10 Déc

Vincent Pécaud rend hommage aux architectes André et Bernard Pécaud qui ont marqué le paysage urbain de Limoges

img20171108_09002902

Vincent Pécaud, artiste peintre et émailleur publie son 6ème livre. Il rend hommage à son grand-père André (1902-1991) et à son père Bernard (né en 1928) : deux personnalités aux solides racines terriennes, au service d’une architecture humaine, dans un souci à la fois de tradition et d’innovation. André (élève de Laloux et Lemaresquier) fut diplômé par le gouvernement en 1932, Bernard (élève de Madelain, Lemaresquier, Jouvensel et Audoul) le fut en 1953, aboutissement de leurs études à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Rencontres inoubliables avec le Président V. Auriol, Lydia Bugatti, les artistes : César, Fontanarosa, Lagrange, Mick Micheyl… Nombre de leurs réalisations bénéficièrent de l’essor économique dit des 30 glorieuses. Délégués (choisis) par l’Etat, Père et fils ont longtemps bâti une œuvre en collaboration permanente, dans les domaines des Sports (équipement sportif), des PTT, de l’enseignement, des logements sociaux. Ils ont aussi travaillé pour des particuliers (maisons, magasins, usines).

Leurs travaux furent très tôt couronnés de succès :

Pour exemples André, en 1937, distingué lors de l’Exposition internationale des Arts et Techniques à Paris et Bernard, en 1953, distingué par la Société des Architectes Diplômés par le Gouvernement. Plus de 60 années d’architecture : Poste et cinéma à Paris, stade et monument, lycée, à Limoges… Leurs travaux picturaux sont tout aussi intéressants.

Bernard collabora étroitement avec son épouse Maïthé (sculpteur, artiste-peintre, céramiste), notamment dans le cadre du 1٪ décoratif.

Les réalisations sur Limoges : stade et piscines Beaublanc, lycée Renoir, restaurant universitaire rue B.Palissy (façade classée par les bâtiments de France), residences rue Beaumarchais, avenue Saint Surin, boulevard Saint Maurice, central téléphonique rue Jules Noriac, ancienne usine Boyer (façade classée), ASPTT, Centre des impôts rue Cruveilhier, bureaux des postes en face de la mairie et avenue du Général Leclerc, monument aux morts du jardin d’Orsay, HLM rue de Stasbourg, maisons (particuliers)…
A Panazol : école primaire Jean Jaurès, école maternelle Pauline Kergomard, le pré Fleuri (bâtiment pour handicapés), Postes, HLM, maisons (particuliers)…
Nombre de bâtiments comportent des fresques céramiques de ma mère Maïthé, vitraux et sculptures

L’ouvrage est vendu au prix de 145 euros TTC. Renseignements: Galerie d’art-Editions Vincent Pécaud, 21 rue Elie Berthet, 87000 Limoges, 05-55-34-35-47, e-mail: pecaudvincent@club-internet.fr, du mardi au samedi (10h15-12h15. 14h15-19h).

06 Déc

Ce qui meurt avec Johnny, c’est une partie de mon enfance et de mon adolescence…

Image associée

« Johnny Hallyday est mort. »

Je lis la phrase et, malgré moi, je suis bouleversé. Parce que ce qui meurt avec lui, c’est une partie de mon enfance et de mon adolescence. Vers 1969, lorsque j’habitais non loin de la cathédrale de Limoges, j’étais amoureux – j’avais à peine sept ans – de Patricia B., qui me jouait du piano dans son bel appartement. Elle avait douze ans, c’était la fille d’un colonel, une famille honorable de Limoges. Des années plus tard, elle deviendrait réalisatrice de cinéma et documentariste. L’été, nous faisions de grandes promenades, avec sa soeur, et leurs chiens, dans la campagne limousine, vers Ladignac-le-Long, où ses parents avaient une pisciculture. Je me souviens d’une nuit où nous étions passés par la fenêtre de leur chambre et partis en barque au beau milieu d’un étang… C’est elle qui m’offrit mon premier vinyle 33 tours, et c’était le premier, je crois, de Johnny: « Souvenirs, souvenirs », « Kili Watch »… Les paroles ne m’ont jamais quitté:

« Kili kili kili kili watch watch watch watch
Keom ken ken aba

Depuis deux jours je ne fais que répéter
Ce petit air qui commence à m’énerver » …

Je crois que je mimais ça avec le manche à balai en guise de micro.

