Certains sont plus malins que d’autres. Gilles Savary avait fait envoyer il y a quelques temps une caisse de Sauternes à la Reine d’Angleterre. Cette fois-ci, c’est un viticulteur de Blacé dans le Beaujolais qui lui adresse un fabuleux Crémant de Bourgogne : château de l’Hestrange. Celui-ci va trôner sur la table des festivités au château de Winsor du 12 au 15 mai.
Un viticulteur de Blacé dans le Beaujolais, Laurent Metge-Toppin, a réussi l’exploit de voir figurer sa production en bonne place sur la table de sa Majesté la Reine Elisabeth II. Il s’agit d’un vin millésimé, produit à partir d’un cépage chardonnay et vendangé à la main. Une production confidentielle : une parcelle d’un hectare seulement au coeur de l’un des plus hauts vignobles du Beaujolais.
Laurent Metge-Toppin avait écrit à la Reine Elisabeth II, il y a quelques mois, pour lui suggérer de déguster son vin. Ce fut une proposition acceptée et la Reine fut emballée. Il faut dire que les Britanniques sont de grands amateurs de « sparkling wines », vins effervescents et champagnes.
Les bouteilles seront livrées au château d’ici a fin du mois. L’entourage de la Reine doit encore valider le petit médaillon qui sera apposé sur les 600 bouteilles servies à Windsor en mai. Ce symbole, le viticulteur pourra l’ajouter sur toutes les bouteilles de la cuvée royale !
Avec France 3 Rhône-Alpes ; regardez le reportage de A.Mangon, P.Perrel
Une carte et des témoignages qui vont raviver le débat. Générations Futures a établi une carte de France où cette association recence les points noirs des traitements qui auraient eu des incidences sur la santé des riverains ou de professionnels exposés. Cette association a d’ailleurs réalisé un film de ces témoignages anonymes.
Sur son site l’association Générations Futures explique « Nous avons recueilli près de 200 témoignages validés (par leurs auteurs ) de professionnels (épingles bleues sur la carte) et de riverains (épingles orange sur la carte) victimes des pesticides. Nous avons aussi indiqué sur la carte près de 200 signalements (points noirs sur la carte) dont les témoignages sont en cours de validation, soit pour le moment près de 400 personnes recensées sur la carte en ligne ! En outre, d’autres témoignages (au moins 150) attendent d’être traités et saisis, sans compter les appels journaliers en cette période de reprise des épandages.
Nous travaillons aussi de concert avec les organisations locales, des avocats, des associations nationales spécialisées. Les témoignages – écrits ou vidéos – sont tous validés par les personnes qui nous ont contactés. La plupart sont anonymes pour préserver leur volonté ».
LES TEMOIGNAGES :
« Je suis passé de l’inconscience à la conscience, je dirais. J’ai pris conscience des risques liés à l’épandage des pesticides et essayé de mettre en place des démarches avec mes voisins viticulteurs », précise un habitant proche d’une exploitation agricole.
Cette autre femme ajoute : »Nous subissons des pulvérisations, plusieurs fois par an sur ces champs. On n’est pas là pour montrer du doigt mais essayer d’instaurer un dialogue et aussi proposer des choses. »
Et de continuer: « c’est très difficile de parler à des agriculteurs qui se sentent chez eux, qui se sentent aussi le droit de poluer comme ils l’entendent. Ils ont toujours travaillé comme cela. Notre volonté est d’informer mais aussi de faire en sorte que les pratiques culturales bougent«
Un autre habitant : « Cela traduit la mobilisation citoyenne qu’il peut y avoir autour de ces questions de pesticides et surtout une question de santé publique. »
L’heure est au dialogue mais il faut faire attention aux excès :Lionel Lateyron viticulteur à Montagne commente sur Facebook » Il y a une telle psychose qu’hier c’est un voisin qui est venu se plaindre de la poussière soulevée par le gyrobroyeur dans notre exploitation pourtant en bio !!! Un peu de sérénité serait bienvenue… »
Jean-Pierre Stahl : Pourquoi avoir réalisé une telle carte des victimes des pesticides ?
