Ils sont britanniques et faisaient un tandem avec les archistectes d’XTU. Les designers Casson Mann signent la scénographie du Parcours Permanent au 2e étage de la Cité du Vin. Ce sont des experts dans le design et la scénographie de musées dans le monde.
C’est à l’Est de Londres qu’il faut chercher les designers de la Cité du Vin, dans le quartier des architectes. Casson Mann Limited, c’est cette société, créée en 1984 par Dinah Casson et Roger Mann (d’où le nom), spécialisée dans le design et l’agencement intérieur. Depuis 15 ans, ils sont devenus LA référence dans les scénographies de Musées à Londres, mais aussi aux Etats-Unis et désormais en France.
C’est Gary Shelley, l’un des responsables du projet de la Cité du Vin, qui nous accueille dans les bureaux de Casson Mann en cette fin mars : « Bonjour, bienvenue chez Casson Mann… Voici nos bureaux à l’est de Londres et comme vous pouvez le voir nous avons deux salles de réunions d’ailleurs avec des gens qui travaillent actuellement sur un projet à Nottingham, au centre il y a un grand espace et après ce passage vous allez découvrir notre 2e espace de travail… »
C’est alors un open space qui s’ouvre à nous avec près de 20 collaborateurs, tous logés à la même enseigne, les bureaux de Dinah Casson et Roger Mann, y sont même intégrés. Tous planchent également sur les plus grands musées du monde. Ils ont déjà à leur actif le Churchill Museum à Londres, le Benjamin Franklin Museum à Philadelphie, ou encore la Cité du Vin dont ils ont élaboré le Parcours Permanent.
« Voici le projet dans son intégralité qui montre les différents modules. C’est l’un des premiers lieux où l’on peut vivre une expérience immersive avec des vues aériennes d’hélicoptères sur des vignobles du monde entier, « explique Gary Shelley.
Le marché de la Cité du Vin représente un marché de 12 millions d’euros, un marché décroché en 2011, grâce au ticket gagnant formé avec les architectes parisiens d’XTU.
On ne s’attendait pas à gagner, parce qu’on est Anglais, et d’autant plus pour parler de vin en France. L’explication, elle se trouve sûrement dans notre savoir-faire, c’est ce qui nous a fait gagner » Gary Shelley.
L’Impérial War Museum est très certainement l’une des plus grandes réalisation de Roger Mann. Un musée qui le touche d’autant que son grand-père fut l’une des « gueules cassées » de la grande guerre. Un musée pour lequel il a fait preuve d’une grande imagination et eu recours à de nouveaux procédés pour mettre en valeur des objets et documents historiques.
Ce petit-fils de Tommy raconte ainsi l’ambiance d’avant guerre qui reignait en Grande-Bretagne juste avant 1914 avec des projections de films d’époque projetés sur des vitres (formant un U) : « la Grande-Bretagne était une nation très optimiste, les gens étaient heureux, ils entamaient un nouveau siècle. Ce film montre vraiment les britanniques dans leur vie quotidienne, lorsqu’ils se rendaient à l’usine ou travaillaient sur des navires marchands ou de croisière. Au début du XXe siècle, personne ne s’attendait à ce qui allait arriver et à une guerre aussi rapide », explique Roger Mann.
Une technologie et une interactivité au service du savoir avec des reproductions de journaux d’époque : « là il y a une caméra qui suit le geste de ma main, comme si je feuilletais un journal. »
Ce scénographe a eu recours à des acteurs pour reconstituer les troupes massacrées sur les champs de bataille français, et notamment ces moments où ils étaient fauchés par la mitraille…
« On se devait de recréer l’atmosphère du début du conflit et l’état d’esprit des soldats arrivant sur le champ de bataille. C’était une guerre très très violente et on amène le spectateur à imaginer ce qu’ils ont pu ressentir et combien cette guerre était brutale », Roger Mann à l’Imperial War Museum
Dans ce musée relifté pour le centenaire de la Grande Guerre (il a été livré en 2014 par Casson Mann), 2000 armes et objets ont été mis en scène dont ce gant réduit attaqué par les gaz utilisés… la violence et l’atmosphère de cette vie dans les tranchées sont ici projetés, reconstitués avec un environnement oppressant.
« Ici nous sommes dans une reconstitution, une évocation de ce que pouvait être une tranchée », continue Roger Mann, « les gens passaient des mois, des années, sous le niveau de la terre avec des tanks et des avions sous le niveau de leur tête ».
Avec ce savoir-faire, cette mise en valeur et surtout cette facilité d’approche et d’explication, Casson Mann a acquis une expertise depuis plus de 15 ans, c’est devenu LA référence à Londres. Ainsi le Muséum d’Histoire Naturelle a aussi eu recours à leur service :« actuellement nous sommes en train de repenser le hall central du musée », explique Gary Shelley. « C’est l’un des intérieurs les plus appréciés de Londres, l’une des plus belles oeuvres architecturales également. On a même le privilège d’être retenus pour présenter les objets les plus spectaculaires dans cet espace réaménagé. »
Dernier projet en date, Lascaux 4. Dinah Casson et son équipe réalise la mise en valeur et la vulgarisation de l’art pariétal à partir des représentations peintes dans la grotte de Montignac il ya plusieurs milliers d’année en Dordogne. Lascaux 4 va ouvrir en décembre prochain :
« on s’attend à avoir 4000 visiteurs par jour en pleine saison, ça fait beaucoup de monde non ? C’est l’occasion de revivre des moments intense dans la grotte. Avec votre compagnon de visite (comme à la Cité du Vin), vous pourrez rechercher une information de manière interactive, et comprendre pourquoi ces peintures sont si particulières. Lascaux est unique par son explosion polychromatique, c’est incroyablement sophistiqué, le public sera vraiment étonné, même si c’est un fac-similé ».
Sur leurs étagères s’empilent les récompenses, Dinah Casson et Roger Mann ont été élus Royal Designers pour l’Industry. Un exemple de réussite, mais aussi d’innovation, de recherche et de travail en équipe.
Et c’est l’équipe entière qui fait un accueil chaleureux à l’une de leur dernière recrue, organisant ce soir-là un pot d’arrivée et d’anniversaire, et porte un toast par la même occasion à la Cité du Vin.
Regardez ce reportage sur Casson Mann réalisé à Londres de Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix, et Christophe Varone.