Et Johnny, que je le veuille ou non, que je l’aime ou pas, m’a accompagné de ce moment-là jusqu’à aujourd’hui. Ses chansons ont ponctué ma vie, celles qu’écrivaient les plus grands paroliers pour lui. Je ne pensais pas qu’en écoutant nombre d’entre elles à l’occasion de sa disparition, je me souviendrais de tant d’instants de mon existence. C’est cela, un chanteur populaire. Celui qui vous accompagne en toutes circonstances, parfois malgré vous.

Quelqu’un qui me rappelle que, bien au chaud dans le cocon familial, insouciant élève de sixième, j’ai regardé avec ma mère (mon père n’était pas là car il conduisait un train, comme souvent), le 22 juin 1974, le « Top à Johnny Hallyday », de Maritie et Gilbert Carpentier. C’était sans doute sur notre télévision encore en noir et blanc. Il y avait Love Machine, Michel Mallory, Yvan Chiffre, les Bee Gees, Sylvie Vartan, Sammy Davis Jr et Michel Sardou. C’était bien. J’étais avec maman. Les vacances en Bretagne approchaient.

 

Numérisation_20170715 (5)

 

 

 

03 Déc

Le café – restaurant Le Trolley lieu culturel des années 70 et du début des années 80 raconté par son co-fondateur

Epique Equipe

 

Comment retracer en quelques pages 8 ans de folie de délires, d’emmerdes, d’amour et surtout d’apprentissage de la vie. L’envie, le désir, le virus, vint de la «  Gratade « où nous avions Tatoo (Olivier) et moi pratiqué nos premières armes en faisant des petits concerts punks accompagnés par Jean Alain Gardet (ancien pianiste de Taï Phong – premier groupe de Goldman !) pendant que les clients dînaient – on peut parler à ce moment de grand n’importe quoi ! Ca commençait par des chansons trafiquées genre Nougaro et ça finissait dans un flot de ketchup et flocons de purée pour faire la neige et le sang ! Et là on s’est dit pourquoi pas notre resto ? Comme ça on fera ce qu’on veut, rejoints par Jean-Claude dit Coco, bref trois artistes réunis pour le … etc. etc. On rêvait d’expos, de concerts, de colloques, tout ce qui pouvait se faire dans un resto, on n’a pas été déçus !

Finalement on voulait juste avoir un travail et le chômage était déjà en vogue en 78 à Limoges. On a trouvé par hasard ce local rue des Grandes Pousses, rien que le nom était excitant ! Bien entendu pas de sous pour les travaux, ou si peu, il a fallu trois mois pour transformer cet atelier de réparation de balances en un semblant de restaurant avec la récup’ et surtout les potes, je ne cite personne il y en avait trop et la mémoire heu, en fait c’est surtout la mémoire ! Entretemps Tatoo avait quitté le navire pour faire l’école hôtelière.

L’ouverture : le tout Limoges (enfin notre Limoges) était là ! Tout gratos bonne ambiance ça commençait on avait l’impression que l’on était attendus. Premier Noël, sapin accroché à l’envers au plafond déco délire ! En avance sur notre temps ! Il fallait choquer, provoquer c’était notre marque de fabrique.  Premières expos, en général des amis des arts déco, cela nous permettait de communiquer pour nous faire connaître, mais bon ce n’était pas vraiment utile au vue de l’affluence continuelle des débuts, faut dire qu’il n’y avait pas grand-chose à l’époque à Limoges. Les gens aisés disaient qu’ils venaient s’encanailler au Trolley et surtout nous étions la branchitude absolue !

Les concerts aussi étaient un évènement, pour l’affluence pas pour la recette ! Gendarmerie nationale (concurrent direct de Police), R.A.F., les frères Ranz etc. etc… Rock and roll ! et d’autres mais la mémoire fait défaut.

