C’était ce mercredi soir une nouvelle grande réception comme Bordeaux et la Commanderie du Bontemps savent les organiser. Le Ban du Millésime est la soirée en l’honneur des importateurs étrangers venus déguster le millésime 2015. « La perception du 2015 est cette année très bonne, » confirme le Grand Maître Emmanuel Cruse.
« Fantastique, c’est le meilleur millésime depuis longtemps. Vous savez, la Chine est un grand marché pour les vins de Bordeaux », voici l’impression laissée par ce millésime 2015 sur Dai Sheng de Yong Li Hang venu de Wuhan, avec 5 autres collègues de Shangaï.
Ce soir-là, ce sont près de 600 personnes qui sont invitées au Ban du Millésime. Une soirée que la Commanderie du Bontemps organise avec le concours des propriétés et le négoce de Bordeaux. « Chaque château peut inviter deux clients étrangers mais le négoce un peu plus. C’est vraiment stratégique pour eux, » me confie Emmanuel Cruse, le Grand Maître de la Commanderie.
La perception du 2015 est très bonne, plus personne n’a de doute sur la qualité du millésime », Emmanuel Cruse
Et Emmanuel Cruse de poursuivre : « on voit des acheteurs qui n’étaient pas venu depuis 2009-2010; le carnet de bal est plus que rempli pour ce millésime 2015. Ca me fait doucement rire d’entendre que le système des primeurs est en péril, on est tellement en péril que tous les grands vins italiens, américains, australiens veulent tous être distribués par la place de Bordeaux, ce qui prouve le contexte. Il va peut-être falloir adapter nos mises en marchés primeurs. Les importateurs étrangers sont souvent gérés par des financiers, aujourd’hui les châteaux doivent aussi garder du vin pour alimenter le marché des livrables, même si cela chagrine le négoce. En tout cas les primeurs vont perdurer sans problème, je le pense », a t-il confié à Côté Châteaux. »
Et lors de son discours devant un parterre conquis : « 2015 est un grand millésime d’une grande pureté et d’une parfaite élégance. Même si la conjoncture économique est difficile, restons optimistes. Nos avons une position de leader. Bordeaux est souvent critiquée lors de ses ventes en primeurs, mais Bordeaux est aussi enviée par tous ses concurrents étrangers qui veulent être commercialisés sur la place de Bordeaux. Stop au dénigrement, au Bordeaux bashing. »
Francis Boutemy, président du Grand Cercle Rive Gauche, dresse aussi un bilan positif : « nous avons eu 750 personnes à la dégustation des Pessac-Léognan et 900 aux 2 sites du Grand Cercle (Rive Droite et Rive Gauche) ». Roland Quancard, négociant (Maison Cheval Quancard)à ses cotés, relate la bonne expérience des dégustations au Grand Stade : « globalement les personnes sont assez satisfaites, les asiatiques sont présents et les américains sont là. On a un bon intérêt sur le millésime. »
Ronan Tremelot de Mestrézat Grands Crus résume: « il y avait un a priori positif, maintenant les clients aiment se forger une opinion par eux-même, discuter avex les négociants et propriétaires de châteaux. On est dans la période post-Parket et ça a redonné un pouvoir de prescription aux opérateurs. Il y a beaucoup d’échanges et de discussions sur la qualité. En tout cas, la qualité du millésime est confirmée par les dégustations. Si toutes les planètes sont bien alignées, et on pourra aller très loin… »
Si les prix sont acceptables, on pourra faire une bonne campagne de primeurs » Ronan Trémelot de Mestrézat Grands Crus.
Enfin, Dany Pochon , le voisin suisse de la Vinotheque de la Charrière SA à La Chaux-de-Fonds, a lui aussi son opinion sur le millésime: « ce n’est pas si extraordinaire partout, mais il y a des chefs d’oeuvres exceptionnels. C’est un millésime avec une richesse naturelle…il fallait être un sacré bon viticulteur pour rendre le millésime harmonieux et équilibré. Ce n’est pas le cas de tout le monde et là était la clé ».
Emmanuel Cruse a tenu à dédier cette soirée du Ban du Millésime à Paul Pontallier, le directeur de château Margaux, disparu fin mars, un oenologue qui justement savait faire de grands vins.