14 Déc

Bordeaux Tasting: un succès amplifié par rapport à 2013

Le 3e Bordeaux Tasting vient de fermer ses portes à 18h ce soir sur une affluence record.  Les visiteurs sont repartis globalement satisfaits malgré un peu d’attente à l’entrée. Ce succès pousse Terre de Vins à réfléchir à s’agrandir…et peut-être à déménager ?

De nombreux Bordelais, Girondins et Aquitains présents mais aussi des Chinois © Jean-Pierre Stahl

De nombreux Bordelais, Girondins et Aquitains présents mais aussi des Chinois © Jean-Pierre Stahl

C’est un nouveau pari réussi. Même si Rodolphe Wartel, le directeur de Terre de Vins, ne cherche pas forcément à battre la fréquentation antérieure, elle sera au moins supérieure de 10%, « un succès amplifié par rapport à l’édition précédente. »

« Samedi, on a eu trop de monde, on va travailler début janvier à revoir le système de billeterie ou l’enregistrement sur internet. »

Ce samedi a été très tendu, c’est à la fois la magie et les limites du Palais de la Bourse. » Rodolphe Wartel

Coté Châteaux confirme avoir reçu sur les réseaux sociaux ou a voir recueilli dans les allées quelques commentaires sur l’attente trop longue. Aussi, Rodolphe Wartel veut surtout que ce rendez-vous reste un instant unique de partage, de convivialité et d’échanges de qualité autour de la productions de vignerons et de propriétaires de domaines.

Au micro, Rodolphe Wartel, directeur de Terre de Vins © JPS

Au micro à droite, Rodolphe Wartel, directeur de Terre de Vins © JPS

Nous remercions vivement les grands Bordeaux pour leur énorme engagement. Ils ont été à nos côtés pendant ces deux jours, représentés le plus souvent par leurs propriétaires qui nous ont fait la sympathie de venir à la rencontre du public pendant une journée, voire plus », Rodolphe Wartel, directeur de Terre de Vins.

Et de poursuivre: « nous associons dans nos remerciements les grands invités et les Champenois, tous venus de beaucoup plus loin. C’est une marque de confiance envers « Terre de vins » qui compte énormément pour nous. La 3ème édition de la manifestation, marque une importante étape de maturité. Cette belle réussite nous incite à poursuivre et à nous engager dès le début de l’année prochaine dans un 2ème cycle qui va nous permettre de grandir mais de façon mesurée, en entendant les
attentes et les désirs de nos partenaires. Notre visitorat étant très qualitatif, nous allons essayer de nous développer en
maintenant cette priorité absolue. Avec une fréquentation 2014 nettement supérieure à celle de l’an dernier (5200
visiteurs en 2013), nous avons atteint un seuil de croissance dans ce lieu. »

merci

Au total, on dénombrait 120 grands Bordeaux, 20 Champagnes (maisons de Champagne et vignerons), 15 grands invités
d’autres régions françaises, 10 grands étrangers marjoritairement détenus par des capitaux français... 7000 verres
Riedel utilisés et offerts aux visiteurs, plus de 3000 bouteilles ouvertes afin d’être dégustées..

Les espaces de pédagogie dont les Master Class auront été fort prisés allant d’un La Mission Haut-Brion
1995 à de rares Champagnes millésimés, en passant par une dégustation de château Carbonnieux blanc.

Alain Juppé appréciant un Cheval Blanc 1988 © JPS

Alain Juppé appréciant un Cheval Blanc 1988 © JPS

Dans les allées de Bordeaux Tasting on a pu apprendre que  Bernard Magrez investissait dans le vignoble des Pouilles en Italie…Il y a eu aussi une petite explication de texte entre Alain Juppé et Pierre-Emmanuel Taittinger: lors de Eat Brussels Drink Bordeaux, le maire de Bordeaux avait promis de remplacer par du crémant le champagne servi au Palais Rohan. Cela avait suscité la joie des producteurs de crémant de Bordeaux qui voyaient enfin un soutien à leur production et à ce qui se passe aussi en Alsace avec les crémants d’Alsace qui sont très forts chez eux. C’était sans compter la réponse du Champenois qui expliquait dans les colonnes de « Terre de vins » que les Bordeaux (en dehors du crémants) sont toujours présents dans les réceptions champenoises. Réunis par l’événement, ils ont trouvé un terrain d’entente basé sur la promesse de l’élu (et du présidentiable) de faire désormais cohabiter bulles champenoises et bordelaises. Attention à la réponse de Lionel Lateyron, président des Crémants de Bordeaux, qui avait cru en la promesse du maire de Bordeaux.