En tout durant ces huit années il y a eu au moins 150 expos de tous les styles, du plus classique au plus déjanté, il y avait un certain Charles Le Bouil qui dirigeait la revue N.D.L.R , il avait organisé une rencontre d’artistes (haut de gamme) dont le Trolley était un des lieux d’interventions : je me rappelle de Buren (ses colonnes n’était pas encore érigées) entre autres, la mémoire bon sang ! Libé et autres  étaient venus pour l’occasion – le journaliste se pointe dans la cuisine pour se laver les mains, Coco, gauloise au bec en train de cuisiner, l’accueille assez froidement pendant le coup de feu, le mec s’est pris le bord de la hotte sur la tempe, aïe ! Ca saignait dru et Coco lui disant « la cuisine c’est privé » en lui tendant un torchon plus que douteux ! On ne l’a pas revu !

Les célébrités aussi sont venues en nombre Renaud, Little Bob Story, Bijoux, Guy  Bedos…. p… de mémoire ! Renaud par exemple arrive avec son staff et le chien de son  «  pote » : il me donne une côte de bœuf pour Médor et lui, quand on lui demande ce qu’il veut manger, il répond  « des nouilles ». Why not ?

Pour tenir ce rythme infernal il fallait un carburant et nous avions choisi le plus mauvais (héro) mais au moins on tenait la cadence : le matin, les courses (tôt car les grossistes ferment de bonne heure), ensuite la mise en place, salle plat du jour, nettoyage, desserts, factures, comptabilité, etc. etc … Et le soir pas avant 2 h du mat’, plus alcool, plus boîte de nuit (où nous allions gratuitement), beaucoup de sexe aussi, c’était une époque encore sans trop de capotes, sida, enfin ça commençait, bref nous étions très fatigués ! mais pas malheureux !

Voilà je pourrais en raconter encore et encore, mais comme je l’ai déjà répété la mémoire fait un peu défaut ! De toute manière ce qui s’est passé au Trolley doit rester au Trolley, gravé à jamais dans les murs qui – comme chacun sait – ont des yeux et des oreilles, ce sont eux les vrais témoins. Je viens d’apprendre que l’histoire s’est terminée en décembre 2013  par la fermeture des  lieux, les gens qui nous connaissaient avaient l’habitude de dire qu’après notre départ le Trolley avait perdu son âme, du coup avec cet arrêt définitif c’était peut être vrai !

Fabien Lardin (janvier 2014)

26 Nov

Musique à Limoges (1)

Accordéon - Les Accordéonistes de La Brégère 01-1 (sn - sed)

Les accordéonistes de La Brégère (c) L. Bourdelas, P. Colmar, Limoges années 1950, 1960, 1970, Geste Editions

En 1910, Léon Roby fonde l’Ecole de Musique et de Déclamation, qui devient en 1934 l’Ecole Nationale de Musique de Limoges. Il en reste le directeur jusqu’en 1945 – de même qu’il était le directeur artistique de la Société des Concerts du Conservatoire, fondée en 1920. Il existe à Limoges des professeurs particuliers de musique, donnant des cours à domicile ; L’Union dispense des cours de musique et de chant : les jeunes y apprennent le solfège, « on leur donne des leçons de violon, méthodiques et bien graduées ». Il y a encore des fabricants et marchands d’instruments comme les Lagueny, luthiers, facteurs de pianos ou éditeurs de musique. Certains musiciens ou chanteurs font de belles carrières. C’est le cas de Robert Béchade (Robert Raff), chef d’orchestre et violoniste aussi bien aux Etats-Unis qu’au Moulin Rouge. Marc Langean – de son vrai nom Jean Marcland – remarqué au Bœuf sur le toit, signe la musique de nombreux films, parmi lesquels : Napoléon, Si Paris nous était conté, Razzia sur la chnouf, Maigret tend un piège… Né en 1903 (disparu en 1964), il crée un orchestre de jazz à Limoges – les Odd Boys Band – dès le milieu des années vingt. Passé par le conservatoire pour le piano classique, c’est un autodidacte pour le jazz, qu’il interprète au clavier ou à la batterie. On le voit jouer avec Ray Ventura ; médecin, il se consacre à la musique en rentrant de captivité à la Libération. Il accompagne Jacques Hélian et André Dassary, puis dirige une maison d’édition. C’est un théoricien du jazz qui publie des articles sur le sujet dans la presse limousine et donne même une conférence musicale avec son orchestre à l’invitation de l’Association littéraire et scientifique du Limousin qui aurait vivement intéressé et peut-être inspiré Charles Sylvestre.

