Un mariage savant, subtil et osé avait lieu ce mercredi soir chez Jean d’Alos, affineur fromager depuis plus de 30 ans à Bordeaux. Clarence Grosdidier proposait des dégustations horizontales et verticales de Comté, associées à des champagnes tout aussi délicieux. Le tout arrosé de conseils et commentaires d’un affineur franc-comtois et d’un sommelier bordelais.
Un subtil mariage entre la fierté de la Franche-Comté et le savoir-faire de la Champagne, et nous voilà en plein Bordeaux à essayer ces accords mets et vins étonnants : comté et champagne, il fallait oser, Clarence Grosdidier, Pdg de Jean d’Alos, l’a fait.
Avec son accent fleuri, il y avait là Yannick Duffet affineur à Pontarlier pour les Granges Narboz et le Fort Saint-Antoine ( 100000 meules dans chaque cave, ça en impose !). D’emblée, il explique que « c’est un travail énorme pour amener le fromage à ce qu’il peut donner de meilleur, aussi au cours de l’affinage tous les fromages doivent être goûtés plusieurs fois. » « Traditionnellement chez nous, on consomme le Comté quand il a entre 10 et 12 mois », comme pour en finir avec les préjugés où seuls les vieux comtés sont bons.
Ce jour-là, ce sont 5 comtés qui vont être dégustés dans cette merveilleuse cave d’affinage de Jean d’Alos en plein coeur du quartier des Grands Hommes à Bordeaux; une horizontale de comtés de 2014, rien que des pâtes jaunes.
Le premier est un comté d’août, un lait d’été, de paturage, de la fruitière Valoreille : « une pâte très onctueuse avec une belle acidité, plûtot flatteuse au niveau des arômes, légérement amende,, presque un peu sucrée en fin de bouche, ce qui est assez rare », précise Yannick Duffet. Pour associer ces fromages, Jean d’Alos a recours à l’expertise d’Alexandre Morin, sommelier, qui propose sur ce premier comté un rosé d’assemblage, un 1522 rosé de fraîcheur de la Maison Philipponnat, qui a de la texture et qui est en plus millésimé 2006.
Autre terroir, mais avec le même type de lait, un comté de juillet 2014 des Hôpitaux Vieux, léger goût de cuir, sur lequel cadre ici « un champagne plus puissant, Clos des Goisses, un blanc de noirs 2007, qui brille plus par son caractère vineux que par sa bulle », pour le sommelier Alexandre Morin.
Et l’affineur de préciser: « on évalue en cours d’élevage la pâte au niveau de la microtexture, on vérifie que la pâte soit onctueuse, avec de la fraîcheur en bouche. »
Troisième mariage, un comté de la Chapelle d’Huin, d’août 2014 : « un super terroir où les agriculteurs sont encore à l’ancienne à 800 mètres d’altitude avec beaucoup de bon sens » On veut ainsi montrer qu’à 20 km d’écart, il y a une vraie diversité et qu’en cave on s’éclate bien », ajoute Yannick Duffet. Pour cet accord, un blanc de blanc.
Par cette horizontale et l’immense diversité qui caractérise le comté, on voit ainsi que le fromage est un produit vivant », Clarence Grodidier de Jean d’Alos.
Pour le 4e comté issu de Vieux Creneux, entre 850 et 900 m, un champagne blanc de blanc millésimé 2006, un produit plus aérien, 100% chardonnay, pour un fromage plus végétal.
Enfin le dernier mariage de cette horizontale, sur un comté d’août 2014 de Combe des Bois, « un blanc de noirs 2005, très complexe charnu qui va adoucir le côté un peu austère du fromage », selon Alexandre Morin.
Une dégustation qui s’est poursuivie par une verticale avec comme clou de la soirée un Symphonie de Chapelle d’Huin de mai 2014, plus salé, plus animal avec un léger côté confit pour lequel Alexandre Morin a préféré associer un .Clos des Goisses 2005, comme il dit « la star de la soirée ».