Retrouvez l’album souvenir de Bordeaux Tasting

Bordeaux Tasting: la classe, ces « Master Class » !

Le volet vino-pédagogique, c’est aussi la colonne vertébrale de Bordeaux Tasting. L’Ecole du Vin y dispense 11 sessions, les 5 Master Class privilégient elles des rencontres avec de grandes écuries du monde du vin. Voici la Master Class avec Jean-Philippe Delmas de la Mission Haut-Brion et Gérard Basset meilleur sommelier du monde 2010, animée par Rodolphe Wartel de Terre de Vins.

Gérard Basset, Jean-Philippe Delmas et Rodolphe Wartel © Jean-Pierre Stahl

Gérard Basset, Jean-Philippe Delmas et Rodolphe Wartel © Jean-Pierre Stahl

La Master Class, c’est un peu la télé réalité du monde du vin, la classe en plus. Réalité car vous êtes en prise directe avec des managers de grands domaines comme Jean-Philippe Delmas, directeur général de la Mission Haut-Brion (responsable aussi du petit château en face, le très célèbre 1er cru classé de Graves, le château Haut-Brion) ; la classe, car vous pouvez boire les commentaires de Gérard Basset, the best of the best sommelier du monde 2010…

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Château la © Mission Haut-Brion, cru classé des Graves

Comme le rappelait Terre de Vins et Jean-Philippe Delmas, la Mission Haut-Brion a été créée par la famille de Lestonac au début du 16ème siècle. Elle doit son nom aux Lazaristes, « les prêtres de la Mission » qui en étaient propriétaires de 1682 jusqu’à la Révolution Française.

Les 26 hectares de la Mission sont exploités en cabernet sauvignon (47% ), merlot (42%) et un peu de cabernet franc (10%).  Depuis 1983, il sont la propriété du Domaine Clarence Dillon.

Gérard Basset, meilleur sommelier du monde, Jean-Philippe Delmas de la Mission Haut-Brion et Rodolphe Wartel de terre de Vins. © JPS

Gérard Basset, meilleur sommelier du monde, Jean-Philippe Delmas de la Mission Haut-Brion et Rodolphe Wartel de terre de Vins. © JPS

Jean-Philippe Delmas continue de dépeindre l’histoire de ce fabuleux château: « en 1935, Clarence Dillon, banquier new-yorkais, rachète Haut-Brion par passion, là où tout était à vendre. On sait qu’il a également visité Cheval Blanc, Château Margaux, qui eux aussi étaient à vendre dans un marasme économique ambiant. Il faut imaginer qu’avant cette vente, l’ancien propriétaire avait voulu en faire don à l’Académie des Sciences de Bordeaux qui avait refusé faute de pouvoir l’entretenir »

La Master Class de la Mission Haut-Brion © JPS

La Master Class de légende de la Mission Haut-Brion © JPS

Par la suite, la Mission Haut-Brion devient propriété de la Duchesse de Mouchy et de son fils, le Prince de Luxembourg. « Il n’avait que 14 ans lorsque sa mère a signé l’acquisition et était interne à Sussex, en Angleterre. Elle lui a demandé de venir en expliquant que ce moment était historique pour la famille », confie Jean-Philippe Delmas, le directeur de la propriété.

Bordeaux Tasting 030

« Je l’appelle Monsieur, même si sa vrai dénomination, c’est Monseigneur. Sa mère venait tous les Noël et Nouvel An avec ses enfants Robert et Charlotte quand ils étaient jeunes. Ils ne connaissaient pas grand chose et pas grand monde. Alors elle me demandait de sortir Robert et Charlotte à Bordeaux ».