Divers orchestres, chorales et sociétés participent à la vie musicale limougeaude. Ainsi de la Chorale des Dames de l’Union, qui chante en ville mais également à l’occasion de divers déplacements. Dans les années cinquante se produit l’orchestre de l’U.F.O.L.E.A. composé exclusivement d’instituteurs (il disparaît en 1973) ; tout comme Les Petits Chanteurs du Limousin ; la chorale A cœur Joie est fondée en 1967. Des harmonies « professionnelles » existent aussi, comme celle des cheminots.

Il y a aussi des kiosques à musique depuis le début du siècle, comme au Champ de Juillet. Les harmonies aiment y jouer, comme L’Union musicale, fanfare créée en 1907, qui devient en 1936 la Fanfare municipale de Limoges. Dix ans plus tard, c’est la naissance de l’Union Harmonique Municipale, devenue en 1994 l’Harmonie Municipale de Limoges. Celle-ci dispose de sa propre école de musique. En 1922, le jeune tailleur Pierre Desnoyers décide – avec quelques amis – d’animer le carnaval de Limoges en créant une fanfare : les Gueules Sèches. Les musiciens installent leur siège au Petit Paris, rue du Général Du Bessol, où ils n’hésitent pas à lever le coude avec les clients les soirs de répétition. On joue à Limoges mais également à travers le département et parfois plus loin. Dans les années 30, les musiciens revêtent leur célèbre costume noir à liseré jaune, chapeau haut de forme à plumet rouge, puis ils suivent le déménagement du bar du Petit Paris qui s’installe avenue Garibaldi et devient hôtel du Petit Paris. A la Libération, les Gueules Sèches défilent à travers les rues de la ville : ils marchent vers le succès qui est grandissant et même international (de l’Espagne à l’Allemagne). En 1972, le cinquantième anniversaire réunit beaucoup de spectateurs au Palais des Expositions. En 1991, les Gueules Sèches ouvrent à leur tour une école de musique.

Avec la construction par Pierre Sonrel d’un théâtre moderne en 1963, à la place du Cirque-Théâtre ouvert en 1919, place Stalingrad, alternent opéras et opérettes. La capacité maximale de la salle à l’excellente acoustique est de 1484 places ; elle possède un plafond mobile que l’on peut descendre afin de réduire la jauge à 939 places. Les professeurs du Conservatoire – qui a abandonné le palais de l’Evêché pour rejoindre le centre-ville – forment l’orchestre du Grand-Théâtre. Depuis son inauguration, le bâtiment a accueilli plus de 2 millions de spectateurs, dans 3 000 représentations. A la fin des années 60, plus de 400 élèves fréquentent le Conservatoire. Au début du 21ème siècle, c’est un établissement municipal à vocation régionale ayant bénéficié d’une extension et d’une rénovation complète de ses locaux rue Fitz-James ; il accueille environ 2 000 élèves par an, dans une atmosphère agréable et studieuse. On y enseigne le solfège et la pratique instrumentale de plus d’une trentaine d’instruments (y compris traditionnels), le chant, la danse et le théâtre – parmi les professeurs d’art dramatique : Jean Pellotier, acteur de grand talent à la silhouette dégingandée au théâtre et dans des téléfilms, puis Michel Bruzat, metteur en scène de talent, directeur du théâtre de La Passerelle. Complémentairement au Conservatoire, des cours sont donnés dès les années 1970 dans les centres culturels municipaux – en particulier de guitare à Jean Gagnant (environ 350 adultes inscrits en 1981-82).

