11 Mai

Notices pour servir à l’histoire du théâtre en Limousin (16): le théâtre de Guéret

Photographies (c) Paul Colmar

 

L’histoire de l’ancien théâtre de Guéret commence en 1793, en période révolutionnaire : la vieille chapelle des Pénitents Blancs, qui se trouve sur la place des Barnabites (actuelle Place Varillas), est transformée en Salle de Comédie, laquelle est ensuite détruite, car se trouvant sur le tracé de la route Nationale qui relie Montargis à Uzerche [1]. En 1837, venu de Limoges, l’architecte Vincent Boulle est chargé de dessiner les plans d’un théâtre qui sera construit à peu près au même endroit que celui qu’occupait la précédente Salle de Comédie. Ce petit théâtre à l’italienne permet aux acteurs qui y jouent de présenter d’honorables œuvres dramatiques ou comiques, et même d’excellents opéras. Au fil du temps, le théâtre se détériore. Pendant la première guerre mondiale, le théâtre sert de caserne à des poilus. En 1928, l’architecte Gilbert Talbourdeau, de Montluçon, reçoit la mission de le restaurer, ce qui est chose faite en 1930. L’activité théâtrale ayant fortement déclinée, une salle de « cinématographe » est ouverte, dirigée par Max de Cuvillon, fabriquant d’appareils de projection.

En 1991, alors que le petit théâtre à l’italienne est à l’abandon depuis 8 ans, l’association Le Manteau d’Arlequin parvient à convaincre la municipalité de Guéret d’en rénover la toiture. Puis Masquarades, une autre association guérétoise, présidée par Séverine Pateyron, prend le relais et se fixe 3 ambitieux objectifs : sauvegarder, restaurer et exploiter ce théâtre. Fin août 2019, La Montagne a fait part de l’intérêt des Bodin’s, qui existent depuis 25 ans et connaissent un considérable succès, pour ce lieu. Jean-Christian Fraiscinet, cofondateur de la troupe, et Bertrand Duris, autre membre, ont visité le théâtre grâce à l’entreprise de la comédienne Anny Duperey, marraine de Masquarades. Il s’agirait de proposer une programmation clefs en main : « Il faut bien sûr proposer autre chose que l’offre culturelle des scènes conventionnées.. » Fraiscinet se voit bien créer du Feydeau, du Labiche, du Guitry, à Guéret : » Si on propose de la qualité, des décors, des costumes, les gens viendront de loin […] Un théâtre dans la Creuse, ce n’est pas un handicap, ce serait plutôt un atout ».

 

En France, on compte environ 170 théâtres dits « à l’italienne » (apparus en Italie à la fin du XVIème siècle), huit datant de la première moitié du XIXème siècle, dont Guéret.

Les caractéristiques en sont bien connues [2] : « une salle en forme de fer à cheval, des balcons divisés en loges, un parterre en pente séparé de la salle par un cadre de scène, un plafond en coupole orné d’un lustre. Une salle de proximité entre artistes et public appelé « bonbonnière » : ses dimensions plus modestes permettent aux spectateurs de percevoir plus en détail le jeu des acteurs. Une acoustique exceptionnelle. »

 

 

[1] « Historique » du site http://marchoucreuse23.canalblog.com/archives/2016/04/02/33536642.html pour ce passage.

[2] https://www.masquarades.fr/restauration/ On lira avec intérêt, par comparaison, la présentation « La salle Richelieu entre tradition et modernité » sur le  site de la Comédie-Française.