21 Mar

Notices pour servir à l’histoire du théâtre en Limousin (14): Le futur mime Marceau de passage à Limoges

Marcel Mangel est né en 1923 à Strasbourg. Sa famille, d’origine juive polonaise, est évacuée comme le reste de la population strasbourgeoise au début de la Seconde Guerre mondiale. Elle part pour Périgueux, et Marcel poursuit ses études au lycée Gay-Lussac de Limoges. Le proviseur, Joseph Storck, est un Juste parmi les Nations, qui protège les élèves juifs. Marcel entreprend par la suite des études à l’Ecole des Arts Décoratifs où il obtient le prix du legs Masson en céramique, le premier prix d’émail, de portrait. Dans le même temps, il suit également des cours de déclamation au Conservatoire d’art dramatique de Limoges, avec, comme professeur de diction, Jean Dorsannes, un ancien comédien du Théâtre du Gymnase à Paris. Il entre dans la Résistance, où son frère Simon (le lieutenant Alain) joue un rôle important : « Une partie de mon travail consistait à faire traverser la frontière à de jeunes enfants juifs. Nous étions déguisés en boys scouts. A la moindre erreur, nous pouvions être pris. On ne pensait pas à cela. On était préparé à vivre, et non à être torturé. Grâce à mes dons en dessin, je contrefaisais des cartes d’alimentation avec un crayon correcteur pour les Français qui devaient être envoyés au Service de travail obligatoire en Allemagne : on changeait les dates pour Ie Service de travail obligatoire que les Allemands avaient décrété. Et, avec un des crayons de couleur de pastel rose, on imitait la couleur naturelle de la carte d’alimentation. On fabriquait également des fausses cartes d’identité (…) Je me souvenais d’une phrase de Victor Hugo parlant des généraux des campagnes napoléoniennes d’Italie : « Hoche sur l’Adige, Marceau sur le Rhin. » Comme j’étais né dans le Bas-Rhin, j’ai décidé de m’appeler Marcel Marceau.»1 En danger à Limoges, son père étant déporté et tué à Auschwitz, Marcel part pour Paris et devient moniteur d’art dramatique dans une maison d’enfants à Sèvres. Il intègre le cours Charles Dullin et devient le disciple, après Jean-Louis Barrault, d’Etienne Decroux, maître de mime.

 

 

 

 

1 Le Mime Marcel Marceau, entretien et regards avec Valérie Bochenek, Editions Somogy, 1996.