On danse aussi à Limoges ; ainsi, en 1948, note-t-on l’existence de dancings qui existaient depuis quelques années (on dansait au Régent sous l’Occupation) : au Central-Hôtel, à la Taverne du Lion d’Or, à l’hôtel Jeanne d’Arc, à celui du Faisan (où débarquent les rugbymen le dimanche en fin d’après-midi après leur match) ; au café Le Sully (passage Mermoz, rue Jules Guesde, où se produit le jazzman Jean-Marie Masse), au Globe (place Haute-Vienne), à La Coupole (place de la République), au Cyrano (idem), à la brasserie Luc (idem). Dans les années 1950 (et parfois dans les années 60), des orchestres font la joie des jeunes danseurs en costumes ou en jupes, du samedi soir et du dimanche après-midi dans de nombreux lieux de tailles différentes dont l’entrée est généralement payante: ainsi au cirque-théâtre municipal, avec les musiciens sur la scène et les danseurs sur la piste circulaire au centre de la salle ; dans les salons de la préfecture, où l’ambiance est un peu plus guindée ; au Cercle de L’Union et Turgot, dans un magnifique immeuble du boulevard de Fleurus ; dans ces lieux, les jeunes danseuses parfois adolescentes sont chaperonnées par leurs mères. On danse encore à l’hôtel de la Paix place Jourdan (où les odeurs émanant des cuisines réveillent les papilles) ; au-dessus du centre de tri place Maison-Dieu ; à l’étage du bistrot Le Tabarin, rue Aristide Briand, non loin de la passerelle ferroviaire en fer en contrebas de l’école du Grand Treuil ; aux Mutilés, une belle petite salle à l’étage d’un café de la rue Montmailler ; à la salle Saint-Aurélien, rue Dupuytren ; à l’étage encore du Cheval blanc, rue de Nexon ; Chez Vitrat, une guinguette en bord de Vienne route du Palais, où les clients n’hésitent pas à quitter la terrasse ou la piste pour aller faire quelques brasses dans la rivière ; aux Pâquerettes, route d’Aixe ; ou bien encore aux Lilas, où le chef d’orchestre René Louis fait des prouesses. Parmi les orchestres : l’Alhambra, dirigé par un artisan peintre en bâtiment ; celui de Nicolas Ferrero ; celui encore de Canero. De nombreux musiciens animent donc la vie de la ville mais progressivement, c’est en boîtes de nuit que les jeunes vont aller danser dans les années 70 et après – vers 1981, l’une d’elle Le Number One, dans le quartier de la cathédrale, accueille même les jeunes adolescents le mercredi et le samedi après-midi en ne proposant que des boissons sans alcool. Quelques bars continuent cependant à inviter des orchestres live ; parmi eux : Le Royalty, place de la République. A la fin des années 90, les Anciennes Majorettes de la Baule, rue Haute-Vienne, devient l’épicentre des soirées limougeaudes, avec diverses animations (musicales, théâtrales, poétiques) et expositions. L’écrivain-poète Michel Houellebecq vient fredonner ses œuvres extraites de Rester vivant & autres textes et l’on y croise les chanteurs, musiciens ou artistes, en représentation à Limoges, après leur spectacle. Le ravivol, sorte de punch maison, y connaît un succès mérité.

19 Nov

Des baleines à Limoges

baleine-ambroise-paré

(Ambroise Paré)

