Il y a an, l’hélicoptère de James Grégoire s’écrasait dans la Dordogne. Un accident dont on dénombre 4 morts. Parmi les victimes, l’ancien et le nouveau propriétaire du château de la Rivière Lam Kok, un riche producteur de thé en Chine. Aujourd’hui l’enquête préliminaire est toujours en cours. Retour sur ce drame avec Mehdi Fedouach photographe de l’AFP et Xavier Buffo directeur du château de la Rivière qui ont vécu ces derniers instants avant le crash.
C’était il y a un an. Le vendredi 20 décembre 2013. Lam Kok et son épouse Sheung Wan Lau venaient d’acheter aux époux Grégoire le château de la Rivière. L’ambiance était conviviale et même festive, la signature venait de se faire devant notaire pour 34 millions d’euros tout compris (château, vignes, stock et frais d’agence) et la cérémonie de remise des clés avait été immortalisée par le photographe de l’AFP Mehdi Fedouach.
L’histoire de Mehdi Fedouach est celle d’un miraculé. A 14h30 le 20 décembre 2013, son agence lui annonce qu’il y a « la plus grosse vente d’un château du bordelais à un chinois, une vente record ! » Sur l’instant, Mehdi hésite car il a son fils à récupérer à la gare le soir. Puis, finalement il couvre l’événement: « je suis arrivé en milieu d’après-midi au milieu de la cour du château; j’ai vu d’abord James Grégoire avec sa mèche grise et sa veste verte, et il avait à ses côtés ce petit homme chinois avec sa veste noire.J’avais une belle lumière, un temps magnifique avec un beau ciel bleu. de suite, ils se sont prêtés au jeu et j’ai pu faire les photos avec eux devant le château. »
Alors que james Grégoire devait encore ranger quelques affaires, Mehdi continue ses photos avec Lam Kok et sa femme Madame Lau dans le vignoble avec le château en toile de fond. Puis là son boîtier Nikon se bloque. Il sort alors machinalement la disquette, la met dans sa poche et en remet une autre.
En revenant vers le château, il est surpris de voir que James Grégoire a sorti son hélicoptère: « il tape alors amicalement sur les épaules de Lam Kok et lui dit: « vous avez compris, on va faire un petit tour de la propriété. D’un seul coup, je vois la femme qui se recule et je comprends qu’elle n’y va pas. Je vois le petit chinois dont je comprends que c’est le fils de Lam Kok qui s’approche avec son sac à dos, et je me dis qu’ il reste une place et je prends place à bord: je pose alors mon boîtier sur le siège arrière. MR Grégoire était concentré sur la check list. Il y en a un qui veut mettre sa ceinture, il lui dit non, il faut respecter la procédure et c’est à la fin. Je monte et là, l’interprète (qui est Peng Wang le directeur France du Groupe Brilliant (dirigé par Lam Kok et Mme Lau)) me dit:
Ton tour sera le prochain…ce jour-là, ce tour n’était pas le mien. Mais on n’en sort pas indemne ! » Medhi Fedouach, photographe de l’AFP qui devait monter dans l’hélicoptère
Mehdi va regarder l’hélicoptère partir, avec Peng Weng qui a pris sa place et fait même quelques photos avec le boîtier qu’il avait laissé dans l’appareil. « J’ai vu le long regard de Madame Kok comme si elle ne les reverrait pas… » Et il va attendre plus d’une demi-heure, puis c’est le directeur commercial Thierry Desclin qui reçoit un appel de la préfecture lui annonçant que l’hélicoptère s’est crashé… Depuis un an, Mehdi Fedouach est suivi par un médecin, ce reporter de guerre qui a pu travailler dans les zones de conflits comme l’Afghanistan, l’Irak ou en Afrique a été très affecté par ce drame.
Ce jeudi matin au château de la Rivière, le directeur général Xavier Buffo, relate cette tragédie telle qu’il l’a vécue. A l’époque, il était directeur technique du château la Rivière et a du gérer le drame et les médias, épaulant Madame Lau qui avait perdu en plus de son mari son fils dans le crash d’hélicoptère. Dès le lendemain du drame, il avait annoncé aux média une cérémonie de purification du château qui s’est déroulée le 24 décembre, alors que l’hélicoptère était sorti de la Dordogne le 23 décembre.
Quant à l’année 2014 qui vient de s’écouler, Xavier Buffo nous confie que les deux premiers mois furent très difficiles, car il a falllu retrouver les corps des disparus.Le premier corps retrouvé fut celui du fils de Lam Kok, un petit garçon âgé de 12 ans, dont le corps a été remonté à la surface le soir du drame vers 23h, il était coincé dans l’appareil. Les 3 autres corps n’ont été retrouvés et repêchés que quelques semaines plus tard: Peng Wang d’abord, puis James Grégoire et enfin Lam KoK.
Pendant trois mois, le drame a duré, duré, duré, jusqu’aux obsèques de la dernière personne. C’est cela qui a été très difficile à vivre et à assumer », Xavier Buffo directeur général du château de la Rivière.
« 2014 fut vraiment une année de transition, on a géré les affaires courantes. Toutefois, ce fut une bonne année d’un point de vue commercial avec 40% vendus à l’export et 60% vendus en France. On a inversé les pourcentages (l’annnée d’avant c’était plutôt 60 % à l’export). »
En 2014, il y a eu de la solidarité. J’ai senti beaucoup d’acheteurs qui ont joué le jeu par solidarité. Ils voulaient tous du château la Rivière, » Xavier Buffo directeur général
« On va terminer l’année avec +2 à + 4% d’augmentation, dans un contexte difficile. On a commercialisé 400000 bouteilles contre 350000 en moyenne. Quant au millésime 2014, on a réalisée 40 hectos à l’hectare, c’est une bonne récolte » (qu’il nous fait découvrir dans ses chais.)
Les projets au château continuent, même si l’idée d’hôtel-complexe de luxe juste en face du château de la Rivère a été reporté. En effet, la succession de Lam Kok n’est pas réalisée encore en Chine. « L’hôtel comme d’autres qui devaient être construits en Chine sont « en stand by ». « Mais tous les actifs en cours continuent de fonctionner. »
« Madame Lau continue de me faire confiance: j’ai acheter pour 150000 euros de barriques neuves, elle m’a demandé de lui présenter un plan de développement sur les 3 à 5 prochaines années que je lui présenterai début 2015. J’ai pu embaucher 2 personnes (on est 22 salariés au total) et j’ai pu demander à Henri Azam, l’ancien PDG de Baron Philippe de Rothschild de venir nous conseiller pour notre développement »…(en plus de Claude Gros qui est l’oenologue conseil du château)
Quant à l’enquête, elle a été transferré en mars du parquet de Bordeaux à celui de Libourne. On est toujours dans le cadre d’une enquête préliminaire. Le BEA bureau d’enquêtes et d’analyses de l’aviation civile n’a pas rendu ses conclusions car me Philippe Courtois avocat de Peng Wang nous confie que « ce bureau a été confronté à d’autres grosses enquêtes cette année avec les autres crashs d’aéronefs survenus en 2014. »
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Thierry Julien