Valérie Murat (Générations Futures Gironde): « Personne, au niveau des institutions, n’avait fait ce travail-là. C’est une question de santé publique. C’est une question qui concerne l’ensemble du territoire, au niveau national.
JPS : Cela concerne la viticulture mais pas seulement ?
Valérie Murat : « Effectivement, il n’y a pas uniquement que la viticulture, il y a aussi l’arboriculture, toutes les cultures sont concernées. Cela montre bien qu’il y avait un vide jusqu’ici, la MSA ne publie pas ses chiffres, il y a 400 témoignages de riverains ou de professionnels, c’est quand même conséquent. C’est vraiment une question de santé publique. »
JPS:« N’avez vous pas peur avec cette carte d’une opposition frontale avec les viticulteurs alors qu’il faudrait davantage de concertation ? »
Valérie Murat :« Il n’y a pas d’opposition, moi je suis une fille de paysan. Néanmoins il y a un clivage entretenu dans le bordelais entre les conventionnels et les bio et ceux en biodynamie. Il n’y a pas d’espace de parole, on continue de nier le problème. Or parfois quand un vigneron rentre chez lui le soir et qu’il a pulvérisé à côté d’une école, il y a une espèce de malaise.
« On ne prend pas le problème à bras le corps. J’aimerais que la viticulture bordelaise soit une sorte de porte parole et montre l’exemple. Car il y a eu aussi la carte de Cash Investigation et aussi UFC Que Choisir qui ont montré du doigt la région. J’aimerais qu’on se mette tous autour d’une table pour donner la marche à suivre. C’est une question de santé publique pour les écoles et pour les riverains. Aujourd’hui, avec tout ce que l’on sait, ça serait bien que les institutions se mettent autour d’une table avec nous. »
QUESTIONS A LAURENT GAPENNE (PRESIDENT DE LA FEDERATION DES GRANDS VINS DE BORDEAUX)
JPS : « Comment réagissez vous par rapport à cette nouvelle carte et cette nouvelle publication ? »
Laurent Gapenne :« Si c’est une démarche positive et un vrai échange, pourquoi pas. Si c’est pour stigmatiser les viticulteurs comme quoi ce sont des pollueurs, ce n’est pas une bonne démarche. Si c’est une démarche responsable pour aller dans l’information, c’est ce que l’on fait depuis plusieurs mois à travers des opérations de sensibilisation. »
JPS : « Que pensez vous de cette proposition de table ronde ? »
Laurent Gapenne : « On n’a jamais fermé la porte à des réunions comme des tables rondes. On en a créé ou faites dans le Médoc, j(ai demandé aux ODG de Gironde d’y participer et d’en faire (dernièrement à Listrac). Il faut s’y rendre et expliquer ce qu’il se passe.
On participe et on participera à des tables rondes du moment où elles sont constructives. On fait un maximum pour expliquer aux gens. Ca se passe un peu pertout en Gironde. »
JPS : « Qu’en est-t-il de l’alerte des riverains le jour où les viticulteurs traitent ? »
Laurent Gapenne : « C’est déjà le cas dans pas mal d’endroits. Ca semble positif. Toutefois il arrive que certains reverains demandent à ne plus être prévenus. Ca se passe déjà comme cela chez certains châteaux depuis l’an dernier.
« Mais tout cela c’est du bon sens, de la courtoisie, des rapports humains entre individus. Quand ça se passe bien, il n’ya pas de problème. »
Quand il y a conflit entre un viticulteur et un riverain et quand on intervient, au bout d’un certain temps, on se rend compte que c’est plus du domaine du conflit de voisinage et cela ressort quand il y a un traitement.
Mais il faut reconnaître qu’on a aussi des viticulteurs jusqu’auboutistes qui ne font pas attention à leurs voisins, c’est comme pour le bruit ou la musique trop forte en ville, il y a des gens responsables et d’autres qui le sont moins. »
Générations Futures a en outre réalisé un petit film de sensibilisation avec ces témoignages anonymes :