Je me suis toujours demandé pourquoi il y avait une « impasse de la baleine » proche des voies de chemin de fer et ouvrant sur la rue Aristide Briand – l’ancienne route d’Ambazac chère à Georges-Emmanuel Clancier – à Limoges. Il n’était pas de notoriété publique, en effet, que l’une d’elle ait bouché le port du Naveix, au bas de la cathédrale. Alors ? Ouvrons le second volume de l’Encyclopédie méthodique. Arts et métiers mécaniques, dédiés et présentés à Monsieur Lenoir, Conseiller d’Etat, Lieutenant Général de Police, &c., par une société de gens de lettres, de savants et d’artistes, imprimé chez Panckoucke, libraire, Hôtel de Thou, rue des Poitevins, à Paris, en 1783, avec approbation et privilège du Roi, et feuilletons cet ouvrage rare jusqu’à la page 503, pour lire avec intérêt l’article intitulé « Fanons de baleine. (Art de couper les) ». L’article V est consacré aux « Ustensiles du coupeur de baleine ». On est légitimement surpris par la mention d’un travail des fanons dans des ateliers de Limoges, en provenance des pêches des mers du Nord ou du Brésil : « on met à tremper dans l’eau les fanons[1] pendant dix à douze heures, pour les disposer à la cuisson par un commencement de ramollissement. » L’ouvrier fixe ensuite le fanon grâce à un étau et utilise un couteau spécial, à deux manches, précisément décrit dans l’article. « Pour peu que l’ouvrier ait d’adresse et d’habitude, le coupage des fanons s’expédie assez vite (…) il suit exactement les fibres longitudinales et coupe jusqu’à deux mille et deux mille cinq cents brins par jour ; c’est dans cette exactitude à suivre invariablement le fil de chaque fibre, que consiste l’habileté d’un coupeur de baleine. S’il s’en détourne par un mouvement faux, la coupe du brin est gâtée, et le brin n’a plus la même solidité et la même souplesse. » Ensuite, il faut laisser durcir à nouveau, et racler les restes d’épiderme. « A Limoges, les raclures se vendent pour garnir les couchettes des enfants. » Avec les brins coupés, on fait des paniers, on monte des parapluies. Précision qui a son importance : « on coupe la baleine à Paris, à Limoges et à Rouen. » Messieurs Ardent, Pétiniaud et Grelet font à Limoges « un commerce considérable de baleine. » Il est d’ailleurs signalé que l’on vend à la livre, selon un tarif particulier, les brins ou la baleine. Doit-on en conclure qu’il s’agit ici de leur chair et de leur graisse ? Et que l’on transportait jusqu’à Limoges, en sus des fanons, des morceaux de baleine venus de littoral ?

Je reçois cette précision de Michel Laguionie: « J’ai une autre version, que je tiens de quelques vieux habitants de la rue A.B. : Il paraît qu’au début du XXe s. (avant ou juste après la Grande Guerre) la dépouille d’un gros cétacé fut exposée sur la plate-forme d’un wagon, sur la voie, juste en bas de l’impasse et livrée pendant une dizaine de jours à la curiosité publique. L’odeur des chairs en putréfaction mit brutalement un terme à ce. spectacle. Je crois me souvenir que le fait avait été confirmé par un articulet, publié au début des années 60 dans Limoges-Magazine (la première version de Limousin-Magazine). »

 

[1] Lames cornées qui garnissent la mâchoire supérieure.

28 Oct

Le Centre International de Documentation, de Recherche et d’Edition (CIDRE) Raymond-Queneau de Limoges

Résultat de recherche d'images pour "Raymond Queneau Limoges"

                            Le 30 janvier 1989, à l’initiative de Mary-Lise Billot (alors étudiante), de Marc Bruimaud (critique d’art) et de Marcel Troulay (Directeur des Services Documentaires de l’Université de Limoges), se crée, au sein de la Bibliothèque Universitaire du Campus de Vanteaux, le CIDRE Raymond-Queneau, fonds d’archives unique comprenant la reproduction quasi intégrale (environ 30 000 feuillets) de l’ensemble des dossiers (recherches, notes et manuscrits) du père de Zazie, mis à disposition des chercheurs et critiques du monde entier par Jean-Marie Queneau, fils de l’écrivain, et les Éditions Gallimard

Durant presque sept ans, avec l’aide des professeurs Jean-Claude Vareille et Ellen Constans, le Centre accueille en résidence des dizaines d’universitaires, organise trois colloques (deux sur l’œuvre de Queneau, un sur celle de Georges Perec), des ateliers d’écriture oulipiens, des spectacles théâtraux et musicaux, des conférences, des expositions, un Salon Annuel des Revues Littéraires, et prend en charge un important programme de publications spécialisées : trois ouvrages de référence (Queneau aujourd’hui, Queneau encyclopédiste ? et le monumental Dictionnaire des personnages de Raymond Queneau de Pierre David), une revue (Lectures de Raymond Queneau (cinq numéros), avec les Presses Universitaires du Limousin), une collection de plaquettes inédites, (la Petite Bibliothèque Quenienne (sept volumes), avec les Éditions Sixtus de Didier Mathieu). Un temps, il coordonne même le tome 2 des Œuvres Complètes de l’auteur pour la Bibliothèque de la Pléiade.

Au sommet de sa productivité et de son rayonnement, il disparaît, victime d’un fonctionnement coûteux et d’une absence de convention financière durable entre les Services de l’État et les Collectivités Locales. En 2003, les archives autographes sont transférées à Dijon (Université de Bourgogne). Elles peuvent désormais être consultées sur place ou en ligne (www.queneau.fr).