Des anecdotes, les explications, s’enchaînent rythmées par Rodolphe Wartel, maître du timing, car cette petite Master Class va durer tout de même 1h30…

Dans cette verticale, des millésimes 2003 à 1995, c’est tout d’abord ce millésime de l’année caniculaire (2003) qui est proposé à la dégustation: « c’est des vins prêts à boire », souligne Gérard Basset, « beaucoup de fruits, de mûre, de cassis, une finale très épicée… », Sylvie Tonnaire la rédactrice en chef de Terre de Vins spécialiste des accords mets et vins le verrait bien sur « un gibier à plumes, un pigeon rosé ! »

Aurore et Maxime ont reçu en cadeau cette participation à la Master Class de La Mission Haut Brion © JPS

Aurore et Maxime ont reçu en cadeau cette participation à la Master Class de La Mission Haut Brion © JPS

Parmi l’assistance, bien sûr de grands amateurs mais aussi une couple fort sympathique Aurore et Maxime de Bordeaux. Ils étaient déjà venus l’an dernier au 2e Bordeaux Tasting mais c’est une première pour la Master Class: « ma mère nous a offert cela pour mon anniversaire », précise Maxime qui travaille comme commercial chez AG Vins. « Je suis néophyte mais j’apprécie de boire de bons vins », ajoute Aurore.

Vient alors le 2001: « il est à l’ombre de son grand frère le 2000 que tout le monde a attendu comme le messi » rappelle Mr Delmas, « une jolie robe rubis, encore jeune, des nuances de viandes séchées, tanins très mûrs, des notes un peu poivrées et une finale mentolée. » pour Gérard Basset, enfin sur « un joli filet de boeuf rôti avec des poivres que l’on peut varier » pour Sylvie Tonnaire.

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Et que dire du 1999: « cette fameuse année de la tempête »rappelle Rodolphe Wartel le 27 décembre précise-t-il en bon journaliste. « Oui, mais une année très chaude aussi, de janvier à octobre 1999, on a compté 2 degrés de plus que la normale, avec un été pas génial qui n’adémarré qu’à partir du 11 août. » ajoute J-P Delmas. « Des sneteurs de prune, de sous-bois, des nuances de gibiers, en finale des épices auvages. Celui-la je le garderais encore ! »pour Gérard Basset. Quant à l’assortir avec des « viandes rouges, rôties, assortiment sucré-salé coins-girolles. C’est aussi un bonheur à fromages sur des pâtes dures affinées. »

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Ensuite un petit 1998 qui faut-il l’avouer avait la préférence de Côté Châteaux: « un très beau millésime pour la rive droite et les cabernets francs. Cheval Blanc c’est une super bouteille », précise beau joueur Jean-Philippe Delmas. « Une robe grenat, rubis, des notes de cuir, en bouche tendu, puissant. En fin de bouche, sur du gibier et très velouté. Un vin magnifique. » pour Gérard Basset. A marier avec « un civet de sanglier, un coq au vin » pour Sylvie Tonnaire. « Quelque chose de généreux car il y a un boxeur en face » ajoute-t-elle.

Enfin, pour couronner le tout, un 1995: « le début d’une nouvelle ère à Bordeaux après la crise des années 90. C’est cette année où on a parlé du french paradoxe, que certaines personnes du sud-ouest vivaient plus longtemps en mangeant de bons produits du sud-ouest et en buvant un peu de vin chaque jour » précise Jean-Philippe Delmas. « Une couleur grenat, des notes de fruits séchés, de figue, prune, un côté havanne, une finale fumé, vraiment à boire. »  A mettre sur un carpaccio de veau rosé très délicat ou un faisan cocotte. »

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Une délicieuse rencontre avec Jean-Philippe Delmas qui a su captiver son auditoire rappelant au passage que son père était né en 1935 sur la propriété de Haut-Brion, que son père avait pris la suite de son grand-père en 1961 et qu’il avait fait tous les millésimes à partir de 1983. Evidemment avec une telle lignée…mais Jean-Philippe Delmas rappelle surtout qu’il faut rester humble. Une humilité qui plaît à Côté Châteaux qui aime à citer souvent la mère de Napoléon « pourvu que ça dure… »

En tout cas ça a duré 1H30 et c’était captivant.

PS: quant au 2014, il s’annonce non pas dans la lignée des 2009 et 2010; « on a sauvé le millésime avec l’été en automne, de médiocre on est passé à très bon. C’est encore trop tôt pour dire ce qu’il vaudra mais ça devrait être meilleur que les 11, 12 et 13. » selon Jean-Philippe Delmas.

Retrouvez l’album de Bordeaux Tasting 2014

(L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération)