Début avril, les dégustateurs du monde entier sont venus à Bordeaux pour les primeurs 2015. Les commentaires y allaient bon train: « un très grand millésime, à classer du côté des « exceptionnels », et qui devrait relancer les affaires après un 2013 de pauvre facture et de faible quantité et un 2014 plus classique. Retour sur cette semaine folle en attendant les notes et les prix des grands châteaux.
En ce lundi 4 avril, ça se bousculait dans les salles de dégustation. Négociants, importateurs, critiques ou cavistes attendaient depuis longtemps pour se faire leur propre opinion du millésime 2015…
C’est le meilleur que j’ai jamais dégusté. Les vins sont jeunes mais déjà très accessibles avec un formidable fruit. Ce millésime est exceptionnel », assure Neil Pendock, propriétaire d’une cave à vins à Capetown (Afrique du sud).
« Ce 2015 est réussi dans toutes les appellations du Bordelais, avec certes quelques petites inégalités. On a de très beaux vins blancs, étincelants, et des rouges qui sont soyeux, croquants avec beaucoup de fruit et d’élégance. Il est dans la lignée des derniers grands, les 2005, 2009 et 2010″, abonde Stéphane Toutoundji, oenologue-consultant du laboartoire Oenoteam.
« Il y a de quoi s’enthousiasmer, c’était de grands raisins et c’est un grand millésime avec des vins précis, meilleurs que ceux que l’on a jamais fait », confirmait le célèbre Michel Rolland.
« Pour le comparer dans l’échelle des grands millésimes, on a la puissance des 2005, des tanins très soyeux, de la densité et de la belle longueur et la rondeur et le charme solaire des 2009 » Michel Rolland.
Les primeurs ne concerne qu’environ 150 crus classés de Bordeaux, soit 2% de la production. Cette période correspond à la vente à des négociants suivant des contrats d’exclusivité puis la revente immédiate à des particuliers qui ne recevront leurs vins que lors de la mise en marché d’ici 18 mois à un tarif généralement supérieur (ou pas) à celui qu’ils auront payé.
Avec ce millésime 2015, toute la filière entend en profiter et profiter de l’aura médiatique : cette prophétie a été annoncée depuis des mois comme quoi c’est un divin enfant attendu et que ce 2015 aura de bonnes joues rouges. Bon partout ou presque, Jacques Dupont n’est pas tout-à-fait de cet avis. Et heureusement qu’il y a une multitude d’avis différents, c’est ce qui fait avancer l’information et au final que l’amateur se forge sa propre opinion.
Toutefois pour Michel Rolland : « L’avantage des grands millésimes fait que chacun dans sa catégorie a fait de très bons vins. Le problème c’est que l’on focalise toujours sur le top Bordeaux, les classés, mais il y a de très bons vins à des prix très abordables à Bordeaux, il faut le dire plus ».
Les notes des critiques les plus influents sont très attendues et elles détermineront en partie la tendance globale qui devrait selon toute vraissemblance se ressentir à la hausse concernant les grands crus classés dont le prix pourrait être connu fin mai..mais « attention de pas casser le magnifique jouet des primeurs » prévient un courtier influent de la place bordelaise, chargé d’authentifier les transactions entre propriétés et négociants et qui appelle les propriétaires « à la mesure ».
Depuis la flambée des prix sur les millésimes 2009 et 2010, en grande partie conséquence de l’intérêt de nouveaux acteurs chinois, la qualité des millésimes
suivants n’était pas au rendez-vous alors que les prix sont restés relativement voire démesurément hauts.
Cette année était marquée par la présence de nombreux Américains, grands acheteurs de Bordeaux en primeurs lors de grands millésimes. « Sur ce 2015, les Américains seront intéressés. Le marché des cadeaux en Chine, qui avait porté les primeurs 2009 et 2010 s’est, lui, effondré. Mais les conditions sont là pour que tout le monde fasse de très bonnes affaires », concluait ainsi Olivier Bernard, le président de l’Union des grands crus de Bordeaux, organisatrice de cette folle semaine des primeurs. Alors haut les coeurs, avec des prix raisonnables !
Avec AFP.