 

Marc Bruimaud

20 Oct

1955, une « année-théâtre » à Limoges…

04-A - Théâtre 02-1 - Cirque-Théâtre - façade - Photothèque Paul Colmar

Le cirque-théâtre (c) Paul Colmar

Lire Le Populaire du Centre de l’année 1955 – où écrit avec talent la critique Gabrielle Soulier – permet de se rendre compte de l’activité théâtrale foisonnante et variée à Limoges et en Limousin au 20ème siècle. On constate ainsi qu’en janvier, la salle des fêtes de la Maison du Peuple accueille le Club amateur artistique pour un spectacle avec des comiques, des comédiens, des clowns et d’autres artistes (avec une séance gratuite pour les pauvres). Au cirque-théâtre, Pierre Brasseur, Jacques Varennes, Hélène Baron, le jeune José Artur et Yvonne Roussel se produisent dans Kean d’Alexandre Dumas. A la mi-janvier, on annonce le 2ème Festival d’art dramatique de Bellac. On donne Le Malade imaginaire au cirque-théâtre, L’Anglais tel qu’on le parle de T. Bernard. Place de la République est inaugurée la Brasserie du Théâtre par Raoul François. La troupe de Jean Dorsannes fait une tournée avec Les Vignes du Seigneur de Robert de Flers et Francis de Croisset (adaptée au cinéma avec Fernandel trois ans plus tard) dans un but de vulgarisation théâtrale. En février, Le Grenier de Toulouse présente L’Illusion comique de Corneille au cirque-théâtre. La Compagnie du Centre-Ouest présente Un inspecteur vous demande, une pièce policière de J.B. Priestley à Chateauponsac, Bessines, Saint-Sulpice-les-Feuilles, Bussière-Poitevine, Saint-Junien puis Saint-Yrieix-la-Perche. Limoges reçoit Lestelly, Gina Manes, Henri Marchand et la troupe du Palais-Royal pour une comédie, La Bêtise de Cambrai, signée Jean de Létraz. Le même mois, les tournées France-Monde proposent La Maison de la nuit de Thierry Maulnier, avec Michel Vitold, Pierre Vanek, Robert Bazil : c’est un succès. En mars, Maurice Clayaud de l’Odéon et une certaine Bernadette Laffon sont à l’affiche du Bourgeois gentilhomme au cirque-théâtre. La comédienne Marie-Rose Carlié, « ravissante de fraîcheur et d’aisance » déclame des poèmes au cinéma Le Paris, à l’occasion d’un concert des J.M.F. Au printemps, Jean Valcourt, de la Comédie Française, interprète L’Impromptu de Versailles de Molière avec la Compagnie Jean Deninx ; Jean Richard se produit dans Demeure chaste et pure d’Axehod (tournées France-Monde). Le Grenier de Toulouse revient avec Malatesta d’H. de Monterlant, avec André Thorent. Mais au Lycée Gay-Lussac aussi, on fait alors du théâtre ! A l’occasion de la fête de l’établissement, M. Chatelain, professeur de grammaire, dirige les élèves qui jouent Le commissaire est bon enfant, pièce en un acte de Courteline et Les Fourberies de Scapin de Molière ; le soir : Une pièce de Chambertin, de Labiche. Jean-Marie Rousseau est à la régie et il semble bien que l’on se produise dans la vénérable chapelle. En mai, ce sont les élèves de la promotion sortante de l’Ecole Normale d’Instituteurs de Bellevue qui s’amusent à interpréter Monsieur de Pouceaugnac de Molière. A la Maison du Peuple, dans le cadre de la foire-exposition, le groupe théâtral André-Bernier propose Les Trois jours heureux, comédie de Claude-André Puget. En juin, au cirque-théâtre municipal, François Périer et Marie Daems jouent Le Ciel de lit de Jan de Hartog dans une mise en scène de Pierre Fresnay. Le Populaire du Centre propose à ses lecteurs la vie de Jean Marais en feuilleton… L’Alliance française organise à la Maison du Peuple une conférence dialoguée par Gilbert Gil et Blanchette Brumoy sur Courteline, puis ils interprètent La Peur des loups, Le Gora, La Lettre chargée et Monsieur Badin. La grande affaire théâtrale en juillet, c’est Bellac ! Le festival – dirigé par messieurs Cluzeau et Moreau – invite, par un temps magnifique, Jean-Pierre Giraudoux, fils de l’écrivain. La Comédie du Centre-Ouest, composée de « moins de 30 ans » (son élément le plus actif étant André Steiger et le décorateur Georges Osterberger) interprète La Farce des joyeuses commères de Shakespeare, avec une musique originale d’Yves Claoue, devant un millier de personnes ; Mariana Pineda de Lorca – représentation enregistrée par la Radio Télévision Française – appréciée par 1 200 spectateurs. Le bulletin de liaison des Amis du Festival de Bellac, Les Tréteaux du Centre-Ouest voit le jour cette année-là, avec la participation de Jean Blanzat, Robert Margerit, Georges-Emmanuel Clancier, Bernard de Vergèze et d’autres. Le même mois est inauguré un théâtre de verdure au Château des Bayles à Isle, par Robert Laucournet et Léon Betoulle. Ce même été 55, un Cercle Musique Théâtre est créé pour le développement de la musique populaire et des spectacles en général, pour un théâtre d’avant-garde ; trop souvent, précisent les fondateurs dans le journal, « on entend dire que Limoges est une ville morte ou sans activité artistique valable ». En octobre, au Paris, a lieu le début de saison des J.M.F. avec Le jeu de l’amour et du hasard par la Compagnie Henri Doublier.  La Comédie du Centre-Ouest joue Kleist et Brecht dans plusieurs départements du Centre-Ouest, dont la Haute-Vienne et la Creuse. Le même mois, le Cirque Théâtre accueille La main passe de Feydeau dans une mise en scène de Jean Meyer (décors de Cocteau) avec Jean Marchat et Jacqueline Delubac.

