06 Déc

Ce qui meurt avec Johnny, c’est une partie de mon enfance et de mon adolescence…

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« Johnny Hallyday est mort. »

Je lis la phrase et, malgré moi, je suis bouleversé. Parce que ce qui meurt avec lui, c’est une partie de mon enfance et de mon adolescence. Vers 1969, lorsque j’habitais non loin de la cathédrale de Limoges, j’étais amoureux – j’avais à peine sept ans – de Patricia B., qui me jouait du piano dans son bel appartement. Elle avait douze ans, c’était la fille d’un colonel, une famille honorable de Limoges. Des années plus tard, elle deviendrait réalisatrice de cinéma et documentariste. L’été, nous faisions de grandes promenades, avec sa soeur, et leurs chiens, dans la campagne limousine, vers Ladignac-le-Long, où ses parents avaient une pisciculture. Je me souviens d’une nuit où nous étions passés par la fenêtre de leur chambre et partis en barque au beau milieu d’un étang… C’est elle qui m’offrit mon premier vinyle 33 tours, et c’était le premier, je crois, de Johnny: « Souvenirs, souvenirs », « Kili Watch »… Les paroles ne m’ont jamais quitté:

« Kili kili kili kili watch watch watch watch
Keom ken ken aba

Depuis deux jours je ne fais que répéter
Ce petit air qui commence à m’énerver » …

Je crois que je mimais ça avec le manche à balai en guise de micro.

Et Johnny, que je le veuille ou non, que je l’aime ou pas, m’a accompagné de ce moment-là jusqu’à aujourd’hui. Ses chansons ont ponctué ma vie, celles qu’écrivaient les plus grands paroliers pour lui. Je ne pensais pas qu’en écoutant nombre d’entre elles à l’occasion de sa disparition, je me souviendrais de tant d’instants de mon existence. C’est cela, un chanteur populaire. Celui qui vous accompagne en toutes circonstances, parfois malgré vous.

Quelqu’un qui me rappelle que, bien au chaud dans le cocon familial, insouciant élève de sixième, j’ai regardé avec ma mère (mon père n’était pas là car il conduisait un train, comme souvent), le 22 juin 1974, le « Top à Johnny Hallyday », de Maritie et Gilbert Carpentier. C’était sans doute sur notre télévision encore en noir et blanc. Il y avait Love Machine, Michel Mallory, Yvan Chiffre, les Bee Gees, Sylvie Vartan, Sammy Davis Jr et Michel Sardou. C’était bien. J’étais avec maman. Les vacances en Bretagne approchaient.

 

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