS : « Est-ce que c’est un projet qui doit avoir un rayonnement mondial ? »
Alain Juppé : « Oui, on s’y intéresse de partout. Il y a une fondation des amis de la Cité du Vin qui s’est constituée à New-York, les Américains sont très fascinés par le vignoble français; dans la fréquentation touristique de Bordeaux, il y a une très grande diversité, les Espagnols sont très nombreux, je pense qu’ils viendront ici aussi. Nous voulons en faire une tête de pont pour faciliter le développement du tourisme viti-vinicole, il y a d’ailleurs un ponton devant la Cité du Vin, donc vous pourrez prendre les routes du vin soit par la route (nous travaillons à avec l’office métropolitain du tourisme pour améliorer encore l’information), soit par le fleuve car à partir de ce ponton les bateaux de tourisme fluvial pourront amener les touristes à Pauillac, remonter aussi la Dordogne jusqu’à Libourne, ou encore aller à Cadillac. »
Interview réalisée par Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix et Eric Delwarde.