1955 à Limoges, c’est aussi – surtout ? – l’année Jean Vilar. En effet, en octobre, au Cirque Théâtre, avec le parrainage de l’U.N.E.S.C.O., le T.N.P. propose Don Juan (avec Vilar dans le rôle principal, Daniel Sorano dans celui de Sganarelle, Monique Chaumette dans celui d’Elvire) ; Macbeth ; L’Etourdi. Le public, composé d’adultes et d’adolescents, est nombreux et enthousiaste. Vilar déclare que « le T.N.P. qui joue à Limoges est le même que vous pourriez applaudir à Chaillot (…) l’accueil que nous a réservé la population limousine a ravi mes camarades et moi. Quelle foule compréhensive, vivant avec nous ce Don Juan de notre immortel Molière (…) L’Etourdi, c’est pour nous une création mais Limoges mérite un tel honneur, nous avons retrouvé ici le même engouement qu’à Paris ou encore à l’étranger où, vous le savez, nous sommes particulièrement choyés. » La troupe est reçue par le maire Léon Betoulle et d’autres personnalités à l’occasion d’une réception à la Taverne du lion d’or.

En novembre, les comédiens des Trois Baudets sont sur les planches du Cirque Théâtre qui accueille également Les Carnets du major Thompson de Pierre Daninos, mis en scène par Yves Robert. Les Galas France-Monde proposent une comédie policière de Jean-Pierre Conty : Affaire vous concernant. Mais surtout, le 19 novembre, s’appuyant sur le succès de la venue du T.N.P., Léon Betoulle peut annoncer la construction d’un nouveau théâtre par la ville.

 

 

15 Oct

Jean Villegoureix et Philip Gaffet, auteurs limougeauds

Numérisation_20171015 - Copie

 

Faisant suite au dernier article publié sur ce blog, Michel L., un ami, me faisait remarquer que Jean Villegoureix avait jadis publié un recueil chez Rougerie. Je viens de retrouver la critique que j’avais publiée à ce sujet dans la revue L’Indicible frontière en 2005. Etant donné que dessous se trouve également une critique d’un livre d’un autre poète limougeaud, Philip Gaffet (toujours bien vivant!), signée Marie-Noëlle Agniau, je vous la livre également (cliquer pour agrandir).

Numérisation_20171015

Numérisation_20171015 (2)

RSS