103 élèves ont fait leur rentrée ce mardi à Bommes, au lycée viticole La Tour Blanche. Des élèves qui la plupart sont en pensionnat. En filière bac pro, ils vont apprendre les métiers de la viticulture, de l’oenologie et du commerce du vin. 100% d’entre eux trouvent des débouchés.
Perdu au beau milieu de la campagne, le lycée viticole de La Tour Blanche commence gentiment à reprendre des couleurs. Le soleil se lève sur ce joyau de Sauternes car ce lycée est une émanation du château La Tour Blanche, 1er cru classé de Sauternes, juste derrière Yquem. C’est son propriétaire Daniel Iffla, dit « Osiris », bienfaiteur de Bordeaux et sauveur du château de la Malmaison (le château de Joséphine de Beauharnais et de Napoléon) qui a souhaité sa création. Il a légué toute sa fortune à l’Etat, avec comme obligation de créer à cet endroit un lycée public pour apprendre les métiers de la vigne. Il a vu le jour en 1911.
Sans connaître encore tout ce passé, les 30 élèves de seconde effectuent ce matin leur première rentrée. Des 8h30, le parking de l’établissement résonne de ces sacs, bagages et valises à roulettes car la plupart de ces élèves sont pensionnaires à La Tour Blanche.
Mélodie depuis quelques mois déjà savait qu’elle ferait sa prochaine rentrée en lycée viticole: « Déjà, cela m’intéressait…et vu que mon père travaillait dans le vin, j’ai décidé de me diriger vers ce lycée. » Accompagnée de sa mère, Corinne, cette dernière confie que « c’est impressionnant car il faut qu’elle se gère toute seule, la rentrée en internat c’est une grosse étape. »
Dans la partie principale du bâtiment réservée au pensionnat des garçons, on retrouve à l’étage Harrisson, 15 ans, qui prend possession de ce qui sera sa chambre durant toute sa seconde, partagée avec 3 autres élèves. Il rentre lui en seconde viticulture-oenologie. Son père Jean-François Chaloupin lui dit qu’il ne sera pas dépaysé avec une sublime vue sur les vignes de la Tour Blanche. Jean-françois est la 4ème génération de viticulteur-céréalier à Bieujac en Gironde à 15 kms de Bommes. Il exploite 20 ha de vignes et fait du Bordeaux rouge.
A 9h30, l’ensemble des élèves de seconde et leurs parents sont reçus au foyer par le directeur de la Tour Blanche, Alex Barrau: il leur souhaite la bienvenue dans ce lycée viticole et souligne l’importance de la présence des parents qui suivent avec intérêt la scolarité de leurs enfants, comme c’est le cas ce matin.
Tout en rappelant l’histoire du château, il leur explique qu’en lycée viticole il y a énormément de débouchés…
Les châteaux s’arrachent les techniciens de bonne qualité (formés ici), en tout cas on n’a aucun élève qui cherche du travail ! Alex Barrau, directeur de La Tour Blanche
Et de rappeler l’un des plus grands consultants qui a été formé ici: Michel Rolland, il y a déjà quelques années. Beaucoup de jeunes aujourd’hui formés par la Tour Blanche travaillent dans de nombreux châteaux du bordelais et même en Australie ou au Chili. Le lycée favorise les stages à l’étranger avec notamment des aides et bourses du Conseil Régional.
Raphaël Zyla a suivi deux années de formation à La Tour Blanche, dès la 3ème et en seconde viticulture-oenologie. Aujourd’hui, il a souhaité aller plus loin et suivre une formation par alternance avec le lycée viticole de Blanquefort. Ainsi, il continue sa scolarité jusqu’au bac pro mais en parallèle il suit un apprentissage au Clos La Madeleine, cru classé de Saint-Emilion. Il a commencé le 4 août au château et il s’apprête à faire sa rentrée demain mercredi à Blanquefort.
Raphaël est formé dans la manipulation de tracteur pour passer dans les rangs de vignes en pente et très peu large. C’est Rémi Pereira, chef de culture et tractoriste depuis 1975 au Clos La Madeleine, qui lui transmet son savoir-faire, car il va sans doute partir en retraite d’ici 2016.
Cécile Paillé, directrice adjointe du Clos La Madeleine, confirme l’intérêt pour l’exploitation de lui transmettre le flambeau. Il pourrait très bien décrocher un CDI à l’issu de sa formation en alternance, au terme de ses deux ans. Une chance pour lui, une chance aussi pour le domaine qui mise sur lui. Il faut dire que ce jeune sait déjà bien travailler car il aide aussi son père, propriétaire du château Jouvente dans les Graves de Bordeaux, depuis quelques années. Et qui sait dans un futur lointain, il reprendra peut-être, après avoir fait ses armes au Clos La Madeleine, le château familial.